Chronique

Nakk
Debut EP

Subdivision/BMG - 2002

Après avoir écumé diverses mixtapes et compilations, Nakk sort « enfin » son premier EP. « Enfin« , non pas parce que le MC de Bobigny fait figure de vieux de la vieille, destiné à un succès aussi tardif que mérité, mais bien parce qu’après écoute de ses différentes prestations, on ne pouvait s’empêcher d’attendre cette première sortie avec une certaine impatience.

Tout au long des 6 titres, une constatation s’impose : Nakk est un formidable lyriciste. ‘La Tour 20’, déjà un classique, est un hymne à son bloc, teinté d’ironie et plein de subtilité : « Dans les familles les beaux-pères piccolent, les gamins trinquent« .
Le MC a énormément d’humour et d’imagination, preuves en sont ‘Surnakkurel’, qui, sont de faux airs de party joint, décrit une sortie en boite qui tourne au fiasco, ou encore, ‘Un Morceau’, qui voit Nakk incarner son propre morceau (c’est compliqué, mais écoutez le, ça en vaut la peine). Ces tracks jouissent de prods sobres mais fort adaptées aux mots, diablement bien choisis.
On regrettera que ce ne soit pas plus le cas des instrus des autres titres : ‘Boboch Connexion’ (où Nakk est accompagné des 10′), malgré son refrain désuet, est pourtant très intéressant au niveau des lyrics, mais la prod rend le morceau difficilement supportable. On constate une fois de plus que faire des tracks électro corrects n’est pas donné à tout le monde, en particulier en France. ‘Les Yeux de la Colère’ et ‘Keskya’ ne bénéficient pas non plus de prods top niveau, mais même s’ils traitent de sujets maintes fois évoqués, la qualité d’écriture de Nakk parvient tout de même à leur donner un relief conséquent.

Au niveau du flow, ce que Nakk propose n’est pas révolutionnaire, c’est même assez monocorde, et si ce ton débonnaire s’adapte parfaitement à certains titres comme ‘Un Morceau’, il peut paraître ne pas s’accorder à la relative véhémence du propos de ‘Les Yeux de la Colère’ par exemple.

Ce premier EP, même s’il se situe largement au dessus de la moyenne des sorties rap françaises, apparaît néanmoins assez inégal : d’un coté, Nakk a un formidable talent pour l’écriture, étant doté d’un sens de la formule et de la rhétorique assez extraordinaire : on a rarement pris autant de plaisir à écouter les paroles d’un MC. Mais de l’autre, la sobriété des prods n’est pas toujours synonyme d’efficacité, et le flow de Nakk pourrait devenir assez saoulant sur le format album. Néanmoins, un personnage attachant et plein d’humour, « à suivre comme le FBI« …

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