Sameer Ahmad est Sitting Bull
Avant-Première

Sameer Ahmad est Sitting Bull

« Sitting Bull » est le nouveau morceau de Sameer Ahmad. Pow-wow autour du feu pour revenir, en détails et en sa compagnie, sur les phases les plus marquantes sorties de son calumet.

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Sitting Bull, né vers 1831 dans le Dakota du Sud, est un chef Sioux connu notamment pour avoir remporté la bataille de Little Bighorn face au général de cavalerie américain George Armstrong Custer. Aujourd’hui, « Sitting Bull » devient aussi le titre d’un morceau de Sameer Ahmad. Ce n’est pas la première fois que le rappeur montpelliérain invoque une figure historique dans sa musique. Il y a eu Barabbas, voleur bénéficiaire du privilège pascal, qui a regardé le Christ se faire crucifier à sa place et qui avait fait l’objet d’un morceau portant son nom. Il y a eu également le buste de Sargon d’Akkad, souverain de la Mésopotamie du XXIIème siècle av. J.C., qui ornait la pochette de Perdants Magnifiques. Ce goût pour l’histoire, Sameer Ahmad s’en sert surtout pour extrapoler des idées, des images, parfois des sentiments plus personnels, qui apparaissent dans ses textes sous la forme de références littéraires, géographiques, cinématographiques ou musicales. « Sitting Bull » ne fait pas exception à la règle : le morceau regorge de clins d’œil et de citations plus ou moins obscures, qu’il appartient à chacun de retrouver et d’interpréter selon sa propre expérience.

Produit par Pushaman, LK de l’Hôtel Moscou et Skeez’up, « Sitting Bull » et ses chants indiens s’apparente à une déambulation dans l’esprit d’Ahmad, une transe vaudou presque, emplie de vapeurs d’herbes de Jamaïque et de cigares Cubains. Dans le clip réalisé par Tommy Fischer (déjà auteur de ceux de « Drago » et « Un amour suprême, pt.1 »), Sameer Ahmad, ambiance nocturne à la HBO, apparaît en lévitation au milieu d’un pont. Image adéquate pour celui qui, au fil de sa discographie, s’est construit un édifice de références qui se répondent, comme un puzzle, de textes en textes. Dans « Sitting Bull », on retrouve ainsi les sparring-partner de « Berceuse Babylonienne », le Biggie Small de « Drago » ou encore le cyclope de « F.451 ». Et pour (un peu) dissiper la fumée plutôt dense de ce calumet, Ahmad a accepté de revenir sur quelques-unes des phases les plus marquantes ou les plus intrigantes de ce nouveau morceau, le premier d’une série de maxi à venir. Il est parti de Bagdad comme l’écriture, il s’est promené autour du globe, pour atterrir sur le sol d’une réserve indienne. Et depuis son tipi, il raconte quelques étapes de son voyage.

« Clic clic boom, que Sitting Bull nous goom Clint Eastwood »

La base du morceau, c’est de partir sur des idées assez enfantines. Sitting Bull contre Clint Eastwood, c’est les Indiens contre les cow-boys. Et ces choses enfantines peuvent généraliser, par extrapolation, des situations plus complexes et politiques. On peut parler par exemple d’un peuple tibétain, palestinien, de ce qu’il se passe au Yémen, en Bolivie, ou encore au Mexique. Tous ces peuples pourraient représenter les Indiens, puisque d’autres se sont aussi appropriés leurs terres. De notre côté, le héros qu’on nous a tous fabriqué, c’est celui de l’Amérique : le cow-boy. Clint Eastwood est emblématique du cow-boy, tout en étant un cas particulier parce que ce n’est pas un cow-boy à la John Wayne, au contraire même. Mais Clint Eastwood, c’est aussi Dirty Harry et plus tard le réalisateur de films comme American Sniper. Donc même Clint Eastwood qui était l’anti John Wayne a finalement été rattrapé par cela. Et il collait parfaitement avec la rime. [Rires]

« À l’endroit de ton placenta, j’y loge tout mon love, improvise un berceau sur mon avant-bras »

J’improvise un berceau sur mon avant-bras, c’est que je me sens à nouveau prêt pour être père, pour accueillir un enfant. C’est aussi par rapport à tout ce qui m’est arrivé l’année dernière. Je me suis réinventé, dans la vie de tous les jours. L’année dernière a été vraiment une sale période, j’ai eu une maladie de merde, depuis j’ai appris à aimer à nouveau des choses plus enfantines, à me faire plus plaisir, à plus profiter des choses simples.

« Vapeurs chamaniques où mes humeurs se baladent »

La danse de la pluie, les sorciers, les chamanes, je m’y retrouve complètement. Dans les nouveaux morceaux à paraître, tu en as un titré « Papa Legba ». Papa Legba est quelqu’un de très présent dans le vaudouisme haïtien, particulièrement celui implanté dans le sud des États-Unis. C’est d’ailleurs à lui que Robert Johnson a vendu son âme, et non au diable comme tout le monde le croit. Je ne sais pas si c’est pour exorciser des choses que je fais ces titres, mais en tous cas, je suis content de dédogmatiser des religions monothéistes quand elles sont apprises par cœur. Quand tu t’intéresses à toutes ces spiritualités ou pratiques religieuses, tu réalises qu’elles sont importantes, qu’elles ont des légendes communes aux nôtres malgré leur aspect folklorique. D’ailleurs Lourdes est aussi quelque chose de complètement chamanique et folklorique. Tu peux croire en tout en fait. C’est ça qui m’a intéressé, dépasser le folklore apparent, rester spirituel, mettre le doigt sur la force de l’esprit, que toutes ces spiritualités recherchent finalement.

« Mes prières se pavanent chez un fumeur de havanes »

C’est dans la continuité de ce que je disais. C’est pour ne pas dire Dieu, tout simplement. L’expression n’est évidemment pas de moi mais de Gainsbourg. [Issue du morceau « Dieu est un fumeur de havanes », NDLR] Le morceau de Gainsbourg est mortel. Dans le clip d’ailleurs, c’est Catherine Deneuve qui fume un havane, et pour moi, c’est elle qui symbolise Dieu à ce moment-là. Dieu, inconsciemment, on se le représente toujours au masculin. Alors que Dieu est asexué. Mais tout le monde l’associe pourtant à un homme. Dans un autre morceau qui va sortir, je dis « Ezekiel m’a dit : sache que Dieu est grande ». Mes morceaux se répondent souvent entre eux, mais surtout, cette asexualisation de Dieu, c’est pour insister sur le fait que ça nous dépasse, que c’est plus grand que nous.

Le fumeur de havanes, le cigare en bouche, c’est aussi une image du mafieux, du vieux bouge où se trament des choses louches. Les gens qui ne connaissent pas la chanson de Gainsbourg vont penser que je suis dans un vieux bourbi avec un vieux parrain, dans un lieu de perdition. Quand tu ne connais pas la signification divine de la référence au fumeur de havane, tu peux croire que je suis dans un tel lieu, et ça crée une toute autre association d’idée : « Hey mais il est dans un lieu de dépravation et il prie ? » Ça fait que tu peux me juger en ne connaissant pas la référence au fumeur de havanes, penser que je blasphème, que je prie dans un bistrot entre le diable et des histoires de cul. Mais en fait, quand tu découvres qui est le fumeur de havanes, tu vas me juger différemment, comprendre que je suis à côté de Dieu. C’est à l’image de la société où tu es très vite jugé sur des propos qui n’auraient qu’une grille de lecture et où n’importe quoi va déplacer en permanence le curseur du jugement.

« J’suis le mix illégitime d’un Hendrix et d’une Sarah Connor »

Il aurait fallu que je dise Hendrix en précisant qu’il s’agissait de ma mère et Sarah Connor en précisant qu’il s’agissait de mon père, mais rythmiquement, ça ne marchait pas. Ce n’était pas beau. Ma mère est encore quelqu’un de très artiste, un peu hippie. Mon père est un guerrier, le mec qui ne lâchait rien. C’est lui sur la photo qui présente « Sitting Bull » d’ailleurs. Si Sitting Bull c’est moi ou mon père ? Il aurait fallu mettre un « s » à Sitting Bull en fait, pour dire que c’est un peu des deux. Les Américains le font parfois, mais pour nous Français, c’est illisible. Bon, au final, Sitting Bull c’est quand même beaucoup plus mon père que moi, même si celui qui est dans un salon avec une jolie squaw et un tipi, c’est bien moi ! [Rires]

« Croisière sur Styx, escale à Barcelone »

Ça c’est une phase assez personnelle. Barcelone, c’est la Mecque actuelle du skate. Gamin, avant de découvrir le skate, j’étais vraiment influençable, perdu, gros fumeur. Lorsque j’ai découvert le skate, j’ai arrêté de fumer des joints par exemple. J’étais sur le fleuve de l’enfer avant de faire du skate ! [Rires] C’est une façon de dire que le mal peut quand même te proposer des rives vraiment cool. On avait été à Barcelone à l’époque des Jeux Olympiques où tu avais la Dream Team. [Référence à l’équipe de Basket américaine de l’époque, constituée de joueurs de légende dont l’emblématique Michael Jordan, NDLR] Il ne faut pas dénigrer le mal parce que parfois, c’est en passant par de sales périodes que tu atterris sur de bonnes choses. C’est ce qui m’est arrivé plusieurs fois dans la vie.

« Auto classé X comme El-Shabazz Malik »

Malcom X a un parcours qui commence de façon dégueulasse. Au début, la Nation of Islam, c’est hyper politique, il n’y a rien de spirituel dedans. Mais ce parcours très autocentré au départ, violent, l’amène à quelque chose de plus spirituel. Cette radicalité le force à l’introspection, à évoluer. Malik El-Shabazz c’est aussi une renaissance. Si Malcom X ne s’était pas perdu, serait-il devenu celui qu’il a été ? La renaissance passe par des périodes difficiles. Naissance et renaissance sont les thèmes principaux du morceau. D’une certaine façon, cela fait écho au Styx et à Barcelone. Malcom X a lui aussi navigué sur le Styx avant de s’épanouir et d’atteindre une tranquillité spirituelle.

« Du pain sur la planche de surf, j’taffe tranquille »

Cette phrase était dans un morceau prévu pour être sur Jovontae [Dernier EP en date de Sameer Ahmad, NDLR] mais que je n’ai finalement pas retenu. Comme je aime beaucoup cette ligne, je l’ai réutilisée car elle me représente bien comme je suis maintenant. J’ai compris qu’il y avait des choses plus importantes que le taf, que certaines passions… J’ai compris que le luxe, c’est vraiment le temps libre en fait ! Ne rien faire des fois, c’est un vrai luxe. Évidemment, tu as besoin d’un peu d’argent, mais il faut travailler avec une tranquillité d’esprit. Le surf est en plus quelque chose de basé sur l’attente, sur le rythme naturel aussi. Le surf, c’est le côté adulte du skate, c’est solitaire, méditatif, ça efface le côté urbain. J’ai acheté un petit lieu où me poser à Essaouira. [Ville du Maroc donnant sur l’océan, notamment célèbre pour ses vents et donc la pratique des sports de glisse, NDLR] Les Gnawas, les feux de camp… Sans faire dans le cliché, il y a une atmosphère vraiment spirituelle là-bas. Essaouira est en plus une ville qui a accueilli les hippies, Hendrix, les Stones… Il y a beaucoup de musique, années 70, blues, jazz perché, Hindi Zahra… Là-bas, l’esprit du surf est roots, ce ne sont pas les surfeurs de Lacanau.

« J’ai jardin secret, j’ai botanique de Jamaïque »

Je ne fume plus du tout mais j’aime exprimer un certain côté transcendant à travers des phases sur la weed. C’est le plus rapide pour évoquer un état second, et c’est bien plus joli que d’écrire « je suis resté deux heures sur la plage à regarder l’horizon. » J’essaie de parler de la weed comme un moment d’élévation, avec la même démarche que celle adoptée par certaines civilisations lorsqu’elle prenne du peyotl. [Drogue issue de fleurs de cactus, aux forts effets hallucinogènes et utilisée à des fins d’initiation au sein de communautés d’Amérique Centrale et du Nord, NDLR] Le côté jardin secret, c’est juste pour exprimer qu’il faut que je rentre dans un état intérieur particulier pour construire certaines choses personnelles. Mes textes sont très clivants, et la weed est un super raccourci pour faire comprendre des choses qui touchent à des états intérieurs. Sans ça, je ne suis pas sûr que j’arriverai à faire saisir où je veux en venir. [Rires]

« Pour elle je bâtirai château d’Espagne en plein Spanish Harlem »

C’est une idée de rapatriement. « Les châteaux d’Espagne », c’est une expression qui évoque quelque chose d’inaccessible, d’impossible. À travers ça, je parle de l’Espagnol de base. Spanish Harlem, ce sont des descendants d’esclaves espagnols. La source espagnole revient à eux à travers cette phase. Souvent dans la vie, c’est toi qui va vers tes origines, pour te retrouver. Là j’ai voulu inverser ça, montrer que tes sources peuvent venir à toi. C’est ce qui m’est arrivé l’an dernier quand j’ai eu des problèmes de santé, des gens sont venus vers moi, des amis, ma mère. J’aime cette idée que les sources reviennent naturellement à toi. Elles viennent pour te rapatrier vers ce que tu es et ce que peux être.

« Mon style : bestial comme le gros de Bed Stuy »

Biggie, ce n’est pas la première fois que j’en parle. Pour moi Biggie, c’est le nouveau testament du rap, encore plus dans le lyricisme. Des mecs comme lui, comme Nas, quand c’est arrivé… C’était un nouvel âge d’or du lyricisme ! Biggie en était l’un des instigateurs. Ils ont vraiment écrit le nouveau testament du rap. Et en plus, ce qu’ils ont apporté a fait plein d’enfants, de Jay-Z à Puff Daddy, des gens complètement différents… C’est encore cette idée de naissance et renaissance en fait : un nouveau démarrage pour le rap. Et Ready to Die, c’était vraiment un parcours qui part de la naissance et mène à la mort. Puis la vie après la mort avec Life After Death… Certains des textes de Biggie étaient vraiment noirs. Et il n’a jamais vu au final tout ce qu’il a apporté au rap. Il disait même que son corps serait un terreau pour sa fille. Booba avait d’ailleurs à moitié repris cette phrase : « si tu échoues et que je meurs avant toi, prend mes sous, jette ton cartable ». [Dans le morceau « Au bout de mes rêves », NDLR]

« Est-ce que je vois un peu de respect ? De l’amitié ? En parlant de ça, tête de cheval dans vos draps en soie »

Au début du Parrain, un mec vient solliciter Don Corleone à qui il demande de venger sa fille qui s’est faite agressée par des types. Et Don Corleone le regarde, sait que ce mec n’est jamais venu le voir avant et lui dit, calme mais froid, « Est-ce que je vois du respect, de l’amitié ? » C’est une façon de dire que tu peux être gentil mais qu’il ne faut pas te la faire à l’envers tout de même. C’était juste pour rappeler ça. Moi j’ai changé, je suis différent d’il y a trois ans, plus avenant, plus calme, mais il ne faut pas croire non plus que c’est portes ouvertes. Je reviens différemment, je me sens très différent de ce que je pouvais être il y a trois ans, mais les vieux réflexes restent. Évidemment, je ne mets pas des têtes de cheval dans les lits, mais je peux répondre aussi. Les épreuves comme ce que je me suis tapé l’an dernier, ça a été compliqué. Dans des épreuves comme ça, soit tu sors gagnant, soit tu apprends. Mais ça tu ne le comprends pas sur le coup. Sur le moment, c’est compliqué. J’étais dur, je pensais à des trucs de ouf.

« Je sais qu’il s’en passe bien des choses, et qu’on achève bien les chevaux »

Ça vient du film du même nom. On achève bien les chevaux, donc on peut bien achever les gens de la même manière non ? Le film parle de marathons de danse, de pauvres gens qui pour remporter un peu d’argent doivent danser des heures sans jamais s’arrêter. À un moment, l’héroïne pense à arrêter, elle voit que le public ne la suit plus, et il y a cette phrase de dépit qui dit grosso-modo : Le public n’en a plus rien à foutre de nous ? De toute façon on achève bien les chevaux ! » Pour moi, c’est une métaphore de ce qu’est le rap aujourd’hui, de ce qu’est l’industrie musicale. Il faut être là ! Dès que tu t’arrêtes, on t’oublie, t’es viré du truc. Quand elle a cette phrase de dépit, pour moi, c’est la réalité du rap aujourd’hui, du game comme on dit. Si tu t’arrêtes, tu perds. Je trouve ça naze. En plus, cette phase trouve un écho avec celle sur la tête de cheval glissée dans le lit, et j’aime beaucoup quand des phases se répondent.

« Fuck le gabarit, victoire des sparring-partner »

Ce n’est pas parce que ça n’a jamais été fait que ce n’est pas possible. Malcom X, tout le monde pensait qu’il allait s’enfoncer dans un délire pro-raciste, c’est au final devenu un homme de paix et une figure spirituelle. Quand je parlais du Styx et de Barcelone, tout le monde aurait pu croire que je resterai un loser influençable qui fume des joints. Même l’an dernier, quand j’étais malade, je pensais que ça ne s’arrêterait pas, que c’était foutu. « Autant me tirer une balle », c’est limite ce que j’aurais pu me dire. Et en fait non.

« Je fais un album à chaque ceau-mor »

Je ne veux pas être comme dans le film On achève bien les chevaux. Je ne veux pas de ce rap game-là. J’ai essayé de suivre ces règles, mais ce n’est pas pour moi en fait. J’ai besoin de mon rythme naturel, celui du surf. C’est pour ça que mon refrain dit « le rap game, je ne pouvais pas, j’avais swimming pool. » J’étais dans l’eau, avec les éléments, au rythme de ma propre nature, pas d’une nature que je m’imposerai à moi-même. Je veux reprendre le contrôle. Pas que dans la musique, mais là on est dans la musique donc je parle de ça. Pour moi, personnellement, un morceau est un projet à lui tout seul. Il a son clip, sa consistance textuelle et musicale, toutes ces choses-là. Pourquoi je serais obligé de faire des projets et de les enchaîner en attendant qu’on me donne une note ? On va trop vite dans tout, et cette vitesse elle va tuer les artistes. Tout le monde est obsédé par l’idée de projet, mais un morceau, ça peut aussi être un projet ! Tu fais du son quand tu ressens le truc, que tu as quelque chose à dire. Moi j’ai ce luxe de ne pas en vivre, et même mieux de ne pas avoir le besoin ni l’attente de vivre du rap. Alors oui, je ne gagne pas de tune avec ça, mais ma petite victoire, c’est de pouvoir faire ce que je veux et surtout quand je veux. Je ne suis pas esclave d’une temporalité ou d’une présence.

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