L’Obsession Rap, le livre de L’Abcdr du Son
Événement

L’Obsession Rap, le livre de L’Abcdr du Son

On en rêvait depuis longtemps, c’est désormais une réalité : pour la première fois, l’Abcdr publie une partie de ses archives et de nombreux inédits dans L’Obsession Rap, un grand livre de 256 pages à paraître le 23 octobre.

C’est l’histoire d’un média rap né en l’an 2000. À cette époque, le chant du cygne approchait pour les fanzines papiers, Internet prenait le relai. Le web n’était pas encore fléché, on ne pouvait pas le transporter dans sa poche à l’aide d’un téléphone. YouTube n’existait pas. La toile restait à explorer et le rap y mettait un pied. L’Abcdr en était. C’était un agrégat de pages HTML, il y a presque vingt ans.

Tout a commencé par une passion nourrie à la débrouille. Au début, c’était des éditos enflammés, des chroniques longues comme le bras , avec cette culture du fanzine typique des années quatre-vingt-dix : l’autonomie, la frénésie, l’huile de coude et quelques postures chevaleresques. Face aux mass médias, aux radios s’emparant du mouvement. Les fers de lance de la rédaction étaient des groupes comme La Rumeur ou La Cinquième Kolonne. Son cheval de bataille était un rap vu pour ce qu’il était : une musique brillante, qui devait rester spéciale. Le succès oui, l’industrialisation non. Et surtout, il fallait aller voir les artistes. Chroniquer leurs disques, c’était bien. Comprendre leur musique et leur parcours, c’était mieux.

L’Abcdr en 2005, époque « rame de métro qui traverse la nuit en GIF animé ».

Puis le temps a passé. Il aurait pu balayer L’Abcdr, mais la passion était intacte. Dans la rédaction, l’envie de faire les choses et parler de rap est restée. Elle s’est même transmise. De nouvelles têtes sont arrivées. Le rap français et américain ont été décortiqués dans le détail. Les interviews longs formats n’étaient plus improvisées mais sont devenues un savoir-faire. L’interface du site a elle-même évolué. La rédaction a aussi appris à assumer sa lubie des listes, des classements. Et surtout elle s’est formée. Sur le tas, avec des principes simples mais fondateurs : faire attention au détail, que ce soit dans nos articles où dans les œuvres qui attiraient notre attention. Laisser à ceux qui font cette musique le temps de s’exprimer. Aller voir ces hommes et ces femmes qui font le rap mais qui ne sont jamais cités dans les crédits d’un album. Ne jamais oublier le passé de cette musique tout en ne méprisant jamais son futur. Et enfin, nous avons appris à accepter les choix de chacun d’entre nous tant que tous tiraient dans la même direction : faire des articles précis et documentés, montrer que le rap est une musique à part mais pouvant être traitée avec autant d’exigence critique et de mises en perspective que tout autre genre musical. Ce n’était pas toujours parfait, mais c’était toujours motivant.

« Au sein de l’Abcdr, pour les anciens comme pour les nouveaux venus, nous savions tous qu’un jour, il faudrait faire un livre »

Après avoir publié en 2009 les 100 classiques du rap français, le regard sur L’Abcdr a commencé à changer. Y compris à l’intérieur de notre rédaction : faire par nous-mêmes ne nous décevait jamais, et enfin, nous voyions qu’il était possible d’aller plus loin. Ce plus loin nous a amenés à repenser à plusieurs reprises notre site web. Plus beau, plus esthétique, plus adapté aux modes de lecture d’aujourd’hui. À force de travail, le succès est finalement arrivé. Ou plutôt la reconnaissance. L’industrialisation, elle, n’est jamais devenue notre marque de fabrique. L’Abcdr n’a jamais voulu faire du flux. C’est un magazine qui n’a jamais prétendu à autre chose que raconter les petites et grandes histoires du rap. Quel que soit le format. Avec l’aide d’un partenaire, Dailymotion, des émissions vidéos sont nées. Les entretiens fleuves se sont multipliés, à l’écrit comme à l’image. Pendant que les émissions carburaient à plein régime, Radio France nous a accueillis pour raconter l’histoire de Prose Combat. Puis des dossiers ont pris la suite. Le premier racontait l’histoire de La Rumeur, évidemment. Le second saluait la mémoire de Biggie. D’Élancourt à Brooklyn, du poids de l’histoire à la virtuosité de la vie de rue new-yorkaise, c’était L’Abcdr tout craché dans ses obsessions.

En réalité, que ce soit ceux qui font partie de la rédaction depuis un an ou ceux qui l’ont quittée il y a dix ans, nous savions tous qu’un jour, il faudrait faire un livre. Pas pour raconter tout cela, mais pour le montrer, le figer. Le papier est aussi le seul support auquel L’Abcdr n’avait pas encore goûté. Alors quand un éditeur nous a proposé à l’été 2018 de réaliser un ouvrage sur le rap français en ayant carte blanche, c’était évident pour toute la rédaction : on le fait. Et on l’a fait. On l’a fait car il n’y a rien de mieux que faire les choses pour les apprendre. On l’a fait pour montrer ce qui fait vivre L’Abcdr depuis vingt ans : une envie d’en savoir toujours plus, de décrypter le rap avec passion et de le présenter avec élégance. Après tout, Stéphanie Binet n’a t’elle pas dit que nous étions des esthètes ?

Ce livre s’intitule L’Obsession Rap. Ses 256 pages sont divisées en 9 chapitres qui rassemblent nos marottes, celles pour lesquelles vous prenez plaisir à nous lire (on espère !), parfois depuis six mois, parfois depuis vingt ans. On y croise de nombreux artistes et acteurs du milieu rap, de La Rumeur à Kaaris, de Oxmo à Nekfeu, de Booba à Grems, de Casey à Marc Animalsons, de David Dufresne à Benjamin Chulvanij. Des archives de notre site, éditées et esthétisées pour l’occasion y côtoient des papiers inédits. Histoires orales, synthèses de chroniques, interviews, portraits, analyses et listes commentées y sont illustrées avec brio, que ce soit par Jérémy Métral, notre graphiste attitré, ou par des photographies signées Armen, Brounch, David Delaplace et Philippe Bordas, pour ne citer qu’eux.

Ce livre, c’est plus que vingt ans de rap. C’est vingt ans d’une aventure collective où l’obsession d’une bande d’apprentis journalistes a côtoyé l’amour d’une musique parfois imparfaite, mais toujours en mouvement. C’est un résumé de vingt années à tendre nos micros et nos oreilles pour que ceux qui font le rap puissent raconter leur histoire. Car avant d’être la nôtre, l’obsession rap est d’abord la leur. Elle est à retrouver en librairie à partir de ce 23 octobre.


Suivez-nous sur les réseaux sociaux, nous y dévoilerons chaque chapitre de L’Obsession Rap durant ces prochaines semaines !

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1 commentaire

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  • Jason,

    Damn, you made it ! 
    Chapeau bas