C’était les Beastie Boys
Hommage

C’était les Beastie Boys

MCA A.K.A Adam Yauch n’est plus depuis quelques jours. Le cancer qui le poursuit depuis plusieurs années a tristement eu raison de son énergie légendaire. Retour et hommage au travers d’une sélection de morceaux marquants de son groupe de toujours : les éternels Beastie Boys.

MCA A.K.A Adam Yauch n’est plus depuis quelques jours. Le cancer qui le poursuit depuis plusieurs années a tristement eu raison de son énergie légendaire. Retour et hommage au travers d’une sélection de morceaux marquants de son groupe de toujours : les éternels Beastie Boys.

« Sure Shot » (Ill Communication, 1994)

Extraire un seul morceau de la discographie des Beastie est un exercice particulièrement casse-gueule. Depuis Licensed to Ill et une rencontre avec un jeune étudiant barbu – un certain Rick Rubin – les Beastie ont empilé les singles marquants. Avec une esthétique fusionnant le punk-rock de leurs débuts à une énorme base Hip-Hop, devenue influence puis évidence. « Sure shot » reflète parfaitement cette identité métissée. Des références à Lee Dorsey, Lee « Scratch » Perry ou Dr. John autour de voix bien saturés alternant entre premier et second degré. « Sure shot » c’est aussi une combinaison jouissive entre une boucle de flûte empruntée à Jeremy Steig et un gros breakbeat qui claque. Et à l’heure où les hommages en série s’empilent depuis la disparition de MCA, les images s’entremêlent dans mon cerveau. Celles des soirées adolescentes où ce morceau était un ultra-concentré de taurine et les images de(s) clip(s) joyeusement barré(s). From 86 ’til Infinity. — Nicobbl

« Pass the Mic » (Check your Head, 1992)

Ça aurait pu être un morceau dans lequel MCA rappe ou chante seul, par exemple « Stand Together » sur Check Your Head. Ça aurait pu être la « B-Boy Bouillabaisse » qui clôture de façon encore plus déjantée que ce qui précède le génial Paul’s Boutique, puisqu’une partie du « morceau » (si on peut appeler comme ça ce patchwork géant) a été enregistrée chez lui, pendant l’exil du groupe à Los Angeles. Ça aurait pu être « The Sound of Science », morceau délirant du même album, où le « Yeah That’s Right My name is Yauch » précède un break qui apparemment achève le morceau… avant que celui-ci reparte de plus belle. Ça aurait pu être « Gratitude », pour le titre, mais MCA n’y participe pas au micro. Ça aurait pu être… Alors arbitrairement, ce sera « Pass the Mic ». Pas parce que ce fut un tube (rien à battre) : pour l’énergie d’un morceau ludique mais rough entamé par le voix rauque d’Adam et qui, pour cette triste occasion (comme quoi, le bouddhisme et les légumes verts forment vraiment un cocktail nocif…), est un parfait défouloir. Maintenant, on est presque disposés à pardonner la rapacité commerciale de ceux qui vont ressortir des placards des chutes de studio. — Greg

« Shadrach » (Paul’s Boutique, 1989)

Accessoirement plus beau clip des Beastie Boys (à défaut d’être le plus fun), « Shadrach » est un concentré d’énergie à la référence biblique. A l’écran, MCA, Ad Rock et Mike D, figures impressionnistes pour télévangélistes adeptes du name-droppin’, sont sur la bande son de ce morceau tels Shadrach, Mescah et Abednego : on peut les jeter au bûcher, ils y danseront galvanisés. Chez les Beastie Boys, pas de grands brûlés, mais le feu sacré d’un rap ignifugé, nourri un album durant par les samples à l’avenir fondateur des Dust Brothers. Tantôt personnages de l’Ancien Testament élevés à la culture américaine, tantôt trois mousquetaires en plein égotrip se débarrassant avec brio de l’étiquette que leur a valu Licensed to Ill, Shadrach, Mescah et Abednego, pardon, Mike D, MCA et Ad Rock citent Mario Andretti, placent du Funky 4 + 1 dans leur morceau, en lâchent une pour AC/DC et tous ceux prêts à « rocker », une autre pour les cousins illuminés de Jerry Lee Lewis et prétendent avoir plus d’histoires à raconter que J.D Salinger. « Shadrach », ou l’un de ces morceaux attrape-coeurs du vénéré à retardement Paul’s Boutique. — zo.

« Get it Together (Ill Communication, 1994)

En tant qu’auditeur de longue date du groupe, s’il ne devait rester qu’un morceau, ma sélection Highlander serait sans conteste « Get It Together ». Déjà parce que cette prod, véritable partouze musicale faisant copuler une espèce de sinusoïdale bien grasse avec une boucle discrète aux relents de Jazz et des scratchs vocaux du grand Eugene Mc Daniels (R.I.P.), est un ovni en soi. Mais l’autre grande force de ce titre à mon humble avis, c’est d’être la synthèse parfaite de ce que ce trio a pu apporter au Rap, à savoir une manière sérieuse de concevoir sa musique sans pour autant se prendre au sérieux. J’en veux pour preuve la prestation fabuleuse d’un Q-Tip en roue libre totale, qui n’a probablement jamais autant lâché d’injures de toute sa carrière, et qui semble complètement transcendé tout le long. C’était ça pour moi les Beastie : Trois mecs qui ont adopté le Rap comme un moyen, la Musique comme une fin, et qui ont réussi l’équilibre improbable entre crédibilité et amusement sans retenue. Ce genre d’iconoclastes, dans un style musical aussi codifié que le nôtre, c’est un peu comme la comète de Halley : On a rarement la chance d’en croiser deux dans une vie. — Jee Van Cleef

« Jimmy James » (Check your Head, 1992)

Beastie Boys est un groupe et pas trois individus. Depuis Licenced To Ill ils signent tout en commun, difficile parfois pour le profane de comprendre l’importance de Yauch au sein du groupe. Dans le livret de la compilation de référence The Sound Of Science, les Beastie Boys reviennent sur l’histoire de certains de leurs titres et on y apprend notamment que c’est MCA qui est à l’origine de « Jimmy James » et de ses différentes versions.
L’hommage à Hendrix qui ouvre l’album Check Your Head dans sa version originale originale était un instrumental basé sur une boucle du « Happy Birthday » de Hendrix autour duquel MCA s’était amusé à scratcher une dizaines de riffs tirés de divers enregistrements plus ou moins officiels du guitariste.Impossible malheureusement de clearer tous ces samples pour que le titre figure sur l’album, en bon crate digger il trouva donc comme solution de les remplacer par d’autres riffs semblables et d’ajouter trois petits couplets. Et miracle, peu après la sortie de l’album, les autorisations qu’on n’attendait plus furent accordées, à temps pour en faire le second maxi extrait de l’album et que le commun des mortels puisse en profiter. — SLurg

« Paul Revere » (Licensed to Ill, 1986)

Licensed to Ill reste le choc ultime des Beastie Boys. En plein milieu des années 80, ce brûlot provocateur fait bouger les lignes, tiré par le succès de Run DMC et des collages brutaux de Rick Rubin. Def Jam a écrit sa légende avec ce disque, ouvrant large sur un public plus métissé, fan d’énergie rock ou carrément punk. C’est sur ses bases résolument Hip Hop que la dynastie des trois compères s’est construite, un univers protéiforme nourri d’un million de références et surtout irrévérencieux à l’extrême, se foutant des codes et des étiquettes. La sauce prend, les « Fight for your Right » ou « No Sleep till Brooklyn » deviennent des classiques de soirées de tous styles, réunis autour du bordel et de la fête. Mais au milieu de l’album, un ovni : « Paul Revere ». L’histoire veut que Rev Run ait fait une erreur en jouant le beat à l’envers et en ressort un des tracks les plus bruts et inventifs de l’époque, encore visionnaire 25 ans après. Toute l’énergie, la créativité et la bonne humeur de ces trois hurluberlus condensées dans un accident musical. Par la suite, les Beastie Boys sauront toujours fédérer un public de plus en plus large autour d’une certaine idée du rap, de la musique, restant toujours fidèles à leur savoir-faire de la déconne qui a traversé les époques, touché plusieurs générations. Et qui restera pour toujours. Bonne route Adam Yauch aka MCA… — Lecaptainnemo

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2 commentaires

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  • salmon Sweet,

    RIP MCA

  • MKultra,

    J’aurais calé un No Sleep Till Brooklyn pour compléter ça. Merci pour cette liste qui fait bien plaiz.