Mello Music Group réédite Pimp to Eat d’Analog Brothers

Pimp to Eat du supergroupe Analog Brothers est une oeuvre à part dans l’histoire du rap. En 2000, le producteur Pimpin’ Rex aka Rex Roland réunit pour des sessions d’enregistrement Ice-T, Kool Keith, Marc Live et Black Silver, et les renomme pour l’occasion Ice Oscillator, Keith Korg, Mark Moog et Silver Synth. Des blazes de synthés pour un objectif clair : torturer les instruments en question pour en sortir une musique étrange, chaotique, pouvant accueillir les délires débridés et futuristes des MCs. C’est sur ce concept que repose Pimp to Eat. Par sa qualité et par le prestige des protagonistes, le projet aurait dû faire date et marquer une époque particulièrement faste pour les expérimentations. Il n’en sera finalement rien ou pas grand chose.

Pimp to Eat aura en effet un écho plutôt limité, du fait d’événements étranges.  Il y aura d’abord une histoire de bandes volées, durant les émeutes de L.A. consécutives au titre de champions NBA des Lakers, le 19 juin 2000, ce qui retardera la sortie du disque. Pimpin’ Rex pétera ensuite un plomb, entubant joyeusement ses compères : « Rex, that was his group, that was his baby. Rex was not getting credit for stuff he had done in the past, he helped on a lot of the Body Count stuff, Rex was on « Pusher Man » on Ice-T’s album, so he was a guy that felt jilted his whole life, musically. When the Analog Brothers record came out he lost his mind. He put the masters in a suitcase that he made us all sign. And he drove around with the album like it was a kid, in the front seat. He just lost his mind. We did a digital download for $50,000 and he didn’t want to give Ice any money, he felt Ice is rich already (…). He signed a deal and tried to take all the credit for the record (…). We were getting offers for shows, Rick Rubin was interested. That was something we could have been touring on to this day » (Marc Live dans son interview pour Allhiphop.com). Forcément, le boulot de promotion de l’album tombera un peu à l’eau.

Pimp to Eat avait donc gagné ses galons rouillés d’œuvre maudite. Jusqu’à ce jour, où l’on apprend que le label Mello Music Group, jamais à court de bonnes idées, allait rééditer le disque, seize ans après sa sortie. La version CD arrivera le 10 juin, le double vynile le 15 juillet. Les détails sur les coulisses de l’opération n’ont pas filtré, ce qui n’est probablement pas plus mal. Savoir qu’une oeuvre aussi audacieuse et unique bénéficierait d’une seconde chance est en tout cas forcément réjouissant. Même si l’on a toujours pas compris ce que ça pouvait bien vouloir dire, « Pimp to Eat ».