Chronique

Red Zone
Eclipse totale

Hibiscus - 1998

Collectif antillais auteur d’un premier album inégal (« Bad boy story »), Red Zone se situe à cheval entre rap et reggae. Toujours produit par Laurent Le Duc, « Eclipse totale » est scindé en deux parties égales, dotées d’une intro chacune. La séparation entre reggae et rap permet d’appréhender plus aisément les différentes entités du collectif.

La partie reggae ouvre la marche. Après une interview de la lune en guise d’introduction s’enchaînent huit titres partant dans toutes les directions. Djama Keita (ex-Mysterious Djay) prend la tête de la troupe, suivi de près par BJP (futur Lyricson) et Soothsaya (future Saya). Mais derrière les bijoux que sont ‘Morgan’, ‘Untouchable’ ou ‘Man, protège ton dos’, certaines morceaux s’avèrent décevants, notamment à cause de la contribution assez décevante de Liberty King : pour exemple, son solo, ‘Sketle’, est une vraie catastrophe. En revanche, la présence de Little Yaniss (futur Yaniss Odua) sur un seul titre est bien regrettable.

Ensuite, la partie rap prend le relais : Dj Kross D expose de nouveau sa fraicheur d’esprit, et signe une intro encore plus réussie que la première. Si BJP et Foladey signent deux bons titres en anglais, ‘Is there a way out’ et ‘Destiny’, le groupe phare de cette compil est sans conteste Crizantem (qui deviendra par la suite Crise en Thème). Composée de Trafyk Jam (futur Maj Trafyk), Sticky, Le Man et Dj Kross D, l’entité fait preuve d’une fraicheur d’esprit que l’on croyait disparue, multipliant les innovations au niveau du flow et de l’écriture. En cinq morceaux, les trois rappeurs déploie l’étendue de leur talent, et la réussite est à chaque fois au rendez-vous. Mise au point sur la situation des Antilles (‘Sous les yeux de Dieu’), égotrip sur fond de sorcellerie (’36 formules magiques’), ballade macabre (‘Le cimetière des MC’s’), exercice de style hilarant (‘Al, ol et ul’) : pas un seul faux-pas à noter.

Pour son second album, Red Zone n’a gardé que les bonnes idées parsemées dans le premier. Eclipse totale est caractérisé par un équilibre parfait entre rap et reggae, entre flows et chants, entre fond éclectique et forme explosive. Le collectif démontre ici avec éclats les bienfaits de l’éloignement de l’étouffant microcosme métropolitain.

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  • Blanchemain,

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