Rap français

Nos 20 morceaux du 2ème trimestre 2013

Du deepkho, de la ballade estivale, une animalerie bien représentée ou un remix improbable du tube de Psy : nos morceaux de rap français du trimestre écoulé sont pour le moins hétérogènes.

Kaaris – « Binks »

Les Haterz se sont plantés. Dans l’univers revisité du Rap Game of Thrones, Kaaris serait Khal Drogo, une brute physique et charismatique, un guerrier arrogant décidé à trancher des têtes. Et si les deux partagent ce même goût immodéré pour la violence, Kaaris a (bien heureusement) beaucoup plus de verbe. Nouvelle ogive avant-album, « Binks » déborde d’une imagerie choisie où le radical côtoie un certain sens du raffinement. Une boucle minimale, un phrasé hypnotique et une écriture qui oscille entre puissance brute et précision chirurgicale, le rappeur de Sevran impose un peu plus son univers. Son premier album, Or Noir, est annoncé pour la fin de l’année. Son couronnement également ? « Neuf-Trois, Mara Salvatrucha, j’t’explose la tête comme une piñata« . – Nicobbl

Grems – « Shlag Music »

En 2011, lorsque nous avions rencontré Grems, celui-ci se refusait à donner des interviews aux sites français, son ras-le-bol envers l’hexagone semblant alors n’avoir jamais été aussi prononcé. S’il s’est depuis résolu à jouer le jeu de la promo en multipliant les interviews, le discours développé tout le long de Vampire, son dernier album en solo, demeure inchangé. Sans être le meilleur projet de Grems, Vampire évite un écueil malheureusement présent dans trop d’albums de rap : le remplissage. Un peu comme sur Algèbre 2.0, Miki enchaîne les morceaux brefs et énergiques à une allure effrénée, évitant toute forme d’ennui chez l’auditeur. « Shlag music » ne dure même pas deux minutes mais en dit beaucoup plus sur l’artiste et ses motivations qu’un communiqué de presse ne le ferait. – Mehdi

Yoshi Di Original & Gérard Baste – « On Botte des Culs » 

« Une tête de beauf sur un corps de boeuf » : v’là Gérard Baste. Et accompagné de Yoshi c’est le combo parfait. Sur une production digne de Vladimir Cosma qui pense à Pierre Richard, les deux gras du bide explosent le taux de Gamma GT, l’aiguille de la balance et les culs des meufs qu’ils croisent. C’est bien rappé, ça motive, bref, c’est le Club Med’ Gym version Hip-Hop Momo. Comme aurait dit Ménélik : Tout Baigne. Sauf que quand Gérard et Yoshi sont dans place, tout déborde. – zo.

Rimcash – « Vie d’ordure »

Qu’il soit accompagné de son compère Didai, qu’il rappe au milieu de ses potes de la Fronce ou qu’il officie au sein de Djunz, Rimcash présente à chaque fois l’allure du parfait camarade. Amenant la dose de fantaisie nécessaire, il contrastait par exemple assez brillamment avec le flow élégant de Greg Frite. Malgré tout, on avait du mal à l’imaginer tenir la route sur tout un projet solo et la faible durée de vie de « C’est dégueulasse mais ça déchire », sa mixtape gratuite sortie l’an dernier, ne nous avait pas vraiment fait mentir. Pourtant, Vie d’ordure, son premier album solo, est non seulement solide mais installe une identité singulière dans le paysage rap. Un peu à la manière de Freko en son temps, Rimcash virevolte entre les cadavres de bouteilles d’alcools et les fin de joints, l’air de s’en foutre en permanence mais étonnamment à l’aise sur les morceaux plus introspectifs. – Mehdi

Niro – « Poussez-vous » 

« Chaque compil’ qui sort depuis deux piges, y’a mon blaze dessus ». Si Niro faisait partie de nos 12 de 2012, c’est entre autres parce qu’il a donné l’impression d’avaler le rap français, affichant une omniprésence rarement vu dans nos contrées. Après Paraplégique, Niro revient avec Rééducation, un dix-huit titres massif dont « Poussez-vous » est le fer de lance. On n’aurait pas pu imaginer un meilleur titre de morceau tant Niro, sur cette piste comme sur tant d’autres, déboule en bulldozer avec la l’ambition de tout arracher sur son passage. Prononcer des mots simples avec une force inhabituelle, voilà probablement la plus grande qualité du rappeur de Blois. – Mehdi

Le Pakkt – « Tout est foutu »

« Tout est foutu » est le prélude au bien nommé Album Lent du Pakkt, tant il tarde à venir. Mais en guise de prélude, c’est plutôt une oraison funèbre qu’offrent Zippo, Konii et Vargas. Le Requiem pour un Con est désormais dédié à la civilisation toute entière, sur un beat au BPM d’un coeur fatigué. L’humanité dansera sur sa tombe, la flamme du Soldat inconnu sera entretenue par des singes, le méridien de Greenwich sonnera minuit-pile et les déclinologues n’auront plus besoin de dire que ça leur en touche une sans faire bouger l’autre puisque les bourses seront vides. – zo.

L.O.A.S – « Langue maternelle » 

La prod millimétrée de Krampfhaft, un visuel étonnamment travaillé pour un deuxième clip, un sens de la formule des plus soignés (« A l’étroit dans ce jeu comme un requin blanc dans l’aquarium », « Tu veux jouer cartes sur table, je te baise recto/verso ») : « Langue maternelle » est une incontestable réussite. Vraie révélation sur la dernière tape de Hyacinthe au cours de laquelle il s’était incrusté sur trois morceaux, L.O.A.S s’affirme comme un rappeur prometteur, peut-être plus accessible à la première écoute que son compère avec lequel il partage la même irrévérence. Il paraît qu’un projet commun est en préparation et on attend ça avec impatience. – Mehdi

Dosseh – « Gangnam Style Trap Remix » 

A l’époque où Jay-Z marchait sur l’eau, il était capable de nous convaincre que rapper sur un single aussi improbable que Mundian to Back Ke de Panjabi MC était une bonne idée. En 2013, Dosseh choisit de faire encore plus compliqué : en demandant à REDRUMUSIC de livrer un remix trap du tube de Psy, le rappeur d’Orléans réussit à rendre crédible ce qui s’apparentait jusque là à une simple bouffonnerie. Toujours aussi incisif et polyvalent, Dosseh prouve qu’il peut rapper sur n’importe quoi…et qu’il est un des rappeurs les plus sous-estimés de notre pays. Sorte d’éternel rookie alors qu’il a déjà plusieurs faits d’armes à son actif, Dosseh cherche encore le disque qui l’installera définitivement. Espérons pour lui que Karma, projet ambitieux puisqu’il regroupe un film et une bande originale, lui permettra de franchir cette étape. – Mehdi

DJ Fly – « Les pentes »

Une bombe de 400ml dévale les pentes de La Croix Rousse et L’Animalerie fait les 400 coups. Lucio Bukowski a un coup de pied qui envoie des drops de 400 mètres. Pour son 400ème tag, Anton Serra réalise sa première interpellation et avant de composer sa 400ème instru, Oster Lapwass fouille une poubelle. Le rap, le turntablism, le graffiti, trois des quatre Disciplines rassemblées dans la même vidéo, et en plus sans donner de leçon sur ce qu’était, est et doit être le hip-hop. Ca faisait longtemps que ce n’était pas arrivé. Bref, c’est Lyon sous les bombes, signé d’un clip dont les trajectoires sont à vivre dans les rues de la Capitale des Gaules, sous le fard du tungstène des réverbères. A l’aube, la ville se remaquillera. Restera plus qu’à remonter la pente.- zo.

Aelpeacha, A2H & Taipan – « Allume la lumière »

Pour commencer, enfonçons une porte ouverte : le rythme stakhanoviste d’Aelpéacha est admirable. Pas moins de trois projets portant son nom sont déjà sortis cette année, dont Ride hivernale et Summer of love, albums concepts catapultés sur le net du jour au lendemain sans aucune annonce préalable. Le troisième projet, c’est Studio liqueur, disque solide réalisé en commun avec le sémillant A2H. Un des moments forts de l’album, c’est incontestablement « Allume la lumière », ballade sucrée au cours de laquelle la nonchalance de Taipan rencontre celle du A. Détail sympathique pour celui qui suit avec assiduité le parcours du rappeur de Splifton : le clin d’oeil au Lubrifiant dans le couplet d’Alpha, déjà un album en commun réalisé à l’époque avec son compère MSJ. – Mehdi

Ahmad – « Drago »

Installé sur le siège passager d’une berline propulsée dans le grand bain de l’époque où le noir et blanc étaient rois, Ahmad songe, fenêtre ouverte sur un monde où chacun est un jour courtisan, donc un jour ou l’autre impliqué dans les intrigues. Et pendant que lui est posé tranquille, laissant son cheminement être tracé par sa belle chauffeur, nous, on pourrait en dérouler des tonnes. Mais autant se résoudre à l’essentiel, c’est à dire à l’évidence : sur instrumental, avec ses aphorismes taggués tels des antisèches sur le plâtre de son bras cassé, Ahmad incarne la facilité. Il se laisse driver par tout et partout à commencer par la production de Skeez’up et son regard plongé dans les interstices des anges mineurs que nous sommes. Plus la peine de faire de l’auto-stop, c’est du pilotage automatique. – zo.

Vîrus – « Champion’s League »

On savait que la trilogie des EPs calendaires – rassemblés dans Le choix dans la date – était tout sauf un feu de paille. « Champion’s League » annonce, lui, un grand incendie. Porté par une désillusion extrême et une haine tenace pour les relations sociales, Vîrus développe une écriture au scalpel, menée avec une précision aussi chirurgicale que sanguinolente. Si la révolution est une illusion, le mot d’ordre est clair : « le savoir, c’est bien : les armes, c’est mieux. » Un briquet, quatre bidons d’essence, et notre tête brûlée joue sur les assonances lugubres, rappelant au passage une autre ennemie de l’ordre : Casey. – Nicobbl

Deen Burbigo & Nubi – « Pour nous-même »

Après Alpha Wann/Rocca et Kenyon/Dany Dan, Wrung continue de rapprocher les générations en proposant à Nubi et Deen de croiser le micro. Sur le papier, le morceau a tout de la collaboration de rêve pour le rappeur marseillais qui citait Scarlatitude comme un de ses albums cultes dans nos colonnes. « Pour nous-même » est sans doute le volet le plus efficace de la série tant on sent le plaisir qu’ont eu les deux rapppeurs à travailler ensemble. En même temps que Deen confirme qu’il est de plus en plus intéressant, la prestation de Nubi est là pour rappeler à tout le monde que Salissures, projet sorti l’an dernier chez Allmade, comportait d’excellents moments. – Mehdi

Pepso Stavinsky – « Les Gens ne Savent Pas »

Le rap a rendu plus d’un rappeur misanthrope. Mais rares sont ceux qui ont su le dire au milieu d’un disque qui ne respirait pas l’aigreur. Sur un beat cogneur, qui tape d’un pied agacé sur le sol, Pepso Stavinsky se décrète perdu d’avance pour une carrière. Puis, il répond à la question symptomatique du syndrome Gilles de La Tourette qui agite plus d’un MC français : « tout ça pour ça ? ». Mais là où « Les Gens ne Savent Pas » marque sa différence avec les interviews dépitées et les morceaux compulsifs, c’est qu’il mêle humour et prétention, réalisation ciselée et mauvaise foi, mauvaise humeur et ambition. Que le combat continue, peu importe que l’auditeur se prenne pour Jules César en levant ou baissant son pouce sur internet. Like.- zo.

Al K-Pote – « Mongoldorap »

L’inspecteur Kojak. Le magicien Harry Potter. Le château de Versailles. Le club du Paris Saint-Germain. Les acteurs Danny Glover et Whoopy Goldberg. Magneto des X-Men. Autant de références improbables utilisées par Al K-Pote au cours d’un « Mongoldorak » déconcertant dont le seul titre parle de lui-même. En jouant à fond la carte de l’humour et du bon mot, Al-K revient en force après une année 2012 chargée (un album solo et l’album Neochrome avec Seth Gueko et Zekwé). Premier extrait de Mazterchef Muzil Vol. 1, dernière mixtape estampillée Neochrome, « Mongoldorak » prouve aussi que le rappeur d’Evry est à l’aise sur à peu près n’importe quel instru. – Mehdi

Tito Prince – « Dîner de con »

Même s’il traîne ses guêtres dans le rap français depuis quelques années, Tito Prince est le prototype du parfait rookie. Un buzz naissant sans que son nom soit encore sur toutes les lèvres, une poignée de couplets marquants et une mixtape gratuite sortie en 2012 et intitulée Avant d’exister. On ne sait pas encore si « Un dîner de con » sera le titre fort qui lui permettra de franchir un cap mais il confirme en tout cas que les promesses entrevues par le passé n’étaient pas de la poudre aux yeux. Morceau autobiographique, rempli d’images perçantes et usant avec justesse d’un name-dropping suggestif, il porte avec brio Un jeune dans un HLM, sorti le 17 juin dernier. Par contre, c’est moi ou Tito a un petit quelque chose d’Al Peco dans la voix ? – Mehdi

Première Ligne – « 93 Nocturne »

E.One et Skalpel ont usé leurs semelles sur l’asphalte. Les ombres des zones industrielles s’impriment dans leurs rétines et leurs yeux s’arrêtent sur les âmes qui perdent leur SMIC dans des bars situés du mauvais côté du périphérique. Quant à leur tête, elle fulmine sur les vestiges des banlieues rouges, pour un rap ouvertement revendiqué militant. Alors pour résumer, on dira que Première Ligne a un chien dans la tête. Comme beaucoup de ceux qui ont choisi leur camp en fait. – zo.

Sazamyzy, Sofiane & Koro – « Sans âmes »

La connexion Sazamyzy/Sofiane devait bien arriver un jour tant les deux rappeurs du 93 partagent la même rage viscérale au micro. Sur « Sans âme », l’entrée fracassante de Sofiane (« je signe en édition chez les Mayas ») s’emboîte parfaitement avec l’arrivée épileptique de Saza qui plie le morceau en jonglant entre intimidations hallucinées (« Baise ta grand-mère dans un car wash », ça ne manque pas d’imagination), rappels religieux et attaques hilarantes envers La Fouine (« Pointeur ! »). Alors que les productions de Therapy nous avaient un peu laissé sur notre faim dernièrement, il livre ici bien plus qu’un fond de tiroir pour un titre qui a tout du morceau étendard. – Mehdi

MZ – « Bang Bang Flow »

Ils sont nombreux, rappent avec un sourire communicatif, débordent d’énergie, ont des refrains entêtants et un manager omniprésent : la comparaison avec la Sexion circa 2008 semble inévitable. Si on souhaitait la poursuivre encore un peu, on dirait que MZ Music Vol 2, sorti le 1er juillet, est un peu leur Renouveau à eux : une excellente carte d’identité au cours de laquelle l’ensemble du groupe a l’occasion de s’exprimer et où certains se démarquent déjà. Même si le clip de « Bang Bang Flow » est a priori anodin, il y a quelque chose d’exaltant à observer la détermination de ces rappeurs, ouvertement heureux de se renvoyer la balle et de marcher ensemble vers le succès. On reparle très vite d’eux. – Mehdi

Anton Serra, Dico & Nadir – « La carte de l’ignorance »

Qui arrêtera Anton Serra ? Personne. Après un album en 2012, le revoici avec deux projets, sortis coup sur coup en cette année 2013. Parmi eux, Frandjos, nouveau concentré de folie féline. Et même si on aurait pu retenir le génial « J’voudrais Pas » [Le Clip, issu de l’autre sortie annuelle d’Anton Serra, en dira plus que de longs discours], voire même se sortir les doigts du cul et chroniquer l’album, c’est « La carte de L’ignorance » jouée par le Sale Gone avec Dico et Nadir qui tombe à pic. Cartomanciens cyniques plus que diseurs de bonne aventure, le trio fixe le taro du monde d’aujourd’hui, autrement dit quelques comptes à régler avec ce(ux) qui les entoure. « Si j’aurais su j’aurai pas venu » ? Mon cul ouais, rappuie sur le bouton play, c’est la guerre.- zo.

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19 commentaires

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  • Beubeu,

    Personne n’a trouvé son bonheur dans Ailes Brulées de Futur Proche ? TRES TRES étonnant…

  • Reivax,

    Petite sélection perso sur l’ensemble du premier semestre :

    Espiiem – Haute voltige
    http://www.youtube.com/watch?v=fua2xfteyCk
    Au sein du collectif The Hop, Espiiem mettait son timbre de voix en retrait et laissait couler son flow dans les ambiances smooth et live de la formation. Le EP « L’été à Paris », sorti en 2012, donnait un peu la même impression malgré le fait qu’il soit signé en son seul nom. Mais avec « Haute Voltige », premier extrait d’un album à paraître à la rentrée, Espiiem lâche les chevaux, plaçant la barre encore un cran au-dessus par rapport à sa prestation déjà convaincante en début d’année aux côtés de Némir et Eff Gee (« on prend le contrôle » : http://www.youtube.com/watch?v=nIAq5UDiQ-Q)

    Vîrus – Cafarnaüm
    http://www.youtube.com/watch?v=vu7-URdiwPo
    « Quand ça va j’ai rien à dire, quand ça va pas j’dis rien ». Il s’était tu plusieurs mois suite à la clôture de sa trilogie calendaire, ultérieurement réunie en un seul disque (« le choix dans la date »). Maintenant on sait pourquoi. Et si c’est avec « Champion’s League » qu’il avait officiellement décidé de réapparaitre, c’est bien par ces mot qu’il entame son nouveau maxi et qu’il brise le silence. Vîrus se livre sur ce morceau de manière frontale et sans détour, en se cachant moins qu’à son habitude derrière des bons mots désespérés. Ça ne respire toujours pas la joie de vivre, mais la thérapie est moins cynique que sur d’autres morceaux où, à force de grossir le trait de la misanthropie, on n’en voyait plus que la ficelle. « Plus dur de se mettre à nu que de se foutre à poil » ? La force de « Cafarnaüm », c’est justement que le bonhomme remet les pieds au cœur de tout ce bordel dans son plus simple appareil.

    Fayçal feat. C.Sen & Nasme – Le charme de nos chimères
    http://www.youtube.com/watch?v=qmQnrNxSdBY
    Les featurings ont du bon quand ils permettent de découvrir des pépites : c’est en suivant la trace du C.Sen que je suis tombé sur « l’or du commun », le troisième album du bordelais Fayçal. Et pourtant, à la fin du morceau, j’en aurais presque oublier d’écouter son couplet tellement le reste m’avait déjà séduit. Nasme d’abord, habituel side-kick honnête mais rarement renversant, dont le flow rugueux contraste ici à merveille avec le thème et l’instru. En l’occurrence, une production boom-bap au refrain délicieusement pitchée, porté par ce petit quelque chose qui la rend un rien intemporelle. Et puis il y a Fayçal, dont les rimes embrassées ne font que rehausser la valeur d’un couplet impeccable. Comme le reste de l’album, d’ailleurs, solide et carré. Sans la présence du C.Sen, je n’aurais peut-être jamais écouté ce morceau. Pourtant, même s’il n’avait pas été convié, le titre n’aurait rien perdu de sa valeur. Derrière le paradoxe, c’est peut-être bien là que réside le charme de nos chimères.

    Anton Serra feat. Lucio Bukowski – Pain d’épices
    http://www.youtube.com/watch?v=kc42vTrL_Zo
    Anto Bukowski & Lucio Serra commencent à avoir une belle série de duos à leur actif. Mais jusqu’ici, le mélange ne s’était pas toujours avéré des plus savoureux, souvent loin des meilleurs prestations de l’un comme de l’autre (par exemple, « Le rap est mort » ou encore « Le poète et le vandale », sur leurs premiers albums respectifs). Mais coup sur coup, ils viennent de mettre les bouchés doubles. Alors qu’Anton éclipserait presque son compère avec un couplet virtuose et énergique sur « J’écris » (http://www.youtube.com/watch?v=r8MaK0jLT2I) – extrait du troisième EP de la série Lucio Milkowski – c’est Lucio qui s’avère ici intenable et incisif, avant qu’Anton Serra ne le relaye pour maintenir la pression. Ce titre, présent sur le denier EP d’Anton Serra & Oster Lapwass, existe en deux versions, aussi relevées l’une que l’autre. Mais celle-ci tabasse sévère.

    Nakk – Devenir quelqu’un
    http://www.youtube.com/watch?v=APplQ_TlIr4
    La formule est éprouvée mais elle continue de faire son petit effet. Les phases sont un peu émoussées mais font des ricochets. Avec « Supernova », Nakk apparaît clairement en manque de souffle et d’inspiration après trois disques en trois ans. Mais rien ne sert de bouder son plaisir à l’écoute de « Devenir quelqu’un », ainsi que « Windows » dans une moindre mesure, sur le même registre soulstalgique (http://www.youtube.com/watch?v=gNmmRcouzjY).

    IAM – Benkei et Minamoto
    http://www.youtube.com/watch?v=dZuNBi3PbjM
    « Notre Dame Veille » avait réveillé certains espoirs (http://www.youtube.com/watch?v=NYH2lNj2TmA). Mais finalement, « Art Martiens » n’aura trouvé chez moi aucun écho durable. La faute à un cruel manque de relief, malgré l’agréable sensation de se dire que, pour IAM, tout n’est finalement pas encore perdu. Et si, quelque part, ce sentiment persiste, c’est grâce à la constance qu’il faut bien reconnaître à Akhenaton, mais aussi grâce à ce morceau, à l’alchimie parfaite. Sur une de ses ambiances de prédilection, Shurik’N parvient même à faire ce dont on ne le croyait plus capable depuis plus de cinq ans : donner envie de l’écouter.

    Rocé feat. Manu Key – Magic
    http://www.youtube.com/watch?v=oWuhiqgb7Qg
    Sur une boucle de guitare électrique aux accords oscillant entre gravité du blues et légèreté céleste, que DJ Mehdi n’aurait pas reniée, Rocé lui rend le plus bel hommage qui soit en célébrant la beauté anticonformiste de la musique et du geste créatif. Une manière de dépasser le deuil pour inscrire son œuvre dans une histoire et célébrer son héritage. Manu Key, en double-mentor, fait le pont le temps d’une brève apparition, pudique et dans le ton. Une conclusion magistrale d’un album sur lequel Rocé suit sa ligne directrice en jouant les équilibristes pour faire du fil de fer un fil de soie (http://www.youtube.com/watch?v=t10sycp9KY0)

    Ahmad – Drago
    http://www.youtube.com/watch?v=8iK3jV3SEEo
    Même en roue libre et toujours sans couronne, Ahmad laisse derrière lui la foule des prétendants au trône. Tant que cette impression de facilité restera signe d’aisance plutôt que de suffisance, et tant qu’il continuera de dérouler ses plus belles formules, il gardera une bonne longueur d’avance sur ses poursuivants. A condition de ne pas tourner en rond…

    Georgio feat. VALD, Alpha Wann, Lomepal – Sexe, drogue & rock’n’roll
    http://www.youtube.com/watch?v=ahUu6leMpJE
    Si ce morceau était une course de relais, les ambitions nées lors des premiers passages de témoins s’évanouiraient dans la dernière ligne droite avant d’échouer au pied du podium. On n’entendra pas résonner la Marseillaise mais peu importe : Hologram Lo’ a composé un hymne d’un autre genre. VALD et Alpha Wann seront certainement contrôlés positifs au test antidopage tant leur couplets écrasent la concurrence. Derrière eux, Lomepal fait le taff en bon coéquipier. Quant à Georgio, qui s’était chargé de la sélection, il termine à bout de souffle – et c’est l’auditeur qui fini épuisé. Le genre de course qui ne laisse pas de trace au palmarès, mais qui marque les esprits.

    Kohndo – Vise le ciel rmx feat. Brother Amir
    http://www.youtube.com/watch?v=3IFkaPz9 … e=youtu.be
    Pour cette version remixée d’un des morceaux les moins marquants de son pourtant très bon dernier album, « Soul Inside », Kohndo nous offre une petite madelaine de Proust en compagnie de Brother Ahmir : un retour ponctuel aux ambiances et à l’époque de « Tout est écrit » sur une production sur mesure de Beus Bengal. Avec un clip façon « Paris, son âme », histoire de rester dans le ton et de ne rien gâcher. A savourer après minuit.

    C.Sen – De retour
    https://soundcloud.com/djlbr/c-sen-de-r … rod-by-dax
    Il y a ce qu’il ressent et il y a ce qu’il laisse voir. Il y a ce qu’il met en rimes, et tout ce qu’il laisse en suspend. A travers une écriture ciselée et morcelée pour traduire en filigrane les sentiments contradictoires inspirés par une rupture, C.Sen privilégie le contrepied à coups d’envolée cosmique sur une instru électro-choc signée Dax. Il est de retour, et l’écoute vaut le détour. Entre dépit et ironie, « Le tunnel » résonne de tant d’illusions perdues. On en ressort vibrant d’y avoir survécu.

  • BPZI,

    Le Aelpeacha/A2H domine largement votre liste je trouve. Pas mal de trucs sont assez inaudibles…

    Sinon quelqu’un a des nouvelles de Hi-Fi?

  • sy,

    wouahh la playlist de merdeeeeeeeuuuuu du kaaris alkpote rimcash burbigo sasamyzy taipan mdrrr c une caricature j’espere ? je croyais ct un site serieux ici pa pr les 13 – 16 ans … un son 09-ladea-poussiere.mp3
    et un 2eme 12-doomam’s-si_javais_su_ft_j.mi_sissoko_exta ….j’te montre que tout ces ploucs sont tres loin

  • Omen,

    Super bien fait comme sélection, tout comme la précédente.
    Continuez à faire ce genre de truc, c’est très utile pour de vrai.
    Juste pour Ahmad et Virus, si ça te met pas d’accord, bah suicide toi et essaye de te réincarner genre fin 90’s pour bouger ta tête sur 3ème œil.
    Sur ce.

  • yann,

    y’a erreur sur le titre, il fallait lire « la sélection de 20 morceaux de nos meilleurs copains »

    vous écoutez vraiment « sazamyzy » et son pote? il a menacé vos familles ou quoi? « gangnam style remix », « mongolrap »..mais vous etes sérieux? j’ai pris 10 min à écouter 30s de chaque, mz « t’es cramé comme une frite mccain « …wow haut niveau lyrical..kaaris j’ai tenu 20s, euh c’est parce qu’il ressemble à rick ross qu’il est la lui? expliquez moi comment apprécier ce grand talent, j’suis vraiment largué la
    Je sauve les tracks grems,yoshi,a2h,deen et virus que je connaissais déja, donc 5/20

  • Alk,

    J’suis juste venu pour les commentaires, vraiment pas déçu, toujours au top les mecs, continuez ahahah

  • George Young,

    Il manque un morceau d’IAM (notre dame veille, les raisons de la colère…) non ? 
    Sinon RIMCASH et GREMS déchire!

  • that right,

    on est loin des playlists lumineuses de radikal ou rer à l’époque
    le rap donne envie de dégueuler acutellement il manquait plus que vous rajoutiez  » bella » de maitre gims et c’était le pompon.Conclusion les mines a pépites du rap français sont épuisés donc on recycle la merde pour continuer à alimenter la machine sans ça que deviendrait ces pauvres cite web?

  • […] des 20 sons français  qui ont marqué le deuxième trimestre 2013. On file au point-écoute ! (Playlist) Share this:TwitterFacebookWordPress:J’aime chargement… Publié: 13/07/2013 Classé […]

  • Numa,

    Affligeant………………………

  • Gruntien,
  • Django Moizès,

    Meilleure que celle du 1er semestre. On a déjà plus de beaux noms dans la playlist alors que la première ne tenait pas du tout la route.

  • HHSPIRIT,

    ça c’est d’la playlist qui fait bien mal au crâne, arrivé à mongoldorak t’as carrément envie de te taper la tête contre les murs, fort heureusement y’ avait quelqu’un à mes côtés pour m’demander si j’avais pas quelques troubles mentaux et qui m’as filé cette playlist pour me calmer === > https://www.youtube.com/playlist?list=PLNKQkYd7EwpTUQPO9ZeO2_5uCeGF7MLpm&feature=c4-feed-u

    = )

  • Couilles de bois en porte-jartelles,

    Il manque « Booba – Turfu » !

  • FERRAGRO,

    Merci,
    votre premiere sélection m’avait déjà renseigné sur le déclin
    mais là c’est sur on ne m’y reprendra plus.
    Que le rap francais repose en paix.

  • Goodson Truman,

    Ca date d’octobre mais on s’en fout :
    http://www.youtube.com/watch?v=gFSfhXj0ErA

  • Bon Gamin,

    SARCASMES voici ce que tu recherches http://www.youtube.com/watch?v=TzAPS_8Rd9o

  • Sarcasmes,

    Sympa comme playlist, y’a un large panel de style et ça fait plaisir, pas assez de rap posé ou conscient à mon goût mais bon… Toujours surpris de voir des mecs comme Kaaris ou AlKpote traîner sur l’ABCDr (bande de putain de sales putes… lol) mais bon les temps changent, quelques trouvailles sympa en tout cas !