Témoignage

L’UMP, le rap, et moi

Julien Polat est un grand fan de rap. Il est aussi secrétaire départemental-adjoint de l’UMP en Isère. Et si on en parlait ?

Il y a quelques jours, nous avons reçu à l’Abcdr du Son un mail touchant. Il était relatif au concert parisien de La Cliqua du 16 janvier dernier. Un compte-rendu paru sur un blog, comme il en existe des milliers chaque jour dans nos confortables contrées du Nord. Le nom de son auteur, Julien Polat, nous était jusqu’à ce jour inconnu.

Son pedigree de lecteur de l’Abcdr ? Dès la première ligne – précisée depuis –, il sonnait improbable : « J’ai adhéré pour la première fois au RPR à 17 ans, en 2001, pour soutenir Chirac dans la Présidentielle troublée de 2002. J’ai ensuite poursuivi mon engagement à l’UMP et à Grenoble, où les études m’ont emmené. En 2004, j’ai commencé à collaborer étroitement avec le Président de la Fédération Alain Carignon. J’ai été nommé Secrétaire Départemental Adjoint en 2006, puis vice-président exécutif en 2007. Cette année je me suis porté candidat à la présidence départementale, où j’ai été battu. C’était une lutte tout à fait perdue d’avance, et clairement sans espoir. Mais j’avais choisi de porter une “candidature de témoignage”, pour tenter de démontrer qu’on peut toujours prétendre faire valoir SA vérité, même lorsque l’on se trouve en minorité… D’une certaine manière, je suis toujours un peu marginal dans mon mouvement… » Son blog se trouve ici.

Nous avons souhaité creuser. Dix questions lui ont été envoyées. Ses réponses nous sont parvenues quelques heures plus tard. Les voici.


Abcdr du Son : Publier ce billet sur La Cliqua alors que tu es secrétaire départemental-adjoint de l’UMP38, est-ce une forme de coming out ? Est-ce à dire que les lignes bougent côté sensibilités culturelles au sein des grandes familles politiques que tu côtoies ?

Julien Polat : Coming out, l’analogie est originale. C’est peut-être un peu fort, mais à certains égards, c’est un peu de cela dont il s’agit.
Qu’on le veuille ou non, la vie est faite d’a priori, de jugements de valeur, et rares sont ceux qui peuvent honnêtement affirmer n’avoir jamais jaugé quelqu’un au premier regard, quitte à se raviser ensuite.

Le problème de la vie politique, c’est qu’elle exacerbe cet aspect des choses. “On n’a pas la chance de faire deux fois une bonne première impression”, et pour quiconque souhaite donner corps à un engagement public, il faut en tenir compte dans la mesure où la réussite dépend justement du regard et de l’appréciation de l’autre. D’où la nécessité pour nos hauts responsables de gérer leur image avec le plus grand soin.

Ce que je veux dire, c’est qu’à la personne qui prétend à des responsabilités politique, on pardonne moins qu’aux autres le moindre écart. Et cette intolérance justifie un peu la frilosité à faire tomber des barrières qui, finalement, sont un peu entretenues par tout le monde, par le peu de souplesse qu’on leur accorde… A mon échelle, ce n’est évidemment pas comparable, car je n’en suis pas tout à fait à ce stade. Mais en politique en général, on demande aux gens une image lisse, sans accroc. Or, nous sommes tous constitués de paradoxes, qui font de nous tout ce qu’on veut, sauf des gens lisses.

Un coming out consiste justement à savoir rompre la barrière de l’a priori, et à révéler quelques-unes de nos aspérités. La difficulté du coming out, elle réside dans la décision de dire : « Je ne suis pas forcément tel que vous me voyez, j’ai une spécificité que j’assume. » En gros, il s’agit d’admettre que l’on sort du schéma général, de la norme, du conformisme et du moule dans lequel la société, en général, aime équilibrer ceux qui la composent.

Or, se déclarer amateur de Hip-Hop ET militant UMP, c’est un peu sortir du moule… et donc réaliser un coming out ! Il est clair que dans la tête de beaucoup de gens, « Rap = Lascars de banlieue ». Et je sais donc qu’en revendiquant ma passion et mon intérêt pour le Hip-Hop, je vais devoir me justifier au risque de susciter spontanément un mouvement de rejet et d’interrogation chez certaines personnes qui sont révulsées justement par le cliché « Nike TN/Survêt’ Lacoste/Casquette Vuitton » auquel ils réduisent le rap.

Il n’est donc pas toujours facile de vouloir faire tomber certaines barrières dans la tête du « grand public ». En l’occurrence, je sais que je n’en tirerai pas de bénéfice, mais j’essaie d’expliquer. D’une certaine manière, il est plus confortable de dire aux gens ce qu’ils veulent entendre, que de tenter de les convaincre d’une idée qui suscite leur réticence au premier abord. Et il est donc tentant, au final, d’écouter son Rap en cachette… C’est parfois ce que j’ai fait. Il est plus facile de leur laisser croire que nous sommes ce qu’ils souhaitent que nous soyons, plutôt que de les forcer à admettre que nous ne sommes pas lisses, mais composés des aspérités de la somme des paradoxes qui font les Hommes.

Alors en décidant de faire tomber quelques images d’Épinal, j’emprunte un chemin peut-être un peu hasardeux, et je ne sais pas quelles seront les réactions en général… Mais comme je ne poursuis pas un plan de carrière, et que je fais tout cela pour me faire plaisir… Au final je n’ai pas grand-chose à perdre. Alors j’essaie de me faire plaisir jusqu’au bout…

Quant à savoir si les lignes bougent du côté des sensibilités culturelles au sein des grandes familles politiques, je dirais que ce n’est sans doute pas trop le cas. Sinon je n’aurais pas été contraint de m’expliquer si longuement…

Photographie : Le Dauphiné Libéré

« Je crois qu’auprès des « non-initiés », le hip-hop et l’engagement à l’UMP pour un jeune sont confrontés aux mêmes difficultés. »

A : Quels parallèles dresses-tu entre les a priori qui entourent le fait d’être jeune ET militant UMP, et ceux qui entourent le hip-hop « extra-muros » ?

JP : Je crois qu’auprès des « non-initiés », le Hip-Hop et l’engagement à l’UMP pour un jeune sont confrontés aux mêmes difficultés.
Comme je le disais, on sait que dans l’esprit de beaucoup de gens, le Hip-Hop s’assimile à la banlieue, qui se réduit elle-même à la délinquance et aux voitures brûlées. C’est une vision binaire des choses qui est malheureusement répandue.

Pour d’autres, un jeune de droite, c’est forcément un gosse de riches qui vit déconnecté du monde qui l’entoure, reclus dans un quartier huppé, et qui attend patiemment de pouvoir faire fructifier l’héritage de papa… C’est une autre vision binaire.

Il y a une formule qui dit que « le vrai hip-hop n’est ni un truc de joailler, ni un truc de racailles. » Je me permettrai de dire de la même manière que les jeunes militants UMP de se résument pas à une jolie mèche soignée jonchée sur un polo Ralph Lauren au col remonté, et des mocassins cirés…

Il me revient donc de tenter d’expliquer que le Hip-Hop est un mouvement culturel riche, qui ne se limite d’ailleurs pas à la seule forme musicale qu’est le rap, et qui peut à ce titre s’adresser à toutes les sensibilités. De la même manière que j’aimerais qu’on comprenne que les jeunes UMP sont des jeunes comme les autres, d’une vraie pluralité sociale, qui ont une vision globalement commune de la société, et qui se réunissent pour essayer d’y donner corps. Il faut se méfier des clichés, qui minent le Hip-Hop, comme ils minent les jeunes militants de droite.

Il y a peut-être d’ailleurs un aspect qui aurait été intéressant à aborder, même si on s’engage alors plus perceptiblement sur le débat purement politique, c’est la question qui consiste à savoir où réside vraiment la difficulté : s’agit-il de l’articulation entre le Hip-Hop et l’engagement politique en général, ou l’articulation entre le Hip-Hop et le militantisme à l’UMP tout particulièrement ? En d’autres termes, est-il forcément plus facile pour un militant PS de se déclarer amateur de Hip-Hop, et les rappeurs sont-ils véritablement plus sévères vis-à-vis de l’UMP que du restant de la classe politique ?

C’est une vraie question, tant j’ai le sentiment d’être plus proche, avec l’UMP, du discours qui est souvent tenu par la frange des rappeurs qui invitent chacun à se prendre en main, que d’une gauche qui réduit parfois les plus faibles à la dépendance de l’assistanat. Et à bien des égards, je crois que le constat d’échec et d’immobilisme qui est parfois établi ne concerne pas plus l’UMP que les autres partis de Gouvernement. C’est évidemment beaucoup plus « politique » et moins « musical », mais c’est aussi un aspect intéressant des choses à mes yeux. Et c’est aussi la manière d’assumer jusqu’au bout le supposé paradoxe, en tentant de démontrer qu’il est peut-être, sur le fond, plus logique qu’il n’y parait au premier regard.

« J’ai essayé de vaincre une frustration parfois pesante : celle d’avoir kiffé comme un malade le concert de La Cliqua sans pouvoir en parler autour de moi. »

A : La musique comme le sport sont-ils de ces rares territoires de conversation où il est possible de débattre sans s’invectiver ?

JP : Je ne crois pas… Dès lors qu’il y a passion, il y a forcément invectives. C’est le cas en politique, et la musique et le sport n’y échappent pas. Il suffit de voir la manière dont ça se passe sur les forums de discussion un peu partout sur le net… J’ai vu des invectives sur des forums de l’UMP, j’ai vu des invectives sur des forums de sport, j’ai aussi vu des invectives… sur le forum de l’Abcdr du Son !

Demandez à des supporters du PSG et de l’OM s’ils se passent d’invectives… Demandez aux fans de Booba ou de Kery James ce qu’ils pensent de MC Jean Gab’1 après ce qu’il a pu en dire ! Jetez un œil à la rivalité East-Coast/West Coast aux États-Unis, qui a souvent dépassé le simple stade des mots et des invectives…

Sur le fond, je crois que nous avons d’ailleurs tous un peu besoin, instinctivement, d’une petite dose d’invective qui donne le sentiment de défendre une cause… Elle met un peu de sel dans le quotidien… Je note au passage que le clash et le battle font d’ailleurs partie de l’essence même du Hip-Hop… Et c’est un concentré d’invectives !

En y réfléchissant bien, je dirai même, au contraire, que l’invective est globalement plus retenue en politique qu’ailleurs…

A : Dans ton billet, tu sembles faire acte de pédagogie pour justifier ta passion – une passion que tu ne mentionnes d’ailleurs pas dans ton profil. Etait-ce une façon de prendre les devants par rapport à des retours potentiellement négatifs ?

JP : Sans doute. Et c’est justement avec cette « réserve » que j’ai voulu rompre d’une certaine manière en écrivant sur le concert de la Cliqua, et plus largement sur mon attachement au Hip-Hop. J’ai essayé de vaincre une frustration parfois pesante : celle d’avoir kiffé comme un malade le concert de La Cliqua sans pouvoir en parler autour de moi par exemple… Et ça c’est douloureux. Alors après, bien conscient des obstacles que nous avons déjà pu évoquer, j’ai essayé autant que possible de « déminer le terrain » en expliquant un peu…

L’ethnologue Levi Strauss a longuement expliqué que le rejet de l’autre s’explique souvent par la peur de la différence. C’est ce qu’il avait qualifié « d’hétérophobie ». Et comment mieux tenter de vaincre la peur que par l’explication et la pédagogie ?

A : « Mon analyse diverge souvent de celle que peuvent établir la plupart des artistes précités – pas tant que ça sur le diagnostic, un peu plus sur les remèdes » écris-tu sur ton blog. Vis-tu ton engagement politique comme le prolongement cohérent de tes goûts d’auditeur ? Si oui, à quel âge et à partir de quel(s) album(s) s’est opéré le déclic ? Ton regard sur certains disques a-t-il fondamentalement changé ?

JP : Je ne sais pas si on peut parler de « prolongement ». Mais de « parallélisme » avec quelques recoupements – même si c’est une ineptie sur le strict plan géométrique… – c’est clair ! Disons que quelqu’un qui s’intéresse un tant soit peu à la vie sociale de notre pays ne peut pas rester totalement étanche à la richesse de certains témoignages dans le rap. Et je ne crois pas que l’on puisse retrouver cet aspect là des choses dans l’électro, ou dans ce que fait la variété française en général (excepté peut-être des artistes comme Renaud ou Léo Ferré, dont s’inspirent justement certains rappeurs, et qui n’existent presque plus aujourd’hui).

Globalement, mes premiers contacts avec le rap datent de 1996 ou 1997. J’avais alors 12 ou 13 ans. Le premier véritable magnétisme dont je me souvienne, c’est celui avec Paris sous les bombes du Suprême NTM. Des textes forts comme « Tout n’est pas si facile », « Qu’est-ce qu’on attend », « Plus jamais ça », posés sur des beats monstrueux ! C’est vraiment mon premier souvenir, et le vrai déclic.

Mon regard sur certains disques a forcément évolué avec le temps. C’est le fruit de l’expérience qu’on accumule progressivement, et sans doute de ce qu’on appelle la maturité. J’ai surtout « redécouvert » en profondeur certains artistes. Je pense notamment à Fabe, qui laisse un héritage incroyable au Rap français, et que j’ai découvert sur le tard, après être d’abord passé dessus très superficiellement. « Comme un rat dans l’coin », « Correspondance », sont des titres fabuleux. Sauf qu’à l’origine, je faisais l’erreur de les survoler et de m’arrêter sur les « clichés LCI » qu’il a ensuite lui-même caricaturés dans « L’emmerdeur public n°1 ».

Mon évolution, c’est aussi la déception de certains rappeurs que j’ai vraiment appréciés, et qui m’ont ensuite atrocement déçu. Comme Busta Flex, par exemple, qui était monumental aux côtés de Lone ou dans Sexe, Violence, Rap & Flooze, et que j’ai trouvé complètement insignifiant par la suite, dans un egotrip de base dont il n’arrive plus à sortir. J’adorais également le LIM de Movez Lang dans « Héritiers de la rue » ou « A neuf ans déjà » ; pas franchement celui de « Nique lui sa mère »…

J’ai aussi – c’est un peu logique vu ma position – de plus en plus de mal avec certains textes sur la police qui sont parfois franchement limités… Il me semble que certains rappeurs ne servent pas leur cause en généralisant comme ils le font, alors qu’ils se prétendent justement, à raison, victimes d’une même généralisation. Et pourtant, il fut une époque où j’y plongeais… Je comprends le côté exutoire de certains de ces titres. Mais je trouve dommage de voir des artistes de talent tomber dans certaines facilités, alors qu’ils valent bien mieux…

A : Tu cites un amer constat d’immobilisme évoqué par Rocca lors de ce concert de La Cliqua à Paris. Envisages-tu l’action politique comme le moyen d’enfin dépasser le strict cadre de la dénonciation, pour ne pas se retrouver dix ans après avec cette même sensation de ne pas avoir avancé d’un pouce ? Mieux vaut marcher à petits pas que viser d’emblée le Hummer, non ?

JP : C’est exactement ça. Quand on s’engage en politique, c’est souvent par quête d’un idéal. Puis on se rend compte qu’il vaut mieux être modeste pour faire vraiment évoluer les situations.

Les grands discours, s’ils ont souvent révolutionné les idées, n’ont que rarement fait bouger les choses sur le terrain. Je pense à certaines formules utopiques que revendiquent encore aujourd’hui les apprenti-révolutionnaires, mais qui concrètement n’ont jamais sorti quiconque de la misère ! « Soyons réalistes, exigeons l’impossible ! » disait Che Guevara… Tenez ce discours à quelqu’un qui dort dans la rue, ou qui se perd dans la morosité du chômage, il vous jettera des cailloux…

J’ai beaucoup plus de respect pour ceux qui font changer les choses à la marge, mais qui parviennent au final à débloquer des situations.
J’ai eu la chance de côtoyer quelques grands personnages, dont Alain Carignon (ancien Maire de Grenoble, deux fois ministre), auprès duquel je travaille. Lorsque je vois des gens qui l’arrêtent dans la rue pour échanger quelques mots avec lui en reconnaissance d’une situation qu’il était parvenu à leur débloquer quelques années plus tôt – comme il continue de le faire aujourd’hui, en mettant son expérience et son réseau au service de situations individuelles – je me dis qu’il aura fait en sorte que son existence soit utile aux autres. Alors certes, certains me répondront qu’il s’agit là « du petit bout de la lorgnette », de la « petite politique ». Mais c’est au moins aussi noble que de rédiger des essais politico-philosophiques de portée générale, qui traverseront le temps sans pour autant laisser d’incidence matérielle concrète.

C’est sans doute la raison pour laquelle mon intérêt se porte davantage sur la politique locale. Le contact du terrain est ce qu’il y a de plus précieux, parce qu’on touche directement à « la vraie vie ». On rejoint un peu, ici, la raison pour laquelle j’essaie de porter un intérêt constructif aux textes dont je m’imprègne. C’est bien là que je trouve sa convergence avec mon engagement politique. La richesse du rap, c’est avant tout une richesse textuelle, et notamment une richesse de témoignage. C’est un peu au cœur de ses racines. Le rap transcrit, parfois brutalement, une réalité sociale et un malaise qui pèsent lourd dans le diagnostic de ce dont souffre notre pays. Il offre une manière de voir les choses sous un autre angle.

Loin de moi l’idée de réduire le rap à la seule expression revendicative d’un malaise social. Mais j’ai quand même le sentiment que c’est dans ce registre qu’il s’est exprimé, jusqu’à présent au moins, de la manière la plus puissante. Comme le dit Koma : « Le rap n’a plus de sens quand on néglige son contenu. »

Photographie : Le Dauphiné Libéré / Christophe AGOSTINIS

« J’aime me plonger dans la sagesse, la profondeur et la distance de Chaos et Harmonie d’Ali. »

A : Quel fil conducteur vois-tu entre tes différents hobbies et activités (responsabilités politiques, pêche à la ligne, arts martiaux, rap) ?

JP : Pour être honnête, il n’y en a pas forcément… Je dirais que j’y trouve des intérêts complémentaires. La détente et parfois la réflexion dans le rap, la patience dans la pêche, la volonté et la détermination dans les sports de combat… Mais la vérité, c’est qu’on ne peut pas tout relier et que nous sommes tous construits d’une somme de paradoxes. C’est surtout ça qu’il faut assumer.

A : Si tu avais croisé François Grosdidier en 2005, quels arguments aurais-tu avancés pour défendre « ton » patrimoine musical ?

JP : Cette question est d’autant plus intéressante que François Grosdidier ciblait, parmi les artistes qu’il a nommément cités, un bon nombre d’entre eux que j’apprécie tout particulièrement. J’étais donc mal à l’aise en écoutant ce qu’il disait. Je pense que si j’avais eu l’opportunité de le rencontrer à l’époque, j’aurais sans doute agi comme la plupart de ceux qu’on entendait à ce moment-là pour le contredire : je lui aurais objecté des textes des mêmes artistes, mais qu’il passait alors mystérieusement sous silence. Je pense par exemple tout particulièrement au premier couplet de « Moha » de La Rumeur, qui est d’une richesse narrative comparable, à mes yeux, aux plus grands classiques de la littérature française. Je pense aussi au plus récent « Marlich » de Tunisiano, qui m’émeut beaucoup et rend indécente la volonté de le réduire à « La France est une garce ».

Mais très franchement, je crois que mes arguments n’auraient pas servi à grand-chose. Je pense que François Grosdidier recherchait une exposition médiatique pour sortir un peu du lot, dans la période fertile de pré-campagne présidentielle, ce à quoi il est bien parvenu. Je ne suis d’ailleurs pas totalement sûr qu’il était lui-même pleinement convaincu par l’intégralité des arguments qu’il a avancés à l’époque…

A : Quels sont les albums de rap que tu as le plus écouté ? Ceux que tu écoutes le plus actuellement ?

JP : Ma « culture » musicale est essentiellement portée sur le rap français. C’est par lui que j’ai découvert le Hip-Hop, j’y puise donc la quasi intégralité de mes références, à quelques exceptions près dont Illmatic de Nas, ou Enter the Wu-Tang (36 chambers) du Wu-Tang, qui m’ont vraiment marqué. Globalement, il n’est pas forcément facile de dire « ce que j’ai le plus écouté. » C’est vraiment par période, ou selon l’humeur… J’aime me plonger dans la sagesse, la profondeur et la distance de Chaos et Harmonie d’Ali : « Golden boy a oublié que l’air et l’eau plus que l’or sont précieux, que la terre n’est qu’une étape, l’au-delà pour cap. »

J’aime les sentences du Suprême NTM, qui flagellent avec une crudité terrible les échecs des politiques de ces vingt dernières années, tous bords confondus : « Pas de solution donnée, mon plafond reste ton plancher, c’est ce que tu liras dans les yeux de ceux qui n’ont pas où crécher. » J’aime la langueur de Fabe dans Détournement de son, l’assurance de Booba qui ose tout dans Ouest Side, la conscience de Rocca dans Entre deux mondes ou Elevacion, la rage de La Rumeur dans Du cœur à l’outrage, le charme du vocabulaire désuet de MC Jean Gab’1 dans Ma Vie, ou l’originalité de Triptik dans Fondations

Voilà, globalement c’est assez large, et ça dépend de l’humeur. Mais globalement, outre Ali et Lunatic qui sont des fils rouges, en ce moment c’est plutôt La Cliqua, la Scred Connexion, La Rumeur, et Nessbeal.

A : Quelle est ta Cliqua à toi ? Ta famille politique ? Ta famille musicale ? Dans les deux cas tu sembles n’avoir d’autre choix que l’album solo, non ? 

JP : Ma « Cliqua » ? Pas la famille politique, c’est clair. J’ai malheureusement trop vu que le terme « famille » est impropre en la circonstance. Je m’y suis fait des amis, des vrais. Mais la “famille politique”, pour autant, en tant que tel ça n’existe pas. Ceux qui diront le contraire ne sont pas sincères.

Ma « Cliqua », c’est avant tout mes potes, ceux avec qui je partage des valeurs communes. Ceux que j’aime retrouver pour me changer les idées. Ceux là, ils ne partagent d’ailleurs pas forcément toutes mes affinités politiques, sportives ou musicales. Mais la vie, c’est aussi et surtout un parcours individuel, c’est clair. C’est d’autant plus vrai que rares sont ceux qui peuvent s’affranchir durablement de la tentation de l’aventure musicale en solo… Chacun ressent le besoin, un jour ou l’autre, d’exprimer SA vérité. Et ça impose de prendre la parole seul, sans pour autant renier les groupes plus larges auxquels on appartient. C’est vrai en musique, comme en politique.

A : Un mot, pour finir ?

JP : C’est un exercice difficile, le « dernier mot ». Soit on dit une connerie pour sourire, soit on essaie de dire « un truc bien ». Si je dis une connerie, je risque de tomber à plat. Mais si j’essaie de dire « un truc bien » ou une sentence moralisatrice, ça risque de paraître prétentieux parce que je ne suis pas Martin Luther King, Barack Obama ou l’Abbé Pierre… Je vais donc éviter de me frotter trop longuement à cet exercice. J’espère simplement contribuer, à mon échelle, à un peu plus de compréhension en général. Je remercie en tous cas l’Abcdr du Son pour son ouverture d’esprit, qui devrait tous nous inspirer au quotidien, et dans tous les domaines.

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42 commentaires

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  • monni,

     » J’ai eu la chance de côtoyer quelques grands personnages, dont Alain Carignon (ancien Maire de Grenoble, deux fois ministre), auprès duquel je travaille. Lorsque je vois des gens qui l’arrêtent dans la rue pour échanger quelques mots avec lui en reconnaissance d’une situation qu’il était parvenu à leur débloquer quelques années plus tôt – comme il continue de le faire aujourd’hui, en mettant son expérience et son réseau au service de situations individuelles – je me dis qu’il aura fait en sorte que son existence soit utile aux autres.  » Mec, je suis désolé de te dire que je suis grenoblois, et que tu aurais pu citer un autre modèle ou père spirituel pour défendre ta « famille » (prends le dans le sens mafia) politique. Tu aurais pu également dire qu’il est ex-tolar pour détournement d’argent, abus de biens publiques et corruption. Il est également coupable d’association de malfaiteur pour ses activités avec la mafia locale, même s’il n’a jamais été condamné pour cela. Si ton idéal se retrouve dans cette personne, alors tu es surement dans une bonne logique en étant affilié à l’UMP, tu aurais également la même logique en étant affilié au PS, soit dit en passant. Par contre je ne vois absolument pas comment tu peux te retrouver dans les textes de la Rumeur qui déguelent un dégout et une rage prononcé pour le système et le parti que tu défends. Je me demande également comment tu as pu réagir face à l’archanement de Sarkosy face à ce groupe, ni comment tu apprécies les textes de Befa qui dénoncent et démontent en profondeur le système que tu défends. Peut-être es tu trop candide pour ouvrir les yeux ? trop influençable , trop démago ? Peut-être que je suis également trop caricaturale, mais surement autant que toi lorsque tu identifies la gauche au PS et à l’assistanat, lorsque tu prétends défendre les gens dans la rue alors que tu te bats pour une politique qui développe leur pauvreté par l’entretien de la richesse du Cac 40. Si tu penses au développement de la politique locale et communautaire, inspires toi plutot de Proudhon, si tu veux juste faire le bien autour de toi verses dans le caritatif, si tu veux changer les choses… oublies l’UMP. En tout cas, je suis entièrement d’accord, le Hip Hop n’est absolument pas affilié à une tendance politique, Booba Disiz et La fouine nous montrent parfaitement bien les stratégies de markeing et de patronariat. Je mettrais d’ailleur ma main a couper qu’ils votent en fonction de l’abaissement de leurs fiscalité… leurs morceaux actuels font également le jeux du PS, UMP et FN avec une caricature exacerbé, de notre mouvement, de notre culture, de la banlieu et de la violence y étant ratachée. Même si je n’ai absolument pas aimé saison 5, je trouve que le concept de rap de droite est parfaitement approprié pour parler de cette situation.

  • O'CRIME,

    Bonjour à tous.

    C’est dur de lire les commentaires, de sentir le sang monter à la tête et de se calmer pour parler un peu posément. Il y a quelques réponses provocatrices sur la droite et c’est tellement gratuit… admettons que je sois de droite, mais au fond je n’en sais rien, je ne me permettrais pas de balancer d’énormes clichés sur la gauche pour vexer l’autre ou lui montrer qu’il a tord. Personne n’a tord et il n’y a pas de vérité absolue à être à droite ou à gauche. alors, s’il vous plaît, un peu plus d’ouverture et beaucoup moins de clichés permettrait de mieux échanger…

    Retour au sujet : droite et amour du rap ? contradiction ? 
    Personnellement, quelqu’un qui cite « Lone » mérite le respect en tant que fan de rap. De gauche ou de droite, la personne sait de quoi elle parle et parler de « fake » c’est juste… nul.

    Notons simplement que JP est un vrai fan, comme nous tous dans cette discussion (enfin sauf pour la personne qui dit que le rap français n’existe pas 🙂 et je peux comprendre en comparaison des ricains, mais bref ! autre débat!).

    Quant au fait d’être de l’ump (ou pas) et d’aimer le rap, pour moi, ça n’a pas de sens d’opposer les deux. mais tentons d’expliquer.

    Le rap est devenue générationnel : c’est le rock de notre génération.

    Absolument tout le monde a écouté ou écoute du rap. Et paradoxe incroyable ! en 1996/1997 le rap était déjà presque plus écouté par les classes sociales aisées que par les lascars de l’époque, qui étaient limite moins spécialistes que nous en la matière (abbérant mais vrai et souvent constaté !).

    Le rap aurait-il plus touché les petits bourgeois de gauche et de droite que les principaux intéressé ? Eh bien on dirait bien que oui… Et si vous avez fait beaucoup de concerts de hip hop, alors vous devriez faire le même constat que moi…

    Pour se défouler et se sentir contestataires de leur époque, nos parents écoutaient du rock, toutes classes sociales confondues. Nous, nous avons le rap. Et n’importe qui peut se retrouver dans le rap et ça n’est pas lié au fait que l’on soit en adéquation ou pas avec le message. Sachant qu’en plus, il y de nombreux messages qui n’ont rien à voir avec des sujets de gauche. Ce sont des sujets de vie universels : « what can i do », de busta flex ? ça parle de cité ? de lois racistes ? que dalle ! on y parle du boulot et ça ça peut toucher tout le monde et même un cadre sup’… alors cataloguer le rap uniquement comme messages contestataires de gauche, c’est mal connaître le sujet. On pourrait aussi parler des sages po et de « certaines filles peuvent vous rendre dingue, chaque années après rupture des mecs deviennent dingues (rime riche au passage :), mais superbe chanson sur le pétage de plomb en amour.. bref, le rap n’a pas attendu que des petits blancs comme moi fassent du rap (eh oui), pour lui donner une teinte universelle, sur des sujets du quotidien.

    Et de toute façon, au fonf : pourquoi le rap nous rassemble, de gauche ou de droite : parce que tout comme quelqu’un qui aime le métal, le hard rock ou la drum n’ basse.. on a besoin d’exutoire, d’énergie, et de défoulement. Et je crois que le rap nous donne ça : un gros beat + une instru qui déchire + un flow qui tabasse = tout le monde à la main en l’air et l’envie de se sentir un peu contestataire ! et la contestation, ça n’est pas un acte de gauche ou de droite que je sache.

    Tout ça pour dire que demander à JP comment il peut être de l’ump et aimer le rap, c’est une question inintéressante parce que le rap a prouvé depuis déjà bien longtemps qu’il était écouté par… tout le monde ! 
    En tous cas, malgré mon petit énervant à lire des petites choses gratuites ça et là, je constate aussi que ceux qui répondent prennent le temps de l’écriture et de la réflexion, et c’est une belle surprise. On ne sera peut peut être d’accord mais globalement, le ton de chacun respecte l’autre.

  • Terr,

    « Le rap français on s’en fout, ça n’existe pas. »
    (Codotusylv)

    Ah ? Je n´étais pas au courant, tiens…

  • codotusylv,

    Sympa ce post, mais j’ai pas eu la force de lire tous les commentaires…

    Sinon, UMP et fan de rap, en quoi c’est incompatible ? Vous avez bien regardé le rap ?? Vous devriez, vous verrez que c’est idélogiquement aux trois quarts de droite. Facile.

    Enfin je parle du rap américain. Le rap français on s’en fout, ça n’existe pas.

  • OldY,

     » Au final, je constate qu’on a encore pas mal de chemin à faire dans les mentalités…  » Quand on voit les débats de l’ump sur la burqua qui au passage a bien fait monter les scores du FN ça c’est claire…
    D’ailleurs j’attend un élu FN qui écoute du raï tant qu’on y est ! mdr
    Je me demande honnêtement comment on peut écouter la rumeur et Fabe quand on est à l’ump… Soit tu comprend pas leur textes soit pas le discours de l’ump soit ni l’un ni l’autre.. mais c est claire que y a un probléme quelque part ! Je prend un exemple simple ? Le morceau elysée au karcher de keny arkana ? la phrase  » si en face cette foi y a d’nouveaux rois leurs têtes sont p’t’être faites pour les poubelles du prochain jour de fête  » d’Hamé ? Tous les morceaux de rap contre les violences policiéres ? 11 minutes 30 contre les lois racistes ? Non sérieux j’ai presque envie de dire que t es un fake..
    Au passage à part Doc Gyneco j’aimerai savoir combien de rappeurs ont voté ump dans leur vie ? 
    Enfin remarque plus l’ump ira loin dans leur loi xénophobe et ultra-sécuritaire plus y aura des bon morceaux de rap et plus des groupes comme la canaille ou la rumeur seront inspirés ouais on peut le voir comme ça ! ou alors quand on voit le procés qu’a eu la rumeur, quand on sait qu’un  » hou la menteuse  » sur Nadine Morano peut te propulser dans un commissariat on se dit que si l’ump continue comme ça y aura peut être plus de rap et encore moins de liberté d expréssion…
    Allez moi j’vais écouter Afrojazz.. 🙂
    peace ! ( peace = être en paix et faire en sorte que les autres soient en paix sans attiser la haine ou stigmatiser une quelconque partie de la population.. C est l’un des piller du hiphop.. )
    PS : Le petit tacle sur la gauche et sa soit disant  » assistanat  » c était pas obligé déjà que t es pas crédible je trouve que c est vraiment « petit « 

  • léa,

    sinon le gars il écrivait pas 5 lignes pour dire une idée super plate. Ca m’aurait évité de passer autant de temps a lire. Et à m’ennuyer.
    +++

  • toma price,

    Au sujet du procès de la Rumeur, toi qui connais des responsables UMP comme carignon, demande lui pourquoi un tel acharnement si ce n’est qu’ils veulent faire taire le groupe purement et simplement. Comme ils ne peuvent le faire directement ils le font par des moyens détournés. Si tu aimes vraiment ce groupe et si tu as des responsabilités un jour, essaye de les défendre au lieu de les enfoncer comme ton copain nico. Tu dis qu’ils l’ont cherché et qu’ils ne devraient pas se plaindre mais depuis quand dénoncer des faits prouvés et avérés est une provocation? Si on suit Sarkozy la police n’a jamais commis de bavures?

  • toma price,

    J’aimerais bien que tu répondes à la question de louis fine concernant la rumeur parce que le fait que tu aimes le rap ne me choque pas, d’ailleurs la plupart des rappeurs sont de grands défenseurs du capitalisme ultra-libéral comme l’ump, même s’ils ne s’en rendent pas compte. Par contre tu peux me raconter ce que tu veux mais on ne peut pas écouter et aimer La Rumeur et voter UMP. Soit tu te mens à toi-même soit tu te donnes un style et tu joues un rôle.

  • Louis Fine,

    malgré toute ta philosophie, ta réthorique, tes belles paroles, ton discours construit, (trop?) léché,j’ai une et une seule question : comment peut on aimer La rumeur et être sensible au thèse de l’ump??

    ou peut-être ne parle t’on pas du même groupe et là mea culpa…

  • Ifalas,

    Très bon billet, très intéressant et où la nuance est de mise. Je suis de Grenoble (études) alors j’espère vraiment rencontrer cet homme un jour, histoire de partager sur le Hip-Hop et se « fighter » un peu sur le terrain politique également sinon ce n’est pas amusant ^^

  • Julien Polat,

    Bien vu megdo.

    Mysogine, raciste, homophobe et replié sur moi-même, c’est exactement ce que je suis. Comme les 53% de Français qui ont voté Sarkozy, ça tombe sous le sens.

    Et comme tous les amateurs de Rap qui parcourent l’abcdrduson. C’est évident.

    C’est dingue comme des gens parviennent à nous cerner si précisément et si rapidement…

  • megdo,

    Dans les valeurs de droite « rap », on peu ajouter, la misogynie, le racisme, l’homophobie, le repli sur soi.

    Être anti-IVG c’est aussi très rap et trés droite.

  • Spitkhov,

    Salut,

    C’est intéressant de vous voir tous discuter comme ça, on voit que les gens ont encore le goût du partage. Respect.

    Moi je ne suis pas un théoricien, le rap reste une valeur esthétique beaucoup plus que politique à mes yeux.

    Pourtant, si on veut discuter, il être honnête et tout mettre dans la balance. Les sources du hip-hop, dixit Bambaataa, c’était une alternative à la violence quotidienne dans le quartier, chant, danse, bloc party et biscuits secs. Après Public Enemy, on est passé (en gros) à la dénonciation, puis, bien vite à la glorification du mode de vie tiéquar.

    Le raccourci est certes simpliste, mais il me semble que le rap français à brûlé un peu vite ces étapes, et grignote de plus en plus cette distance critique qui est indispensable à tout engagement, politique ou social. Et puis il y a une limite à partir de laquelle la chronique sociale du rappeur n’est plus une nécessité mais un fond de commerce. Je connais bien les quartiers (sans y vivre) et je suis en désaccord avec la vision qu’en donnent des groupes que j’admire musicalement.

    Si on parvenait à retrouver un climat général d’honnêteté et de lucidité, on pourrait se concentrer sur la musique qui tourne fichtrement s à la caricature.

  • Julien Polat,

    Ben, je te retourne les compliments pour ta capacité à pouvoir dialoguer sereinement. C’est toujours agréable.

    Pour répondre en deux mots à ce que tu soulèves sur la police : le problème fondamental de la police, c’est qu’en assurant l’ordre, il lui revient d’assumer le « monopole de la violence légitime » que détient l’Etat et qu’a théorisé Max Weber. Je veux dire que par essence même, la police contient un potentiel de violence. D’ailleurs, je trouve que le texte de La Rumeur « La meilleure des polices » est d’une violence psychologique froide et terrible dans le mécanisme d’auto-censure des comportements qu’elle détaille. Fondamentalement, la police est par principe liée à la violence. Sur le plan théorique j’entends. On tourne un peu à la philo, j’espère que tu vois ce que je veux exprimer.

    Ce qui peut expliquer (sans excuser, cela va de soi) les dérapages lorsque la personne en charge de l’exercice du maintien de l’ordre (et de la répression aussi, forcément…) n’a pas les épaules suffisamment solides pour l’exercer avec sang-froid.

    Pour autant, lorsque l’on compare notre police à celle de bien des Etats qui nous entourent (pas forcément besoin d’aller chercher en Bolivie ou en Irak…), on se rend compte du fait qu’il y a bien pire ailleurs. Et qu’elle est donc malgré tout « maîtrisée ».

    Espérer une Police bisounours qui ne fasse pas peur, d’une certaine manière, c’est une antithèse de base. Ou alors il faut prôner la suppression de la police, mais ce serait le chaos !?

    Mais pour autant, qu’on soit clair : je suis évidemment pour une police la plus respectueuse possible, et je m’offusque à chaque fois qu’une bavure ou un débordement sont avérés, y a pas de doute là dessus.

    On a donc raison de vouloir tendre vers l’idéal. Mais justement, on pourra au mieux « tendre ». Jamais l’atteindre.

  • Ben,

    A Julien:

    Tu ne penses donc pas, au contraire des quelques temoins (historiens et sociologues notamment)presents aux proces, que de nombreuses personnes tuées par les forces de police n’ont jamais vu leurs tueurs (evitons le terme assassin) inquietés par la justice? Apres tout, comme le dit Roce, « l’histoire appartient a la plus grosse gachette » (Des problemes de mémoire).

    Pour ce qui est de la « reduction a cette histoire dans la tete du grand public », je pense qu’ils n’ont pas trop eu le choix. Je doute qu’Ardisson, etc… les aurait invité pour parler de leur dernier album au lieu de parler de cette affaire. Ils sont poursuivis depuis de nombreuses annees (7?) et pour un groupe qui n’occupe pas les sommets des charts, je pense que cela pese assez lourd. Assez pour s’en servir de haut parleur et crier a la libre expression de faits historiques avérés, quite a taire le cote artistique a un public qui ne fera pas l’effort d’aller chercher plus loin que l’affaire(tant pis pour eux apres tout).

    Concernant le fait qu' »il a volontairement provoque une reaction de ce type », je ferai un parallele volontairement provocateur (decidement!) en exagerant 2 millions de fois ton propos. Cela me fait un peu penser aux personnes disant des filles victimes de viols qu’elles n’avaient qu’a pas mettre de minijupes et de décolletes. (Encore une fois, j’en rajoute volontairement, c’est juste pour illustrer, ne te braque pas la dessus.)

    Premierement, il reste a prouver qu’une telle reaction de notre president etait previsible par Hame. Deuxiemement, il devrait donc se taire puisqu’il etait apparement sur de ce faire taper dessus?

    Pour ce qui est des propos ex-post d’Hame et de l’interpretation que tu en fait, je ne les comprends pas dans ce sens-la: je crois au contraire qu’il stigmatise le fait que certes, cette histoire leur a fait un peu de pub, mais que d’un autre cote on te montre qu’on te surveille et que l’on peut affecter l’image que les gens ont de toi. Mais bon, il faudrait lui demander, hehe.

    En tout cas, c’est deja une tres bonne chose que tu ecoutes ce groupe (et que tu estimes beaucoup ces membres) et que l’on puisse te parler franchement mais sans que ca parte en vrille comme sur 99% des forums.

    Ciao.

    (Desole, je ne vais jamais sur le forum et je ne veux pas me creer un enieme compte avec un enieme mot de passe juste pour cette occasion)

  • Julien Polat,

    Edit : Je voulais dire « histoire D’EVITER qu’il y ait deux fils simultanés impossibles à suivre »

    Sorry…

  • Julien Polat,

    Le débat se poursuit sur le Forum, en effet, et a priori, on en a encore pour un moment, à voir la manière dont c’est parti…

    Le mieux, c’est peut-être qu’on se retrouve là bas, histoire qu’il y ait « deux fils » simultanés quasi-impossibles à suivre ? 
    Je réponds néanmoins à Uzeek et à Ben.

    A Uzeek, je répondrai très franchement que la volonté d’assimiler les politiques à des cleptomanes est franchement réductrice. Heureusement que des politiques sont là pour administrer un tant soit peu le pays. Ou alors on prône carrément l’anarchie – pourquoi pas ? – mais bon, c’est carrément un autre débat. Et je dis ça en n’osant pas croire qu’il s’agisse – encore pire – de cibler exclusivement les élus UMP… Partant sur ces bases là, le dialogue n’est pas possible, et ce serait faire une abstraction étrange de Nucci, Emmanuelli, Dray, Dumas, etc… Désolé, mais on ne peut pas résumer les 500 000 élus que compte la France à des voleurs. Ca ne vole pas très haut…

    En ce qui concerne Ben, je le rassure en lui disant que je n’ai jamais signé l’appel en question. Donc, pas de coming-out à chercher de ce côté là.

    Sur le fond des propos de Hamé qui sont incriminés sur ce dossier en particulier, je le dis franchement, je n’en partage pas le fond, et c’était délibérément abusif de sa part. Je trouve même dommage que « La Rumeur » en vienne à se réduire à cette hitoire dans la tête du grand public, car ça occulte complètement le génie qu’ils ont par ailleurs.

    A vrai dire, je ne préfère pas qu’on entre sur le terrain du débat sur la police, parce qu’on s’écarterait complètement du sujet.

    Mais la vérité, à mes yeux, c’est que les torts sont partagés.

    Le Ministère de l’Intérieur a sans doute eu tort d’aller aussi loin dans les poursuites, pour des propos qui ne sont finalement pas pires que ce que l’on peut entendre par ailleurs.

    Mais faut pas non plus se mettre à jouer les pleurnichards, et Hamé n’est pas une victime. Je crois qu’en balançant des pavés dans la mare comme il l’a fait, il n’attendait qu’une réplique de ce type. C’est d’ailleurs ce qu’il a reconnu à demi-mot lorsqu’il a déclaré : « Ça a été à la fois un moteur et une marque au fer rouge sur le front. Tu n’es pas un pestiféré, mais tu n’es pas super fréquentable. Tu es poursuivi par un des hommes les plus puissants de France. C’est cette volonté de vouloir faire de nous des loups. »

    A titre personnel, et malgré tout le respect que je lui porte (vraiment !), en ce cas précis, je ne considère pas que Hamé soit à plaindre lorsque l’on sait qu’il a volontairement provoqué une réaction de ce type.

  • ben,

    Bonjour,

    Apparement la discussion à changer de lieu. Cependant, j’aurais bien aimé connaître l’opinion de Julien sur l’affaire opposant le ministère de l’intérieur et La Rumeur. Constituant un pur cas d’acharnement judiciaire, ridicule de par son ampleur démesurée(« …et sont bien drôles pour qu’on en tremble… ») face à des propos acceptés et soutenus par plusieurs scientifiques mais également cours de justice (pour ne citer que les personnes ayant une certaine « légitimité », et donc en excluant tous les signataires de leur appel). D’ailleurs, Julien a-t-il signé cet appel, en indiquant « secrétaire départemental UMP » dans le champ « qualité »? Cela serait un beau (et vrai) « coming out ».

    Bien à vous.

  • uzeek,

    jentendai parler de la tendance cléptomane des élus ump ! carignon, balkany, chirac, bernard tapie(ben si il est de droite maintenant), million, pasqua(ahahah), marchiani(gracié par le président); michel noir, les deux derniers maire de ma ville(voleurs patentés)je pourrai continuer longtemps.

    et sinon zo ta trop raison, les gens de gauche regrette chirac alors quon le detestai profondément

  • Flow,

    « Par contre pour le virage d’avant le mur là, moi hier j’ai eu le droit au superbowl, de 12h à 22h.
    Bein parfois ça fait franchement peur.
    Faut faire attention à tourner du bon coté quoi. »

    Un problème avec ce sport magnifique qu’est le football américain ? D’autant plus que ça fait 4 ans que France 2 diffuse le Super Bowl maintenant… bien avant que Sarko ne vienne (ou plutôt viendra ?) mettre son grain de sel américanisé dans la TV publique.

  • Anthokadi,

    Discussion utile à laquelle je me joindrai volontiers lorsque le ciel sera plus clément, comme d’autres peut-être. Merci à vous de la poursuivre en public, sur le blog ou le forum.

  • Julien Polat,

    OK, je vais créer le sujet dans le Forum. Si ça tente quelqu’un de prolonger les débats, y a pas de souci.

  • zo.,

    OK, j’ai toppé ton mail. Crée un sujet si tu veux dans la partie « Critiques et commentaires », « j’officialiserais » le tout. Par ailleurs, j’ai validé Des commentaires qui n’étaient pas passés.

  • Julien Polat,

    Bof. Moi c’est pas l’exposition que je recherche. Mais la discussion, en l’occurrence, m’intéresse bien.

    Donc, volontiers pour poursuivre avec toi par mail si tu préfères.

    Mais si ça intéresse quelqu’un d’autre que toi et moi, y a pas de souci pour le Forum. Et ouep, j’ai un blaze depuis récemment, mais j’ai pas encore posté.

  • zo.,

    zo@abcdrduson.com

    hésite pas. Comme je t’ai dit, je suis pas dans un procès anti-droite. Ou encore « le rap appartient à la gauche ». Tout ça me passe au dessus de la tête. Sinon oui, on lance un sujet sur le forum, pour tout le monde, c’est toi qui voit jusqu’où tu veux aller dans l’exposition. T’es inscrit ? 
    edit/p.s : ah oui, et vu que l’une de mes phrases ci-dessus peut prêter à confusion : Je n’ai pas fait de prison que ce soit préventive ou ferme. Mais j’ai été autorisé à déambuler une journée dans une prison (Fresnes), au milieu des détenus, pour un reportage qui n’a eu l’autorisation d’être diffusé qu’en milieu scolaire. Qu’on ne me prête pas un vécu que je n’ai pas quoi !

  • Hun,

    et je suis tout à fait d’accord avec Julien quand il dit que le public rap est très sectariste….et au final manipule avant autant d’habilité que la plupart des politiciens les clichés et autres lieux communs

  • Hun,

    Premièrement, je trouve admirable de la part d’un militant UMP de faire un pareil « coming-out » (et pourtant dieu sait à quel point je déteste cette formation politique dans la plus pure tradition de la droite dure démagogue populiste m’as-tu-vu).

    Je suis très d’accord avec Julien lorsqu’il dit que les valeurs de la droite sont proches de celles de nombreux rappeurs (d’ailleurs IAM avait fait une chanson à ce sujet) : matérialisme, entrepreneurisme, capitalisme,conservatisme,…

    Par contre, je suis beaucoup moins d’accord quand Julien dit que le rap c’est avant tout son contenu (sous-entendu ses textes, donc le fond). C’est à mon avis une vision purement franco-française du rap. Le rap c’est avant tout de la musique, et selon moi de nombreux rappeurs français on tendance à l’oublier en mettant tout dans le fond (oui dans le rap français il y a de magnifiques plumes)…et rien (ou presque) dans le fond. Du coup on se retrouve dans avec des beats qui ,dans le meilleur des cas, sont du copier-coller de ce que font les beatmakers US (et comme la copie ne vaut jamais l’originale…), et dans le pire des cas un piano-violon kleenex. Pour finir, on y ajoute un rap proche du parlé et souvent médiocre, manquant terriblement de rythme et de musicalité. On mise tout sur le sens de ce qu’on rappe, et rien sur la musicalité des mots et la technique du flow. Ca reste très personel, mais pour moi une chanson rap hyper bien écrite qui oublie la forme n’a absolument aucun intérêt (je préfère dans ce cas ma plonger dans un bon bouquin de Gary, Vian, Malraux, Camus,…). Alors que inversément, si le texte est nul mais la musique est bonne, j’écoute sans broncher. Bien sûr, quelques artistes tel que Sako (pas Sarko hein) arrivent à allier les 2 de manières remarquable.

    Enfin, je pense que comparer la droite tel que l’UMP et son leader aux fascistes ne sert absolument personne et contribue à diminuer l’ampleur de ce qu’est vraiment le fascisme. Bien sûr, selon moi il faut dénoncer fortment cette dérive droitière autoritaire populiste de plus en plus présente à travers le monde, et plus spécifiquement en Europe.
    Puis, pour rebondir par rapport à un sujet brièvement abordé ici : la discrimination positive. C’est à mon humble avis une action purement paternaliste (reproche qu’on fait à la gauche, mais dont elle n’a assurément pas le monopole) qui ne fait pas honneur aux populations visées. Il est beaucoup plus judicieux d’engager les gens selon leurs compétences tout en abattant les barrières qui provoquent la discrimination,la relégation et l’isolement social. Quid du plan Marshall destinée au banlieues et promis par Sarko il y a quelques années?

  • Julien Polat,

    Très franchement, c’est sympa de discuter avec vous. J’aime bien la tonalité de la discussion, c’est moins « convenu » et formaté que pas mal de discussions auxquelles j’ai le loisir de participer au quotidien.

    Manifestement je n’ai pas beaucoup d’alliés (pour l’instant ?), mais c’est pas grave.

    J’ai depuis longtemps perdu l’idée que le débat pouvait aboutir à convaincre l’interlocuteur. On est souvent soi-même peu enclin à la remise en question, et je m’inclus dans le lot. Donc bon… Faut avouer qu’on aime quand même bien ça…

    Je sais pas comment on fait pour la suite. Soit on continue ici, soit sur le Forum, comme vous voulez..?

  • meduz',

    « Très bonne démarche du mec, mais j’ai bien peur que le coté sypa que ca donne a l’ump soit bien plus nuisible. »

    En même temps, c’pas à l’UMP que ça donne un côté sympathique, ‘cest à l’interviewé.

  • Syka,

    par contre pour le virage d’avant le mur là, moi hier j’ai eu le droit au superbowl, de 12h à 22h.
    Bein parfois ça fait franchement peur.
    Faut faire attention à tourner du bon coté quoi.

  • Syka,

    vasy vous voulez pas continuer ça sur le forum?
    c’est interressant, mais le blog c’est moins ma dope

  • Jean-pierre,

    On a donc là un jeune homme ambitieux qui est original et amusant pour un paradoxe: il confesse une attirance pour les choses du banditisme et développe également un intérêt et une connaissance pointue pour le beau mouvement musical développé en ces murs tout en exercant des activités au sein du parti majoritaire pour un bon bout de temps. C’est pour le hip hop que c’est amusant et paradoxal, le côté bandit/politique on a cru comprendre que c’était pas mal courant.

    Alors sans vouloir te commander, à choisir JP, je préfère que tu persévères dans le rap. T’as l’air d’être plutôt prolixe et t’as une belle gueule, tu peux rapper en France. Le fils du patron fait dans le beat et a le vent en poupe, tente un rapprochement, le rap de droite marche bien aux states, ça arrive ici, le prochain créneau.
    Nan, vraiment JP, quitte ton day job, c’est pas une reconversion tu es jeune c’est un changement d’orientation: lance toi à corps perdu dans la musique.
    Amicalement,
    musicalement et
    calmement,

    JP aussi.

  • ROOTSROUGH,

    Tant kya de la vie, yad l’espoir..

  • zo.,

    Ouawoouuu ! J’en attendais pas tant ! Soit on continue par mail (ça aurait ma préférence), soit tu me laisses quelques heures pour potasser tout ça, préparer ma réponse et transformer ce billet en cordiale guerre des tranchées. Je crains que malheureusement on ne sera jamais d’accord.(P.S : avant d’arrêter de voter, et je suis assez jeune, j’ai voté à droite comme à gauche. Disons que j’adapte mon vote à l’enjeu d’une élection et au périmètre d’intervention que requiert le poste « à pourvoir ». Je précise aussi que je fréquente d’un point de vue politique, un peu de tout, et que ça ne me dérange pas du tout. Bref, je suis pas en guerre contre la droite. J’ai par contre un sérieux problème avec la « nouvelle droite » qualifiée de « décomplexée ». Moi je dirais plutôt « indécente » mais bon.).

    Quelques réponses en vrac et désorganisées, au feeling :

    la faculté rédemptrice de la prison ? C’est sûr que ça marche quand on regarde Carignon. Après, je sais pas si tu as déjà mis les pieds dans une prison, ni même en garde à vue. Moi oui. Et je peux te dire que ce que j’y ai vu, c’est tout sauf de la rédemption. Par ailleurs, avant de mettre les gens en tôle, faudrait peut-être pensé à ce qu’il va se passer quand ils vont en sortir. Tout le monde n’est pas Carignon, Tapie, etc. Et si je compare les annonces de constructions de nouvelles prisons, censées être dignes, et ce qui a été fait. Excuse moi de rire ! 
    Concernant Dati : superbe. La couleur de peau préférée à la compétence. Je me contrefous des symboles et des origines des ministres. Je veux des gens compétents, pas du glamour, pas de la couleur de peau, pas des symboles. La « discrimination positive » est un concept qui me fout en rogne de toute manière.

    La nomination des fonctionnaires ? Non mais évidemment, après avoir fait passer la nomination (et surtout la révocation !!!) du président de France télévisions par la présidence de la république, il n’allait pas tout de suite appuyer un peu plus là où ça fait mal. Je n’aime pas Sarko, ce n’est pas pour ça que je ne lui reconnais pas une habilité politique. Je te renvoie à ce papier qui illustre bien mon propos sur le sujet : http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/01/31/prefets-les-soldats-de-la-reforme-de-l-etat-sous-haute-surveillance_1149028_0.html . je tiens à préciser d’ailleurs que contrairement à ce que tu dis, je n’avais évoqué aucune nomination précise et je ne pensais pas à celle du CSA. Plutôt à celle du procureur de la république de Paris lorsque Sarko’ a été élu ou encore au tribunal de Nanterre (qui gère beaucoup d’affaires politiques). Effectivement, il ne fait que perpétuer un vieux schéma politique. Il réforme là où ça l’arrange, et maintient la tradition là où ça l’arrange aussi.

    Concernant la flagornerie de Sarko d’avoir fait tomber Le Pen. Là je vais me retenir pour le moment car je risquerais de déverser un post torrentiel sur ce sujet.

    A la base, mon premier post dans ces commentaires n’avait qu’un seul objet : dire que la droite UMP, la « nouvelle droite », me semble très différente d’une droite républicaine. J’ai l’impression quand je regarde l’UMP d’être face à un super OGM qui commence à cannibaliser son environnement. C’est ça qui fait peur et qui engendre des réactions si dures. Pas seulement le fait d’être de droite (le rap a des valeurs aussi très capitalistes et individuelles pour faire des schémas grossiers et simplistes). Mais particulièrement d’être de cette droite la. Et que ce soit désormais quasiment la seule.

    Ah, et j’ai énormément de choses à reprocher au PS aussi, que je n’ai d’ailleurs jamais kiffé, mais il me semble que c’est un autre débat. Dans tous les cas, n’étant pas plus de gauche que de droite, et même surement un peu plus de droite que de gauche, épargne moi la rhétorique politique qui consiste à évoquer « 14 ans de socialisme » ou ce genre de choses s’il te plait. Mariton for the win !!!! (cette dernière phrase est à prendre au 100 000ème degré. Quoi que…)

  • Julien Polat,

    Merci. C’est intéressant.

    En ce qui concerne Alain Carignon, je le cite tout à fait volontairement, en n’ignorant pas, évidemment, le genre de réaction que ça peut susciter. Mais si je le cite, c’est pour plusieurs raisons :

    1) Déjà parce que sa condamnation est la seule affaire de France dans laquelle un « corrompu » ait été condamné sans même que l’on se pose la question de savoir qui était le « corrupteur »… Et pourtant, les deux actions sont considérées comme des délits. Et je ne crois pas que quelqu’un puisse – sur le plan pénal au moins – se corrompre tout seul. Ca devrait amener à réfléchir, surtout lorsque l’on sait vers qui il faut se tourner pour le corrupteur en question… Ce qui explique bien des choses.

    2) On ne me fera pas croire qu’il a été le seul à bénéficier du genre de système pour lequel il a été condamné. Mais la France aime les bouc-émissaires qui donnent bonne conscience alors que rien n’a été réglé sur le fond. La justice s’est-elle améliorée après l’affaire du Juge Burgaud ? Nada. A-t-on fait évoluer le cadre législatif sur l’euthanasie après l’affaire Humbert ? Nada. Les rapports entre la politique et l’argent ont-ils été réglés par la condamnation de Carignon ? Nada. En Isère où je suis, nous avons Christian Nucci, condamné pour enrichissement personnel sur la base du détournement d’argent à destination du tiers-monde dans le cadre de l’affaire du Carrefour du Développement. Et là ça choque personne.

    3) Je crois en la valeur rédemptrice de la prison. Si on n’accepte pas que le détenu ayant purgé sa peine (ce qui est le cas d’Alain Carignon) redevienne un homme neuf, alors autant rétablir la peine de mort immédiatement. Ou alors précipiter Rohff, Booba, MC Jean Gab’1, Mala et bien d’autres, aux oubliettes pour de bon. Ce qui serait triste (pas toujours pour Rohff, mais bon…).

    4) Je le connais aujourd’hui personnellement. C’est un mec bien qui fait beaucoup pour les autres, et qui est reconnu pour ça. J’estime qu’il est d’exigence morale de ne pas accepter qu’il reçoive des leçons de la part de politiques qui n’ont jamais fait 10% pour les autres que ce qu’il a fait lui dans sa vie.

    Si je dois prendre des coups de batte pour ça, alors tapez ! 
    Pour le reste du débat maintenant… Si l’UMP réforme et rénove ? Tant mieux. Nous vivons dans un système qui va droit dans le mur et qui a cruellement besoin d’être réformé et rénové. On peut évidemment en discuter les modalités (je ne doute pas que nous allons le faire…), mais je me reconnais déjà plus dans un parti qui a la volonté de changer, que dans un parti qui tend à pérenniser un système à bout de souffle. Comme dirait Booba, demande ta route au mur, et il te dira d’aller tout droit… Alors après, soit t’écoutes le mur, soit tu réfléchis et tu tournes. L’UMP souhaite tourner, c’est déjà un bon point car ce n’est pas le cas de tous.

    Le système de nomination des fonctionnaires et autres responsables que tu évoques est tout sauf une nouveauté. Le « spoil system » à l’américaine existe en France, de manière tacite, depuis bien des années. Pour côtoyer de près un certain nombre de ceux qu’on appelle les « hauts fonctionnaires », je peux te le garantir. Je préfère donc qu’on ait le courage de l’admettre, plutôt que de poursuivre avec des œillères. C’est au moins un mérite de Sarko : il fait péter des tabous. De la même manière qu’avant qu’il ne soit Ministre de l’Intérieur, personne n’osait parler d’immigration (c’était le sujet réservé à Le Pen…) alors que c’est une question fondamentale. De la même manière que personne n’osait évoquer les rapports entre l’Etat et les religions, qui est aussi une source du malaise sur certains aspects (C’est quand même Sarko qui a suggéré que par « compensation » de l’Histoire, et pour tenir compte de la réalité d’aujourd’hui, l’Etat puisse subventionner la construction de mosquées). De la même manière qu’il a été le premier à demander publiquement pourquoi les juges seraient la seule « caste » de France à ne jamais devoir endosser des responsabilités en cas d’erreur manifeste.

    Si tu regardes bien les nominations que tu évoquais, d’ailleurs, étrangement elles ne bénéficient pas forcément aux « ultra-proches » de Sarko. Les nominations au CSA viennent de tomber par exemple, et Sarko a nommé… François Laborde, qui s’était publiquement opposée, à France Télévisions, à la réforme de l’audiovisuel public. J’ajoute que c’est quand même bien Sarko qui est le premier à avoir offert une responsabilité gouvernementale régalienne à une « fille d’immigrée » par l’intermédiaire de Rachida Dati. Et c’est lui aussi qui a ouvert les portes à Martin Hirsch ou Fadela Amara, qui ne partageaient pas sa sensibilité. Donc il est peut-être franchement abusif de crier au loup. Il brusque les mentalités, mais ô combien ça fait du bien ! 
    En ce qui concerne les « privatisations cachées », les statistiques sont implacables en la matière… Le Gouvernement qui a le plus privatisé ces 25 dernières années… c’est le Gouvernement Jospin ! 
    Tout ça pour dire, au final, que si l’UMP a mauvaise presse (pas tant que ça en fait lorsque l’on se penche bien sur les sondages de popularité, et comparativement aux autres forces de gouvernement), la conjoncture y joue un rôle majeur. Et de la crise économique et sociale mondiale, pardonne-moi de penser que Sarko n’y est pas pour grand-chose, et qu’il vaut mieux pour le pays qu’il soit Président en cette période, que Ségolène Royal.

    Je finirai en disant que lorsque NTM écrivait en 1995 : « Où sont nos repères ? Qui sont nos modèles ? De toute une jeunesse vous avez brûlé les ailes, brisé les rêves, tari la sève de l’espérance », on sortait de 14 ans de socialisme…

  • zo.,

    Et je m’excuse pour l’aspect salement bâclé du commentaire précédent (i.e : « nomation »).

  • zo.,

    Citer Alain Carignon, c’est forcément donner le bâton (la batte même) pour se faire battre. Le mec a payé sa dette, mais nous sommes dans un univers (je ne parle pas que du rap) où l’idée de rédemption et de payer sa dette a encore du chemin à faire. Ca peut d’ailleurs amener une réflexion sur pas mal de choses tout ça, et là par rapport au rap.

    Concernant le fait d’être « de droite », je crains que ce qui choque, c’est la tournure que prend l’UMP. Je suis loin d’être un gauchiste convaincu, mais l’UMP, c’est vraiment la sale droite. Celle qui arrive à faire regretter Chirac à des gens de gauche qui l’ont haï pendant des années et n’ont qu’une obsession : le faire tomber pour « affaires ». Celle qui sous prétexte de rénover et réformer, de casser l’immobilisme, installe des réformes et surtout une idéologie super dangereuse (système de nomation et de gestion des hauts-fonctionnaires, sur-importance de la police et déformation de ses missions, rapport utilitariste à l’immigration, privatisations cachées -bon ça ils l’ont tous plus ou moins faits). Bref j’arrête ma litanie ici. Mais je crois fermement que si l’UMP est aussi détestée par certains, moi inclus, c’est qu’elle opère un sinistre glissement des mentalités et du discours politique, comme Tatcher a pu le faire au Royaume-Uni il y a plus de 20 ans, comme Bush a pu le faire aux USA il y a encore peu, etc.

  • Julien Polat,

    Wow ! « Franquiste », « Végétarien qui boufferait une côte de boeuf »… Vous êtes sévères quand même avec moi ! 🙂

    Et en ce qui concerne l’envolée psychologique de Greg, si on ajoute à ce qu’il évoque mon intérêt pour les titres de MC Jean Gab’1, et le fait que le dernier film que je sois allé voir au ciné est « L’instinct de Mort » sur la vie de Jacques Mesrine, ben… mieux vaut carrément m’enfermer préventivement ! 
    Plus sérieusement, croyez bien que je suis tout à fait responsable de mes actes. Si j’ai adhéré précocement au RPR puis à l’UMP, j’ai néanmoins le temps, chaque année, de réviser mes positions pour choisir de réengager ou non mon adhésion. Il s’agit là de conviction, pas d’addiction. Et je suis prêt à en discuter avec vous pour m’en expliquer.

    Au final, je constate qu’on a encore pas mal de chemin à faire dans les mentalités… Malgré un effort de pédagogie sur ce qu’est le Hip-Hop, mon « coming-out », comme dirait Anthokadi, est loin de faire l’unanimité auprès de mes pairs politiques. Et quand je lis ici que l’UMP est la « pire formation politique mafieuse et populo du pays », la réciproque semble vraie. Moralité : serais-je condamné à rester seul, reclus dans mon univers, dénué de patrie, puisque celle du Hip-Hop, comme celle de l’UMP, finissent par me rejeter parce que je n’entre pas dans la norme de leurs partisans ? 
    Non, très franchement, je n’ai pas l’intention de jouer le Caliméro… Mais en lisant une sentence lapidaire comme celle ci : « Comme si on pouvait raisonnablement être de l’UMP et aimer le rap qui dit des choses, faut pas deconner non plus… », je me dis qu’en fin de compte, le fossé est encore plus grand que ce que je pensais avant de répondre aux questions qui m’ont été posées.

    Faîtes attention parce que ça fait quand même très sectaire ce genre de formule, et quand un mouvement finit par se replier sur lui-même, c’est jamais très bon pour son avenir. En l’espèce c’est d’ailleurs d’autant plus dommage que c’est aux antipodes de ce qui fait le Hip-Hop dans son essence : le brassage, l’ouverture et le mélange.

    Je vous pose une question : aurais-je eu droit au même traitement si j’avais été militant au Parti Socialiste ? Je dis ça parce que ces 30 dernières années, le PS a été au gouvernement grosso modo 15 ans, et idem pour l’UMP. Un minimum d’objectivité vous conduirait donc sans doute à admettre, a minima, que les torts sont partagés ? 
    Merci malgré tout à l’intérêt porté à ma démarche.

  • Teobaldo,

    «  »Zanti
    On va me cracher a la gueule mais pour moi là on est exactement ds la meme situation qu’un franquiste qui parlerait de guernica (le tableau) en m’expliquant que ca le touche beaucoup mais je concstate qu’il est en plein essor au sein du parti franquiste. Désolé pour le raccourci, ca va plus vite il parait.
    «  »

    En ma qualité de Basque de service, je trouve cet exemple intéressant.

  • Greg,

    Difficile de ne pas ironiser, c’est sûr. Mais ne cédons pas à la facilité : J.P. a l’air d’être tombé dans le RPR comme on tombe dans la dope : en goûtant jeune sans trop comprendre la portée de ses actes ; difficile d’y résister surtout quand on baigne dedans, en famille… Une fois le doigt dans l’engrenage, on le sait, c’est la pente fatale et la dépendance.

    Allez, c’est dimanche, soyons à peine taquin : UM/P38 + aide de camp de Carignon (condamné à 4 ans de taule pour corruption, entre autres) + un peu de rap canaille de temps en temps : visiblement notre ami nourrit et refoule une inclination coupable pour le banditisme.

  • Zanti,

    On va me cracher a la gueule mais pour moi là on est exactement ds la meme situation qu’un franquiste qui parlerait de guernica (le tableau) en m’expliquant que ca le touche beaucoup mais je concstate qu’il est en plein essor au sein du parti franquiste. Désolé pour le raccourci, ca va plus vite il parait.

  • Zanti,

    Très bonne démarche du mec, mais j’ai bien peur que le coté sypa que ca donne a l’ump soit bien plus nuisible (cmme si on pouvait raisonnablement etre de l’ump et aimer le rap qui dit des choses, faut pas deconner non plus, sans caricaturer (ils le font tres bien eux meme) c’est quand meme la pire formation politique mafieuse et populo du pays, a ce moment là on peut aussi nous sortir un militant vegetarien qui explique qu’il a trop kiffé bouffer une cote de boeuf, super et ? 
    Sinon c’est cool d’evoquer l’ouverture d’esprit, mais a un moment ca justifie vraiment n’importe quoi.

    Bon sujet de discussion en tout cas, sachant que des qu’un politique ouvre sa bouche a la télé c’est pour mentir au moins par omission… ahahah bref.

    Bonne carriere a l’Union pour que la Masse Pionce, Monsieur, j’doute pas de tes bonnes intentions, juste de ta clairvoyance (comment faire confiance en les capacités de discernement de qq’un qui va militer et se labeliser UMP alors qu’il a ce discours et ce passif ? LOL