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Le 4 décembre 2007, Pimp C s’est éteint. Après un concert avec son pote Too $hort, il s’endort, sûrement sous sirop, et ne se réveillera pas. Il venait de signer avec Bun B Underground Kingz, un double album exceptionnel, à la hauteur de sa légende. Pour lui rendre hommage, rien de tel qu’un mix reprenant ses classiques avec UGK, ses featurings crapuleux ou ses productions toujours poisseuses qu’il nommait lui-même « Country Rap Tunes ». Plus d’une heure vingt qui devrait satisfaire les initiés comme les plus curieux de découvrir un personnage flamboyant, inspiration principale d’une génération entière.

RIP Pimp C, Bitch !

Tracklisting

  1. UGK – « One day »
  2. UGK – « Pregnant pussy »
  3. UGK – « Pocket full of stones »
  4. UGK – « Pocket full of stones part.2 »
  5. UGK – « Front back (side to side) »
  6. Master P – « Playaz from da south » (ft. Silkk The Shocker & UGK)
  7. Benny Latimore – « Lets straighten it out »
  8. UGK – « Quit hatin the south » (ft. Willie D & Charlie Wilson)
  9. One Gud Cide – Down here (ft. UGK)
  10. Trae – « D swang » (ft. H.A.W.K, Fat Pat & Pimp C)
  11. UGK – « Ain’t that a bitch » (ft. Devin The Dude)
  12. PSK 13 – « Like yesterday(mercy mix) » (ft. UGK)
  13. UGK -« Hiside »
  14. X-mob « Whatcha gone do » (ft. Pimp C)
  15. Oneway – « Something in the past »
  16. UGK – « How long can it last » (ft. Charlie Wilson)
  17. CC Waterbound – « Playa haters » (prod. by Pimp C)
  18. Too $hort & Pimp C – « Playaz life »
  19. UGK – Trill niggaz don’t die (ft. Z-Ro)
  20. Master P – I miss my homies (ft. Pimp-C, Silkk The Shocker, Mo B. Dick & Odell)

Abcdr du Son : Peux-tu te présenter en quelques mots ?

8TM : Bonjour, je m’appelle Théo, j’ai 22 ans. je vis dans la banlieue sud de Paris. Je produis des sons et je joue du rap dans des soirées.

A : Quels sont tes premiers souvenirs rap ?

8 : Vers 8/9 ans je pense, quand mon père revenait de la Fnac avec des EPs de De La Soul, sans trop savoir ce que c’était. Sinon ma grande soeur me faisait écouter Cypress Hill et Ice Cube.

A : Peux-tu nous raconter tes premières expériences de production ?

8 : J’ai commencé à faire du son dans ma chambre sur Fruity Loops vers 2006/2007 quand j’étais encore au collège. A cette époque, je voyais mon pote Manaré faire des sons et je trouvais ça vraiment bien de pouvoir faire de la musique sans jouer réellement des instruments. J’ai toujours adoré la musique et après avoir perdu pas mal de temps, je me suis finalement lancé. Mais ça n’a pas été sérieux avant fin 2012, presque 5 ans après ! Au début, ça ressemblait même pas à du rap ce que je produisais, plutôt à des trucs de grime anglais. Pourtant mon pote Thiago m’avait introduit au rap du sud et j’écoutais presque que ça à l’époque. Après je me suis vraiment plongé dans un autre délire avec J-Dilla et Madlib, puis New York. Finalement je suis revenu sur le sud et vogue désormais plus vers la Californie.

A : Tu préfères bosser des samples ou sur tes propres compositions ?

8 : Ça dépend. Au final, ça m’arrive de tellement modifier/couper un sample que ça devient ma « propre » composition. J’aime de plus en plus bosser avec des synthés, mais bien souvent je ne suis pas assez doué pour me permettre de ne faire que ça. Sauf exception comme “Hoes Bucket Love” [Rires]. Ce que je préfère, c’est mélanger les deux et qu’au bout du compte, tu ne puisses même plus savoir ce que j’ai samplé et ce que j’ai composé.

A : Tu sors surtout des morceaux / projets instrumentaux pour le moment alors que les producteurs français commencent en général par produire des rappeurs de leur entourage. C’est un choix, une façon de mieux mettre en valeur ta musique ?

8 : Ce n’était pas vraiment un choix. Le truc, c’est que je n’avais pas vraiment d' »entourage musical » au début, j’étais vraiment seul, et aussi incroyable que ça puisse paraître, j’avais même pas un pote qui rappait. Je mettais mes sons sur Myspace et je les faisais écouter à mes amis. Ils me disaient que c’était cool donc j’ai continué dans mon coin, sans trop chercher à démarcher les gens. Juste faire mon truc quoi.

A : Tu aurais envie de produire pour des rappeurs français par la suite ?

8 : Non, pas du tout, sauf des amis proches éventuellement. J’ai jamais écouté de rap français vraiment, c’est limite même pas ma culture en fait. Aussi débile que ça soit. Par contre je commence à travailler avec des américains depuis quelque mois. Les sons sortent bientôt. Mais je t’avoue que je n’ai pas vraiment encore trouvé un artiste avec qui une bonne communication/entente s’opère.

A : En décembre dernier, tu as sorti un projet de remixs de UGK avec Fusils à Pompe. Qu’est-ce que représente Pimp C et Bun B pour toi ?

8 : Ils représentent beaucoup pour moi, c’était eux mon introduction réelle au rap et à ce mode de vie américain bien particulier du Texas : celui des grand espaces, de la lenteur, des mélodies de guitares chargées mais aussi des deals de cocaïne, des beaux habits et des voitures lustrées. Rien que visuellement quand je voyais Pimp C mettre du sel sur une vache et parler de son volant en bois la minute d’après, ça me faisait vraiment voyager. Et ça, c’est sans parler de leur musique, c’était hors du commun. Il y avait plein de samples et en même temps des jolies lignes de basses enregistrées. Justement, tu ne distinguais pas toujours ce qui était de la composition pure et ce qui était samplé. Et puis leur façon de rapper, tant dans la forme que dans les lyrics, c’était vraiment le top à mes yeux. Énormément de groove, avec des syllabes à rallonges. Ça m’a beaucoup inspiré. Quand je passais ensuite sur du Wu Tang ou du Nas, ça me paraissait vraiment gris et fade en comparaison. Je n’y arrivais pas.

« Quand je voyais Pimp C mettre du sel sur une vache et parler de son volant en bois, ça me faisait vraiment voyager. »

A : Ta production est assez éclectique sur ce projet, quelle était ta démarche ?

8 : L’idée est venue au sein du collectif Fusils à Pompe mais j’avais toujours un peu voulu faire ce projet sans jamais oser. Je n’avais pas de démarche particulière, je voulais surtout leur rendre hommage. Et au fur et à mesure, c’était marrant de voir si je pouvais faire un lien entre ma musique et celle de UGK. Essayer de fusionner les deux et que ça rende bien sans sonner trop « remix ». Essayer de donner une nouvelle vie à UGK sans dénaturer, renier leur origines.

A : Tu travailles pas mal autour du Screwed-N-Chopped. Qu’est qui t’intéresse dans ce style ?

8 : En vrai ce que j’adore dans le Chopped N Screwed, c’est la dimension complètement différente et parfois vraiment meilleure que ça peut donner en ralentissant un son… Ça influence énormément mes productions depuis un bout de temps maintenant et ça m’a permis de faire ressortir une certaine couleur, une émotion particulière dans ma musique qui me correspondait bien.

A : Tu es proche d’autres producteurs comme Myth Syzer ou Dave Luxe. Tu penses faire partie d’une nouvelle génération avec de nouveaux codes, de nouvelles façons de travailler ?

8 : Oui je pense qu’il y a vraiment un délire en commun entre nous. Déjà le fait qu’on a tous un amour certain pour le rap du sud qui se ressent dans nos productions. Mais aussi le fait qu’on produit dans les mêmes conditions, un peu isolés, chez nous. Maintenant plus personne ne va en studio, sauf si c’est pour enregistrer et mixer un album sérieux. On est chacun chez soi avec notre laptop et on fait notre truc. Il y a peut-être un certain côté autiste, mais au final on sort nos projets, on se connecte avec d’autres gens, on a des retours. Il y a une ouverture sur le monde derrière tout ça.

« On a ridé avec ses potes en BMW et on a mangé des gaufres. »

A : En 2013, tu as mixé à Atlanta avec Dj Quik et Sango, deux écoles et générations différentes de producteurs. Peux-tu nous parler de ces rencontres ?

8 : J’ai surtout bien sympathisé avec Sango là-bas, on a ridé avec ses potes en BMW et on a mangé des gaufres, c’est un gars vraiment bien. On fait partie de la même génération de producteurs pour le coup, même si notre musique est vraiment différente. On est allé voir Quik à la fin de son concert, c’était cool mais bon, le gars a déjà sa carrière derrière lui et la différence d’âge, de statut n’est pas forcément facile à gérer. Il ne nous portait pas un intérêt débordant et malgré le fait que ce soit l’un de mes producteurs préférés, je n’ai pas cherché à lui communiquer mon enthousiasme. C’était une rencontre cordiale sans plus, c’est un peu dommage mais je comprends tout à fait.

A : Si tu devais choisir trois producteurs qui t’ont marqué et influencé, quels seraient-ils ?

8 : En choisir juste trois risque d’être vraiment compliqué. Je dirais dans le désordre : Erick Sermon, Pimp C et J Dilla. Il y en a beaucoup d’autres, dont certains m’ont autant influencé que ces trois-là, mais c’est un peu les bases de mon inspiration de producteur, je pense.

A : Si tu devais choisir une production qui t’a choqué ?

8 : Il y a beaucoup de productions qui m’ont marqué mais en ce moment, une que je réécoute souvent c’est “Lets Get Away” de T.I. J’aurais pu citer Jazze Pha dans les producteurs qui m’ont beaucoup influencé, il y a vraiment un truc qui glisse dans ses drums, dans toute la composition. Il m’a montré la voie. Quand je commençais à produire, c’était une vraie référence. Je ne sais pas ce qu’il devient d’ailleurs mon pote Jazzy Phizzle.

A : Quel serait ton rêve de producteur ?

8 : Je pense que ça serait de pouvoir vivre de ma musique tout en travaillant avec des artistes que j’admire. C’est sûrement présomptueux de ma part mais j’aimerais vraiment arriver à un niveau où je puisse travailler, avec disons, Rihanna par exemple. Un peu à la manière d’un Mike Will. Même si sa musique n’a pas du tout la même approche et la même finalité que la mienne, j’aime beaucoup sa démarche. En gros, ça m’inspire et ça me motive. Même si je sais bien que je ne vais pas produire un album pour Miley Cyrus et gagner des Grammys avec.

Voici donc la deuxième compile co-signée Snoop pour les 25 ans de Priority, accompagnant une série de rééditions de grosses références du label. Patrie du Gangsta Rap depuis ses fondations, Priority a trouvé en la personne de Snoop Dogg un directeur artistique depuis la sortie de son dixième album, Malice in Wonderland. Priority capitalise à mort sur l’image de l’artiste, après avoir réalisé une première salve de rééditions ainsi qu’une première compilation très logique, The West Coast Blueprint, remplie de classiques californiens indétrônables, de King Tee à Ant Banks en passant NWA, The D.O.C et Luniz. Un choix tout à fait à propos pour cette icône du rap de l’Ouest qu’est Snoop Doggy Dogg.

Mais ce mois-ci sort une compilation a priori plus personnelle, My #1 Priority qui laisse supposer que Snoop n’a pas choisi des morceaux emblématiques mais plutôt ses morceaux préférés du catalogue Priority. Et là, c’est plutôt une surprise de retrouver l’équipe No Limit sur la moitié du tracklist. Bien sûr, il s’agit de placer le catalogue de Master P, super large et maintenant plutôt désuet mais il n’est pas anodin que Snoop choisisse autant de tracks de son ex-écurie et qu’il mette en avant les rééditions de C-Murder « Trapped in Crime », Master P « Ghetto D » et Tru « Da Crime Family ». En effet, lorsque Snoop rejoint le label du Tank en or, le Gangsta Rap californien est à l’agonie. 2Pac est mort, Death Row explose, Dre est déjà parti, « Doggfather » n’est pas le succès escompté et le G-Funk vit ses dernières heures de gloire. Le mouvement d’une tête d’affiche comme Snoop vers l’explosion sudiste n’était pas chose aisée même si Master P résida longtemps en Californie et a monté les premiers succès de No Limit là bas avec son groupe TRU, E-A-Ski, Lil C et surtout les compilations « West Coast Bad Boyz 1 & 2 ». Il est finalement le premier, dans un geste assez novateur, à faire la liaison entre l’Ouest et le Sud. Il quitte définitivement Richmond en 1996, emportant avec lui le succès de TRU et signant des poignées entières d’artistes sur place. Le gangsta rap se déplace, le sud commence à en devenir une place forte, déjà démocratisée par Rap-A-Lot, mais cette fois-ci revient réellement sous les projecteurs avec une nouvelle scène, celle de la Nouvelle Orléans. Il était donc plutôt logique pour Snoop de se tourner vers l’équipe Gangsta la plus en place à ce moment là, qui doit beaucoup au modèle Ruthless et Death Row.

Arrivé en 1998, il réalisera trois albums étranges entre west coast et bounce, toujours gangsta. No Limit reste donc un bon souvenir pour le grand chien, Master P l’a accueilli grandement et il reste le seul artiste « étranger », le seul à n’être ni de la famille de Master P, ni originaire de la Nouvelle Orléans. Les choix de Snoop ne sont donc pas si surprenants, peut être plus pour un public européen qui n’a pas forcément compris l’époque No Limit (j’en faisais partie en 1998, bien sûr). Snoop nous permet donc avec les 25 ans de Priority de réhabiliter ces artistes plutôt détestés en leur temps, surtout sous l’influence du plus gros hater du monde, New York. Replongeons nous donc dans cette fastueuse génération qui conquit tous les titres et les charts de 1996 à 2000. Focus Uunnnnnghh !


TRU There Dey Go (Tru 2 da Game – 1997)

Il est déjà intéressant de noter que tous les tracks choisis par Snoop se placent dans la période 1997-1998. Pas étonnant, c’est l’âge d’or de No Limit et l’époque à laquelle est arrivé le grand chien fou. Et le succès a débuté avec le groupe de Master P, TRU. Un groupe familial puisqu’il est composé au départ de Master P et Silkk Tha Shocker son frère. Rapidement, C-Murder, leur autre frère, les rejoint pour devenir une véritable force de frappe. Leur premier succès notoire sera ‘I’m bout it, bout it’, slogan phare de P pendant des années et marque indémodable de son empire. Le son de TRU est plutôt Gangsta Rap Californien jusqu’en 1996, année du retour de Master P en Louisiane et de la création du style No Limit. Le track choisi est extrait de leur double album « Tru 2 Da Game », qui est deux fois disque de platine en 1997, leur plus gros succès. Snoop n’a pas choisi la facilité avec ce « Ther Dey Go », sombre mais sautillant, clairement pas un single mais un bon track qui représente bien l’esprit de No Limit au moment de son ascension au sommet.

C-Murder ft. UGK & Master P Akickdoe! (Life or Death – 1998)

C-Murder a toujours été la caution hyper gangster de No Limit qui palliait facilement les critiques sur la légèreté des textes de Master P et Silkk . Ses histoires scabreuses, profondes et radicales présentent un gangsta rap sudiste plus ancré qu’il n’y parait. Son premier album, « Life or Death » est carrément un brûlot violent qui met la Nouvelle Orléans sur la carte avec une imagerie carrément proche des films d’horreur. Sorti en 1998, il sera platine comme la plupart des sorties No Limit de l’époque. Le Bounce envahit les US, l’ascension est irrésistible. L’extrait choisi par Snoop, tiré de cet album, est une collaboration avec un autre grand groupe du Sud à l’époque, UGK. On se retrouve forcément avec un titre classique lorsque Pimp C débarque avec son flow nonchalant et que Bun B décoche des phases techniques en avance sur son temps. Les Underground Kingz ont souvent fait équipe avec No Limit, en featurings sur différents albums ou compilations. Ce titre est parmi les plus réussis, clairement un des meilleurs de l’âge d’or de No Limit. Rappelons que C-Murder purge actuellement une peine de prison à vie pour une sombre histoire de meurtre. Il n’a donc pas usurper sa réputation…

Silkk Tha Shocker ft. Mystikal Ain’t my fault (Charge It to the Game – 1998)

Silkk est peut être l’élément le plus faible de No Limit. Bras droit de Master P, il apparait sur tous les projets mais n’est jamais vraiment marquant à l’inverse de son frère C-Murder, toujours plutôt lugubre. Mais la paire avec Master P fonctionne bien et ses albums sont bien produits, toujours renforcés par les rangs fournis du label. D’ailleurs, le son No Limit a aussi marqué son temps grâce à son équipe de producteurs, Beats by the Pound. Composée de KLC, Mo B. Dick (je sais…), Craig B et O’Dell, ce pool est pour beaucoup dans la réussite surproductive de No Limit, aux influences militaires, saccadées et fulgurantes.
Mais l’élément intéressant de ce choix, gros tube à sa sortie, c’est Mystikal, un des gros morceaux de l’équipe de Master P. A l’heure où les gueulards sont à la mode, entre DMX et Ja Rule, Mystikal présente un style extrême, complètement épileptique qui lui vaudra une carrière survoltée et quelques singles indémodables, notamment avec les Neptunes. No Limit lui a servi de très bon tremplin, avec deux albums qui lui ont permis de gueuler sur la terre entière. Malheureusement ses titres explicitement violents et sexuels ont du lui monter un peu à la tête vu qu’il sera jugé et incarcéré pour viol en 2003. Il est sorti en janvier dernier et a déjà montrer sa fougue sur le dernier single de Lloyd ‘Set me free’. On n’en attendait pas moins.

Mia X ft. Master P & C-Murder Don’t Start Shit (Mama Drama – 1998)

C’est toujours étrange de ne jamais voir Mia X citée parmi les MCs féminines d’envergure. Elle a pourtant plusieurs albums dont un disque d’or et a fait partie des pionnières du rap dans le Sud. Rapidement signée par Master P alors qu’il était encore en Californie, elle fait partie du premier cercle de No Limit entre 1995 et 2000. Quasiment seule femme du label, elle assume sa place et apporte une touche différente, toujours hardcore, dans un monde carrément machiste. Le titre sélectionné par Snoop est tiré de son dernier album chez No Limit, « Mama Drama » et comme quasiment tous les titres de l’époque, c’est une collaboration avec Master P et C-Murder. C’est une grande caractéristique de No Limit. En plus de leur productivité extrême, les doubles albums à la pelle, la clé de leur réussite tient dans ses collaborations intempestives qui créaient dont un univers général plutôt que des individualités. Mia X a tenté un retour il y a peu avec une vidéo et devrait sortir une mixtape aux références old school en 2010. Let’s see.

Fiend ft. Soulja Slim Walk Like A « G » (There’s One in Every Family – 1998)

Là on touche les seconds couteaux de l’équipe, moins sous les projecteurs mais clairement pas moins talentueux, voir même le contraire. Fiend et Soulja Slim ont une grosse côte de popularité locale. « There’s One in Every Family » fait parti des succès de 1998, disque d’or quasiment dès sa sortie. ‘Walk Like a G’ n’est pas un single mais caractérise bien lui aussi l’ambiance Nouvelle Orléans du label à l’époque, très Gangsta/Bounce. Cet album de Fiend est parmi ceux que je préfère de la clique No Limit, clairement un petit bijou moins tapageur que le reste de l’équipe. Depuis, Fiend a monté son label indépendant, est passé par l’équipe Ruff Ryders, a produit pour Jadakiss et est même pressenti sur Roc Nation. De son côté, Soulja Slim n’arrivera jamais à atteindre ce niveau et restera peu connu en dehors de la Lousiane ou alors au sein des pénitenciers et de la justice. Et pour en apprendre plus sur lui, vous pouvez lire « Triksta » de Nik Cohn qui suit justement le rappeur quelques mois avant sa mort mais aussi de la scène de Nouvelle Orléans dans son ensemble au début des années 2000. Soulja Slim en mort en gangster, shooté par des mecs en voiture devant chez lui. Des jaloux ? Une vengeance ? Peut être… Originaire de Magnolia Projects, véritable bastion du gangstérisme, il était impliqué dans six affaires de meurtre à sa mort. No Limit était vraiment un label de Gangsta Rap.

Young Bleed ft. Master P & C-Loc How Ya Do Dat (I’m Bout It OST – 1997)

Young Bleed est aussi à part dans l’équipe No Limit. Originaire de Bâton Rouge, il n’a réalisé qu’un album chez Master P, « My Balls & My Word », lors de la fameuse année 1998. Très bien réalisé avec un univers plutôt propre à lui, ce qui n’était pas la norme No Limit, il atteindra le disque d’or sans problème. Ce single, « How Ya Do Dat », aux influences plutôt californiennes, est tout d’abord présenté sur la BO du film « I’m bout it » de Master P, plus ou moins autobiographique. En effet, Master P réalisera et produira sept films, souvent des navets, mais qui agrandissent encore son empire. Le clip est symptomatique de ces années : un bateau, une armée de filles en bikini, des bouteilles champs. Pop ! Encore une bonne sélection de Snoop.

Au début des années 2000, No Limit perd son souffle. Les albums se ressemblent de plus en plus, la productivité titanesque n’a plus aucune originalité et la concurrence fait rage, Cash Money prend la part du lion avec ses Hot Boyz. Master P essayera de contrecarrer avec son fils, Lil Romeo, surfant sur la vague des Lil Bow Wow et autres Kriss Kross 2000 mais l’état de grâce a disparu. Snoop réalisera son troisième et dernier album avec le Don P en 2000, « The Last Meal », sa plus grosse réussite depuis « Doggystyle » avec un retour aux sources californiennes. Quelques mois plus tard, il sera très présent sur un des plus gros succès de tous les temps, qui influencera énormément les années 2000 : « 2001 » de Dr Dre. L’épopée No Limit se termine pour Snoop comme pour le marché USA, victime de son industrialisation massive et ses artistes quasiment interchangeables. Reste une hégémonie extraordinaire, un business man visionnaire, un son caractéristique, quelques artistes très talentueux, la démesure totale et un univers complet que vous pouvez retrouver maintenant parmi les rééditions de Priority et cette compilation co-signée Snoop, plus de dix ans après. Make em say Uunnnnngh !