Zamdane, réalité augmentée

En s’envolant pour déguster son butin, une mouette survole une route de bord de mer sur laquelle passe « des arabes aux têtes cassées dans une voiture allemande ». Dans son morceau « Ma réalité » paru le 18 avril, Zamdane compare sa faim à celle de l’oiseau au chant rieur, et parle de ses « démons » qui l’habitent sur des notes de guitares mélancoliques. Le rappeur franco-marocain fait de nombreuses fois références à « sa tête », une façon de se livrer sur sa santé mentale, un thème récurrent dans sa musique. Et s’il trimballe toujours le même spleen qu’à ses débuts, sa façon de l’exprimer est devenue plus précise.

C’est toute la force de ce morceau récemment sorti par le Marseillais : Zamdane tient le fil du morceau et le déroule avec fluidité, sans se perdre dans des phases dispensables, qui pouvaient apparaître auparavant dans sa discographie. Si jusque-là le rappeur aux cheveux bouclés maîtrisait deux formules, l’une chantonnée, plaintive et planante, (« Poussière », « Triste mais elle aime ça » et « Bataille »), l’autre kickée, arrogante et désenchantée (« Conditionnés à décevoir », « Angels ») il fait l’alliage de ces deux facettes sur dans « Ma réalité ». Sa mère le compare à « un diamant » et à l’image de ce matériau, le plus dur au monde, sa musique s’est solidifiée. Encore plus que sur son dernier album, Zamdane apparaît plus libéré dans ses derniers « Affamé » et montre qu’il est encore capable de faire évoluer sa musique. Pour autant, le fond ne change pas vraiment. Une mouette reste une mouette, dans une déchetterie ou sur une plage paradisiaque (à l’image du clip de « Ma réalité » le montrant devant un bâtiment ou les calanques) et Zamdane reste Zamdane. Un rappeur qui rend sa noirceur plus lumineuse, comme un oiseau blanc perçant la grisaille du ciel.