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« Exhibition », tour de chauffe de Ron Brice

Le rap de Ron Brice est celui du labeur et de la discipline, parfois même de la droiture. Des mots qui sont souvent associés à une forme d’ascèse qu’il n’y a pourtant pas chez le rappeur du label 12 Monkeys. Sur son dernier titre au son rugueux, « Exhibition », il y a certes une célébration de la rigueur dans son art et un refus de niveler son exigence vers le bas : « Sorti d’école, mauvais élève, pourtant bien élevé. M’appliquais quand j’écrivais pour prouver un QI élevé. Maintenant le jeu consiste à paraitre bête : j’dis pouce. J’suis peace mais violent quand on me pousse ». Mais comme il l’a prouvé sur ces derniers EPs sortis depuis 2018, Blacklist et Pédigrée des grands, Ron est aussi un rappeur élevé au rap « poing serré et troisième doigt levé » qui n’a rien d’un stoïque. De son slow flow jamais redondant grâce à ses subtils sursauts de placement, le « bnom » rappelle aussi qu’il ne veut pas se contenter de rester dans l’ombre : « On dit qu’la valeur d’âme n’attend pas l’âge. Moi j’dis qu’tout s’monnaie, mais qu’le respect s’arrache. J’étais dans le tunnel sans percevoir la lueur du fond. Ça a plus d’valeur quand ça s’acquiert à la sueur du front. » À l’image de sa maison mère 12 Monkeys, qui vient de livrer en début de mois le rutilant EP FENDI Massacre de CHAM produit par Just Music Beats, Ron Brice prouve que toute une scène qui « excelle dans [son] couloir » sans vouloir jouer aux numéro dix a encore bien des belles choses à démontrer. Ce « craquement d’os » qu’est « Exhibition » le démontre une nouvelle fois.