Sidekicks

Il arrive, enfin. Bientôt quinze ans que Les Sages Poètes de la Rue n’avaient pas apposé leur blaze légendaire sur une pochette d’album. Il y avait bien eu ces deux volumes de leurs Trésors Enfouis pour combler quelque peu l’attente des auditeurs, ainsi que les rafraîchissantes escapades solitaires de Pop Dan et Zoxeakopat, mais revoir le trio réuni nous procure évidemment une joie particulière. Le mystère reste toutefois quasi-entier sur les grandes lignes de ce quatrième opus nommé Art Contemporain, dont la production devrait être assurée en grande partie par Zoxea et James BKS. Un très bon premier extrait sorti en 2016, une pochette tout juste dévoilée et une date (le 24 mars), voilà les seules informations à ce jour disponibles sur le retour des papas de la scène boulonnaise. Assez pour nous mettre l’eau à la bouche.

La vie est faite de plaisirs simples. Comme celui d’écouter un nouveau son de Mala par exemple. Dans « OG a dit », le rappeur du 92i « à vie » ne s’éternise pas mais se rappelle à notre bon souvenir : il prépare bel et bien un nouveau projet, le désormais très attendu EP Diamant Noir.

Green Money est un de ces rappeurs auxquels une belle carrière était promise, et qui n’ont jamais su transformer l’essai. Présent sur les deux premiers volumes de Capitale du crime de La Fouine, auquel il fut longtemps associé, Green a livré trois albums et plusieurs mixtapes dans une discrétion quelque peu grisâtre. En 2016 sortait son troisième opus, CDC V, auquel il donnera une suite cette année. De ce disque intitulé Gnosis, le trappiste a révélé trois morceaux dont cet excellent « Himalaya », un titre intimiste, touchant et triste qui n’est pas sans rappeler « Quand je tombe » sur l’album Phantom. Dans un registre qu’il maîtrise à merveille, Green laisse son stylo pleurer toutes les larmes du dope-boy blues. Des larmes qui, bien avant qu’elles soient à la mode de chez nous, glissaient sur la musique de Green Money.

OGB, Sako, S-Pi, Gros Mo… Voici quelques-uns des noms mis à l’honneur dans ce documentaire consacré aux backeurs de vos artistes fétiches. Ils y racontent le rôle de second sur scène, ballottés entre le désir d’entrevoir un jour la pleine lumière et l’acceptation totale de leur condition d’hommes de l’ombre. Une réalisation d’Inès Belgacem et de Matthieu Bidan pour StreetPress.

Il y a quelques jours, on vous annonçait, la mort dans l’âme, la disparition de undergroundhiphop.com. Via un miracle de Noël à retardement dont vous pouvez découvrir les détails ici, le site va continuer à tourner et pourrait même revenir plus fort que jamais, avec à sa tête un mystérieux nouveau propriétaire (Slug d’Atmosphere ? Vinnie Paz ? Martin Shkreli ? Le Docteur Gang ?). On souhaite en tout cas une longue vie à UGHH, pour qu’un jour cette belle histoire fasse l’objet d’un de ces téléfilms diffusés sur M6 en fin d’année.

L’année qui vient de s’écouler aura été riche pour Eloquence et ses auditeurs. Après les excellents Trill Makossa et Nueve Uno, le rappeur essonnien a décidé de conclure 2016 avec un petit cadeau intitulé Balles Perdues Vol 2. Le titre annonce clairement la couleur : on retrouve dans cet EP une poignée de morceaux non retenus sur les précédents projets mais évidemment dignes d’intérêt. C’est bien entendu gratuit et disponible sur Haute Culture, au même titre que les mixtapes Nueve Uno et Rive Gauche, Rive Droite. Cette dernière, réalisée avec son acolyte Flag, était initialement sortie en 2013 et comporte également son lot de pépites. Une bonne occasion de vous mettre à jour sur l’un des artistes incontournables de ces dernières saisons de rap français.

Crée en 1997 par Adam Walder, alors étudiant dans le Massachusetts, undergroundhiphop.com s’est peu à peu imposé comme la boutique en ligne de référence pour mettre la main sur les sorties rap peu médiatisées. Le site ne fêtera pas ses vingt ans : son fondateur a annoncé, peu après les fêtes, que l’aventure s’arrêterait le 1er janvier 2017. UGHH a, au cours de cette longue période, contribué à mettre en lumière de nombreux artistes, d’Eminem à Skyzoo en passant par Apathy ou People Under the Stairs. Voilà une disparition qui laissera un vide certain. Ou pas !

 

 

Fayçal est un artiste discret, loin des canons de la productivité ambiante. Deux inédits, avec une inclinaison de plus en plus électro (souvenez-vous de « L’Appel de la nuit » qui revisitait le « Nightcall » de Kavinsky), voilà en tout et pour tout ce que le MC bordelais a délivré ces deux dernières années. Un besoin de recul et de discrétion qui semble faire partie du naturel de l’artiste, mais qui a peut-être à un moment été aussi teinté de raz-le-bol, comme il l’exprime à nos confrères du Bon Son. En cette fin d’année pourtant, Fayçal dégoupille à nouveau son stylo, avec un EP. C’est la première fois, et de ce format qu’il n’a jamais exploré, l’auteur de L’Or du commun fait encore une fois preuve d’une écriture en forme de ressac, de celles qui ont la capacité de faire remonter à la surface tous les antagonismes de l’Homme. Toujours le même spleen, introspectif et rétrospectif, la même faculté à regarder dans le rétroviseur, et parfois même à renvoyer à ses responsabilités « le seigneur comme D.A ». Le tout sur des productions signées DJ Yep, remplies « d’harmonies émotionnelles » pour reprendre les mots de leur auteur. Ça s’appelle Bords perdus et ça s’écoute au pied de la jetée, ou sur toutes les plateformes de streaming et téléchargement.

Le parcours d’E.One ne commence pas avec l’alternance de « moments d’éruption et de faux calme » que Première Ligne porte sur disque depuis cinq ans maintenant. Au contraire, même si son trio avec Skalpel et Akye a aiguisé un peu plus ses saillies libertaires et sa conscience aiguë du béton armé, E.One déverse ses lignes et son flow ciselé depuis 1999 et son groupe Eskicit. De cette époque, le rappeur originaire du Blanc-Mesnil a construit ses thématiques politisées, son engagement attentif aux lacérations qui se trouvent derrière les murs et sur le goudron, ainsi qu’un alias : William Blake. Ce sera justement le nom de son premier album solo, introduit par le titre « La Vérité ». Et si le morceau est lumineux, clamant que « la vie est simple et n’est pas une grande idée, » E.One ne s’éloigne pour autant pas des fondamentaux. Même s’il promet un disque aux rythmiques plus lentes qu’à l’accoutumée et des années de réflexions à partager de façon plus personnelle que les saillies menées avec son groupe. À coup sûr avec un peu de Dead Man, un peu du renversement des valeurs mis en rimes par le poète anglais duquel il tire son alias, et sa garde rapprochée à ses côtés.

Il est très proche du Gouffre et semble s’apprêter à faire le même type de coups que ceux dans lesquels Char excelle façon Nous Contre eux ou Marche arrière. Lui ? C’est Boudj et son projet War for Peace qui prend le même chemin que les projets collectifs menés par l’architecte sonore des Gouffriers. C’est à dire ? Une route remplies de productions enroulées dans des boucles, faites pour resserrer les rangs et suivre les trajectoires qui se consument sur le bitume. Et si à ce jour, très peu d’informations ont été distillées, le casting devrait être également dans la même veine que ceux de ses prédécesseurs, vu le teaser et les deux premiers extraits mis en ligne. Car après Swift Guad et son « La Hyène et le loup », c’est aujourd’hui un one-shot ramassé dans une flaque de samples taillée  pour Hugo TSR qui a été dévoilé. Un son sans surprises, mais encore une fois à l’efficacité indétrônable. La Guerre, la paix, avec dans la meute le Léon Tolstoï du 18ème arrondissement.