Sidekicks

Roc Marciano, Hus Kingpin, Planet Asia, Conway et même ce vieux loup de mer de Ras Kass : voici quelques uns des invités (il y en a bien d’autres) de l’album Differences, du DJ-producteur marseillais Creestal, digger accompli et co-fondateur du label Munchie Records. On pouvait avoir un avant-goût de cette prochaine sortie dès 2014 avec Difference (au singulier), à l’époque un projet purement instrumental. Et les rappeurs sont arrivés, donc. Il ne fallait pas plus que ces deux minutes d’extraits pour nous faire attendre.

C’est toujours avec un plaisir certain que l’on écoute un nouveau morceau de FDY Phenomen. On se souvient encore de ses quelques coups d’éclat sur les compilations phares de la croisée des siècles (Homecore, Première Classe, Boss Of Scandalz Strategyz, L’Univers des Lascars…) ainsi que de Ça d’vait arriver, premier album où le Martiniquais faisait étalage de toute son habileté au micro (on pense notamment à l’excellent « Comme on a dit »). Plus récemment, le natif de Rouen – berceau d’une flopée de grands rappeurs français – avait dévoilé un second album de bonne facture : Qui peut tuer la rage d’un assassin. Opus produit quasi-intégralement par Eben des 2 Neg’ qu’on ne présente plus (ou alors vous avez quelques lacunes et on vous conseille cette excellente interview du site lebonson). Eben qui est justement aux manettes de « Nécessaire », tout nouveau single de FDY qui annonce un album dont on suivra la sortie avec attention, évidemment.

Eh bien ça fait un bail qu’on l’attend, le successeur du fabuleux The Beauty and the Beast. Pour nous faire patienter, revoici Edan en éboueur chevelu et en featuring sur le morceau « Help » de Your Old Droog (YOD pour les intimes). Le morceau annonce l’album Packs, qui sort dans quelques jours chez Fat Beats. Et ça donne envie. D’autant que d’autres choses devraient suivre chez Lewis Recordings

Si vous suivez un peu le monde étrange qu’est le scratch game, il ne vous a pas échappé que les 45 tours sont très prisés par les DJs. Le portablist est devenu en l’espace de deux ans, la déclinaison portative du turntablist. Certaines marques ne s’y sont pas trompées en produisant des platines tout-terrain, pour avoir le plaisir de scratcher et ce peu importe l’endroit. Les grands fournisseurs de breakbeat y vont donc tous de leur 45 tours, et c’est le cas notamment pour The Wax Fondler, plus connu sous le nom de D-Styles, qui vient de sortir Finger Lickin Good en compagnie de Dj LA.D.DA. Si tout ceci ne vous parle pas, D-Styles propose une vidéo qui dispense d’explication, en plus d’être également présent, avec son groupe Third Sight, sur un autre 45 tours, intitulé Trife. Celui-ci est réalisé par le Néerlandais DJ Vandal et est disponible en édition limitée.

Elles se sont installées en force et à vitesse grand V dans le paysage des soirées rap de Paris. Elles ? Ce sont les soirées Horizons, dont la septième édition aura lieu ce vendredi 10 mars. Et après Gros Mo, Kekra, Prince Wally, Triplego ou Jones Cruipy pour ne citer qu’eux, le hashtag #HZRNS viendra cette fois se poser sur les flows de Veerus, Lutèce et Le Huss. On vous donne donc rendez-vous à la Maroquinerie et en attendant, guettez l’horizon de nos réseaux sociaux : des places pour la soirée y seront à gagner.

Après le bruit calme des ruisseaux de montagne, après le son reposant des fontaines urbaines, c’est la douce musique d’une eau sale et stagnante que Triplego laisse entendre avec « 9 ». Le nouveau morceau de Sanguee et Momo Spazz est dans la lignée de ce à quoi ils nous ont habitués. La patte du beatmaker est toujours là, le lexique violent et la voix susurrante du rappeur aussi. Les notes du clavier sont comme des perles chutant délicatement d’une gouttière de Montreuil après la pluie. Au micro, Sanguee réussit encore à livrer avec une certaine classe un propos foncièrement cru, voire vulgaire. D’ailleurs peut-être est-ce là que réside le secret de la recette Triplego, dont l’Abcdr aura l’occasion de vous reparler, alors que le nouvel EP du groupe, 2020, sortira ce 20 mars.

Le flow est au rendez-vous pour ce nouveau clip du marseillais Carlito, et dans tous les sens du terme. Doté d’une voix qui facilite les choses, le rappeur d’origine cap-verdienne dévoile effectivement un morceau énergique, à la mélodie très entraînante. « Massilia » a des allures de banger. Mais il n’y a pas qu’au micro que le Brigante a du flow : il se dégage de son attitude face caméra une assurance certaine. Très élégant, l’artiste -proche du groupe Révolution Urbaine- filmé par Mouky & The Lazy House est ici sous son meilleur jour.

Si la sortie d’un nouveau morceau de Gucci Mane n’est pas une nouvelle, tant l’homme au cône de glace se révèle ultra productif depuis sa sortie de prison, sa dernière invité(e) intrigue plus : voilà en effet trois années que Nicki Minaj n’avait pas fait de musique en compagnie de Gucci, la faute à des querelles par tweets interposés dispensables. Aujourd’hui réconcilié, le duo nous offre « Make Love », un morceau lent et poisseux qui ne peut qu’enthousiasmer : Nicki Minaj y est tout simplement excellente d’arrogance et de technique, en réglant pas mal de comptes en seulement deux minutes, le tout en se permettant même de « laisser deux mesures juste pour [se] marrer ». Disons le haut et fort, la Queen of Rap semble être de retour en 2017.

Fin 2016, Chill Bump a sorti Crumbs, un projet dix titres expédié en une petite vingtaine de minutes. Expéditif donc, mais avec le duo tourangeau, expéditif ne veut pas dire bâclé, bien au contraire. Sur des productions une nouvelle fois impeccables signées par Bankal, Miscellaneous pose, toujours dans un anglais parfait, un flow tout terrain, et parfois terriblement moderne. C’est le cas sur les titres « Six » et surtout « Eight », assemblés en un clip tout aussi génial que glaçant. Entre dialogue avec Dieu et quotidien misérable vécu derrière un écran, les Chill Bump piratent la réalité virtuelle avec une technique irréprochable, à la charnière entre boucle triste et trap organique. Tout ceci est bien réel : il y a un virus dans le monde 2.0 et c’est cela que Miscellaneous et Bankal rappent. « Virtual Insanity » aurait dit un homme au chapeau vingt ans plus tôt.

On vous avait déjà parlé de Manast en 2015 au moment de la sortie de son EP District 10th. Depuis, le jeune artiste n’a pas chômé avec une signature chez Kitsuné, label gage de qualité et d’éclectisme. Il a alors renforcé une esthétique enveloppante et atmosphérique, n’hésitant pas à chanter de plus en plus tout en laissant respirer la musique. Et c’est exactement la direction de ce nouvel opus, Forty Two Stories, encore une fois produit par ses potes d’Astrolabe Musique, entre rap new age et house ralentie. Toujours épaulé de Jeune Faune, son acolyte à la voix cristalline, Manast explore des sonorités plus caribéennes avec une justesse remarquable.

À l’écoute de ces cinq morceaux, on se sent comme entrer dans une famille artistique, un clan d’explorateurs totalement dans leur temps, voir un peu en avance, qui nous emportent dans leurs contes et légendes au coin d’un grand feu de joie. Plus abouti et minimal que ces précédents projets, Forty Two Stories montre une vraie progression de Manast qui continue de nous faire voyager vers des contrées encore fraîches, entre Montréal, Paris et Londres. Toujours positif et amoureux de la vie. Un beau programme pour 2017.