Sidekicks

À l’exception de deux freestyles enregistrés en catimini et publiés il y a à peine quelques jours, Thézée Astérion est un MC parmi d’autres dans le grand dédale du rap français, de ceux qui annoncent leur premier EP dans l’anonymat le plus total et pour lesquels tout reste à faire. Alors histoire de tendre un fil d’Ariane à l’auditeur, le rappeur de Chambéry dévoile « Renaissance », extrait du projet éponyme à venir. Dans un mélange entre mythologie antique et mythologie contemporaine, Thézée Asterion y trouve son chemin tant il esquisse un autoportrait lugubre et mégalomane, bourré de références et de doctrines de vie. Ici, les Médicis croisent le fer avec des sabres laser sur une boucle d’orgue morbide, les héros de la Grèce Antique frappent à la porte d’Arkham et sur son dernier couplet, le MC de Chambéry et son producteur qu’il qualifie de « jumeau-maléfique » tracent quelques belles lignes dans le dédale de la géopolitique mondiale. Et si le pouvoir est bien plus dans le sable chaud du Colisée (demandez à Cantona) que dans le marbre du Sénat, Thézée Asterion entrevoit à l’horizon l’Olympe. Car sentencieux et faussement nonchalant, « Renaissance », malgré un mixage à peaufiner, a tout de la préparation d’une ascension. Restera à éviter les minotaures de la création.

Pour son numéro 6 et parce qu’on ne change pas une formule qui gagne, le iHH nouveau nous sert sa recette habituelle. Au menu, d’abord une bonne flopée de chroniques, pour les amateurs de rap bien sûr mais pas que : les cinéphiles, les bouquineurs et les gamers en auront aussi pour leur compte. Ensuite, une belle série de papiers aux angles divers et variés : un hommage à Sam Cooke, un dossier sur Awful Records, un entretien  avec De la Soul période Stakes is High, exhumé du magazine The Truth, ancêtre de iHH… Et enfin, le plat de résistance : des interviews grand format, qui vont autant piocher du côté des old-timers (Afu-Ra, Jeru the Damaja, Lords of the Underground…) que des têtes d’affiche d’aujourd’hui (Kaaris, Georgio, Kalash Criminel…). Avec, en couverture, Kery James et Seth Gueko qui viennent poser côte à côte pour l’occasion.

Une lecture chaudement recommandée donc, disponible dès aujourd’hui en kiosque et en ligne sur ihh.bigcartel.com.

Bonne nouvelle pour ceux qui suivent depuis quelques années les aventures de Babio : le cinquième volume de ses #Amnelife devrait voir le jour au printemps. En plus du tout frais « Petite Pointure », plusieurs extraits sont d’ores et déjà en écoute (« JVDB », « Trixxxma ») et confirment tout le bien que l’on pense du rappeur francilien. Pour les étourdis qui seraient passés à côté des quatre premiers Amnelife, pas de panique, ils sont disponibles en téléchargement gratuit sur Haute Culture. Et pour les curieux qui voudraient en savoir davantage sur le B.A.B, patience, on en reparle bientôt sur l’Abcdr.

NoHell organise un rendez-vous Hip Hop à l’esprit ouvert, tous les jeudis au Nouveau Casino. Et pour son édition du jeudi 2 février, ils invitent l’Abcdr avec Le Captain Nemo et Nodey derrière les platines aux côtés de leur trio habituel : Dj Weedim, D A N G et Frencizzle. Tous les styles seront représentés et l’ambiance bien sûr garantie. Venez donc nous faire un petit coucou et danser sur du rap de qualité jusqu’à ce que le jour se lève. On est fin prêt.

Plus d’infos sur l’évènement.

La discographie et les mixes de Cut Chemist sont peuplés de bifurcations, révélatrices de son principal talent : une habilité à digger, et donc à dénicher, de la musique funk sans frontières ni limites. En témoigne cette anecdote : alors qu’il est à Rome pour une conférence organisée par la branche musique d’une boisson énergisante, le DJ entend parler d’un stock de vinyles à Milan. Ni une ni deux, il saute dans un train et découvre plusieurs piles de disques. Parmi eux, une compilation inconnue et étiquetée funk alternatif. D’abord dubitatif, Lucas Macfadden reste un indécrottable. Il tente donc le pari et pose le saphir sur la galette. Là, il découvre un titre d’électro alternative et perchée des eighties, réalisée par les français de Vox Populi!. Cut Chemist accroche, glisse le disque dans son sac, et repart avec aux États-Unis. Il le ressortira une première fois pour son album The Audience’s Listening et un titre avec Edan. Puis une seconde fois en 2013, pour donner naissance au projet Funk Off. Cette sélection de titres contient un magma électro français trié sur le volet des années 1983 à 1986 et représentant uniquement deux groupes : Vox Populi! donc, mais aussi leur acolyte Pacific 231. Une musique construite à base de magnétophones à bande, de boucles et de synthétiseurs, qui est à la fois lunaire et inter-planétaire, entre tendance post punk, beats psychédéliques, électro industrielle, musique concrète et inserts de voix. Cut Chemist la caractérise lui-même de « drum machine wave » et la présente désormais via un métrage de 28 minutes. En plein dans l’esthétique des années quatre-vingts pour un No Future déjanté, teinté de rap et de groove passés aux machines 8-bits et au reel-to-reel. Avec Funk-Off, le Funk a désormais son spin-off, et il est alternatif comme jamais.

C’est une tradition qui a été décrite plusieurs fois dans nos colonnes : chaque hiver, Scarz livre un album. Décembre 2016 n’a pas échappé à la règle puisque Le Rapologist a sorti Tant qu’il est temps, son huitième projet solo en presque autant d’années. En dix titres bien remplis, le Niçois y aiguise un peu plus son code de conduite. Mais annonce aussi son dernier projet, avec ce flow bourru qui le caractérise. Alors pour ses trois derniers quarts d’heure au micro, le MC s’assume plus que jamais en tant que « sale puriste », plonge les yeux dans le rétro’ puis regarde l’horizon, donne ses derniers coups de coude et tapes dans le dos à un rap qui le tiraille, dédie un émouvant morceau à sa ville qui se réveille en larmes un 15 juillet 2016, et regarde la nuit lui ouvrir ses portes. Un dernier album envoûtant, qui sonne comme la fin d’un cheminement. Car ces dernières années, chaque disque de Scarz contenait un peu plus de clarté tout en continuant à propulser l’indignation musclée et les longues séquences de parts d’ombre des débuts. Bref, le rap d’un mec de mieux en mieux dans sa vie, mais de plus en plus mal à l’aise devant son époque. Et si cet article est bien trop court pour dire tout le bien que l’on pense de celui qui à la ville s’appelle Ben, c’est le moment où jamais pour vous de vous plonger dans sa discographie et dans le long portrait que l’Abcdr’ lui avait consacré l’an dernier. Il était titré « Le retour à la terre » et il s’accompagne désormais d’un disque qui rappelle à quel point il est important de profiter du monde qui nous entoure. Tant qu’il est temps.

L’équipe Casabey revient pour secouer la capitale avec une soirée de rap actuel par mois au Point Ephémère. La première aura lieu vendredi 10 février et comme le montre ce trailer digne d’une grosse production de Michael Bay, elle invitera Ichon qui a le vent en poupe en ce moment avec son collectif Bon Gamin. Derrière les platines, on retrouvera les fidèles Asura1990 et Krampf mais aussi le LUVGANG et The Perseverance en direct de Milan. Si tu veux prendre ta dose de rap tout neuf, tu sais où ça se passe !

Plus d’infos sur l’event.

Cinq ans après NY Minute, DJ Low Cut s’apprête à sortir son second album solo. Dead End arrivera ainsi dans les bacs le 17 mars, chez Rugged Records, le label du beatmaker français. Pour le premier extrait, Low Cut a convié trois de ses habituels compagnons de route, Rustee Juxx, Nutso et DJ Nix’on, pour le percutant « Lyrikal Landslide ».

Avec leur son oppressant et leurs flows ébouriffants, Oddy Nuff et $crim, qui forment $uicideboy$, constituent l’un des groupes de rap les plus fascinants du moment. Mais, problème, le duo sort un projet tous les quatre matins. Heureusement, le très bon site SwampDiggers a pensé à tous les curieux qui ne peuvent ou ne souhaitent pas suivre ce rythme effréné, en proposant un article et un mix qui permettent un bon tour d’horizon des productions 2016 des cousins de la Nouvelle-Orléans.

« C’est Moudj’ enfoiré ! » Dès que cette apostrophe résonne, celui qui a écouté des titres de l’équipe La Fronce, connu La Ménagerie ou suivi la carrière de Grems ou du Sept sourit et tend l’oreille avec délectation. Car si Moudjad est un MC rare, il est d’abord un rappeur à la technique redoutable doublée d’une présence hors norme. Problème : hormis une (magnifique) apparition sur la mixtape du Camouflage Studio en 2014, le rappeur d’Annecy n’avait plus hélé l’auditeur depuis 2012 et Printemps Arabe, son dernier projet solo en date. C’est désormais chose résolue en ce début d’année, puisque Moudj’ revient avec « Veines ouvertes. » Au programme, il y a toujours ce même flow couplé à l’instinct d’un redoutable performer, ce sens de la formule porté par une ironie cinglante, mais cette fois avec une certaine tristesse dans le constat. Alors si l’ancien de La Ménagerie a mis de côté sa bonne humeur et son ton rigolard, son retour, diffusé dans une incompréhensible discrétion, se fait les yeux grands ouverts via un constat au refrain redoutable. Moudj’ est bel et bien là bande d’enfoirés !