Sidekicks

photo : K7Pacoje

Dans les années 90, la mixtape a été un vecteur indispensable du rap en France. Aurélien Chapuis aka Le Captain Nemo en a retracé l’histoire orale chez Red Bull Music Academy à partir d’entretiens avec les légendes de cette époque. Ainsi on croise les exploits sur cassette de Cut Killer, DJ Poska, DJ Goldfingers, JR Ewing, Thibaut de Longeville, DJ Damage, DJ Siens, Dj Asko, Texaco et DJ LC. Des débuts artisanaux à la surproduction, c’est tout un pan de la musique rap en France qui est décortiqué à force d’anecdotes croustillantes et de projets ambitieux.

Pour compléter le tout, retrouvez aussi 10 mixtapes fondatrices du rap français, un classement commenté reprenant les meilleures du genre, entre freestyles de rue et mixs assassins. La cassette fait son grand retour ces derniers temps donc quoi de plus tendance que de remettre la main sur les indispensables ?

Bonne lecture et surtout « Branche ton poste, fais tourner la cassette ! ».

Les plus curieux avaient peut-être déjà remarqué cette page Facebook, active depuis le mois d’août 2016, au sujet d’un mystérieux groupe nommé Un Amour Suprême composé des rappeurs Ezekiel et Jovontae. Après une longue période de teasing à base de photos vintages et colorées, le voile se lève enfin sur la nature de ce duo de jeunes montpelliérains signé chez Bad Cop Bad Cop : il s’agit en réalité de Sameer Ahmad. Un rappeur bien connu de nos colonnes, qui revient « balancer ses skills » dans la peau de deux personnages hauts en couleur, et dans une ambiance plus estivale qu’à l’accoutumée.

En attendant de vous en dire plus très prochainement, on vous laisse avec la vidéo de « Partie 1 », un premier extrait en forme de générique d’ouverture pour le projet Jovontae EP. Comme son nom l’indique, cet EP est la première partie d’un diptyque qui sera dédié aux deux membres du groupe Un Amour Suprême. Sa sortie est prévue pour le 1er mars 2017.

 

Beatmaker plein de talent et d’imagination, DJ Hellblazer mène une carrière particulièrement prolifique, axée essentiellement sur la musique instrumentale. Pour faire le point sur son parcours intrigant et ses multiples collaborations internationales, nous avons récemment rencontré le beatmaker français pour un entretien. En attendant que celui-ci ne soit publié, voici le dernier projet en date de Hellblazer, B-Sides & Rarities, qui, comme son nom l’indique, réunit des morceaux n’étant pas parus sur la quarantaine de projets que le garçon compte à son actif.

 

En préambule de leur nouvel album Art Contemporain, qui sortira le 24 mars prochain, Les Sages Poètes de la Rue ont décidé de nous offrir un mix qui revient sur leur trente ans de carrière. Pour cela ils ont demandé à un DJ, et non des moindres puisqu’il s’agit de Mr Viktor, de mixer et scratcher les titres phares du groupe de boulbi.  Découvreurs de talents, rappeurs et producteurs hors pair, les Sages Po sont à eux seuls une part de cette histoire du rap en France. Un trio qui fête ses trente ans en trente minutes et mixé par un triple champion du monde, la concordance des chiffres ne pouvait pas être plus parfaite.

Tracklist :

  1. « Je redécompose les mots » feat. Mr. Viktor
  2. « La Rue »
  3. « Obsolète » feat. Mc Solaar
  4. « Tout le monde dans la ronde » feat. Booba
  5. « L’NMIACCDHTCK72KPDP » feat. Ménélik
  6. « Pas besoin d’apparaître dur »
  7. « Ne cours pas »
  8. « Qu’est ce qui fait marcher les Sages ? »
  9. « Un noir tue un noir »
  10. « Bon baiser du poste »
  11. « Dans la Sono » feat. Mala
  12. « Va Tej ton gun »
  13. « Champion »
  14. « Dans ce Monde »
  15. « J’rap pour les mino(rités) »
  16. « Oublie moi »
  17. « Thugs » feat. Kool Shen
  18. « ShowTime »
  19. « Superstition »
  20. « À la recherche du rap perdu »
  21. « Timide mais sans complexe »

À la longue liste des morceaux communs de Nicko et Alaza, vient s’ajouter « Lord ». Les deux rappeurs réunionnais laissent voir une fois de plus à quel point ils sont complémentaires. Avec un refrain en forme d’imploration, un excellent couplet d’Alaza et une très bonne production de Ctzn Kane (auteur notamment de « Loin des hommes » pour PNL), c’est encore un joli travail que fournit cette petite équipe. Bien connus des jeunes de leur île, Nicko et Alaza ne bénéficient pourtant que de très faibles relais médiatiques. Il est dès lors difficile pour eux comme pour tous les rappeurs réunionnais de se faire un nom en France métropolitaine, et c’est regrettable, tant l’île regorge de talents et d’identités fortes. Une situation que les deux artistes sont en tous cas résolus à outrepasser, en créole dans le texte : « Nou vien libère la musik lokal kom pou Ferrara, nou tir su le mirador mi rafale jusqu’à le repli pendan Nicko i colle c4 su la porte! »

À l’exception de deux freestyles enregistrés en catimini et publiés il y a à peine quelques jours, Thézée Astérion est un MC parmi d’autres dans le grand dédale du rap français, de ceux qui annoncent leur premier EP dans l’anonymat le plus total et pour lesquels tout reste à faire. Alors histoire de tendre un fil d’Ariane à l’auditeur, le rappeur de Chambéry dévoile « Renaissance », extrait du projet éponyme à venir. Dans un mélange entre mythologie antique et mythologie contemporaine, Thézée Asterion y trouve son chemin tant il esquisse un autoportrait lugubre et mégalomane, bourré de références et de doctrines de vie. Ici, les Médicis croisent le fer avec des sabres laser sur une boucle d’orgue morbide, les héros de la Grèce Antique frappent à la porte d’Arkham et sur son dernier couplet, le MC de Chambéry et son producteur qu’il qualifie de « jumeau-maléfique » tracent quelques belles lignes dans le dédale de la géopolitique mondiale. Et si le pouvoir est bien plus dans le sable chaud du Colisée (demandez à Cantona) que dans le marbre du Sénat, Thézée Asterion entrevoit à l’horizon l’Olympe. Car sentencieux et faussement nonchalant, « Renaissance », malgré un mixage à peaufiner, a tout de la préparation d’une ascension. Restera à éviter les minotaures de la création.

Pour son numéro 6 et parce qu’on ne change pas une formule qui gagne, le iHH nouveau nous sert sa recette habituelle. Au menu, d’abord une bonne flopée de chroniques, pour les amateurs de rap bien sûr mais pas que : les cinéphiles, les bouquineurs et les gamers en auront aussi pour leur compte. Ensuite, une belle série de papiers aux angles divers et variés : un hommage à Sam Cooke, un dossier sur Awful Records, un entretien  avec De la Soul période Stakes is High, exhumé du magazine The Truth, ancêtre de iHH… Et enfin, le plat de résistance : des interviews grand format, qui vont autant piocher du côté des old-timers (Afu-Ra, Jeru the Damaja, Lords of the Underground…) que des têtes d’affiche d’aujourd’hui (Kaaris, Georgio, Kalash Criminel…). Avec, en couverture, Kery James et Seth Gueko qui viennent poser côte à côte pour l’occasion.

Une lecture chaudement recommandée donc, disponible dès aujourd’hui en kiosque et en ligne sur ihh.bigcartel.com.

Bonne nouvelle pour ceux qui suivent depuis quelques années les aventures de Babio : le cinquième volume de ses #Amnelife devrait voir le jour au printemps. En plus du tout frais « Petite Pointure », plusieurs extraits sont d’ores et déjà en écoute (« JVDB », « Trixxxma ») et confirment tout le bien que l’on pense du rappeur francilien. Pour les étourdis qui seraient passés à côté des quatre premiers Amnelife, pas de panique, ils sont disponibles en téléchargement gratuit sur Haute Culture. Et pour les curieux qui voudraient en savoir davantage sur le B.A.B, patience, on en reparle bientôt sur l’Abcdr.

NoHell organise un rendez-vous Hip Hop à l’esprit ouvert, tous les jeudis au Nouveau Casino. Et pour son édition du jeudi 2 février, ils invitent l’Abcdr avec Le Captain Nemo et Nodey derrière les platines aux côtés de leur trio habituel : Dj Weedim, D A N G et Frencizzle. Tous les styles seront représentés et l’ambiance bien sûr garantie. Venez donc nous faire un petit coucou et danser sur du rap de qualité jusqu’à ce que le jour se lève. On est fin prêt.

Plus d’infos sur l’évènement.

La discographie et les mixes de Cut Chemist sont peuplés de bifurcations, révélatrices de son principal talent : une habilité à digger, et donc à dénicher, de la musique funk sans frontières ni limites. En témoigne cette anecdote : alors qu’il est à Rome pour une conférence organisée par la branche musique d’une boisson énergisante, le DJ entend parler d’un stock de vinyles à Milan. Ni une ni deux, il saute dans un train et découvre plusieurs piles de disques. Parmi eux, une compilation inconnue et étiquetée funk alternatif. D’abord dubitatif, Lucas Macfadden reste un indécrottable. Il tente donc le pari et pose le saphir sur la galette. Là, il découvre un titre d’électro alternative et perchée des eighties, réalisée par les français de Vox Populi!. Cut Chemist accroche, glisse le disque dans son sac, et repart avec aux États-Unis. Il le ressortira une première fois pour son album The Audience’s Listening et un titre avec Edan. Puis une seconde fois en 2013, pour donner naissance au projet Funk Off. Cette sélection de titres contient un magma électro français trié sur le volet des années 1983 à 1986 et représentant uniquement deux groupes : Vox Populi! donc, mais aussi leur acolyte Pacific 231. Une musique construite à base de magnétophones à bande, de boucles et de synthétiseurs, qui est à la fois lunaire et inter-planétaire, entre tendance post punk, beats psychédéliques, électro industrielle, musique concrète et inserts de voix. Cut Chemist la caractérise lui-même de « drum machine wave » et la présente désormais via un métrage de 28 minutes. En plein dans l’esthétique des années quatre-vingts pour un No Future déjanté, teinté de rap et de groove passés aux machines 8-bits et au reel-to-reel. Avec Funk-Off, le Funk a désormais son spin-off, et il est alternatif comme jamais.