
Le nouveau numéro du magazine Jazz News vient de paraître et, devinez quoi, il contient entre autres joyeusetés (notamment une interview du dessinateur Blutch) un dossier sur les rapports entre jazz et rap (et hip-hop plus largement).
Le nouveau numéro du magazine Jazz News vient de paraître et, devinez quoi, il contient entre autres joyeusetés (notamment une interview du dessinateur Blutch) un dossier sur les rapports entre jazz et rap (et hip-hop plus largement).
A peine quelques mois d’existence et déjà une compilation solide : le label Yaruki Records semble déterminé à faire les choses bien. Introduit par Driver, le projet rassemble les artistes du label (Chat Noir, Givy, Supersønge…) et quelques invités. Une compilation évidemment disponible sur toutes les plateformes de streaming et téléchargement. A noter que Supersønge aka l’homme au masque de gorille vient de sortir de son côté un EP, Enfer Digital, et que vous pourrez retrouver l’équipe de Yaruki Records à La Bellevilloise le quinze juillet.
Le premier extrait de Drugstore, prochain projet Joey Larsé, est dehors. Le rappeur originaire de Montreuil mais désormais exilé sur les terres d’Alain Juppé y fait étalage de tout son style sur une prod’ XXL de Yepes (avec des arrangements de Plae Casi). Notons que Joe Lucazz et Pandemik Muzik seront présents sur un des neuf titres de l’EP qui devrait voir le jour courant septembre. Le genre de collaboration parisiano-bordelaise que l’on attendait depuis le transfert de Pedro Miguel Pauleta.
Dans les années quatre-vingt dix, alors qu’ils écumaient les bars de Paris dans une cascade mélangeant alcool et rimes sorties d’ailleurs, les Svinkels s’étaient institués un rituel : chaque huit juin, ils fêtaient la 8.6, cette bière marécageuse aux effets dévastateurs. De ce rituel basé sur un sens de la numérologie quelque peu alcoolisant, les Svinkels ont construit une partie de leur carrière, ponctuée de cuites mémorables, d’un public aussi fidèle que déglingué et de dates hors-normes. Car en plus de quelques albums iconoclastes (pour ne pas dire bons pour l’asile) mais terriblement réussis, de leur ancrage dans un mouvement qui a fini par assumer sur le tard son étiquette de « rap alternatif », Mr Xavier, Gérard Baste et Nikus Pokus sont avant tout des bêtes de scène. Alors si l’aventure des Svinkels n’avait pas fini de façon très chic, avec une séparation soudaine qui avait des allures de gueule de bois, voir les Svinkels au mois une fois en live est en général une démonstration autant qu’un stage de survivalisme pour celui qui s’aventure dans la fosse. Ce sera à nouveau possible, au moins pour une date. Mais le stage est très prisé, puisque toutes les places pour le concert du huit juin au New Morning ont été vendues en moins de cinq minutes. Pour les fans, il ne reste plus qu’à vider sa canette et trinquer à l’espoir d’une tournée de reformation, parce que quoi qu’on en dise, Le Svink’, c’est quand même chic.
« Si l’Unesco m’assigne en justice, je veux bien leur produire un album avec tous les samples que je leur ai piqués, par contre eux s’engagent à aller payer les pygmées, les moines japonais et les percussionnistes africains et argentins. »
Si l’on connaissait le goût d’Imhotep pour les musiques traditionnelles du monde, à l’image de son travail sur ses albums solos Blue Print et Kheper, il était encore impossible de déterminer précisément l’origine des boucles utilisées sur le morceau « L’École du Micro d’Argent ». Hymne emblématique du groupe IAM et réel point de départ de leur troisième album, souvent considéré comme le plus grand du rap français. Invité de l’émission Beatmakers sur Arte Radio, Imhotep, d’habitude avare sur ses secrets de fabrication, a lâché quelques indices de taille sur l’origine des samples. Il a utilisé l’un des nombreux disques-archives d’ethnomusicologie produit par l’UNESCO. Il restait à identifier ce disque parmi des centaines édités depuis les années 1960. Après une enquête de longue haleine façon Travolta dans Blow Out, voici enfin l’ingrédient dévoilé : il s’agit de la compilation Musical Sources / Sources musicales éditée en CD par Auvidis pour l’UNESCO en 1992.
Le producteur marseillais y sample les cloches et les chants d’un rituel tibétain interprété par les Lamas du Monastère Nyingmapa de Dehra Dun sur l’intro (à 1:16 sur l’extrait) et un duo de chants de gorges inuits du Canada au refrain (l’extrait est ralenti). La cloche et une autre voix (plus perceptible sur la version alternative « guerrière » du morceau) viennent quand à elles d’un chant liturgique bouddhiste interprété par la Secte Shingon du Japon présent sur ce même disque. Il reste cependant à trouver un autre élément majeur du morceau, les trompettes et les violons épiques, vraisemblablement issus de la musique classique occidentale et dont Imhotep lui-même avoue avoir oublié l’origine. L’enquête continue.
Aussi impensable que cela puisse paraître, on peut se faire repérer par Pharrell Williams et rester plutôt discret. La preuve avec Buddy : originaire de Compton, le jeune rappeur de 23 ans tape dans l’oeil du leader de N.E.R.D qui le signe en 2011 sur son label I Am OTHER. Depuis ? Des singles, quelques (belles) apparitions sur des morceaux de Nipsey Hussle ou A$AP Mob, mais aucune sortie sous son nom. Une période maintenant révolue avec un premier EP en compagnie d’un homme qui compte, Kaytranada. Le Montréalais aux ambiances électros s’est en effet chargé de la direction musicale de Ocean & Montana, court EP permettant d’entrevoir tout le potentiel du jeune Buddy. Autant à l’aise au chant qu’au rap, le garçon nous offre quinze minutes qui sentent bon l’été, aidé des productions de Kaytranada, entre hip hop, electro, et même dancehall le temps d’un morceau. Encore quelques mois, et le monde du rap connaitra réellement Buddy. Espérons le en tout cas.
Mystica Teatcha : si vous êtes de la côte ouest de l’Hexagone et auditeur de rap depuis les nineties, impossible d’être passé à côté du blaze de ce groupe, considéré comme le pionnier du rap rennais. Vingt ans plus tard, si Azim s’est fait relativement discret en dépit d’un excellent album – L’écume de la vague – lâché au milieu des années 2000, Simba s’est lui construit une belle discographie puisqu’il vient de sortir son quatrième essai en solitaire (sans oublier le délirant Lidl MC’s, album concept réalisé avec quelques autres artistes du coin). Toujours aussi à l’aise sur la forme et à cheval sur le fond, le rappeur breton livre encore une fois un opus de qualité. Et vous aurez l’occasion de le constater par vous-même à l’occasion de la release party de Transmissions Sauvages le premier juin au Candy Shop.
Gravité Zéro est comme les comètes : depuis 2003 le groupe composé de James Delleck et Le Jouage apparaît sporadiquement à la périphérie de la planète rap français. Leur premier passage dans le ciel s’était fait avec coup sur coup un album et un EP, ponctués notamment par les mémorables « Infini » et « Trou Noir« , dans lequel Hi Tekk de La Caution scande ses incantations dénué de son habituelle voix de prêcheur issu d’un Noisy-le-Sec en pleine mutation cyberpunk. Puis le groupe est apparu une nouvelle fois en 2005, avec un album de remixes. Enfin, après sept ans de silence, il avait gratifié le rap français d’une dernière visite en 2012. Cette fois-là, c’était en express avec le déconcertant Bestiols. Mais à chaque fois, Delleck et le Jouage avaient gardé cette constance : propulser leur musique à l’aide d’une ambiance galactique et futuriste, aiguisée de références mélangeant les aspects les plus sombres de la science fiction à sa pop-culture. Et en cette année 2017, le cycle gravitationnel se répétera à nouveau puisque le vaisseau Gravité Zéro sera visible dans le ciel avec le projet Rétro Laser. Une apparition céleste avec un petit quelque chose d’extraterrestre à voir dans la voûte astrale du Petit Bain ce 20 mai, et où Cyanure, complice du Klub des 7, ainsi que les inénarrables Rezinsky et les kickeurs du Dirty Zoo seront également là. De quoi laisser une belle traînée lumineuse dans le ciel de la nuit de ce samedi. Le futur, c’est demain.
Dans les squares, dans les cours d’école, en vacances, jouer aux cow-boys et aux indiens est avant tout un jeu d’enfant. Parmi les minots qui s’éclatent dans leur innocence pétrie de clichés candides, il y en a toujours quelques uns qui préfèrent et préféreront être les indiens. Jusqu’à grandir, lutter, et découvrir qu’être un apache n’est pas de tout repos, surtout quand les cow-boys portent désormais des costards cravates ou sont vêtus tout de bleu, parfois casqués et protégés de la tête au pied. E.One est de ces indiens, qui en grandissant ne perdent pas de plumes, ne se font pas rouler dans le goudron, mais le chevauchent et l’explorent sans relâche. Toujours en Première Ligne, le rappeur du Blanc-Mesnil panse les plaies sur fond de samples soulful, dans un mélange continu de remise en cause et d’humanité. Ni guerre, ni paix, mais une exploration constante du sens et des sens, qui ne se fait jamais au détriment de la musique et qui sera à fêter à l’occasion de la release party de William Blake, son premier album solo, ce samedi 20 mai au Centre FGO Barbara. Que les increvables qui souhaitent participer à cette fête lèvent leur hache de guerre sur facebook (hmpff !) et révisent leurs classiques en relisant notre long entretien avec E.One. Ils y trouveront peut-être l’expression d’un bout de leur propre eldorado.
C’est peut-être un effet de nos temps pseudo-centristes ; en tout cas, le producteur français Junior Makhno joue, après Gladigator, plus clairement que jamais la carte de l’esthétique communiste (même ses synthés auraient le couteau entre les dents…). Une discipline de parti qui parvient à mettre en rang des yankee aussi dissipés que Planet Asia, Ill Bill, Esoteric ou le rescapé (d’une purge?) Vakill. Faudrait quand même vérifier que tous ces braves gens sont bien encartés au DSA…