Sidekicks

C’est peut-être le secret le mieux gardé de Paris. Les apparitions du Jeune LC sont aussi savoureuses qu’elles sont rares et précieuses. Annoncé il y a quelques années, son EP produit par Myth Syzer n’a finalement jamais vu le jour, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le rappeur est discret. Surprise, il vient de dévoiler un morceau inédit, « Fin d’été » extrait d’un projet qui arriverait vraisemblablement à nos oreilles le 21 septembre et dont il est l’introduction. Fidèle à son réalité rap, le parisien continue de vivre ses textes sur les Grands Boulevards, dans les fumoirs et au fond de son verre.  Billets, bonnes tables, cocaïne, amour, tout est jeune avant l’automne, il faut savourer.

Depuis qu’il est retourné vivre dans sa ville natale de Detroit en 2014, Shigeto ne cesse d’explorer l’héritage musical de la Motor City. Et si le monde de la musique électronique connaissait le jeune musicien pour ses productions soyeuses développées sur plusieurs disques, son penchant hip hop restait jusque là plutôt inconnu. Une erreur réparée avec un disque, A Piece Of The Geto, composé en compagnie du jeune rappeur ZelooperZ et sorti au début du mois d’août sur le label Ghostly International. Véritable ovni assumé, la collaboration entre le producteur du Michigan et le jeune complice de Danny Brown ouvre les portes d’un monde dépouillé, fou, et rustre, dans lequel Shigeto développe de lentes productions synthétiques sur lesquelles ZelooperZ laisse traîner son spleen d’une voix faussement molle. Un son parfaitement résumé par « Unfold », point final (et culminant) du disque, dans lequel le duo déroule six minutes de lamentations sur les femmes, l’argent, la rue, dans une ambiance presque spirituelle (le clip n’a pas été tourné dans une église pour rien) qui se détache clairement du climat rap actuel. Un sommet de bizarrerie qui va bien à ce que sont aujourd’hui devenus Detroit et sa musique : un monde rude et épuré.

C’est son premier morceau diffusé publiquement et c’est une réussite. Avec une balade introspective mêlée d’égotrip, Robin des Blocs écrit les premières lignes de son histoire rap. En douceur dans la forme, visant juste dans le fond, le Cristolien alterne construction et déconstruction. D’un côté, il érige son autoportrait et celui de son entourage. De l’autre, il fend l’extraordinaire en deux, y préférant la normalité, celle qui connaît « les ravages de l’esclavage moderne. » Sur un son doux, doté d’un flow souple et de quelques vibratos dans la voix, en bande comme dans la forêt de Sherwood, tout en aisance même quand il s’agit d’évoquer l’échec, Robin des blocs en fera débloquer plus d’un. En attendant impatiemment la suite.

Il y a des rappeurs qui explorent la nuit comme personne. Des rappeurs dont le chant frôle tellement l’omniscience que leurs pensées rallument les villes et leurs périphéries une fois que le jour a déserté. Hatrize est de ceux-là. Après avoir déjà longuement flirté avec les errances nocturnes et les limites du monde sur Chargé, son EP sorti l’an dernier, le Strasbourgeois a remis cela. D’abord avec « Vers minuit », en chantant ces heures où il n’y a plus que les gyrophares qui viennent t’éclairer. Puis il y a quelques jours, en duo avec celui qui a le feu dans les paumes et qui éclaire, depuis 2004 et l’album Des Lumières sous la pluie, des villes qui ressemblent de plus en plus à Neo Tokyo. Il s’agit évidemment d’Arm et la complémentarité entre les deux MCs est bluffante. Glissant le papier calque de leurs textes sur le calendrier lunaire, transportant la nuit jusqu’à novembre 2049, éclipsant les restes du vieux monde qu’ils ont coincé quelque part sous les pompes, Hatrize et Arm lâchent toutes les amarres et photographient les villes depuis leur rap vaporeux, entre doux autotune, éclairs, lune avec un air de défi et phases cinglantes. Insaisissables mais figeant le moindre détail, voici donc le portrait des derniers empereurs, ceux qui régneront encore sur la nuit un soir de Novembre 2049.

Été 1997 : le Wu-Tang vient de sortir Forever et le Clan est partout. Avec beaucoup d’à-propos, Radikal décide de consacrer une grande partie de son numéro 12 à la dynastie de Staten Island. Pendant trois mois, une certaine French Vanilla (dont on n’a pas réussi à retrouver la trace) est envoyée aux États-Unis pour suivre les neuf immortels et leurs nombreux affiliés. En résultent une quarantaine de pages d’articles et d’interviews, qui constituent alors et toujours une mine d’informations incroyable. On y apprend notamment que Ghostface prévoit que les enfants des membres se marient entre eux, pour « garder l’argent à l’intérieur du Clan ». Ou qu’il existe, en 1997, un salon de beauté « Wu-Tang Nail Salon ». Et quelques trucs un peu plus intéressants, notamment sur les satellites du Wu, dont beaucoup disparaîtront une fois la période dorée achevée.

En espérant que ça profitera à quelques fans acharnés (mais pas que), nous vous mettons à disposition les scans de ce dossier, vingt ans après la sortie de ce fameux numéro estival de Radikal. On en profite pour rendre hommage au magazine, dont le dernier numéro est paru en 2005. Et saluer tout particulièrement la mystérieuse French Vanilla.

Comme chaque année, saison estivale rime avec… festivals. Et comme chaque année, le Royal Arena Festival de Bienne a frappé fort avec une programmation à la fois pointue et diversifiée. Cypress Hill partage le haut de l’affiche de cette édition 2017 avec French Montana et, au cours de deux jours intenses (les 18 et 19 août), se relaieront en plus de ceux-là Kool G Rap, Dillon Cooper, The Four Owls, Skyzoo ou Jedi Mind Tricks… Comme d’habitude le rap français n’est pas en reste, avec Sofiane et un plateau « L’âge d’or du rap français » associant, excusez du peu, Les Sages Po’, Busta Flex, Stomy Bugsy et Passi. Une fois de plus, l’Abcdr du Son sera partenaire du Royal Arena Festival. Si vous vous souhaitez gagner deux places, rendez-vous sur notre page Facebook. En attendant, on vous laisse avec une vidéo présentant les meilleurs moments de l’édition 2016.

Les lecteurs assidus l’auront noté, ceux de passage l’auront probablement deviné. L’Abcdr tape sa pause estivale, histoire de recharger les batteries et de profiter (pour ceux qui partent) d’un retour aux sources ou de jolis coins dépaysants. Mais que ce soit avec les cigales, le bitume parisien, les collines lyonnaises ou les belles tables du Centre de la France, c’est aussi l’occasion pour nous de préparer un beau stock d’articles et d’interviews fleuves, à vous présenter dès la rentrée. En attendant, retrouvez nos publications les plus marquantes de ces sept derniers mois. C’est pour ceux qui partent autant que pour ceux qui partent pas.

Un peu sur le modèle de ce que fait Chopped Herring aux États-Unis, le label Larchiviste Records a pris le parti d’éditer des projets de rap francophone réalisés dans les années 1990 mais restés au fond des tiroirs ou pressés à très peu d’exemplaires. Ça avait commencé il y a quelques mois avec une tape de DJ Scribe et ça continue aujourd’hui avec une démo des Angevins de Soul Choc. Psychiatric Flow Tape réunit ainsi des enregistrements datant de 1992 à 1994, alors que le groupe avait une composition quelque peu différente de celle qu’on lui connaîtra plus tard, et notamment au moment de l’indémodable « Garde ça pour toi » . Le projet est disponible en vinyle collector ici.

Quand il y a un an L’Abcdr avait tendu son dictaphone à DJ Poska, c’était l’histoire d’un Mixtape Maestro qui s’était déroulée sous vos yeux. Mais comme il le rappelait lui même, le DJ emblématique de What’s the Flavor n’est pas que cela : homme de radio, beatmaker, rassembleur, DJ de la Face B et, chose moins évoquée lors de cette interview, un formidable DJ de soirée. Alors si, comme nous l’écrivions en synthèse de ce long entretien : « Le rappeur a inventé l’occupation du terrain, les DJs ont inventé la conquête du territoire », vendredi, ce sera à vous de devenir des explorateurs. Épaulé par VR the Legend et Lilpop, le DJ du Funky Maestro viendra enchaîner les conquêtes sonores à L’Étage, 77 rue du faubourg du temple dans le dixième arrondissement de Paris, en guise de clôture de son généreux passage en France. Ce sera durant la nuit du 7 au 8 juillet et deux fois deux places sont à gagner sur notre page Facebook.

Si vous vous intéressez à la scène underground californienne, le nom de Pseudzero vous est forcément familier. Véritable encyclopédie de tout un pan méconnu de la cote ouest, Pseud est de retour via son label Vulgar Records avec le mix Westakoasta. Disponible en édition limitée, le mix puise dans toutes les sources sonores possibles (vinyle, CD, cassette, mp3) et offre avec une fluidité déconcertante une carte postale sonore d’une scène underground californienne riche et inspirée. Une sélection et des enchaînements parfaits pour cette période estivale, au point que Westakoasta s’affirme comme l’un des meilleurs mixes de ce premier semestre.