Myka 9 continue ses télétransportations

Mais que fait donc Myka 9 de son talent ? La question est un mystère insondable ; de ceux qui peuplent l’univers. Le légendaire MC de Freestyle Fellowship, le virtuose du Project Blowed, le chamane d’Haïku D’Etat, consacre désormais son temps à des errances microphoniques. Attention, il ne faut pas s’y méprendre : Michaël Troy a toujours été un homme de trajectoires erratiques, un rappeur curieux et indubitablement un peu perché. De plus en plus même avec les années qui passent. Alors même si, désormais, il collabore (la plupart du temps) avec des producteurs méconnus, ce n’est pas pour faire autre chose que ce qu’il a toujours fait : un marmonnement céleste aux rimes posées à la manière d’un jeu en staccato. Cela prend une ampleur particulière sur le troisième volume de Teleported. La série de LP, commencée en 2017 avec le beatmaker Freematik, s’inspire d’un comics (de mauvaise facture) réalisé par le producteur lui-même. Il y est question d’aliens cannibales, de la cité des Anges en feu, et de beats proches de l’ambiant. Une bande son sur laquelle ne cracherait pas une agence spatiale pour une exploration interstellaire peuplée d’angoisses. Mais avec sa voix aux gammes ondulatoires, Myka 9 a préféré en faire une œuvre ésotérique, aux paroles peuplées d’amour, à la limite d’un spoken word apaisant. Idéal pour l’auditeur qui plane après une prise de drogues hallucinogènes et qui doit entamer doucement sa descente, un peu plus désarçonnant pour la personne qui se voit présenter Myka 9 comme une légende de Los Angeles et une incarnation ultra-respectée d’une certaine définition du rap californien. Alors du comics au livre, c’est aussi l’occasion de souligner qu’une auto-biographie de Michael Troy est sortie. Comme un clin d’œil hallucinatoire, elle s’intitule My Kaleidoscope. Et les extraits audios des entretiens qui ont servi de base à cet ouvrage devraient convaincre les plus sceptiques, au même titre que l’excellent mix réalisé par notre confrère Slurg et présenté il y a deux ans dans nos colonnes. Que ce soit terrestre ou galactique, il n’y a finalement pas tant de mystères que ça dans l’Univers, du moins dans celui de Myka 9 : « It’s all love ».