Lyon 8 – « Dalton toute ma life »

Certains diront des Daltons qu’il s’agit d’un énième groupe de rappeurs qui, faute de talent, titillent le ministre de l’Intérieur dans l’espoir d’en tirer du buzz. La preuve, une invasion de stade lors du match OL-Sparta Prague et un passage sur TPMP, l’émission qui a fait percer un certain candidat à la présidentielle. D’autres que ce sont des vaillants, prêts à prendre micro et caméra pour réclamer la sortie de leur camarade incarcéré, Many GT – et au passage, un featuring avec Angèle, parce que pourquoi pas. Quel que soit le point de vue adopté, on peut s’accorder sur une chose : ils ne manquent pas de bonne humeur pour mener à bien leur objectif. Originaires de la même ville que l’auteur d’un récent triplé contre le PSG, Les Daltons se sont d’abord fait connaître au-delà de leur zone par ces vidéos de rodéos sauvages suscitant les foudres de Gérald Darmanin. Parmi elles : pas de danses ressuscités des années 1990, performance d’un certain Speeder-Man, Twingos aux rayures jaunes et noires qui mettraient à coup sûr des étoiles dans les yeux de Jul, masques tirés de Saw secouant des guitares folk n’importe comment, et surtout : de la funk, beaucoup de funk. Amené à s’expliquer, l’un d’entre eux prétend vouloir, par l’humour et cette mise en scène, retourner le stigmate apposé aux jeunes « d’une certaine zone géographique, d’une certaine catégorie socio-professionnelle ». Et c’est vrai, la dérision (y compris de soi) est au rendez-vous. La semaine dernière, l’équipe a sorti « Daltons toute ma life », dont le clip s’ouvre sur une plage et un air de piano joué par un bagnard cagoulé (non, sous la cagoule ce n’est pas Sofiane Pamart), pour laisser place à une sorte de type-beat « tubes funk intemporels » signé Slimane B. Les couplets s’enchaînent – et ils sont moins bêtes que vous le pensez – entrecoupés de pas de breaks, headspins, snaps, captures d’écrans d’articles de presse, vidéos de karting, refrains auto-tunés (« dans le fond pas mauvais, pas mauvais…« ) Ce n’est pas parfait, mais il faudrait vraiment être sans âme – ou Gérald Darmanin – pour ne pas décrocher un sourire.