Harry la Hache et Casey sortent « Enfant de Gaza »
Si le silence n’est pas un oubli, cet « Enfant de Gaza » prend par surprise. Il sonne la réunion de l’éternelle Casey avec son comparse Harry la Hache (ex-Prodige) sous l’historique bannière Anfalsh. Le couteau est toujours dans la plaie. Sous la trap sombre de Menson Beats, il n’est pas question de disséquer au scalpel avec précision, plutôt de faire couler le sang. D’insulter les puissants de ce monde et les sous fifres révisionnistes qui servent une soupe de rhétorique colonialiste. Et de s’offusquer de l’indécence et du silence.
Pas de grandes figures de styles, Casey et Harry la Hache envoient un gros molard qui vient salir une nappe trop blanche. Les premières notes tombent et annoncent une grande flambée avec un jerricane d’essence au pied et une clope au bec. Du brut de décoffrage. La recette est connue et rappelle les plus belles heures des épiques mixtapes Que D’La Haine estampillées Anfalsh. Toute une époque.
« Ils m’ont traité de barbare, de wokiste et d’islamo-gauchiste. Et c’est un honneur. » Pas mieux.
Après les aventures avec les collectifs Ausgang (l’album Gangrène en 2020) puis Expéka (album du même nom en 2023), Casey revient aux fondamentaux et consolide un peu plus une discographie à son image : unique. À la fois dans un sillon et amatrice de contre-pieds. « Enfant de Gaza » est un acte de résistance et un coup d’éclat qui, sans l’annoncer, laisse imaginer une suite: la réunion des longs couteaux d’Anfalsh. Pour l’histoire, pour la célébration de la longévité et de l’indépendance. Pour la culture. L’hémorragie n’est pas finie.