Al’Tarba ouvre son « Cabinet des Curiosités »

Ceux qui sont familiers avec la musique d’Al’Tarba le confirmeront : tenter de retranscrire à la lettre ses inspirations, c’est déjà s’éloigner de la sève artistique du personnage. Le beatmaker toulousain n’est pas de ces artistes qu’on enferme dans une case, à qui l’on colle une étiquette pour mieux assimiler l’œuvre, qui par la nature des expérimentations névrosées, semble inlassablement résister aux raccourcis maladroits. Finalement, c’est sans doute, plus que la catégorie de « l’abstract rap » à laquelle on le renvoie souvent, une image qui le définit le mieux : celle du savant un brin chtarbé, isolé dans son laboratoire, sans cesse en quête de nouveaux ingrédients à incorporer à ses recettes secrètes. Un univers décloisonné et affranchi de frontières clairement établies dont les grandes courbes sont toutefois esquissées et retranscrites au compte-goutte depuis le 13 novembre, et ce via les morceaux inédits qui sont partagés chaque vendredi sur son compte YouTube. Le bien nommé Cabinet des Curiosités ouvre peu à peu ses portes au public, pour une durée qui reste indéterminée.

Sur ses étagères poussiéreuses, on y trouve un condensé de tout ce qui fait le sel de la patte sonore d’Al’Tarba. Des obsessions adolescentes pour les CDs de Mobb Deep, du Wu Tang et de Necro. Des pulsions démoniaques fusionnées au formol dans un savant mélange d’influences, de genres et d’esthétiques empruntant aussi bien aux films d’épouvantes des années 70 et 80, qu’à la musique électronique que le producteur toulousain apprécie tant. Et surtout, de nouveaux horizons  viennent déjà, comme sur « Le Jour » avec Mounika, renforcer la charpente de son laboratoire à ciel ouvert. Chaque semaine est ainsi prétexte à une nouvelle collaboration, fruit d’un travail pas commun, et surtout hors des clous, avec des rappeur(se)s, chanteur(se)s, beatmakers voire même musicien(ne)s classiques, qui tenteront de contenir – ou dans certains cas, de prolonger – la folie destructrice du savant, reconverti pour l’occasion en chef d’orchestre. Ne cherchez pas ici de cohérence, il s’agit de tout le contraire. De Mounika et son lo-fi mélancolique à Yous MC en passant par le duo de beatmakers Structural Anolamy, le Cabinet des Curiosités d’Al’Tarba porte déjà bien son nom, et mènera tranquillement à l’extension de Musique Classique, son album commun avec Swift Guad, prévue pour dans quelques mois. Et puisque les bruits de couloir se répandent, il se dit même que le canadien Madchild se joindra à la collaboration déjà annoncée entre Al’Tarba et Conway the Machine…. Un programme chargé en perspective. Le Cabinet des Curiosités n’a pas fini de révéler ses secrets les mieux gardés.