Mouss, caméléon du deejaying
Mouss a marqué de son empreinte l’édition du championnat DMC France de 1997. Depuis, l’enfant de Vigneux-sur-Seine a connu toutes les vies du DJ : scratcher, DJ en radio, faiseur de compilations, apôtre du R n’ B, pilier du clubbing international et duo avec Eklips. Rencontre avec le filleul de DJ Abdel au sein du Double H DJ Crew qui parcourt désormais le monde avec enthousiasme.
Abcdr du Son : Pour toi, tout commences à Vigneux-sur-Seine, c’est bien cela ?
DJ Mouss : Oui. Je suis né en 1973 et je grandis dans un environnement classique de cité. Le hip-hop est un refuge pour nous. C’est soit on se fout dans la merde, soit on va dans le hip-hop. Moi j’ai été direct dans le hip-hop, sans même passer par la funk qui avait pourtant la cote dans les quartiers dans les années quatre-vingt. J’ai commencé par le graffiti, le tag, pendant deux ou trois ans, avec un ami qui est malheureusement décédé. Ensuite j’ai fait de la danse et enfin je suis arrivé aux platines. J’avais tout testé et quand je suis arrivé aux platines, j’ai compris que c’était ça pour moi, et pas autre chose.
A : Comment te retrouves-tu derrières des platines ?
M : Mon frère était DJ, mais vraiment dans le pur délire Disco Mobile. Cette démarche ne me touchait pas, en plus il était vraiment branché funk. Alors celui qui m’a mis dedans, c’est DJ André, qui habitait à une vingtaine de minutes de chez moi. Il m’a prêté une platine et une table de mixage et là, je me suis acharné dessus. Quand André a récupéré sa platine et sa table de mixage, je me suis senti un peu désœuvré.
A : DJ Abdel a compté aussi dans ton parcours.
M : Oui, c’est à peu près au même moment. Je le rencontre un peu avant que André me prête ses platines, j’étais encore dans la danse. Mes cousins jouaient beaucoup au basket, et sur le terrain où ils jouaient, il y avait aussi DJ Abdel, qui était un dingue de basket. Mes cousins me l’ont présenté et on a été chez lui. J’avais déjà vu DJ André faire des trucs incroyables en termes de scratching, mais voir Abdel, ça m’a encore plus motivé. Il débutait encore d’une certaine manière, mais il avait déjà un gros niveau et le voir scratcher ça m’a sur-motivé, son chirp était juste hallucinant. Chez lui, je n’ai pas touché aux platines, je le regardais et j’avais l’impression d’être dans Mars Attacks. [Rires] Du coup, quand André m’a laissé sa platine, je suis devenu dingue, possédé par ce truc. Juste après, je raconte que j’ai rencontré Abdel à un mec qui est un peu l’animateur principal de la MJC du quartier, Reda, un mec en or. Il mec me dit : « mais pourquoi on ne ramenerait pas Abdel à Vigneux-sur-Seine ? » J’ai réussi à le booker pour une soirée, ce qui était un truc de dingue pour nous. C’est le moment où il commençait à avoir un bon buzz. Ce n’était pas encore le Abdel de Nulle Part Ailleurs mais il était déjà en place.
A : Comment as-tu eu tes premières platines ?
M : C’est une histoire assez dingue, justement grâce à Reda ! Quand André récupère sa platine et que je me retrouve un peu en plan, je parle de ce que je fais à Reda. Une platine et une table de mixage, à l’époque ça vaut bien cinq mille francs, ce qui est beaucoup d’argent. Reda m’écoute et me dit : « il y a par la MJC la possibilité de monter des projets jeunes. Il faut faire un dossier, expliquer ses motivations, et derrière, si tout tient la route, ils te financent ton projet. Faisons-le pour que tu aies des platines et une table de mixage ! » Il m’aide à monter le dossier, on l’envoie et un matin, je reçois une lettre. Je l’ouvre et j’y trouve un chèque de cinq mille francs ! Le dossier avait été accepté. Je suis resté assis pendant une heure à regarder le chèque. Je suis sorti et suis allé voir Reda, qui était devenu mon meilleur ami en plus d’être l’animateur de la MJC locale. Je lui ai dit : « mais comment je vais te remercier d’un truc pareil ». Il m’a juste répondu : « fais ton truc avec tes platines, casse tout. » C’est à ce moment que je deviens encore plus fou des platines, où je me mets à scratcher parfois douze heures de suite. C’était limite inquiétant pour mes parents. Ils se couchaient, se relevaient, et j’étais au même endroit en train de faire la même chose.
« Sur la route de mon premier championnat DMC, j’ai passé mon temps à prier pour que la voiture tombe en panne »
A : Pourtant, tu ne sors pas de ta chambre, tu ne scratches que chez toi. Et un jour, tu débarques au championnat DMC France, en 1997. Tu te préparais pour les compétitions ?
M : Je ne voulais pas du tout aller à ce championnat ! C’est mon grand frère qui m’a forcé la main. [Rires] Un jour, il est rentré dans ma chambre alors que je scratchais, comme d’habitude et il m’a regardé et dit : « mais tu vas scratcher tout seul dans ta chambre toute ta vie ? Tu scratches pour qui ? » Lui veut que j’aille à Rouen participer au DMC. Il me fout la haine en me disant ça, parce qu’il vient me provoquer. Il en rajoute en me disant que je me chie dessus. Évidemment je l’ai mal pris et j’ai joué la grande gueule en lui disant que j’avais absolument pas peur d’y aller. Il m’a pris au mot et il m’a inscrit, en passant par Abdel je pense. Quand il est revenu me voir pour me dire que j’étais inscrit et que je devais aller à Rouen, je n’ai pas fait le malin. Mais vraiment pas ! [Rires] Même dans la voiture, en y allant, je priais à chaque kilomètre pour que la voiture tombe en panne. [Rires]
A : Et pourtant, une fois sur place, tu fais forte impression, ça se passe bien.
M : Oui, des potes étaient venus me soutenir en plus, ce qui au final m’a peut être mis un peu plus la pression. Mais c’était vraiment un truc auquel je n’étais pas préparé. Je me disais juste : je vais faire mon truc. Quand je mélange une boucle de Tribute to the JB’s et de la musique rebeu, c’est juste la conséquence des disques qu’il y avait chez moi. Les plans que je fais sont faits avec les vinyles avec lesquels j’ai grandi. Je mettais simplement des scotchs pour avoir mes repères, je mélange ce son hommage aux JB’s à un titre de Abdel Halim Hafez « Hawel Tefekerny », sans véritable logique, si ce n’est faire ce que j’aimais faire. « Si ça me plaît, ça devrait plaire aux autres », je n’allais pas plus loin dans mon raisonnement. C’est comme quand la nouvelle table Technics est arrivée et que j’ai découvert en manipulant bêtement les potards de l’équaliseur qu’on pouvait reproduire un effet de pédale wah-wah. Personne n’avait jamais pensé à ça. Mais moi, je m’étais simplement dit : « hey, mais c’est pas mal cette connerie ! ». [Rires] Alors j’en ai fait un plan, sans trop réfléchir.J’étais de toute façon complètement déconnecté de tout ce qui se passait dans le milieu scratch.
A : Comment ça ?
M : Abdel m’avait donné une cassette vidéo des Invisibl Skratch Piklz où on voit les flare de Q-Bert, ce genre de plans. Ça m’avait retourné. Mais mis à part ça et peut-être une ou deux vidéos de Crazy B, je ne connaissais rien, je savais à peine qui étaient les scratchers français. Un mec comme Crazy B, je n’avais pas la moindre idée du show qu’il présenterait. Alors quand j’arrive derrière lui en championnat, c’est une dinguerie, je suis comme un gosse finalement malgré le stress de départ. [Rires]
A : Tu deviens effectivement un redoutable DJ de battle.
M : Oui, c’est contradictoire, mais le stress des championnats, que je ne voulais pas connaître, il m’a finalement beaucoup plu. Je pense que j’avais besoin de cette adrénaline, d’avoir la pression d’être face à des DJs plus forts et plus établis. Je suis devenu un dingue de battle, complètement accro même. Et pourtant, il y a une pression de dingue dans les championnats, elle peut même être horrible.
A : La même année, tu enchaînes avec le Mix Move.
M : J’avais oublié ça ! [Rires] Pourtant c’était un gros truc. Si je ne me trompe pas, c’est une battle La Face B [Crew de DJs rassemblant DJ Poska, DJ Goldfingers et DJ Doze, NDLR] contre le Double H que je côtoyais déjà un peu et dans lequel j’allais rentrer très peu de temps après via DJ Abdel. Moi je suis face à Doze et le truc, je l’aborde comme un combat. Autant le DMC, j’y avais été à reculons, autant là j’y vais pour gagner. Les battles t’obligent à avoir une part de prétention en plus de s’entraîner dur. Je m’entraînais des heures à cette époque, au point que je finirai plus tard par me péter un tendon de la main. Mais j’étais hyper excité par ces battles. Cette notion de combat, artistiquement, elle est hyper positive car d’une part, ça te motive à être le meilleur, et d’autre part, ça t’oblige à déclencher une certaine créativité. Tu cherches les meilleures routines, les phrases à scratcher qui tuent, tu es obligé de ramasser tout ça dans une durée hyper limitée, c’est vraiment super créatif. Même aujourd’hui, je préfère toujours l’idée d’un set en battle de quatre-vingt-dix secondes, avec la phrase qui tue, aux six minutes de démonstration en solo.
A : Ces années où tu débutes en public, ce sont aussi les années où tes premières mixtapes sont sorties, notamment les Wanted. Chose qui contraste avec ton parcours de scratcher : ce sont des mixtapes essentiellement R n’ B.
M : Tu peux même dire qu’elles sont exclusivement R n’ B. Les Wanted, j’ai mis le logo Double H dessus même si je n’en étais pas encore officiellement membre. Les gens qui tombaient dessus alors qu’ils me connaissaient en tant que scratcher pensaient parfois que ce n’était pas le même DJ Mouss.
DJ Mouss - Wanted Mixtape #12
A : Et à l’inverse, tu fais peu de scratches pour des rappeurs français, même si on peut te retrouver sur certains titres de Sinik par exemple.
M : Oui, Sinik, il y a eu 2Squatt aussi. Tous les scratches que j’ai fait pour des rappeurs français, je les ai faits par amitié. Mais en réalité, je n’ai jamais été très connecté avec le rap français. Soit je faisais mes mixtapes R n’ B, soit j’étais dans le milieu du scratch.
A : Tu l’as dit plus tôt, DJ Abdel te fait rentrer dans le Double H DJ Crew. Comment le vis-tu ?
M : Cette logique de cooptation, c’était l’idée même du collectif. C’est Abdel qui me ramène au sein du collectif, et intégrer le Double H, quand tu te retrouves avec Dee Nasty, Cut Killer, Abdel, Crazy B ou Damage, c’est un truc de fou. Tu réalises que tu as quand même un peu de potentiel. [Rires] Mais comme tout ce que je fais, je le fais en étant à des années lumières du business. Pour moi, je rejoins juste L’Équipe de DJs français, la meilleure.
A : Tu fais aussi partie du collectif Skratch Action Hiro, qui est un peu l’ancêtre de Birdy Nam Nam. Tu n’enchaîneras pas avec BNN pourtant, tu seras même plus discret sur la scène scratch à partir du milieu des années 2000.
M : Je suis assez solitaire, mais dès que je vois qu’on peut faire du lourd, je fonce. C’est pour ça que j’ai foncé dans le Double H, que j’ai foncé dans le Skratch Action Hiro. Après, dès que ça n’avance plus, je prends la tangente. Avec Skratch Action Hiro, il y a un moment où j’ai estimé que j’avais fait le tour. On a fait les championnats jusqu’en 2001 et au bout d’un moment, je n’étais plus surpris, je n’avais plus l’impression d’inventer quelque chose. Je leur ai dit que j’arrêtais, sans aucune animosité, il n’y avait vraiment aucun problème entre nous, c’est juste que je ne m’y retrouvais plus. Mais ce genre de décision, ça fait tout de même un peu buguer les gens. Je me souviens de Wilfried [Wilfried de Baise, président du DMC France, NDLR] qui n’en revenait pas que je puisse arrêter les Skratch Action Hiro. Pour les gens, c’est comme si je laissais tomber le côté scratch et technique du deejaying. Mais en réalité, je ne pense pas du tout à ça, j’ai juste envie de faire de nouvelles choses.
« Si quand j’appelais Crazy B, je l’entendais sortir des jurons pendant que je lui faisais écouter mes scratches, je raccrochais toujours avec un grand sourire »
A : Il y aura également ta mixtape scratch, Mortal Skratch.
M : Oui et d’ailleurs, je la fait avec Abdel et André fait partie des invités, c’était une évidence que ce soit fait avec eux. Ce sont des gens que je vois encore aujourd’hui d’ailleurs.
A : Quel est l’objectif de cette scratch-tape ? Mettre une gifle aux autres scratchers ?
M : [Hilare] À cette époque, tout ce que je fais je le fais en voulant mettre des tartes sonores et techniques à mes confrères ! [Rires] À chaque fois que je fais un plan scratch, je me pose qu’une seule question : est-ce que ça va toucher quelqu’un en pleine tête ? Est-ce que quand je vais téléphoner à Crazy B et lui faire écouter le plan par le combiné du téléphone, il va m’insulter en entendant le plan que j’ai placé ? Si quand je l’appelais, je l’entendais sortir des jurons pendant que je lui faisais écouter ma routine ou mes scratches, j’avais gagné et je raccrochais toujours avec un grand sourire. [Rires]
A : Tu fais cette scratch-tape en duo avec Abdel. Comment travaillez-vous en binôme ?
M : J’avais proposé ce projet à Abdel et il m’avait dit qu’il était chaud tout en plaçant une condition : « Mouss, tu gères tout. » [Rires] J’ai donc tout géré en lui laissant ses espaces pour qu’il puisse placer ses scratches. J’ai construit toutes les pistes, scratché partout où c’était à moi de le faire et j’allais le voir pour qu’ils rajoutent ces séquences de scratching là où je l’avais prévu. Je lui laissais vraiment ses espaces. J’ai fait pareil avec tous les invités d’ailleurs, Pone, Crazy B, André : je couche tout et je laisse les espaces pour mes confrères. J’enregistrais tout ça sur multipistes et je faisais ma sauce.
DJ Mouss & DJ Abdel - Mortal Skratch – Face A
A : La pochette de Mortal Skratch fait référence à Abderraouf, un comique marocain.
M : [Il rit] C’est un délire que je me suis tapé. Je suis niqué de la tête parfois, mais c’est vraiment mon délire. J’ai grandi avec ça, je suis fan, mes parents ont les K7, Abdel kiffe aussi, c’est nous tout craché ça. [Rires]
A : Un peu plus tard, sur l’album du Double H DJ Crew, tu sors un morceau un peu mythique, avec le Saïan qui fait les voix : « Course Poursuite ». Comment est né ce morceau ?
M : Aujourd’hui encore on me parle de ce titre, c’est fou, il a vraiment marqué des scratcheurs. J’étais un fou de beatbox. C’est quelque chose que j’avais découvert en voyant Rahzel en live avec les Roots au milieu des années 90, en France. Honnêtement, il n’y a pas beaucoup de choses qui musicalement me dérèglent, mais voir Rahzel faire du beatbox, ça fait partie des choses qui m’ont déréglé. Qu’un mec puisse faire avec sa bouche des sons que moi-même je n’arrivais pas à faire aux platines, j’étais sidéré. Pour moi, ce type est du niveau de Q-Bert sauf qu’il le fait avec sa bouche. Du coup, qui aime le beatbox et est français ne peut qu’aimer le Saïan. C’était mon cas, je les côtoyais souvent, j’étais parfois en studio avec eux et ils étaient souvent là en championnat pour faire des démos. Un jour où nous étions ensemble en studio, je les entendais taper des imitations de flics. Ils me faisaient taper des barres et c’était en plein dans l’époque où je scotchais des thèmes dans mes scratches, du genre tourner une séquence autour des voix d’un même film par exemple. Les entendre faire les flics dans le canapé du studio m’a donné l’idée de faire ce titre. On l’a bouclé quasiment sur le champ, en une soirée, et c’est vraiment un super souvenir.
DJ Mouss - « Course poursuite »
A : Tu deviens ensuite DJ de radio. Tu avais d’ailleurs commencé avec Cut Killer, avant de devenir DJ pour NRJ puis pour Radio FG.
M : Cut faisait son mix et moi je scratchais dessus. Sauf que je ne connaissais pas son mix à l’avance. À chaque fois, c’était une surprise et je devais m’y adapter. C’était un vrai challenge pour moi, surtout que son émission était nouvelle et franchement, elle a été hyper novatrice. Cette idée de challenge à relever, de nouveauté, ça m’a toujours motivé. J’aime les défis et une fois que j’ai un truc dans la tête, il faut y aller pour me l’enlever. J’abordais le deejaying comme un sportif en fait, qui se fixe en permanence des challenges et des objectifs. Je n’avais rien d’un sportif pourtant d’un point de vue physique. J’étais une vraie allumette ! [Rires] Mais dans le mental, je pense que j’avais ce truc qu’on peut retrouver dans le sport, cette idée d’aller au bout des choses, de se prouver des trucs.
A : À propos de Skyrock, quel regard avais-tu sur les émissions spécialisées ?
M : Ça ne me rendait pas fou parce que c’était souvent très rap français. Moi je cherchais plus les mixtapes, notamment américaines.
A : À propos de mixtape, as-tu un DJ qui est un modèle en la matière ?
M : Funk Master Flex ! Le jour où je l’ai vu mixer au Palace à Paris, c’était une leçon. Ça a du être une leçon pour beaucoup de DJs d’ailleurs. Il a commencé avec des mixes funk, puis il a fédéré toutes les générations qui étaient présentes. Funk Master Flex n’est pourtant pas un monstre de technique mais il a un truc super important et qu’il est sûrement le seul à aussi bien maîtriser, c’est le sens du timing. Quand je l’ai vu au Palace, j’ai vraiment compris beaucoup de choses, parfois très simples. Par exemple, si un morceau est moyen mais que son refrain est dingue, joue uniquement le refrain et place le là où il faut, quand il faut. Ça ne sert à rien de passer le morceau entier juste pour attendre son refrain, tout comme ce serait trop bête de s’en priver parce que les couplets ne sont pas assez bons. Les mixtapes, c’est de toute façon là où s’exprime l’âme du DJ. Choisir les bonnes mélodies, les bons refrains, ce qui va faire danser les gens, éditer les morceaux, c’est hyper révélateur.
« La radio est un média où les DJs doivent avoir une place »
A : Vu de l’extérieur, on a tout de même l’impression que tu te diriges vers quelque chose de plus R n’ B, plus soirées aussi. Le DJ Mouss scratcher disparaît un peu.
M : Oui, c’est cette envie de nouveauté qui prend le dessus. Quand j’arrête le turntablism, c’est là que je commence toutes les soirées et les compilations. Dans le turntablism, j’ai effectivement disparu, mais ce n’est pas pour ça que DJ Mouss n’existe plus. Avec les compilations, tu tournes dans toute la France, en boîte, c’est un autre buzz, mais tu bouges. Mon public a juste complètement changé en fait. Au point que lorsque je fais la compilation RNB Style puis Funk Connexion, j’obtiens un rendez-vous chez NRJ. Je deviens le premier DJ R n’ B à rentrer chez eux. Encore une fois, c’était un gros challenge. Ce sera pareil lorsque j’irai ensuite chez FG où même dans des radios marocaines telles que Hit Radio. Je pense de toute façon que pour un DJ, c’est hyper important d’avoir une émission. Tu fais découvrir ton univers, tu peux balancer tes idées et surtout ça te permet d’être dans une continuité. La radio, c’est un média où les DJs doivent avoir une place.
A : Tout à l’heure, tu as parlé de la blessure que tu t’étais faite à la main. Cela a t’il également joué dans la disparition progressive de ta facette turntablist ?
M : Oui, en partie, même si l’envie de nouveauté et l’idée de challenge primaient. Mais c’est vrai que ça a peut-être amplifié cette idée de faire d’autres choses, puisque ça m’a touché physiquement. Mes mains restent tout de même mon outil de travail et avec cette blessure, je ne pouvais plus leur demander la même intensité de travail. Même aujourd’hui, quand je fais plus d’une heure de scratchs, j’ai encore des douleurs.
A : Et le Maroc dont tu parlais rapidement il y a quelques minutes, c’est aussi sous ce drapeau que tu participeras aux championnats mondiaux DMC.
M : À cette époque, je suis en équipe avec Pone, Crazy B et Need [Les Skratch Action Hiro, NDLR]. On fait le championnat mondial par équipe et se pose la question de qui va représenter la France en individuel aux championnats. Et là, au lieu que ce soit la bagarre, Wilfried me regarde et me dit : « mais pourquoi tu ne représenterais pas le Maroc » ? C’est comme ça que ça s’est fait, tout simplement. [Sourire] De toute façon, je suis un fou amoureux du Maroc. J’ai la chance d’y aller chaque année depuis que je suis un gamin et à chaque fois, je constate qu’il y a un lien hyper spécifique entre les marocains et la musique. Déjà, la musique marocaine est hyper diversifiée, très différente d’une région à une autre, c’est flippant. Ensuite, au Maroc, il y a de la musique partout, tout le temps, c’est hyper riche. Mes parents ont cette culture là et m’en ont bien fait profiter. Ils écoutaient toujours de la musique à la maison, mon père jouait de la flûte, ils avaient beaucoup de disques, et pas seulement de musique marocaine. Ils étaient aussi branchés musique égyptienne par exemple. Mes parents ont toujours écouté de la musique. Pas seulement marocaine. Égyptienne aussi par exemple. Représenter le Maroc, c’était finalement très naturel pour moi du coup. En parallèle, ça a permis à Wilfried de créer le DMC Maroc et il y a eu des bons DJs qui sont sortis de ce championnat. Le niveau était haut et s’y mélangeait des locaux et des Marocains de France, des gens comme DJ Khaled.
A : Les championnats du monde DMC, surtout à l’époque, c’est encore une autre galaxie. Qu’en retiens-tu ?
M : Que je prends une vraie tarte et que je vois des mecs encore plus dingues que moi, qui s’entraînent encore plus, qui repoussent les limites ! [Rires] Je rencontre des mecs qui déchirent, et le seul endroit où tu peux les croiser, c’est les championnats du monde. Ce sont des souvenirs de malade. Les chambres d’hôtel au DMC, c’est quelque chose. Tout le monde s’entraîne dans sa piaule, c’est ça le plus fou. N’importe quel DJ qui te dit que des DJs que tu croises aux championnats du monde ne t’ont pas influencé, tu peux les classer dans la catégorie des menteurs. Surtout pour des mecs de ma génération qui ont croisé Q-Bert, ou des types des Skratch Picklz. Ce sont des DJs qui ont amené le scratch à un niveau supérieur et en touchant à tout : la technique évidemment, mais aussi l’image, le business, le visuel. Tous les DJs du monde ont été influencés par leurs vidéos et leurs performances. Après, chacun essaie de reprendre cette influence à sa sauce, comme on l’a fait par exemple avec la vidéo Serial Mixer que j’ai faite avec Crazy B. Mais rencontrer d’autres DJs, de ce calibre en plus, c’est capital. Le truc le plus important dans la vie de toute façon, c’est de voyager. Ça t’ouvre l’esprit, tu rencontres des gens. Et là, en plus, tu voyages pour rencontrer des gens qui font la même chose que toi, qui ont la même passion que toi, mais qui la conçoivent différemment, c’est encore plus incroyable. Tu apprends énormément.
A : Aujourd’hui, tu voyages encore beaucoup à travers tes soirées. Tu joues partout dans le monde, notamment en Asie.
M : Je tourne un peu partout dans le monde, pas mal en Asie c’est vrai. C’est grâce à DJ Doze que je me retrouve à jouer en Asie. Il s’était installé à Honk Kong et il faisait venir tout le monde, Cut, Goldfingers, etc. Je crois que je suis limite le dernier à être venu. [Rires] Il m’avait contacté sur MSN, et banco, j’y suis allé. En arrivant j’ai découvert un vrai truc. C’est un autre monde et je m’éclate là-bas. Doze a continué à me reprogrammer, j’y suis allé plus d’une dizaine de fois.
A : Parmi ces soirées, il y a celle que tu fais en binôme avec Eklips. Comment est né votre duo ?
M : Je cherchais à faire quelque chose de différent alors j’ai regardé autour de moi. Et je l’ai vu lui, que j’avais découvert sur une intro d’une mixtape de DJ Saïd. Il avait ce quelque chose qui n’existait nulle part ailleurs. Je me suis dit : le beatbox, c’est bien, le turntablism, c’est bien, mais les deux ensemble pour faire danser les gens en club, ça pourrait être fou. Saïd, qui est malheureusement décédé depuis, nous a mis en relation.
Au début, ça a été compliqué. On a mis environ deux ans à comprendre qu’il ne fallait pas montrer aux gens notre technique de façon directe, frontale. La technique, c’est un outil, ce n’est pas elle qui fera danser les gens ou qui mettra l’ambiance. Il a fallu qu’on bosse dur pour ne pas faire quelque chose de trop démonstratif. Eklips a donc dû apprendre à devenir un hoster, un animateur. Ce n’était pas évident pour lui, car c’est le beatbox qui lui tenait à cœur. Pour moi, c’était un peu plus facile car j’avais déjà amorcé quelque chose avec les soirées, les compilations R n’ B, etc. Mais malgré tout, j’ai dû lutter aussi pour ne pas retomber dans les démonstrations techniques. Ce n’est pas un pass-pass, aussi dingue soit-il, qui fera danser les gens. On n’a pas lâché l’affaire, ni l’un ni l’autre. On était chacun à fond dans notre technique, et on a dû apprendre pendant deux ou trois ans à se comprendre, à renoncer à imposer notre technique. Au final, on a réussi à atteindre ce qu’on voulait : deux univers et disciplines qui se complètent. C’est quelque chose qu’on a finalement plus construit en multipliant les scènes qu’en s’entraînant, justement car sur scène, tu as cette spontanéité, cette réaction face au public qui t’oblige parfois à lâcher un peu la bride sur l’obsession technique. Ça a vraiment été une construction qui s’est faite en escaliers, par paliers, de soirées en soirées. Ça fait désormais douze ans qu’on bosse ensemble, et ce qu’on fait, je n’ai toujours pas l’impression de l’avoir entendu ailleurs.
A : Comment est reçu ce show à l’étranger ?
M : Puisqu’on en parlait, c’est un show qu’on a notamment développé en Asie. À force de faire des dates là-bas grâce à Doze, j’ai dit à Eklips qu’il y avait un vrai truc à faire. Encore un challenge ! [Rires] Ça n’a pas été simple, mais ça a pris. Le chemin a été long, mais de soirées en soirées, de contacts en contacts, de villes en villes, j’ai créé un solide réseau en Asie. À chaque fois que je faisais une date, elle m’en ramenait une autre, et puis un autre pays. De Honk Kong j’ai touché Taïwan. De Taïwan j’ai touché le Vietnam, et ainsi de suite. Et le show avec Eklips est complètement inédit pour eux. Là en ce moment, c’est la Chine qui est en train d’exploser. En Chine, ils ne sont pas du tout hip-hop au sens littéral du terme. Ils veulent du son qui cogne cogne, que ce soit plus électro, plus trap. Il faut leur envoyer la sauce aux mecs là-bas. À l’inverse, en Thaïlande, au Vietnam, c’est hip-hop.
A : Et à l’inverse, en France, tu joues très peu que ce soit seul ou avec Eklips.
M : La France, je l’ai retournée à l’époque où on faisait des compilations. On faisait parfois pas loin de deux cent dates à l’année et en cumulé, j’ai dû faire quelques fois le tour de France. Il y a un moment, tu as fait le tour que ce soit musicalement ou en live, donc tu vas voir ailleurs. En allant chercher ce que tu ne connais pas, tu disparais un peu du paysage du deejaying français. Tu te retrouves à surtout bosser en Asie comme je viens de vous en parler, mais aussi dans des pays de l’Est ou au Canada. Aujourd’hui, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’organisateurs français de soirées qui penseraient spontanément à moi, que ce soit seul ou avec Eklips. Si les mecs me voient, je ne m’inquiète pas. Mais qu’ils y pensent spontanément, ça m’étonnerait, je ne suis plus très visible pour eux, j’ai disparu du marché français d’une certaine manière. En plus, il y a une quantité de DJs incroyable, l’offre est vraiment dingue. Un DJ qui débarque en France aujourd’hui, je pense que la vie est plus dure pour lui qu’elle l’était pour nous à l’époque. Le gâteau est peut-être plus gros, mais il y a bien plus de DJs qui sont là à vouloir le manger qu’avant. Et ce gâteau profite même des gens qui ne sont pas DJs, comme des footballeurs ou des stars de la téléréalité, car un organisateur de soirées, sait que c’est l’image de la personne derrière les platines qui compte le plus désormais.
A : Comment différencies-tu ta préparation pour un show radio à celui d’une soirée ? En quoi le travail est différent ?
M : Une émission radio, je vais vraiment être dans la découverte. Repasser le truc qui est déjà en rotation sur la playlist de la radio ? Ça n’a aucun sens ! Après, découvrir, ce n’est pas seulement passer des sons obscurs ou undergrounds. Tu peux donner un sentiment de découverte en repassant des gros classiques que tes auditeurs ne maîtrisent pas spécialement comme tu peux le faire en passant des sons à la mode, mais dans des versions remixées que personne ne connaît. Une autre chose que la radio permet, c’est de jouer avec les BPM dans ta sélection. En soirée, tu dois maintenir un rythme, chercher des BPM qui répondent à l’attente des gens qui est de s’amuser. Alors qu’en radio, tu peux aller chercher des choses plus posées ou moins liées entre elles. Quelqu’un qui t’écoute à la radio dans sa voiture ou chez lui ne sera pas dans les mêmes attentes que s’il était en soirée. En club, ce que les gens veulent, c’est être dans un game, celui de s’amuser. Ils ont leur bouteille et n’ont pas le temps de cogiter à ce qu’ils écoutent. Or découvrir quelque chose, ça demande un peu d’attention, de cogite. Là, il faut que leur corps et leur état d’esprit répondent tout de suite à ce que tu passes. Après, ça ne t’empêche pas de glisser quelques nouveautés ou gros remixes, mais tu le fais avec parcimonie et tu sélectionnes des choses qui maintiendront l’ambiance et l’état d’esprit club.
A : Tu fais aussi des soirées plus électro. Là aussi, quelle est la différence avec une soirée hip-hop ?
M : Je parlais de la difficulté d’insérer des nouveautés dans un set hip-hop, et bien en électro, c’est tout l’inverse ! En club électro il faut jouer le maximum de choses que les gens ne connaissent pas, c’est l’opposé du hip-hop. Pourquoi ? Parce que dans les soirées hip-hop les gens ont besoin de chanter les phases, de reproduire des danses, ils veulent retourner le truc sur les bangers du moment. En musiques électroniques, c’est plutôt les surprendre. En plus, les produits que prend le public des soirées électro font que l’inattendu ou les découvertes sont vécus hyper intensément. La nouveauté, ça les fait monter en l’air de façon complètement dingue. C’est vraiment différent.
« Dans les soirées hip-hop les gens ont besoin de chanter les phases, de reproduire des danses, ils veulent retourner le truc sur les bangers du moment »
A : On a parlé un peu plus tôt du Maroc. Le rap marocain est en pleine explosion en ce moment. Tu suis un peu ce qu’il se passe sur la scène marocaine ?
M : Au départ, c’était inimaginable pour moi que le rap marocain soit à ce level. Je suis tombé sur des artistes qui ont pris le rap, ont été à la source c’est à dire pas en France mais aux USA, et ont amené le truc à un niveau incroyable. Leurs mélodies et leurs top-lines sont incroyables, et elles sont en plus influencées par la culture musicale hyper riche du Maroc. Quand tu arrives au Maroc et qu’on te fait écouter Madd, tu te prends une tarte de dingue. Et après tu vois le buzz qu’ils ont, tu kiffes. Les mecs bossent entre eux, ont la dalle, ils kiffent et pratiquent le rap comme avant. Draganov, c’est un petit jeune et c’est surtout un petit génie. Ce sont des mômes qui ont à la fois grandit avec la musique de leur région, puisqu’au Maroc chaque région à sa couleur musicale, et qui en parallèle ont réussi à capter toutes les tendances du rap américain sans se laisser déformer par ces dernières. Ça donne un mélange génial, qui sonne, bourré de top-lines et de mélodies avec en plus une langue qui se marie vachement bien aux rythmiques modernes et à la trap. C’est un vrai kif de découvrir ça. En plus je me dis que c’est le début pour eux. Quand tu te mets à imaginer jusqu’où ils peuvent amener ça, tu as le vertiges. Ils se sont complètement émancipés du rap français, je les trouve vraiment géniaux. Mouv m’a demandé de faire un documentaire à Casablanca sur eux. Je l’avais déjà fait à Tokyo et encore une fois je me suis régalé. Ce sera diffusé cet été.
A : Parlons aussi technologie : Serato a changé ta manière de travailler ?
M : Oui et pourtant au début, j’étais complètement sceptique. C’est DJ Will qui m’avait parlé de ça, devant chez Samad Record. Sur le coup, je lui ai dit que c’était de la merde. Il m’a réexpliqué mais je n’en démordais pas. J’avais déjà vu un prototype dans un salon, un mec qui était là avec une machine énorme. Ça a la place de nos disques ? [Rires] On le regardait comme un martien ! Je me demande d’ailleurs si ce mec ne s’est pas fait piquer son idée au final. Mais comme tous les DJs, ce petit boîtier couplé à un ordinateur m’a travaillé et j’ai fini par le tester. Finalement, ça a changé ma vie, comme ça a changé la vie de tous les DJs. Par contre, je suis content d’avoir goûté à l’ancienne école. Je pense que quand tu arrives direct sur Serato, tu loupes quelque chose. Le travail du vinyle, de savoir cerner la boucle, ça ne peut être que positif. Ça nous a facilité le boulot, ça nous a donné des fondamentaux que Serato ne peut pas gommer. Après, la force du vinyle, c’est que ça rendait certaines choses exclusives tout simplement parce que les disques, il fallait les trouver. Ta caisse de vinyle, c’était une partie de ton identité, de ton parcours. Certains disques, il fallait s’être levé tôt pour les trouver et pouvoir les insérer dans ton set. Avec le numérique, tout est plus linéaire dans le sens où tout se ressemble un peu, il y a moins le côté trouvaille.
A : En club, tu mixes avec quel matériel ?
M : Le plus souvent sur des CDJ [Platines CD, NDLR], avec une clef usb et un ordi que j’amène ! Je n’ai pourtant pas de CDJ chez moi, je fais toutes mes séries sur vinyle, préparées en studio sur mes platines. Mais en soirée, ça reste Serato, ordi et CDJ. Honnêtement, dans un monde parfait, je kifferais arriver en club et prendre du vinyle. Mais j’ai eu tellement de galères avec les vinyles en club que je préfère assurer la sécurité. Même avec les vinyles Serato, une petite poussière sur le disque témoin peut te foutre dans la merde. Et je ne parle même pas des systèmes sons qu’il y a dans les clubs. Ils envoient tellement que ça tourne au rumble, ça te fout rapidement dans la merde, ça saute de partout sur les platines. Du coup, tu finis par faire des sets dans l’appréhension la plus totale. Ton cerveau panique devant la cellule et le vinyle tellement le système envoie, du coup tu n’es pas serein, ta concentration se déporte plus sur le risque de problème technique que sur le son que tu passes. Je préfère donc assurer la sécurité.
A : Niveau digging, as-tu changé également ta façon de rechercher des sons ?
M : J’ai une façon d’écouter les disques assez radicale. À l’exception de morceaux sur lesquels je flashe, j’écoute généralement les pistes par séquences de quinze secondes : une pour l’intro, une pour les couplets, une pour le refrain. Je fais ça car je recherche avant tout des mélodies et en écoutant un disque vite, tu sais très rapidement si les mélodies et les top-lines sont là ou pas. En tant que DJ, tu sais très vite sur quoi tu tombes et si ça va faire ton bonheur ou pas. Après, tu passes forcément un peu de temps à suivre d’un côté l’actualité des gros noms, des bangers, car c’est une obligation quand tu fais des soirées. Mais de l’autre, j’ai une attirance pour tout ce que je ne connais pas. Un nom qui ne me dit rien, je vais automatiquement aller écouter. Chaque samedi, je dois rendre une émission de radio. Par la force des choses, je me mets à mixer des nouveautés en plus de trucs anciens. Dès que je tombe sur une nouveauté qui me fait kiffer, naturellement, j’ai un moment où deux tracks me font kiffer au point de les retourner en mode scratch. J’en profite pour me faire plaisir, le filmer et le mettre en ligne. C’est aussi ça le plaisir que je trouve dans tout ça. Je n’aurais pas ces douleurs suite à ma blessure au bras, je suis sûr que je scratcherai beaucoup plus.
A : Finalement, on a pas mal parlé technique et turntablism dans cet entretien, alors que depuis de nombreuses années, ce n’est plus ce que tu mets en avant. Qu’est-ce que ça t’inspire ?
M : Que j’ai bien bossé car réussir à cacher sa technicité c’est un vrai travail. Faire danser les gens en cachant sa technique tout en t’en servant pour faire danser les gens, c’est super chaud. Et c’est ce que j’adore. Des mecs comme A-Trak ou Craze réussissent ça. Je trouve qu’il n’y a rien de plus fort. C’est ce que j’essaie de faire avec Eklips ou en solo.
A : Sans ton frère qui te met un coup de pression dans ta chambre, tout ça ne serait jamais arrivé finalement !
M : Ça fait une heure qu’on parle, et comme je ne fais jamais d’interviews comme ça, je commence à peine à réaliser toutes les étapes. [Rires] Alors je remercie mon frère, mais aussi Reda, qui est malheureusement décédé d’un cancer. Même de là-haut, je lui dois ça. Quand j’ai commencé à faire les championnats, c’était ça ma plus grande victoire, le faire kiffer lui. Je le remercie vraiment.
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