Chronique

Promoe
White Man’s Burden

David VS Goliath - 2006

Deux ans après « The Long DistanceRunner », le MC suédois Promoe sort en septembre 2006 sontroisième LP solo, « WhiteMan’s Burden ». Précédé de deux maxis, « Songs Of Joy » et le magnifique »Headache », cenouvel album s’annonçait une fois de plus à part, le leader de Looptrooppréférant définitivement les chemins de traverse aux sentiers balisés.

Embee, au grand détriment de ses nombreux – tout est relatif -admirateurs, se fait une nouvelle fois rare. Ceux-ci apprécieront tout demême les trois sons qu’il livre ici, et en particulier le beau ‘In TheMorning’. Pourtant, sans le producteur attitré de son collectif, Promoe nefait pas pâle figure. Entouré de son collègue de longue date DJ Large et denouveaux venus comme Jimmy Ledrac ou Funky Loffe qui pallient l’absence deBreak Mecanix, il explore de nouveaux univers sonores. Etonnant maisrapidement convaincant – bien qu’il faille parfois plusieurs écoutes pourque certains titres révèlent toutes leurs richesses – « White Man’s Burden » n’en estque plus intéressant.

Après avoir collaboré avec les pointuresjamaïcaines Anthony B, Bushman ou le groupe Ward 21 sur son précédent opus,Promoe fait ici appel aux services, entre autres, du géant Capleton pourapprofondir la voie reggae/ragga empruntée sur « The Long Distance Runner ». Ainsi,’Songs Of Joy’, ‘Trapped’, ‘Identity Crisis’, ‘White Man’s Burden’ou encore ‘Time Travellin’ sont dans cette même lignée. Elémentrévélateur, Chords, Timbuktu, Cos.M.I.C ou Supreme n’ont pas été conviéssur ce « White Man’sBurden », et à l’exception de Leeroy du Saïan sur le puissant’Eurotrash’ – l’alchimie entre les deux artistes est d’ailleursfrappante – aucun featuring hip-hop n’apparaît ici.

Si Promoedélaisse souvent la forme rap classique dans laquelle il s’illustrait surles albums de Looptroop et sur « Government Music », il dépasse également, cettefois-ci, les limites du reggae. Malgré quelques problèmes de reprise desouffle qui parasitent par moments l’écoute, il fait exploser toutesbarrières – musicales et personnelles – en variant sans cesse les exercices.Imbibé de rap, de toast et de chant, différent d’un morceau à l’autre, sonflow transforme deux belles productions mélancoliques de DJ Large en joyaux(‘Up !’ et ‘Headache’) tandis que le MC accompagne les refrains de’Long Sleeves In The Summer’ et de ‘Post Cards’, pour un résultat pleind’émotion. Ces choix artistiques associés à une prise de risques constante- tant d’un point de vue technique que dans l’arrangement des morceaux -font de ce disque une œuvre d’une ambition admirable. Il serait pourtantinjuste et faux de laisser entendre que cet album n’est pas hip-hop :globalement plus mélodieux que les précédents, il fait cependant toujours lapart belle aux raps et toasts rugueux, comme sur les nerveux ‘Musick Bi$$Apocalypse’ et ‘Identity Crisis’.

De manière encore plusflagrante que sur ses précédents disques, Promoe paraît sur « White Man’sBurden » chercher à s’émanciper des limites d’un rap quiserait devenu trop étroit pour lui. Le résultat ? Un album d’une immensefraîcheur et un artiste dont l’évolution est une constante sourced’enthousiasme. Bien sûr, « White Man’s Burden » pourra par moments semblerpeut-être trop ambitieux, et Promoe un brin laborieux, mais les quelquesmorceaux moins bons ne sauraient entacher la belle réussite que constitue cedisque. Ajoutez à cela quelques textes particulièrement bien écrits et vousobtenez une oeuvre essentielle.

Fermer les commentaires

Pas de commentaire

Laisser un commentaire

* Champs obligatoire

*