Chronique

Atmosphere
When Life Gives you Lemons, You Paint that Shit Gold

Rhymesayers - 2008

Pas de chronique. Aucune news. Zéro topic dans notre merveilleux forum. Nous n’en avons pas parlé et pourtant nous aurions du : le dernier album d’Atmosphere, When Life gives you lemons, you paint that shit gold, est une vraie réussite. Pas l’une de ces grosses réussites dont on s’estomaque jusqu’à plus soif, plutôt l’un de ces albums discrets qui vous tombent dessus sans crier gare et finissent par vous suivre partout où vous allez.

Composé du MC Slug et du producteur Ant, Atmosphere n’a pas tout à fait besoin d’une piqûre de rappel de notre part pour attirer le chalant : basé à Minneapolis, le groupe fait partie des rares entités indépendantes à profiter d’un public fidèle (et acheteur) et de salles toujours prêtes à l’accueillir en concert. Il y a quelques années, Defari s’était même un peu ridiculisé en critiquant ouvertement ces rappeurs blancs qui font salle comble pendant que des groupes à fort taux de mélanine restaient à l’écart des tourneurs. L’histoire vient de rappeler qu’il n’avait pas tout à fait tort : après un nouveau concert bidon de MF Doom, un promoteur a affirmé que désormais, le rap n’aurait plus droit de citer dans sa salle – à l’exception notable de ses partenaires habituels du circuit alternatif, dont Sage Francis et Atmopshere font partie.

Ce genre d’anecdote suffirait pour prendre Slug et Ant avec des pincettes, mais ce serait oublier qu’Atmosphere est aussi – et tout simplement – un très bon groupe de rap : plutôt avare en effets de manches, le producteur Ant a le bon goût d’esquiver le boom-bap traditionaliste pour aller chercher des boucles singulières, complétées par des échappées acoustiques voire gospel. Pour ce sixième album, Slug, de son côté, évoque la mort de son père dans ‘Yesterday’ mais ne parle plus systématiquement de lui. A la place, il dessine dans When Life… les portrait aigres-doux d’une galerie d’anonymes qui planquent leur cicatrice derrière la routine quotidienne. C’est parfois maladroit, un peu trop empathique mais aussi particulièrement touchant.

Si vous considérez ‘Runaways’ de Sage Francis comme l’un des sommets de l’histoire du rap, ou si vous êtes sorti du dernier Young Jeezy avec un léger mal de crâne, il y a des chances pour que vous trouviez votre bonheur (et une pincée de spleen) dans When Life…. Et si jamais vous passez à côté, rien de grave, ce genre de disques ne souffre jamais vraiment de l’usure du temps.

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6 commentaires

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  • JB,

    Disons que je n’ai pas encore mis la main dessus. 🙂 Celà dit j’ai très envie d’acheter l’édition Prestige.

  • Aircoba,

    J’aime bien quand JB fait son spontané. Question : t’as l’édition avec DVD ou seulement CD ou t’as vulgairement téléchargé le truc ? Sous-entendu = pour une fois, le DVD vaut-il le coup ?

  • Streetgal,

    Bah merde, pardonnez mon in-culture musicale, mais je connaissais pas.
    En tout cas, ce morceau est super bon.

  • JB,

    >>> « Ce blog serait-il une bonne idée ? »

    Comme tu retournes ta veste, traître ! 
    >>> « Bien mortel ce morceau. »

    A mon goût, c’est le meilleur de l’album. Et d’ailleurs, comme Rémi, j’avais jamais écouté Atmosphere avant. Il est temps que je me rattrape.

  • Nicobbl,

    Bien mortel ce morceau.

    Et ton billet claque amigo.

    « Si si la famille. »

  • Rémi,

    Bizarrement, ça doit être le premier morceau d’Atmosphere que j’écoute.

    Je dis « bizarrement », parce que c’était prévisible que j’aime bien.

    Ce blog serait-il une bonne idée ?