Chronique

9th Wonder & Buckshot
The Formula

Duck Down records - 2008

Buckshot et 9th Wonder ont au moins un point en commun. Ils ont été portés au sommet avant de  retomber dans un anonymat à la fois certain et injuste. Buckshot a reçu son lot de lauriers avec Black Moon, notamment pour l’un des meilleurs albums que cette putain de terre a pu porter : Enta da stage. Quant à 9th Wonder il a été – justement – encensé par ?uestlove et du coup toute la communauté Okayplayer pour The Listening ; tout en ayant eu le privilège d’être intégré au casting All-Star du fameux Black Album. Aujourd’hui, les deux ne font plus recette, classés has-been par les autorités dominantes. Trois années après une première collaboration pas dégueulasse (Chemistry), nos deux compères remettent le couvert.

The Formula ou du grand classique. 9th Wonder ressert son traditionnel univers sonore, celui de The ListeningThe Minstrel show (Little Brother) et autres Murs 3:16: The 9th Edition (Murs). Cette patte, bien reconnaissable, qui l’a ironiquement à la fois consacré et laissé pendu sur la place publique façon Black Bastards. Mais il est trop tard pour se retourner, trop tard pour se réinventer. Alors n’attendez pas de la snap music ou un dérivé de hyphy de la part de 9th Wonder. L’ex-Little Brother ressort ici ses grosses boucles de Soul un peu low-fi, ses samples d’extraits chantés pleins de bons sentiments. Sans surprise mais pas sans éclat.

La révolution ne sera pas télévisée. Elle ne passera pas non plus par The Formula. Au menu du bon boom-bap bien laid back où Buckshot la joue simple, sans excès et un minimum lucide. Au moins assez lucide pour anticiper les réactions de certains, capables de lâcher : « Buckshot bore me« .

Désormais proche du statut de vétéran, le BDI Thug a encore de la réserve. On retrouve non sans plaisir son timbre de voix atypique, à la fois maîtrisé et proche du canon scié. Il tient ici la longueur en (quasi) solo, quitte à s’essouffler par instants, reconstituant au passage – tout un symbole – la bonne vieille formule 1 DJ-Producteur et 1 MC. Si l’ensemble s’avère extrêmement uniforme, on retiendra surtout ‘Shinin’ Y’all’ chargé en égotrip claquant, le single ‘Go all out’ et ‘No Future’ où Kweli rend la pareille au chef de file du B.C.C.

Inutile d’y aller de milliers de caractères supplémentaires quand tout est aussi limpide. The Formula fait dans la reconstitution sonore du New-York des années quatre-vingt dix. Et il le fait bien. Il rappelle également que ni Buckshot ni 9th Wonder ne sont tout à fait prêts pour une exhumation en règle.

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