Chronique

Meaty Ogre
Leo Vs Pisces

Galapagos 4 - 2003

A la fois batteur et DJ lors des shows et tournées de Galapagos4, Meaty Ogre s’affirme de plus en plus en tant que producteur référence au sein du jeune label chicagoen. Après avoir pris part aux différents projets des MCs phares que sont Offwhyte et Qwel (sur ses deux albums) ainsi que sur l’album du groupe de ce dernier, les Typical Cats, il a eu l’opportunité de collaborer à l’excellent EP Makeshift patriot de Sage Francis avec le sombre ‘Hang Time’. Il n’en fallait pas plus pour contribuer à la reconnaissance de son travail en dehors du cadre de Galapagos4. Davantage exposé, bien que toujours aussi peu prolifique, Meaty Ogre n’avait dès lors plus qu’à affirmer son nouveau statut en concrétisant un projet d’envergure. C’est ici que Leo Vs Pisces entre en jeu.

Préparé avec minutie, cet album avait été précédé quelques mois avant sa sortie d’un 45 tours regroupant deux titres (avec instrus) : ‘Flibbertigibbit’ avec Robust (également présent sur la compilation Wind instrument) et ‘Long dirty word’ avec Napalm (du crew des Nacrobats). Meaty Ogre aurait tout aussi bien pu choisir Qwel, Offwhyte, ou encore Denizen Kane pour marquer davantage les esprits, mais il semble évident que ce producteur n’est en rien prévisible. Ne serait-ce que par le concept de cet album, on ne peut qu’en être persuader.

Sur la version CD, titres instrumentaux et rappés se mélangent, mais c’est sur la version vinyle que le concept de Leo Vs Pisces prend tout son sens : un LP entièrement instrumental et un autre avec les meilleurs MCs gravitant autour de Galapagos4. Mais que l’on ne s’y trompe pas, les douze instrumentaux ont autant d’importance sinon plus que les titres ‘classiques’. Un réel travail a en effet été apporté au niveau de la construction des morceaux, qui possèdent chacun une touche live évidente, les beats ayant logiquement été joués à la batterie. Des breaks bien ciselés viennent aussi agrémenter les titres, donnant un rendu assez chaleureux et une épaisseur supplémentaire. Dans ce sens, Meaty Ogre se rapproche davantage du travail d’un Madlib, par exemple, que d’un producteur lambda. A l’instar du producteur d’Oxnard, lui aussi va chercher l’essence de ses sons dans les vinyles qu’il trouve au prix de longues recherches, en bon cratedigger et collectionneur qu’il est. Les samples font souvent appel à des instruments chauds tels que les cuivres (‘Be Me, Leave’), la guitare (‘Flibbertigibbit’), l’harmonica (‘Descending Son’), le piano (sur la fin de ‘Raging Bull’) ou tout simplement la voix (‘Suns On The Prowl’). Les prestations des MCs sont quant à elle excellentes même si Robust (présent sur le ‘Still sick… urine trouble’ de Sage Francis) et Actual Force ont des flows relativement similaires à ceux de Qwel et Offwhyte.

A l’image de ‘5:00 A.M. Shadows’ et ‘Memoirs of the Blind’, Leo Vs Pisces est par instant un album relativement relaxant, apaisant. Ce calme apparent est entrecoupé de morceaux dynamiques où les MCs jouent un rôle important dans l’équilibre du disque. Le résultat aboutit à un album plein de vie, avec diverses facettes et où la recette fonctionne sans problème, sans jamais heurter. Meaty Ogre s’impose définitivement avec ce premier album comme un producteur hétéroclite et sur lequel il va désormais falloir compter chez Galapagos4. Et même au-delà.

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