Chronique

Tacteel
Butter for the Fat

Autoproduction - 2001

L’explosion d’ATK, après la sortie Heptagone, a incité chacun des membres du groupe à travailler de son coté, sans avoir à tenir compte des sensibilités artistiques des autres. Une vraie sinécure pour la créativité brimée du DJ et producteur Tacteel. Après le déjà très bon ‘Selective approach’ sur la compilation Projet Chaos, Tacteel revient avec un premier mini-album 8 titres, intitulé Butter for the fat.

« Like this, like that, butter for the fat, If you kill my dog, I’ma slay your cat« , la rime est co-signée Chuck D et Flavor Flav sur « Terminator X to the edge of panic », un des innombrables morceaux grandioses de Public Enemy, et vous l’avez compris le choix du titre fait figure d’hommage au groupe New-Yorkais. Un petit mot aussi sur la superbe pochette, signée Ra, graphiste étonnant. Sombre, apocalyptique, elle pourrait être tirée du dernier volume de XIII. Et plus important encore, cette pochette est tout à fait l’image de son disque, brumeuse et ensorcelante.

Tacteel expose tout au long de ses huit titres un Hip-Hop instrumental, rappelant par moment DJ Shadow (spécialement Endtroducing), EL-P, ou encore Prefuse 73 (Vocal studies & Uprock narratives). Tous ces artistes flirtant avec les limites trop bien définies du Hip-Hop conservateur ont particulièrement influencés l’ancien membre d’ATK.

En manipulant et retravaillant des extraits musicaux obscurs, les mélangeant entre eux et jouant avec les nappes musicales, Tacteel se fait le chef d’orchestre d’un monde artificiel, inquiétant mais envoûtant. L’auditeur se retrouve fébrile, transporté dans cet univers troublant, où la perception et la lucidité sont altérés. Les composants sonores atypiques s’entremêlent avec réussite, quand aux scratches, ils s’incorporent avec justesse dans cette alchimie musicale.

L’album instrumental demeure en France un territoire jusque là quasi-inexploré (en attendant les albums de Mehdi et Drixxxé dont on est en droit d’attendre beaucoup), et Tacteel inaugure brillamment ce genre. Après un tel premier essai, empreint d’une créativité rare, il nous laisse plein d’espoirs pour l’avenir.

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