Rap en Seine 2013
Live Report

Rap en Seine 2013

L’édition 2013 de Rock en Seine avait son pendant rap, avec Chance The Rapper, Kendrick Lamar et Mac Miller. Retour sur ces trois scènes chargées en adrénaline.

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Au milieu d’une sélection résolument axée rock mais ouverte à d’autres genres, l’édition 2013 de Rock en Seine accueillait cette année trois rappeurs : Chance The Rapper et Kendrick Lamar le jour d’ouverture, et Mac Miller deux jours plus tard pour sa clôture. Initialement programmé, A$AP Rocky a finalement annulé sa venue, préférant les paillettes des MTV Video Music Awards. Autre mauvaise nouvelle tombée de notre côté à quelques jours du festival : aucune interview possible avec les artistes précités. C’est donc sans pression en tête (mais quelques-unes dans les gobelets) que l’on a traîné nos baskets sur les chemins poussiéreux du parc de Saint-Cloud pour profiter de ces quelques concerts rap en plein air.

Chance the Rapper  Vendredi 23 août, Grande Scène, 15h30

Premier acte : Chance the Rapper, dans le créneau délicat d’ouverture de festival, avec un public encore éparse et timide. Après un warm-up un poil trop long pour un set annoncé de quarante minutes, son DJ demande au public de claquer des mains en rythme, et balance les claps de la « Good Ass Intro » de sa mixtape Acid Rap. Chancelor débarque alors sur scène, bob vissé sur la tête et T-shirt foisonnant de couleurs.
Si les premières minutes de son concert sont aussi vives que sa panoplie, Chance va proposer un show bien trop léger, la faute à des versions écourtées de ses morceaux – un couplet et un refrain, voire, parfois, simplement l’intro. Résultat : déjà frustrant pour les amateurs de sa musique, les festivaliers curieux n’ont pas eu la chance de pouvoir se forger une réelle opinion sur la musique protéiforme et riche de Chance.
Le jeune rappeur nous a pourtant montré un potentiel scénique évident. Sur certains titres, comme « Pusha Man », il a convié le public à joindre des gestes amusants aux gimmicks de son refrain, comme pour mieux les inviter dans son univers. Entre deux moitiés de chansons, il s’est même permis une reprise d' »All Falls Down » de Kanye, dont l’influence sur le rookie est évidente. Balançant à quelques reprises des pas de footwork certifiant ses origines de Chicago, Chance dégage une spontanéité juvénile dans chaque mouvement, qu’on avait synthétisé en une « gouaille d’un jongleur de diabolo ambiancé à l’absinthe ». Il y a de ça, en le voyant tituber sur l’espace au fond trop imposant de la Grande Scène, comme s’il était déjà désinhibé et étourdi par sa soudaine ascension. Après un départ à l’arrache à la fin de sa prestation, cette version live du rap acide de Chance nous a, pour le coup, laissé plutôt un goût amer.

Kendrick Lamar Vendredi 23 août, Scène de la Cascade, 22h

Un peu moins de sept heures après le set décevant de Chance, on s’attendait forcément à être bien plus enjoué par celui de Lamar. 22h : l’effet THX ouvrant 2001 de Dr. Dre fait vrombir les enceintes, pendant que la scène s’éclaire peu à peu et laisse découvrir la présence d’un batteur, d’un guitariste et d’un claviériste, sigle « TDE » sur les fringues. Un combo simple qui entame par l’interlude jazzy de « The Art of Peer Pressure », pour rompre radicalement l’instant suivant avec la rythmique pesante de la seconde partie de « m.A.A.d. city ». C’est sur l’un des titres les plus identifiés californiens de son album que débarque Kendrick sur scène, capuche de son hoodie noir au ras des sourcils. Tout au long de l’heure de concert, l’apport du groupe de musiciens a donné une épaisseur à la prestation de Kendrick, aussi bien sur les titres les plus nerveux comme « Backseat Freestyle » et « Fuckin’ Problems », que sur les ambiances plus organiques de « P&P 1.5 » ou « Money Trees ». Tirant à profit de leur présence, Kendrick module la fin de certains de ses morceaux comme « The Recipe », pour laisser à la fois de la place à ses zicos et permettre au public d’entonner à répétition ses refrains.
Ironiquement, aux deux tiers du concert, c’est sur « Bitch, Don’t Kill My Vibe », devenu un hymne incontournable, que l’ambiance va être soudainement tuée par une coupure son forcément gênante. Quelques longues minutes plus tard (qui auraient dû apparemment être occupées par « Poetic Justice »), Kendrick revient tester son micro sur le rythme brésilien de « Real » et achever le dernier tiers de son concert avec « The Recipe », la première moitié de « m.A.A.d. city » (apocalyptique dans cette configuration) et « Swimming Pools ». Le temps d’un rappel sur « A.D.H.D. » et un ancien couplet tiré de son EP de 2009 (« My plan B is to win y’all hearts before I win a Grammy »), Lamar conclut son concert avec quelques confirmations. Le kid de Compton a indéniablement progressé sur scène, développant un vrai jeu musical pour ses lives, et imposant son gabarit poids-plume avec un charisme serein, jamais surfait, tout en… contrôle.

Mac Miller Dimanche 25 août, Scène de la Cascade, 16h55

Dimanche, soit le dernier des trois jours de Rock en Seine. Une pluie toute écossaise continue de tomber et la jolie pelouse verte de Saint-Cloud est devenue depuis belle lurette un bon gros bourbier. Une atmosphère de joyeux chaos règne en ces dernières heures de festival, avec ses relents de bière et de raclette. 16h55 précises : c’est avec la ponctualité d’un horloger suisse que Mac Miller débarque sur la scène de la Cascade. Soit à peine le temps de se demander ce que le gamin de Pittsburgh allait pouvoir donner sur cette (grande) scène. Deux morceaux plus tard, toutes les interrogations avaient disparu et Mac Miller avait déjà mis la très grande majorité du public dans sa poche. Avec l’assurance d’un vieux roublard il a enchainé des accélérations ultra-maitrisées, placé quelques blagues un peu potaches et donné de l’amour à toutes et à tous. En commençant par les icônes du Hip-Hop (ce bon vieux Biggie) jusqu’à – moins évident – Lil B, le Based God. Et si la voix ne suffisait pas, Mac Miller y ajoute la gestuelle : en sautant sur place, en agitant les bras et en levant le majeur. Avec une configuration minimale (un DJ, un backer), il enchaine les gros bangers, notamment « Best day ever », « Party on fifth avenue » et « Red Dot Music ». En piochant dans toute sa discographie – et pas uniquement dans son dernier album Watching movies with the sound off – le petit Mac réussit à mêler ambiances et influences. Question de mettre tout le monde définitivement d’accord, il sort un vrai bidon d’essence : « Donald Trump » et il finit d’achever la foule.

Et sinon…

Flynt était, lui aussi, à Rock en Seine. Sous le petit chapeau de l’Avant-Seine, il figurait dans la sélection francilienne des (plus ou moins) jeunes talents. Accompagné des fidèles Nasme et DJ Blaiz, il a assuré une bonne scène, fidèle à son image et ses valeurs. Avec l’authenticité et la fraternité en maîtres mots. Au-delà de toute idéologie, c’était aussi l’occasion de se refaire en live les intestables « J’éclaire ma ville » et « Haut la main ».

Stromae a fait un passage express sur la scène de Major Lazer. Le temps de saluer l’équipée de Diplo et de jouer « Papaoutai » : émeute absolue au bout de quelques secondes. Une démonstration.

A$AP Rocky remplacé par VV Brown : on a franchement perdu au change.

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2 commentaires

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  • Nicobbl,

    C’était le dimanche Flynt, vers 20h, dans une petite tente annexe.

  • Rapha,

    Oh je suis triste d’avoir loupé Mac Miller! Kendrick Lamar a quant à lui assuré et le DJ de Chance s’est explosé sur scène après un salto un peu bancale, d’ou la fin de set un peu chaotique! Sinon il est passé quel jour Flynt? Tristesse de l’avoir manqué lui aussi!