Nos 25 morceaux du premier semestre 2025
RAP ANGLOPHONE

Nos 25 morceaux du premier semestre 2025

Entre expérimentations radicales, bangers sous acide et élégance brutale, cette sélection anglophone capte l’éclat kaléidoscopique du rap anglophone de ce premier semestre 2025. L’Abcdr du Son explore ici des zones où se télescopent sueur, foi, rage et transcendance. Une traversée sans GPS du meilleur de ce début d’année.

Photographies :
OhYung en Une par Marion Aguas,
Chester Watson par Colors,
Ivan Ave par Even Suseg,
Evidence par Stephen Vanasco,
Wretch 32 par Frank Fieber.

Playboi Carti – « OPM BABI »

Music, le dernier album trop longtemps attendu de Playboi Carti, est en fait une sorte de triptyque ambitieux, confus et fascinant qui cherche difficilement à ratisser le plus large possible. Il est à la fois un blockbuster dégoulinant d’invités pas toujours à leur place, un hommage sincère mais parfois trop insipide à l’héritage musical laissé par sa ville natale d’Atlanta et une suite légitime de son précédent album sorti en 2020, Whole Lotta Red. C’est dans cette troisième forme qu’il se révèle être le plus convaincant grâce aux différentes expérimentations de Carti qui pousse encore plus loin le son rage et saturé qu’il a largement aidé à propulser dans les sphères mainstream ces dernières années. Le producteur Cardo qualifiait il y a peu ces nouveaux morceaux de « burnt music ». Une expression abstraite qui ne possède aucune base ou concepts musicaux précis, mais qui se réfère plutôt à un ressenti dans lequel chacun trouvera sa propre définition. On peut y voir avant tout du marketing, mais également un commentaire sur le travail des textures. Le chaotique « OPM BABI » marque les esprits et divise instantanément. Les sons s’empilent les uns à la suite des autres jusqu’à faire disparaître en arrière-plan la mélodie initiale au profit d’un capharnaüm de bruit de flingue et de tag de DJ Swamp Izzo positionné au hasard sur la prod et d’une saturation si extrême qu’on pourrait croire que quelqu’un a physiquement cramé au zippo le fichier mp3. L’interprétation de Playboi Carti semble, elle, complètement décousue, exaltante et sans réelle volonté de vouloir faire sens, seulement une texture de plus. Et c’est dans ces moments d’intuitivités et d’émotions sonores pures que Music triomphe largement au-dessus de toutes les autres propositions de ses contemporains. – Hugo

Seiji Oda, Trunk Boiz – « no fillins² »

Seiji Oda à fait du hyphy spirituel de camps de bien-être personnel californien sa marque de fabrique. Un mélange étrangement satisfaisant entre Stupid Doo Doo Dumb de Mac Dre et Lanquidity de Sun Ra dans l’esprit, qui donnerait presque envie de s’envoyer un matcha infusé à la beuh, assis en tailleur, le dos contre un chêne, à contempler la grandeur de la nature en hochant la tête. Son dernier album, Human + Nature, s’ouvre avec une composition instrumentale apaisante d’un peu plus de deux minutes. On y entend des bruits d’oiseaux, des chants de baleine, la brise du vent et quelques simples notes de piano. Puis, sans même s’en rendre compte, cette musique de salle d’attente d’un salon de massage laisse place en fond à des bruits de dérapage de moto, avant de complètement muter en une reprise du hit local hyphy des Trunk Boiz, « Cupcake No Fillins ». Mieux, il invite les Trunk Boiz eux-mêmes à participer à la fête et il rend un bel hommage à ce groupe qui, par définition, est devenu un groupe one hit wonder qui possède tout de même une place spéciale dans la culture des scraper bikes d’Oakland. En utilisant l’exact même sample, le même refrain, les mêmes percussions et des références directes dans les paroles des couplets, les deux titres sonnent de la même manière et produisent pourtant un ressenti entièrement différent une fois transposé au cœur de la direction artistique unique de Seiji Oda. La démarche peut sembler paresseuse sur le papier, mais la juxtaposition entre les deux styles fonctionne et s’inscrit dans un contexte culturel sur lequel il ne peut pas tricher. Aucun rappeur extérieur de la Bay n’aurait pu aussi bien se réapproprier un tel morceau sans passer pour un vautour. – Hugo

Chester Watson – « Glimpses of God »

Quand Ka convoque le folklore japonais sur son album Honor Killed the Samurai, c’est au service d’une utilisation à la fois métaphorique et sensible de cette figure emblématique du Japon médiéval. Quand Chester Watson fait de même en 2020 sur A Japanese Horror Film, c’est avec la subtilité d’un weeb qui aurait vu la lumière pendant une partie de Sekiro, après un troisième joint. Le rappeur de St. Louis a la mystique et la spiritualité chevillées au corps, mais peine parfois à les faire ressentir par ses textes. Extrait de son EP mirage, « Glimpses of God » n’échappe pas non plus complètement à ce déséquilbre un peu crispé, que vient étonnament expliciter le refrain : « Emotions come into play but I’m mainly basing on thought ». La production aérienne et élégante de Elaquent, pur boom-bap « new age », est un écrin rassurant pour le rappeur. Qui semble s’abandonner au fil du morceau, porté par les « aperçus de Dieu » qu’il décèle, et lui donnent une nouvelle liberté. Jusqu’au couplet final, anaphore simple et émouvante où Watson ne voit plus « God » par coups d’oeil mais dans sa totalité, dans le regard de sa mère et dans le ciel étoilé. Et nous rappelle qu’il n’y a pas besoin d’être un sage pour être reconnaissant : il suffit de regarder au bon endroit. – chosen

tovi – « jiggy »

En l’an de grâce 2025, il est possible de produire intégralement un morceau de rap fonctionnel via une intelligence artificielle générative. Pourtant aucun « prompt » n’aurait pu inventer tovi, rappeur masqué de Philadelphie et créateur d’une musique qui semble affranchie de tout contrôle, qu’il soit humain ou numérique. Sur son morceau « jiggy », une boucle maudite qui semble sortir de terre évoque une petite musique d’attente décharnée, comme possédée par un démon. Un démon qui pourrait bien être tovi lui-même, le rappeur déroulant son flow laconique sous une couche de crasse auditive qui le rend quasiment inintelligible pour les simples mortels. 1 minute 29 d’horror-core, dont l’aspect angoissant est paradoxalement renforcé par la trivialité du texte, dans les clous du flex matérialiste et vaguement abrutissant commun à la drill : « I’m smoking on Wunna Man, she like the smell / She want me to dive in her like Michael Phelps ». Comme de la boue noirâtre qui coulerait du plafond d’un strip-club, créant une vision effrayante et absurde, une idée du Mal sans projet ni objet. En défiant la matière et en embrassant une forme de radicalité difficilement pénétrable, tovi, comme de plus en plus de rappeurs, s’oppose à sa manière à la standardisation généralisée du monde. Les vrais démons n’étant pas toujours ceux qu’on croit. – chosen

OHYUNG – « 5 strings {lake} » feat. J. Fisher

Avec son dernier album You Are Always On My Mind, la new-yorkaise OHYUNG prend un tournant plus pop que dans ses précédentes productions. L’album n’en reste pas moins profondément expérimental, l’artiste fusionnant ambient, trip-hop et musique de club pour un résultat évoquant la bande-son d’un film, domaine dans lequel elle s’est illustrée par le passé. Dans la tradition du trip-hop britannique des années 1990, l’album est traversé de nappes de cordes saisies dans l’étain. Sur « 5 strings (lake) », celles-ci viennent accompagner un beat boom-bap qui propulse l’auditeur à Brookyln sans le moindre mot. Avant qu’à mi-morceau, un anticyclone laisse la place à une rythmique syncopée et des harmonies féériques. C’est le moment que choisit J.Fisher pour apparaître, ou plutôt se réveiller : sorti de sa torpeur, le rappeur du Michigan décrit un quotidien aussi trivial qu’il semble pesant : « opened a couple emails and remembered i never sent you the fucking details / right now I’m shopping at this retail / my bones are hurting / staring at my phone with the hopes I seem like a normal person ». Son anxiété semble relier de manière cosmique le micro et le macro, le sort de l’univers et les plus petits tracas de l’existence : « the world willl probably end / apocalypse any second / while i reply to this message / I know we’re supposed to be friends ». La structure du morceau, qui évoque le passage d’une journée, se termine par une harpe annonçant le coucher du soleil. Lequel reviendra comme chaque jour, indifférent au passage du temps et aux angoisses des hommes. – chosen

« Le rappeur de St. Louis a la mystique et la spiritualité chevillées au corps, mais peine parfois à les faire ressentir par ses textes.  »

Coyote – « Meet The Lambs »

Vingt-huit jours après la parution de l’album de Lefty Gunplay, YoteLAndia de Coyote fait trembler l’Amérique anti-immigrationniste de Trump. Si le disque du premier sonne totalement West Coast, celui des deuxièmes sonne tel un disque de TDE, mêlant sonorités East Coast, West et South. Drapeau américain derrière eux, le duo Coyote choisit cette fois Stankonia de Outkast, après ATLiens pour L.A.liens l’année dernière, comme clin d’œil. À moins que l’hommage ne vienne de plus loin, avec l’album de feu Sly Stone et sa famille There’s a Riot Goin’ On. Car c’est bel et bien dans une émeute mettant la communauté mexicaine, et plus largement latino-américaine, face à la I.C.E (Immigration and Customs Enforcment) puis à la Garde nationale, que YoteLAndia résonne quelques jours après sa sortie. Autour de ce thème-là, cette sélection aurait pu contenir « Product Of Immigration » ou encore « Ni De Aqui, Ni De Aya ». Un titre qui aurait dû clôturer l’album si les deux frangins n’avaient pas choisi d’y ajouter un morceau mis en ligne sur leur compte Instagram en 2024. Reprenant l’instrumental du « Meet The Grahams » de Kendrick, « Meet The Lambs » met tout simplement un black mirror en face de nous, les moutons. Ladies Love Guapo s’en prend à notre addiction aux smartphones (« We trapped ourselves behind bars as long it is 5G ») avant que Ricky Blanco ne pose une deuxième chape de plomb en s’attaquant à nos modes d’alimentation (« This is what happened when a Nation’s motivation is making profits / Do the maths ! Fatter people really equals fatter pockets »). Deux couplets en guise d’auto-portraits d’une société malade. « We livin’ in the end of days », disaient-ils déjà au début de l’album. – JuldelaVirgule

Ivan Ave – « Tulips »

Pleine de lumière et de candeur, la musique d’Ivan Ave est un point de repère précieux et réconfortant. Dans son dernier album, Side Quest Living, le Norvégien met un peu plus le rap au centre de ses compositions que sur ses œuvres précédentes. Cela donne notamment « Tulips », où Ivan Ave incite à s’émerveiller de la beauté du quotidien : « New day up and blossomed like a tulip/Who are you not to marvel at all of this beauty? » Ça pourrait paraître naïf, voire à côté de la plaque par les temps qui courent. Mais c’est exécuté avec conviction et surtout sur une production envoûtante, faite de claviers mélodieux et espiègles. D’ailleurs, vous êtes qui pour ne pas vous émerveiller face à un morceau pareil ?  – Kiko

Dezzy Hollow – « Black & Brown » feat. Jayo Felony & Lil Rob

Le dernier album en date de Dezzy Hollow porte le nom de sa ville, Oceanside. Le rappeur continue d’y exprimer son amour du funk et de la vie dans le sud de la Californie : c’est sans surprise et ce n’est pas vraiment pour nous déplaire. Mais Dezzy ambitionne aussi de faire passer des messages çà et là : ainsi, « Black & Brown » parle d’unité et de respect entre les communautés. Dezzy Hollow, aux racines polynésiennes et mexicaines, invite deux OGs, Jayo Felony et Lil Rob ; le premier est afro-américain et le second latino. Voilà pour le symbole. Pour le reste, hors de question de se perdre dans des considérations politiques ou sociétales : le focus est bien sur la rue et sur la musique. La production est minimaliste, associant des claps à un enchevêtrement planant de voix déformées par la talk box et de synthés. Tout dans « Black & Brown » respire la simplicité et la spontanéité, comme si ce genre de collaboration devait être la norme et en aucun cas un événement. Dezzy continue de faire les choses bien, avec subtilité et bon esprit. – Kiko

Onwuka – « My Funky Grind » feat. Xavier

Inutile de mentir : jusque-là, Onwuka était parfaitement inconnu au bataillon. Et le premier contact a suscité du scepticisme : la voix est agréable, rappelant un peu celle de Del, mais le flow est étrangement rond, comme si le rappeur cherchait perpétuellement à paraître décalé et loufoque. Pourtant, au fil des écoutes, quelque chose de délicieusement suranné se révèle dans la musique que font Onwuka et Xavier. La bonhomie légèrement ringarde du premier se fond totalement dans les instrus funky et sautillants du second. Leur album commun, Sleazy, aurait pu sortir il y a trente ans, mais du fait de sa cohérence il ne paraît pas non plus désuet en 2025. Parmi ses grands moments, « My Funky Grind », où le duo n’y va pas avec le dos de la cuillère : il y a une flûte qui souligne le refrain, un pont avec des scratches, des lyrics probablement déjà entendus chez Stretch et Bobbito ou au Good Life Cafe (« Take a cruise on my lyrical bus before I drop ya off« ). Et pourtant, ça fonctionne à merveille, à grand renfort de cuivres puissants et de pianos grandiloquents. Voilà un morceau, un album et des artistes étonnants. – Kiko

Def-i – « Gathering of MCs Choppers » feat. Myka 9, A-F-R-O, Eligh, Swamburger & Seuss Mace

Parfois, un casting est une promesse. Ici, c’est celle d’un titre à haut-débit, du genre qui garantit de la syllabe envoyée par gigaoctets. Il faut dire que les noms d’A-F-R-O et de Myka 9 accolés l’un à l’autre, parmi une ribambelle d’invités tout aussi peu connus (voire moins !), suffisait à cerner l’argumentaire. Alors pas besoin d’en faire des tonnes, le résumé est simple : le natif Américain Def-i a convié une clique de rappeurs à la notoriété limitée, mais à la légende solide dans des scènes underground respectées, et parfois même influentes. Car, à la façon de remplir une grille de mots fléchées, ce n’est pas moins que des membres de Freestyle Fellowship, des Living Legends ou des Sollilaquists of sounds qui viennent noircir un beat trap à l’habillage minimaliste. Ça va vite, ça donne l’illusion de partir dans tous les sens, et pourtant ça va droit au but. – zo.

« Pleine de lumière et de candeur, la musique d’Ivan Ave est un point de repère précieux et réconfortant. »

Evidence – « Nothing to see here »

« I’m not an actor, I’m a rapper who ain’t playing a part » dit Evidence sur « Nothing to see here ». Pas un acteur certes, mais des mots pour décrire Evidence, il y en a. Et pourtant, il y a tant de compliments à lui faire que les qualificatifs manquent. Figure d’un son artisanal et lo-fi avec lequel peu de rappeurs-producteurs peuvent rivaliser, modèle de résilience suite à des épreuves de vie brutales, Evidence est le genre d’artiste dont la musique sait donner du grain à l’un des endroits les plus plastiques du monde : Venice Beach. Son œuvre est sans artefacts, sans lissage, et pourtant jamais elle n’est provocatrice ni outrancière. Non, elle est entre deux eaux, entre deux états, entre un featuring de Navy Blue et un sample de voix d’Ad Rock. Elle est drumless mais pleine de groove, avec ses samples qui rappellent pourquoi il est celui qui forme un duo avec The Alchemist. Alors le Weatherman peut bien dire « qu’il n’y a rien voir ici » tout en rappant ce qui est son mantra depuis le décès de sa femme : « I don’t know much ». Ce que l’on sait, c’est que sa musique dit quelque chose de précieux : il n’y aucune certitude, tout se situe dans les interstices et ce qui est brandit comme vrai, véritable et véridique est louche. « Unless it’s Al, I can’t guarantee there’s heat there ». – zo.

Mary Sue and the Clementi Sound Appreciation Club – « Minesweeper »

Après le carnet de voyage tout en douceur Voice Memos From A Winter In China, le rappeur singapourien Mary Sue revient aux affaires avec l’album Porcelain Shield, Paper Sword réalisé intégralement avec ses amis du quintet de jazz Clementi Sound Appreciation Club. Le son « organique » de l’album évoque par moments une version plus cérébrale et concentrée de celui popularisé par The Roots dans les années 1990. De voyage il est encore en question, mais temporel et philosophique cette fois-ci. Sur « Minesweeper », comme sur le reste de l’album, Mary Sue mélange les mises en garde aux énigmes, comme un sage au discours cryptique et pourtant immédiatement évocateur : « Lies propagated, idolizing nature / Great whites with toothaches—no dentist senses danger / Operation opaque till there’s beeping on the pager ». L’enregistrement live et la partition des cinq musiciens donnent à l’ensemble une aura d’indépendance dans l’unité, tous libres, mais raccords et égaux. Hautement politique dans leur approche et leur son, le groupe et le rappeur distillent la dissidence dans la poésie, et vice-versa : « Ceremonial aftermath, cataract dialing back / Agendas flip like acrobats / Circus of a master pushing borders on a global map » Et plutôt que de surplomber l’auditeur, font confiance à son intelligence pour relier les points. – chosen

billy woods – « Born Alone »

Dans sa jeunesse, billy woods était un enfant qui écrivait beaucoup. Un de ses premiers textes mettait justement en scène de manière effrayante un golliwog, une des représentations les plus racistes et populaires du 20ᵉ siècle, caricaturant affreusement les personnes noires sous la forme d’une poupée en chiffon. Cette histoire, c’est celle qui a inspiré des années plus tard le titre et le concept de son dernier album, une collection remarquable de morceaux à mi-chemin entre histoires aux ambiances sinistres et conte horrifique. Un genre donc, celui de l’horreur, que le rappeur affectionne tout particulièrement pour son habileté puissante à constamment fonctionner en communication directe avec la politique et le thème social actuel. Conjugué aux diverses obsessions habituelles de billy woods, nous voici sur un terreau fertile laissant libre cours à la créativité d’un artiste que l’on a rarement autant senti inspiré. C’est notamment le cas lorsqu’il a réussi à créer chez l’auditeur certains des moments de réalisation les plus satisfaisants de sa carrière, apportant une profondeur supplémentaire au rappeur et à l’homme derrière le micro. Sur le refrain de « The Doldrums », morceau métaphorique à la fois sur le trafic de drogue et la perversité du capitalisme sorti en 2022, on peut y entendre une phrase venant de la mère du protagoniste rappé par billy woods, déconseillant en vain à son fils de ne pas porter les chaussures maudites d’un homme mort. Un conseil qui prend un tout autre sens à l’écoute d’un « Born Alone » fantastique sur lequel il étire le concept de bout en bout et qui base son refrain sur une phase du morceau « Fazers » de MF DOOM époque King Geedorah. Au début de son premier couplet, woods met au défi l’auditeur, ou peut-être lui-même, de porter les chaussures d’un homme mort (« Dead men’s shoes, I double dare you to rock ‘em »), avant de se livrer sur la tragique histoire de l’un de ses cousins qui s’est fait dépouiller les siennes après avoir été laissé pour mort dans la rue. Un souvenir traumatisant qui refait finalement surface lorsque sa femme mentionne les pieds de son enfant qui ressemble aux siens et sur lequel il ironise à moitié en disant qu’il porte une paire de chaussette propre tous les jours au cas où. « Born Alone » se conclut en raccrochant directement avec la métaphore dans « The Doldrums » : un jeune homme lâche les études pour partir dans l’illégal et finir pied nu à la fin du mois. « History never repeat, It do rhyme though. » – Hugo

Fridayy & Meek Mill – “Proud Of Me”

Pas de kicks, pas de snares ni de hi-hats. Juste un piano qui flotte comme un voile noir, quelques voix en arrière-plan, et une promesse : dire les choses comme elles viennent, sans vernis. Fridayy ouvre le morceau le cœur à nu : « I know you proud of me, look at all this shit I prevailed ». Fierté arrachée à la douleur, pas à la réussite. Meek Mill, lui, n’a pas besoin de forcer. Il parle de son père tué dans la rue, de ses proches partis trop tôt. « Swear to God, I’d trade in all these riches to get Robbie back ». Le luxe, les voitures, l’ascension ? Rien ne pèse face à l’absence. Chaque souvenir déboule comme une vague mal digérée. Pas de storytelling léché, juste une colère sourde, une tristesse rentrée : « Scared to show up at your grave ’cause I might try dig you out ». « Proud Of Me » ressemble à une prière coincée dans la gorge. Deux voix qui parlent aux morts comme à des vivants. Une offrande sans réponse. Une réussite qui n’efface rien. – AndyZ

Ovrkast. – « Strange Ways » feat. Vince Staples

Minimal, aérien, syncopé : « Strange Ways » rebondit sans relâche, comme un pas sûr sur un terrain instable. Ovrkast. s’y faufile avec nonchalance, glissant ses doutes dans chaque mesure : « Three hundred ways to get it, I know how it is ». Rien n’est simple, tout se joue en souterrain. La méfiance est un art de vivre, l’égo une armure. Son flow navigue entre spleen et maîtrise, pendant que le refrain – « We got strange ways » – revient comme un code, une habitude forgée par le chaos. Vince Staples lui emboîte le pas sans détour. Laconique, fataliste, précis : « Can’t get rich, we die young », puis « If you miss, you dismissed ». Le monde qu’il décrit est sans filet. Même les « Christmas gifts » ont des allures de chargeur plein. Tout dans son couplet sent la rue, l’économie parallèle, l’urgence. « Strange Ways » expose deux visions d’un même cauchemar américain : celui où le système pousse à s’adapter de travers. Et si la prod fait hocher la tête, c’est pour mieux masquer les mâchoires serrées. – AndyZ

« Evidence est le genre d’artiste dont la musique sait donner du grain à l’un des endroits les plus plastiques du monde : Venice Beach. »

Benny The Butcher & ILL Tone Beats – « 36 Ounces and a Mercedes »

La prod d’Ill Tone Beats pose une boucle soulful tirée de « Love Is What You Make It » de Masterpiece. Ce groove vintage enveloppe la voix sèche et déterminée de Benny, comme un voile nostalgique sur des récits durs, de hustle et de survie. La soul apporte ce souffle humain, presque fragile, au milieu du béton. Benny déroule son histoire sans filtre : la rue, la dope, les risques, et l’obsession de s’en sortir. « It’s fucked up how enemies last longer than friends », confesse-t-il, rappel amer que le succès ne fait pas disparaître les rancunes ni les trahisons. Il raconte comment la came lui a piqué l’âme, mais aussi comment il a appris à grandir : « I sold dope and got hooked, then took advice from a crook, but got my knowledge out a book. » Un mélange de dureté et de sagesse, une posture de vétéran. Le refrain, simple et puissant, tourne en boucle : « Thirty-six ounces and a Mercedes ». Ce duo symbole de l’ascension sociale, du rêve mais aussi du poids du passé. Benny avoue sans détour : « I risked my freedom for that Benz and that brick. » Le luxe a un goût amer quand il est payé au prix fort. Sous la chaleur du sample, Benny montre qu’il est possible d’être dur sans être froid. Une alliance parfaite entre mélodie et vérité brute, entre les racines et le bitume. – AndyZ

JENNIE, Doechii – « ExtraL »

Insatiable de sonorités, la K-Pop prend tout ce qu’elle entend pour le ressortir différemment. Au fil des tendances de la pop occidentale, la musique reine en Corée a ainsi toujours su s’adapter pour calibrer sa musique sur des standards mondiaux, au point de devenir le phénomène massif que l’on connaît. Forcément, le rap allait bien finir par lui aussi y passer : déjà raconté sur l’Abcdr du Son à travers le cas de Blackpink, l’industrie musicale du pays du matin calme a vite su s’adapter au genre, en apprenant à ses idols à parfaitement poser des couplets. Une reconfiguration rap qui, si elle était souvent bien exécutée, manquait toujours un peu d’âme. Ce n’est pas le cas de « ExtraL », single extrait du premier album solo de JENNIE (membre du groupe Blackpink) avec Doechii. Tout en restant dans un cadre ancré dans la pop et le R&B, le morceau produit par l’américain Dem Jointz, respire l’arrogance et la confiance affichée par la Coréenne, qui rappe intégralement en anglais, et n’a pas forcément à rougir face à une Doechii – évidemment – un cran au dessus. Portée par un enchaînement de morceaux et de singles de haut niveau, la rappeuse de TDE confirme qu’elle marche actuellement sur l’eau, tout en ayant l’intelligence de réellement entrer dans l’univers du morceau. Plus qu’un simple titre où le featuring occidental apparaît séparément le temps de 30 secondes, Doechii ne sort plus du single une fois qu’elle y est entrée : d’abord un couplet, puis un mini passe-passe, et enfin un refrain chanté partagé. Une collaboration au sens réel du terme (que l’on ressent aussi dans le clip réalisé par Lyrical Lemonade) qui montre que, derrière l’opportunité de toucher un nouveau marché, artistes américains et coréen peuvent parfois réellement se rencontrer. À l’image de ce « ExtraL » fusionnel. – Brice Bossavie

notinbed, RXKNephew – « 4Ever »

Depuis son émergence au milieu des années 2010, le discret producteur du sud de la France notinbed a toujours su habilement prendre ses auditeurs à contre-pieds, alternant entre morceaux rap, électroniques, ambient, hyperpop, et samples de dialogues sur la vie et ses affres. Une musique conviant l’étrange et le poétique qui a su attirer l’attention d’artistes XXL comme The Weeknd, 21 Savage, Future et Metro Boomin (mais aussi Ateyaba, TH ou Luther en France) qu’il prolongeait un peu plus en mars dernier avec emotional behaviour 2. Un EP laissant libre court à ses expérimentations avec, en introduction, un invité évident : RXKNephew. Déjà entendu au côté de producteurs expérimentaux comme Varg²™ ou Soudière, le rappeur de Rochester avait tout pour s’insérer parfaitement dans l’univers musical étrange de notinbed. Le résultat est à la hauteur des attentes : sur une production planante largement inspirée de la musique ambient, RXKNephew livre ainsi un couplet unique sur des grandes nappes synthétiques, où, tel un pasteur habité, il philosophe sur sa mère, sa grand mère, sa passion pour Eminem, le goût du riz, et même sa carrière avortée de plombier (« How the fuck her white rice taste like paint off of the ceiling ? / Oh, man, fuck it Imma eat it / To kill my hunger / I could have been a dumbass electrician or a plumber »). Comme un grand discours inspirationnel, « 4Ever » voit les univers à la fois bizarroïdes et fascinants de notinbed et du rappeur de l’état de New York ne faire qu’un, pour donner un des morceaux les plus hypnotiques qui soit. Une célébration de l’étrangeté et de l’expérimentation, qui, si elle peut parfois aller trop loin, vise ici parfaitement juste. – Brice Bossavie

AJ Tracey – « Friday Prayer » feat. Headie One & Aitch

« Friday Prayer » sonne comme une offrande urbaine, un témoignage cru de trois figures majeures du rap anglais qui revisitent leurs cicatrices avec flegme et fierté. Sur une prod feutrée de Nyge, à la fois sombre et aérienne, AJ Tracey, Headie One et Aitch livrent un triptyque introspectif, entre ego-trip et confessions d’anciens kids livrés à eux-mêmes. AJ Tracey joue l’intime. Entre coupe chez Mo Better Cutz, low fade et « cane rows parted », il remonte le fil de ses premières obsessions : filles, creps, et textos envoyés à la chaîne. Son style est visuel, tactile, toujours entre la ligne qui claque et l’image qui reste (« Had the ying round, still do, but now the ying sleeps with the fountain blue.« ) Il évoque un monde sans médailles mais avec des rêves d’évasion.

Headie One, fidèle à son ton fataliste, creuse dans la mélancolie. « Funny how I went from the stick to the sticks » résume la trajectoire : du bloc à la campagne, sans rien oublier. Les larmes versées pour les « drilled-down ones » côtoient les sapes Loewe, preuve que le luxe n’efface pas les stigmates – il les sublime à peine. Aitch arrive plus goguenard, entre galanterie toxique et ego surdimensionné. Il mitraille les vannes, mais laisse percer les racines : « came from jumpers for goalposts », symbole d’une enfance modeste qu’il n’oublie pas, même en plein succès. Le refrain, mi-hymne mi-prière, lie les trois récits dans un même souffle : celui des mandem qui ont grandi sans repères, protégés uniquement par leur lucidité et leur foi : Friday Prayer. – AndyZ

Lefty Gunplay – « Gangsters Get Scared » feat. JasonMartin, YS et Wallie The Sensei

Après des premiers disques abrasifs mais brouillons, Lefty Gunplay a saisi la chance offerte par son exposition internationale après ses quatre mots posés à la fin de « tv off » de Kendrick Lamar (« Crazy, scary, spooky, hilarious »). Originaire de Baldwin Park, à une quarantaine de minutes à l’Est de Los Angeles, ce rappeur aux racines guatémaltèques a fait un passage par la case prison avant de prendre sa carrière de rappeur plus au sérieux, appuyé à la réalisation par JasonMartin (anciennement Problem) et à la production par Mike & Keys. Ils l’accompagnent sur son album Can’t Get Right, où il est justement beaucoup question de rédemption. Ce n’est pas un album d’entière repentance, car il est parsemé de coups de menton offensifs (« Grey Goose Freestyle ») et levées de coude festives (« Hotel Party »), mais c’est précisément pour l’équilibre avec ces moments plus réflexifs que l’album vise dans le mille.

« Gangsters Get Scared », avec le rappeur YS, en est la meilleure manifestation. La production de Dominique Sanders reprend le groove si propre au ratchet, avec ses drums de TR-808 qui claquent, mais pour appuyer une mélodie peinée. Sur ce beat dépouillé, Lefty et son invité rappent le cercle de la violence, la paranoïa et la fébrilité qu’elles engendrent dès le plus jeune âge. Leur ton est affecté, dénué du nihilisme souvent propre au gangsta rap, même dans ses moments les plus crapuleux. Lefty ne se reconnait même plus dans le miroir, YS est sujet à des crises de panique, et JasonMartin, au refrain, se contente d’un constat à voix basse : « even gangsters get scared… sometimes ». La face B du crime, rappée avec lucidité et justesse. – Raphaël 

« Le rap britannique a érigé en tradition les morceaux narratifs, dans lesquels l’artiste se fait chroniqueur de son quotidien et de celui de sa communauté. Wretch32, lyriciste vétéran actif depuis les années 2000, honore ici cet héritage en compagnie de Kano. »

Ransom & Dave East – « The Mosque »

L’un titrait il y a vingt ans ses mixtapes Pain & Glory, l’autre ces dix dernières années les siennes Karma et Paranoia. Quatre notions dont il est toujours question dans la musique de Ransom et Dave East quelques années plus tard. La bouteille en plus, les velléités commerciales en moins dans The Final Call, leur disque commun. Dans un album qui navigue entre plusieurs grooves, la belle boucle soul en est la colonne vertébrale, parfois émincée de rythmique comme c’est le cas sur « The Mosque ». La mélodie y est belle et fervente, en contraste avec les flows semi-parlés des deux rappeurs, aux assonances et allitérations précises.

Même si Ransom y débute par un « everyday we pray », il n’est pas réellement question de spiritualité ni de sacré. Le rappeur de Jersey City et son vis-à-vis outre-Hudson devisent plutôt sur les traumas que leur a laissé leur passé dans l’illégal, ses mirages et ses quelques trophées, avec des réminiscences vives. « Clinton Sparks tape, instrumental, I’m writin’ hard lines. Gettin’ advice from niggas that’s gettin’ drunk at the bar » se remémore ainsi Dave East de sa voix nasillarde. C’est du rap de vieux briscards qui en ont assez vu pour raconter et se la raconter un peu, à la fois pour rappeler leur pedigree mais aussi glisser quelques conseils, à l’instar de la phrase « You’ll never overthink it as long as you understand the plan » de Ransom. Peut-être pas de quoi en faire des versets ou des sourates, mais suffisamment pour être reconnaissant envers le divin d’être toujours en vie pour se confier. – Raphaël

G Perico – « Street Lights »

G Perico a toujours eu du talent pour les récits des petites crapules des artères de la grande ère de Los Angeles. Il est de cette trempe d’artistes qui subliment le banal, le crasseux, le profane par leur sens du récit avec détail, ce qu’il faut parfois d’humour ou de lucidité, et surtout du bagout – gouaille sud-californienne oblige, il y a un héritage à respecter. Mais après une quinzaine d’années de carrière, son angle de vue a légèrement changé. En entame de sa mixtape LA Gangster hostée par un DJ Drama redorant le sceau Gangsta Grillz depuis quelques années, « Street Lights » est une illustration brillante de ce regard dévêtue d’illusions de jeunesse, comme on arrêterait de suivre certaines modes vestimentaires par jeunisme.

Sur ce groove typiquement californien mais planant (signé Jansport J, Steelz et Rance), Perico espère que les ados gangbangers en herbe qu’il croise suivront son parcours plutôt que celui de ses potes (« Where my n****s at ? Shit, they all in jail », lapidaire). Il traverse les rues de South Central avec le regard confiant de celui assez malin pour éviter la merde, mais conscient des vices de son environnement et de sa culture (« Tryna keep it real, what the fuck do that mean ? Do I worry ’bout you or do I worry ’bout me ? »). Seule vraie solution : le hustle malin… qui n’éloigne pas entièrement les nouveaux problèmes. « Real n****s on they shit, gettin’ paid to it. And move in a neighborhood where they racist to you », conclue-t-il suivi d’un éclat de rire mi-amusé mi-fataliste. C’est pour l’équilibre dans ces pensées à voix haute, nuancées et rappées avec panache, que G Perico brille encore, sur des productions qui claquent avec élégance. – Raphaël 

BXKS – « Flashing Lights »

Dans une autre vie, BXKS était sprinteuse de haut niveau. Autant dire que pour elle, le breakbeat pourtant pêchu de « Flashing Lights » a des allures de parcours de santé : elle y déroule des flows millimétrés avec la nonchalance d’une artiste déjà sûre de ses capacités (« too good at what I do, I’m a wanker »), déjà exposée au regard du public, mais qui reste une jeune femme avec tout à prouver. Il faut dire que pour la rappeuse de Luton, comme pour la scène dont elle est issue, les choses semblent accélérer ces dernières années. Dans le sillage de noms déjà plus installés comme Fimiguerrero ou Lancey Foux, elle fait partie d’une nouvelle génération d’artistes d’outre-Manche qui renouvellent depuis plusieurs années les codes du rap britannique. Très tôt remarquée par Skepta pour son talent de freestyleuse, récemment programmée sur la scène du festival Yard Land à Paris, BXKS a le vent dans le dos.

Ce qui ne manque pas d’attirer son lot de curieux et curieuses, qui veulent venir observer le phénomène de plus près, comme le martèle le refrain (« I must be the latest attraction / Why does everyone want an interaction ? / Why does everyone want a little fraction ? »). Le beat de TSB et El London, avec son gimmick obsédant qui évoque une alarme incendie devenue folle ou le sentiment de panique d’un introverti qui se retrouve soudain au centre de l’attention, contribue encore à renforcer cette sensation de paranoïa et d’oppression. La performance de BXKS, toute en maîtrise, n’en est par contraste que plus impressionnante : elle apparaît en coureuse de fond à l’aise dans sa solitude, et entame déjà un nouveau tour de piste.  Beufa

Wretch 32 & Kano – « Home Sweet Home »

Le rap britannique a érigé en tradition les morceaux narratifs, dans lesquels l’artiste se fait chroniqueur de son quotidien et de celui de sa communauté. Wretch32, lyriciste vétéran actif depuis les années 2000, honore ici cet héritage en compagnie de Kano dans une suite spirituelle au morceau du même titre de ce dernier sorti en 2005. Entre quelques anecdotes de larcins dans le portefeuille parental et le récit d’une Twixtification digne de Freeman, le rappeur de Tottenham déploie les questions condensées dans le point d’interrogation à la fin de HOME?, l’album dont ce titre est issu. Comment pousser droit quand plus de sept mille kilomètres séparent l’île de nos racines et celle où l’on habite ? Que peut-bien signifier « chez-soi » pour un peuple en exil ? Quel sens un fils d’immigrés jamaïcains qui grandit dans un taudis d’Angleterre peut-il donner à l’idée même de foyer ?

Autant d’interrogations qui trouvent écho dans le paysage sonore esquissé par WAVSDNTDIE. La Jamaïque y est présente comme un souvenir lointain, à travers les accents dub de certains arrangements ou la voix du singjay Luciano qui apparaît comme une présence fantomatique lorsque son nom est prononcé. La musique elle-même, semblent dire ces réminiscences roots qui habillent la rythmique, offre un creuset dans lequel cette identité fragmentée peut trouver un sens nouveau – quelque part où se sentir chez soi. – Beufa

Rome Streetz & Conductor Williams – « Ricky Bobby » feat. Method Man

Sur une prod poussiéreuse de Conductor Williams, toute en boucle hypnotique et silence tendu, Rome Streetz débite des vers comme on compte les liasses : rapidement, méthodiquement. Flow sec, saccadé, presque clinique, il découpe son passé entre capsules, deals, et leather coat Yamamoto. Le texte ne cherche pas la morale, juste la peinture fidèle : celle d’un parcours cabossé, raconté avec l’économie d’un type qui a trop vu pour trop dire. Le refrain est bref, mais lourd : entre loi évitée et blicky collé au jean, la parano est constante, le ton détaché. L’ensemble pue la rue, sans folklore. Method Man entre en contrepoint, plus joueur sur la forme mais tout aussi tranchant. Il glisse ses rimes comme des pièges : « foldin’ paper, origami », « call me Simon when I say ». Toujours ce mix entre maîtrise technique et cool distant. Pas besoin de crier quand on sait viser. Pas de clin d’œil au grand public ici. Le morceau avance comme une lame dans le noir : net, froid, précis. Deux générations, même code. – AndyZ


Cette sélection est disponible sur Spotify.

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