À l’écoute

De Nas à Mystikal

En attendant notre grand bilan de fin d’année, voici une sélection de ce que crache nos enceintes en ce moment. Éclectisme ce maître mot.

Nas & Mary J.Blige – « Reach out » (Life is good, 2012)

Life is good n’est pas un album. C’est un testament composé d’éclairs inspirés par différentes époques. Et les nombreux invités se font les témoins et acteurs de ces années. « Reach out » suinte à ce titre le tout début des années quatre-vingt dix, avec l’éternelle Mary J Blige et surtout le légendaire DJ Hot Day dont le breakbeat brut pourrait être extrait du Without warning de PHD. La boucle de piano empruntée au « Ike’s mood » du Black Moses achève la mosaïque, Nas peut dérouler et traverser les époques en quelques mots, toujours coincé entre différentes sphères : « When you’re too hood to be in them Hollywood circles, and you’re too rich to be in that hood that birthed you. » — Nicobbl

Juan Deuce – « .38 Special » (No sweat, 2012)

D’la basse dans ta face. Avec The Audible Doctor aux manettes, c’est toujours pour le meilleur ou pour le pire, jamais de juste milieu. Là, en l’occurrence, le Brown Bag All-Star frappe fort. Et c’est le sympathique Juan Deuce qui en profite, lâchant une prestation pleine d’exubérance renforcée par les scratches sur la voix de The Ruler lui-même. Don’t try. — Kiko

Médine – « Biopic »  (2012)

Dans « Biopic », Médine utilise les verbes « marteler » (le clavier) et « écarteler » (le papier) pour décrire son processus d’écriture. Cette intensité systématique est parfois pesante, comme si le rappeur havrais était équipé d’un logiciel qui formate chaque rime en MAJUSCULE SOULIGNÉ. Pour ce titre-fleuve, il attaque dès la première mesure (« J’suis né jour de la Saint Modeste, ça fait pas d’moi un MOW’DELE« ), mais une interprétation plus nuancée finit par prendre le dessus. Soutenu par une production solennelle (chorale, piano, violons, la totale), Médine dresse un auto-portrait certes un peu trop lyrique mais dont la force reste indéniable. Quand, à la 25e seconde, il se met à évoquer la Haute Normandie et les sels marins des Sept Mers, on l’imagine, bonnet rouge vissé au crâne, luttant contre vents et marées au gouvernail d’un rafiot craquant baptisé Din Records. Et franchement, ça a de la gueule. — JB

Petey Pablo – « He Spoke To Me » (Still Writing in My Diary: 2nd Entry, 2004)

J’ai environ 600 signes pour vous dire à quel point « He Spoke To Me » de Petey Pablo est un morceau prenant. Je pourrais disserter sur le talent incomparable des rappeurs, surtout du sud, pour passer du profane au spirituel avec cette même intensité. Je pourrais aussi disséquer ce sample d’Al Green, qui, si instantané soit-il, sonne toujours différent chaque fois qu’il est repris. Il faudrait surtout que je vous dise à quel point Petey Pablo, entre quatre murs jusqu’à 2014, est un artiste volcanique quand il rappe, poignant quand il chante avec sa voix comme héritée de celle d’O.V. Wright. Et j’ai déjà dépassé mon quota de caractères. Tant pis. — Raphaël

Mystikal – « Hit me » (2012)

Depuis ses débuts explosifs, Mystikal a souvent été désigné comme un digne héritier de James Brown avec sa rythmique si particulière. Il a apparemment pris la comparaison au pied de la lettre vu la teneur de cet inédit nommé « Hit Me » comme le gimmick le plus connu du parrain de la Funk. Tous les ingrédients de la musique de James et sa clique sont présents : les cuivres percutants, les rythmiques endiablées, les attaques du rappeur de la Nouvelle Orléans, tout respire la Funk dévastatrice, le berceau même du Hip Hop. Produit par KLC des Beats by the Pound, l’équipe de producteurs derrière la grande époque No Limit, cette piste électrique ouvre de nouvelles perspectives pour l’album du retour de Mystikal. Sera-t-il au niveau de ce rappeur hors norme après presque 10 ans d’absence ? Réponse en 2013 sous l’ombre de Birdman et Cash Money. — Lecaptainnemo

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1 commentaire

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  • yacine_,

    Du mal à comprendre si JB a vrament aimé BIOPIC! 🙂