À l’écoute

De Jadakiss à Vîrus

Drumma Boy ft. Young Buck, 8Ball & MJG – « Round Me » (Welcome II my City, 2009)

La grandeur dans la simplicité. Voilà à quoi se résume ce morceau. Un sample de saxo addictif, une découpe habile et des percussions qui mitraillent frénétiquement le tout : le tour est joué. Drumma Boy n’est pas un virtuose au micro, loin de là, mais il a eu la bonne idée de convier les fines gâchettes du Tennessee pour lui prêter main forte. Young Buck se démarque avec un couplet revanchard, et rappelle par la même occasion qu’il est encore en vie, tandis que les vétérans concluent le titre en beauté. Le Sud dans toute sa splendeur. Il ne manquait à « Round Me » qu’un refrain plus accrocheur pour devenir un hymne. « Yeaaaah bwoooy« . – David

Jadakiss ft. DMX – « Uh-Huhh! » (Kiss Tha Game Goodbye, 2001

En 2001, trois des rappeurs les plus bankable appartenaient au giron Def Jam : Ja Rule, DMX et Jay-Z. Faut-il préciser lequel des trois s’en sort le mieux dix ans plus tard ? Malgré la sortie de prison récente de DMX, espérer un grand retour semble un peu trop optimiste au vue de ses addictions diverses, mais il est encore temps de revisiter les années fastes de l’ex-Ruff Ryder. Comme « Uh-Huhh! », gros morceau à onomatopée (genre méconnu) extrait du premier album de Jadakiss, l’inégal Kiss Tha Game Goodbye. On note l’excellente rime d’ouverture de DMX, qui résonne presque comme un tacle subliminal adressé à Jay-Z. Le chien aboyait, le trône n’a pas bougé. – JB

Vîrus – « Faites entrer l’accusé » (31 Décembre, 2011)

Un nouveau concentré de noirceur fluorescente. Celui qui promet d’écrire sur des feuilles de boucher, aiguise encore une fois sa lame et multiplie références et métaphores sanglantes. Un pied dans l’imagerie, un autre dans la réalité. A chaque raisonnement d’un gong sorti d’un autel lugubre, Vîrus déroule un peu plus une thérapie de groupe troublante. Froid et potentiellement validé par Christophe Hondelatte. – Nicobbl

Red Hot Chili Peppers – « Warped » (One Hot Minute, 1995) 

Chanson sur l’addiction incompressible aux stupéfiants, « Warped » est l’ouverture hallucinée de One Hot Minute, album maudit des Red Hot Chili Peppers, placé à part dans leur discographie. Si le jeu funky du bassiste Flea est toujours là, les riffs de guitare psychédéliques de Dave Navarro remplacent ceux d’un John Frusciante parti en désintox. Le résultat est une composition au souffle puissant, une mise en musique d’un trip sous alcaloïdes, du lent départ à la descente en passant par l’extase. Une euphorie sur laquelle Anthony Kiedis chante, paradoxalement, sa difficulté à s’en décrocher. Un thème qui parcourt ce sixième album des californiens, accueilli froidement par la critique pour sa noirceur, mais qui constitue pourtant l’une de leurs plus puissantes œuvres. – Raphaël

Analog Brothers – « Who Wanna Be Down » (Pimp to Eat, 2000)

L’histoire du rap regorge de morceaux étranges et dingues. S’il fallait les classer, nul doute que « Who Wanna Be Down » serait dans le peloton de tête. Il y a cet instru chaotique, fait de synthés torturés et stridents, ces transmissions radio inquiétantes en retrait. Mais aussi l’ambianceur, complètement survolté, qui encourage, insulte ou interrompt les rappeurs selon l’inspiration du moment. Et enfin le couplet surréaliste d’Ice-T, qui en quelques mesures aligne une bonne partie de toutes les insanités potentiellement imaginables. Le pire dans tout ça c’est que Kool Keith, docteur ès excentricité pourtant membre du collectif, n’intervient même pas dans ce joyeux foutoir. – Kiko

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3 commentaires

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  • borsalino,

    Section 80, L’eau lave mais L’argent rend propre, Finally Famous : the album

    chroniques in demand !!!

  • Rem's,

    C’est ça, le délire de Warped me fait vraiment penser à Heroin du Velvet. Mais Heroin c’est le chef d’oeuvre inégalé en ce qui concerne les chanson sur la drogue

  • Marc,

    Bonne sélection, moi j’écoute Section.80 de Kendric Lamar. A quand une chronique de l’album?