À l’écoute

De Kery James à Daft Punk

D’Orly au Venezuela, en passant par Boulogne, l’espace et le dix-neuvième arrondissement parisien. Notre dernière sélection n’a ni barreaux, ni frontières.

Daft Punk – « Veridis Quo » (Discovery, 2001)

« L’album Discovery a changé ma vie« , déclarait récemment A-Trak au magazine Egotrip. Son cri du cœur m’a donné envie de creuser la discographie de Daft Punk, duo que je connais assez mal malgré son omniprésence et son influence. Découvrir Discovery onze ans après sa sortie est donc une énorme séance de rattrapage. Verdict : c’est « Veridis Quo » qui m’a scotché. Si Discovery a bel et bien été composé à partir de souvenirs d’enfance, comme l’indiquait le duo à l’époque, alors « Veridis Quo » était peut-être pour eux une réminiscence de ces musiques de jeu vidéo capables de vous tirer des larmes. La manière dont Daft Punk a su en capturer à la fois la profondeur, la naïveté et la froideur plate relève du pur génie. — JB

Oxmo Puccino & Le Célèbre Bauza – « Premier Suicide » (L’Amour est mort, 2001)

Le parrain du rap français accompagné de son fidèle lieutenant, Le – pas assez – Célèbre Bauza. Entre apogée artistique et suicide commercial, les deux compères s’offrent un petit exercice de style Time Bombesque. Braquage mental made in 20-1. Lève les bras, fais pas le con. — Diamantaire

Los Amigos Invisibles – « El Baile del Sobón »  (Arepa 3000, a Venezuelian Journey Into Space, 2000)

Direction la Rébublique bolivarienne pour cette meringue immaculée avec de vrais morceaux de joie dedans, à valeur d’authentique Destop les soirs de crémaillères guindées. Une salsa du démon made in Caracas, qui sent bon la chemise blanche mouillée des soirées débutées à trente dans un appart’ et conclues à faire son Georges Valentin tout seul à l’aube dans un caniveau, sous le regard blasé de cantonniers eux-mêmes pas très frais… Et que dire du guttural et grammaticalement douteux « ¿ Dónde están las culos ? » final, instantané typique du touriste teuton titubant, qui fracasse à trois heures du mat’ la porte du bordel du coin avec la même bave aux lèvres que naguère ses aïeux en pénétrant l’Autriche ? — Anthokadi

Kery James – « J’ai mal au cœur » (92.2012, 2012)

En 1991 sur « Ragga Jam », le (très) jeune phénomène (Daddy) Kery répétait vouloir mettre un terme au racisme. En 2012, il revient sur vingt années d’une carrière riche d’épreuves, succès et rebondissements. Si ses objectifs et envies ont évolué – parfois brutalement – son ambition aura été une constante. Contempler son parcours retracé au travers du fascinant documentaire Les quatre visages de Kery James c’est aussi essayer de suivre l’évolution d’un insatiable tranchant. « Hardcore comme reconnaitre ses torts« . — JB

Les Sages Poètes De La Rue – « Après l’Orage » (Après l’Orage, 2002)

Il y a dix ans, j’en avais quinze. J’étais déjà, comme beaucoup, un auditeur assidu et jamais rassasié de rap. Mais un titre a squatté mon walkman cassette Sony auto-reverse orange pétant tout le printemps 2002. Une flûte virevoltante, une rythmique légèrement voltée, et un concentré de positivité jamais naïve dont seuls les Sages Po’ ont le secret : « Après l’Orage » est une vraie tape dans le dos amicale et chaleureuse. Un souffle d’air frais qui était franchement appréciable alors que l’hexagone était tendu comme le cache-œil autour de la tête d’un borgne et vivait un printemps troublé. — Raphaël

Fermer les commentaires

5 commentaires

Laisser un commentaire

* Champs obligatoire

*

  • Nicobbl,

    Un des points les plus marquants – et peu mis en avant – c’est le fait qu’il a revu certaines paroles. Quelques arrangements ici et là.
    @Yacine_ : Tu as vu le documentaire ? Il mérite vraiment le coup d’oeil.
    Je l’ai vu aux Bouffes du Nord il y a une dizaine de jours. Très convaincu pour le coup. Super dépouillé mais bien charismatique Kery. (Et on ne vous cachera pas qu’on fait des pieds et des mains pour le choper pour une longue interview.)

  • MKultra,

    J’ai été déçu par la nouvelle instrumentation et la réinterprétation de » J’ai Mal Au Coeur ». Même si je suis très content qu’il y ait pensé pour son album 92-2012, car c’est pour moi la plus belle de tout Ideal J, je trouve l’instru nouvelle trop simpliste et pas assez évolutive, au regard de la longueur de la chanson, surtout que l’originale de DJ Medhi était vraiment grandiose. Au niveau de la voix, le ton employé par Kery dans cette version est légèrement trop agressif, quand il était plus désespéré sur la première.

    Enfin, je termine par le début : il manque l’intro en accappella « Ceci c’est pour nos reufs incarcérés etc. », ce qui est une perte cruciale pour le morceau.

    Globalement, je trouve que ce réarrangement global donne une allure beaucoup plus banale au morceau, ce qui le rend trop long, problème que la première version n’avait pas, bien au contraire.

  • L'Impertinent,

    Je ne peux qu’être d’accord avec cette sélection !

  • Rg Prod,

    Bonne pioche JB, meilleur morceau de Daft Punk pour ma part
    (qui me suit assez étrangement dans ma vie selon mes humeurs).

  • yacine_,

    J’étais emballé par le concept de 92-2012 mais je dois avouer qu’à part l’intro qui reprend LA VIE EST BRUTALE, l’exécution m’a un peu déçu. Sélection impeccable sinon