Nos 100 morceaux de 2012 (3/4)
Rétrospective

Nos 100 morceaux de 2012 (3/4)

Troisième partie de notre sélection des meilleurs morceaux de l’année 2012. Vingt-cinq nouveaux titres tous tirés d’une cuvée de premier choix et portés par un éclectisme assez certain.


Kanye West - « White Dress »

Décidément, Kanye devrait faire plus de morceaux où il parle de robes. Ça lui réussit. Un sample vocal sublime, une ambiance intimiste, et Kanye qui se confesse en alliant humour et honnêteté, comme il sait si bien le faire. Malin, touchant, il fait preuve d’humilité tout en gardant son éternelle grande gueule. Le beat, délicat, soulful à souhait, est parfaitement ciselé. « White Dress » est un aimant pour la touche repeat. Un bijou.— David

 

Danny Brown & AraabMuzik - « Molly Ringwald »

« Je vais essayer de plus rapper en double time, et d’y incorporer des jeux de mots et des punchlines de fou. Juste faire plus grand, plus vite et plus puissant, comme des stéroïdes et de la nitro« . « Grown Up » était un contre-pied absolu à cette déclaration d’intention de Danny Brown. 180° : sa collaboration avec le Joe Satriani de la MPC est l’illustration parfaite de sa promesse. Flow véloce et production furax, une dizaine d’allusions salaces au sexe et des mentions de quatre drogues (dont la fameuse « molly »/MDMA) : du très grand Danny Brown, approuvé par la vraie Molly Ringwald. — Raphaël

Action Bronson - « The Symbol »

La cuisine, les femmes et l’herbe : Action Bronson est un homme de goût. Le gros rouquemoute du Queens n’a pas seulement le timbre de voix de Ghosftace, il a aussi un second degré tranchant comme ses feuilles de boucher. Et quand Alchemist prend possession des fourneaux, le plat de résistance regorge de saveurs soulful et psychédéliques. Accompagné d’une illustration imagée digne des plus belles heures de la Blaxpoitation, « The Symbol » capture une partie de l’univers XXL du chef aux longs couteaux.Nicobbl

Vinnie Paz - « Cheesesteaks »

Il n’est plus à un paradoxe près, mais celui-ci est de taille : se voulant l’héritier d’une époque où le minimalisme était la règle, Vinnie Paz n’est jamais aussi bon que quand il s’agit d’en faire des caisses. Ici, ça hurle, ça scratche, ça rit et Boxcutter Pazzy (gimmick du moment) est dans une forme qu’on ne lui avait pas connue depuis assez longtemps. La prod de Psycho Les n’est pas étrangère non plus au succès de cet hymne à Philly : les drums tapent fort et les montées de violons ne sont pas sans rappeler les grandes heures de JMT et de Stoupe. – Kiko

Gucci Mane & Future - « Fuck The World »

2012 a sonné le grand retour de Gucci Mane. Trois mixtapes, un wagon de vidéos, omniprésence sur les réseaux sociaux, clash avec Jeezy… Parmi ses réussites, il y a une collaboration de génie, sa rencontre toujours fructueuse avec Mike Will. Le producteur, devenu indispensable en moins de six mois, lui a sorti des instants de grâce aux basses extensibles et filtres du futur. Et quand justement cette recette intègre le véritable Future pour une incantation dont il a le secret, on obtient un pur joyaux irrévérencieux, le haut du panier du Trap God. – lecaptainnemo

The Alchemist ft. Danny Brown & Schoolboy Q - « Flight Confirmation »

La première fois, c’est insupportable. Ce sample dissonant, qui s’obstine à refuser la moindre mélodie, est un mal de crâne ambulant. Mais après quelques écoutes, « Flight Confirmation » s’impose comme un grand moment de rap. La combinaison Danny Brown/Schoolboy Q est impeccable, et avec cette boucle hystérique, Alchemist retrouve la nervosité qui manque un peu à ses récentes aventures psychédéliques. Voilà à quoi aurait pu ressembler le rap du Wu-Tang si RZA avait installé son temple Shaolin du côté de Moscou. – JB

Al K-Pote - « En douceur »

Sur Neochrome Hall Stars Game, le projet commun de Zekwé Ramos, Seth Gueko et Al-K Pote, les trois rappeurs ont droit à leurs morceaux solos. Sans surprise, c’est la moitié de l’Unité de feu qui s’en tire avec le plus d’honneurs, récitant des rimes invraisemblables (J’fume du marocain en maillot de bain, J’te fais rire comme le gros Michel Boujenah) qui décrochent inévitablement un sourire chez l’auditeur. Étonnamment, c’est probablement le dialogue de fin entre Al-K et une prostituée qui retient le plus notre attention. Messieurs les réalisateurs français, oubliez Joey Starr et Stomy : c’est l’Aigle de Carthage qui est véritablement fait pour le cinéma. – Mehdi

Flynt ft. OrelSan - « Mon Pote »

Pour transformer leur collaboration surprise en réussite, Flynt et OrelSan n’ont pas eu à chercher très loin. Il leur a suffi de trouver leur point commun ultime : le lien de leurs prénoms. Cette attache qui fait des potos de vrais piliers. Sur une prod de Nodey métallique et sautillante, les voix et intonations si différentes des deux rappeurs soulignent encore mieux leur vision complémentaire de l’amitié – solennelle et fraternelle pour le rimeur de Paris Nord, amusée et bienveillante pour celui de Normandie. A écouter après « Art of Peer Pressure » de Kendrick Lamar pour se rassurer sur l’importance d’avoir de bons copains. – Raphaël

Xzibit ft. King Tee & Tha Alkaholiks - « Louis XIII »

Soyons francs, un album de Xzibit en 2012, ce n’est pas ce qu’il y a de plus excitant. Napalm est un opus correct, mais qui ne marquera certainement pas l’année écoulée. Ça ne l’empêche pas d’abriter cet excellent morceau, traumatisant dès les premières secondes. L’équipe réunie est impressionnante puisque, sur une production de Dr. Dre, le morceau convie Tha Liks et un vétéran de la première heure : King Tee. L’Histoire en marche. De quand date cet instru du docteur ? Peu importe, tant que ça sonne aussi bien. – David

Dom Kennedy - « My Type of Party »

Il y a encore quelques mois, Dom Kennedy n’était qu’un rappeur californien parmi tant d’autres. Il avait bien de la visibilité, des relations, des projets solides mais il manquait le tremplin vers les étoiles filantes, la fusée de mise en orbite. La voici peut être sous la forme d’un premier hit communicatif. Produit par Dj Dahi qu’on retrouvera ensuite derrière l’excellent “Money Trees” de Kendrick Lamar, ce titre synthétise tout l’esprit de Dom en quelques mesures : Une ambiance vaporeuse, ralentie, un flow aéré au maximum pour ne retenir que l’essentiel d’un lifestyle paisible et universel, quitte à le faire en quelques syllabes. La parfaite musique de célébration qui se diffuse tranquillement au dessus de la piscine du rap cool. – lecaptainemo

Joke ft. Niro et Mac Tyer - « Scorpion remix »

Il y n’y a pas si longtemps, Joke était signé chez Institubes et semblait à des années lumières du milieu rap français. Aujourd’hui, le rappeur de Montpellier a rejoint l’écurie Golden Eye Music et fait des morceaux avec Niro et Mac Tyer. Et, franchement, à l’écoute de « Scorpion remix », on ne peut que s’en réjouir. Si Joke et Niro, impressionnant en pilotage automatique, livrent tous deux d’excellents couplets, c’est l’introduction de Mac Tyer qui marque immanquablement dans les esprits, sa rime « Cries au génie/Cryogénise » étant tellement entêtante qu’on aurait presque aimé la retrouver en guise de refrain. – Mehdi

La Gale - « Passe ton Chemin, Fais ta Vie »

Chez La Gale, parler du rapport au comptoir, ça relève plus du coup de coude que du lever. Scarifiée au candélabre, samplant Un Singe en Hiver, la MC Suisse réalise un morceau addictif, du genre qui fait hocher la tête, le tout sous le haut patronage de Jean Gabin, Audiard, et Belmondo. En cul sec et jusqu’à la dernière goutte, « Passe ton Chemin, fais ta vie » et les bornes kilométriques transformeront les glaçons en parpaings. Allez, un dernier pour la route. – .zo

Veteran Assassins - « Paint the Town Red »

Veteran Assassins est un duo de rappeurs sudistes posant leurs histoires de petites frappes sur des beats jazzy surtout produits par SciFi Stu, Écossais devenu l’une des références dans le registre. Dans ce cadre un peu paradoxal, pourquoi ne pas régler ses comptes et mettre la ville à feu et à sang, mais dans la joie et la bonne humeur ? Ethemadassassin et Veteran Eye s’y attellent avec brio, parfaitement soutenus par la prod smooth et entraînante de leur collègue britannique. – Kiko

Melanin 9 ft. Roc Marciano - « White Russian »

À l’écoute de « White Russian », cela sonne comme une évidence : Melanin 9 et Roc Marciano étaient faits pour se rencontrer. Certes, les flows, les voix ou les textes sont relativement éloignés, mais les univers sonores ont beaucoup en commun. Ainsi, l’ambiance cotonneuse et crépusculaire de Magna Carta sied tant à la tranquillité du New-yorkais. Cela dit, M9 est loin de jouer les faire-valoirs, lâchant ici un des couplets les plus marquants de son excellent album et montrant clairement qu’il n’a pas grand chose à envier aux poids-lourds US. – Kiko

French Montana feat. Rick Ross, Drake et Lil Wayne - « Pop That »

Les claquements répétés des odes aux strip-teaseuses et fessiers rebondis sont la meilleure réponse aux rythmes binaires de la pop-électro-urbaine victorieuse de ces dernières années. On peut citer « How Low » de Ludacris, « Work » de Wale, et plus récemment « Bandz A Make Her Dance » de Juicy J comme exemples réussis. Mais « Pop That » et son casting francs-macks du rap par Benetton en est l’expression la plus efficace, avec son refrain empruntant aux parrains du 2 Live Crew et sa mélodie flirtant avec la trap. – Raphaël

Booba - « Tombé pour elle »

« Parfois, j’aimerais que Booba prenne la place de Benjamin Biolay » nous disait Benjamin Paulin. « J’aimerais qu’il laisse pousser sa calvitie, qu’il arrive avec un pull sale et fasse son truc en piano/voix. Il les déchirerait tous. » « Tombé pour elle » est l’idée la plus précise qu’on pourrait se faire du Booba Chanteur de Variété. Et c’est très prometteur : B2O n’a qu’à piocher dans le puits d’idées noires qui forment son répertoire, les réduire en vers très courts et les fredonner aléatoirement. C’est faussement léger, très entêtant, et pas moins évocateur qu’un gun et un chauve. On attend désormais Swag Afghanistan, le premier EP acoustique d’Eli Yaffa. – JB

Big Sean ft. French Montana - « Mula »

Young Chop a été le Lex Luger de l’année. Rugueux, hypnotique, collaborant avec les plus fous de Chicago, il a rempli son curriculum vitae pour plusieurs années en quelques mois. De son côté, Big Sean a démontré avec Detroit qu’il n’était pas juste le Memphis Bleek de maître Kanye. En y ajoutant la désinvolture de French Montana, on obtient un des morceaux les plus addictifs de l’année. Il s’agit pourtant d’un hymne capitaliste habituel mais actualisé au maximum avec ce petit grain de folie qui le rend indispensable. Le rap en 2012, c’est « Mula », rien n’est plus important. – lecaptainemo

Lewis Parker ft. Sadat X & Shabaam Sahdeeq - « Walking on a Razor Part 2 »

Un peu comme pour Damu the Fudgemunk, il est difficile de comprendre pourquoi si peu de MCs font appel au talent de l’Anglais Lewis Parker.  La prod de « Walking on a Razor Part 2 » devrait pourtant à elle seule convaincre les sceptiques. C’est agréable, fin, efficace. Et ça témoigne surtout d’une créativité qui fait cruellement défaut à tant de beatmakers, se planquant derrière l’étiquette boom-bap pour reproduire à l’identique des codes souvent bien éculés. En tout cas, sur un tel support, le vétéran Sadat X et l’éternel outsider Shabaam Sahdeeq retrouvent de leur superbe. Et le pire, c’est que les deux remixes sont presque aussi bons que l’original, dans des registres différents. – Kiko

DJ Kentaro & Foreign Beggars - « Step In »

Flash. Flow. Infra-Basses. S’accrocher au comptoir. Flash. Une fille sublime passe. L’éclairage du stroboscope l’élève au rang de créature. Flash. Trois têtes d’anglais déchaînés s’agitent au fond de la salle. Flash. Un verre devant soi. Une drogue de synthèse dedans ? Rien à foutre. Flash. Lever les bras en l’air sur une piste de danse à mi-chemin entre la piste de décollage et l’aire de stockage d’un hangar. Vertige. Trou de mémoire. Flash. Un pote hilare sous la lumière des lampadaires. Nouveau trou de mémoire. Flash. Encore. Une musique confinée qui s’échappe dans la rue, le bruit des voitures qui passent, une bouteille qui explose. Retour vers le futur. Un DJ Japonais, illustre aux DMC. Kentaro ? Le soleil levant. Le tunnel sous la manche ? Foreign Begars. Paris, petit matin. Une soirée de trop. Trou noir. Flash. Rideau. – zo.

8Ball - « Good Girl, Bad Girl »

Le contraire de la finesse, à tous les niveaux. Sur un beat ultra-bourrin, la légende de Memphis raconte sa petite histoire de fille angélique et vicieuse à la fois, avec au refrain des phrases aussi distinguée que : « she got an ass like a race horse ». Ok, on a saisi. C’est trop gras et trop copieux, mais on adore ça. – David

Clyde Carson - « Slow Down »

Voici la parfaite recette pour monter un tube en douceur. Tout d’abord, une première version pour sa région, la Bay Area, avec les bons ingrédients : une basse parfaite, des batteries minimalistes, un refrain entraînant et la nonchalance habituelle du personnage, Clyde Carson. Puis on l’intègre dans un EP, Hell of A Night, pour le retour de son groupe, The Team, référence en la matière. On fait ensuite un clip avec tout le lifestyle qui va avec : Sideshows, barbecue, danse et multiples cameos. Puis on en fait plusieurs remixs avec les sommités actuelles (Gucci Mane, E-40, Iamsu, Problem, Dom Kennedy…) pour rendre le hit sans frontières régionales. Pour finir, on l’intègre dans sa mixtape perso, Somethin to Speak About, pour être sûr que personne n’est passé à côté. Et on peaufine ainsi la parfaite rampe de lancement pour un très bon rappeur qui a toujours cherché la petite faille. En tout cas, « Slow Down » aura tout fait pour. – lecaptainemo

Tayyib Ali - « Like Dat »

Tous les ingrédients sont là : une boucle de piano, un bon break et un refrain qui sonne comme une chambre à air crevée. Ajoutez là-dessus la rythmique imparable de Tayyib Ali, des phillies en boucle, les potes un peu branleurs et vous avez une certaine idée du bonheur. Avec en option aussi quelques giclées de Hennessy et des figures de skate un peu tordues. « Like dat » est une bonne porte d’entrée dans l’univers de Tayyib Ali, surtout si vous aviez raté sa mixtape Keystone state of mind, calibrée pour tourner en boucle pendant ces journées ensoleillées. – Nicobbl

Butter Bullets & Seth Gueko - « Dernière séance »

Après quelques passes d’armes mémorables avec Al-K Pote, c’est avec une autre figure emblématique de Néochrome, Seth Gueko, que Sidi Sid décide d’échanger des bons mots. Ici, le concept est simple : sous couvert d’egotrips, les deux gaillards enquillent les références à la pop culture avec une aisance déconcertante. De Woody Allen (Coup de foudre à Manhattan puis coup de foutre dans ta madame) à Abel Ferrara en passant par Roger Rabbit, les clins d’oeil fusent à une vitesse ahurissante. Mention spéciale à Sid qui clôture le morceau en mêlant habilement autodérision et hommage à son invité (« J’veux juste une pi-peu, pas juste un bisou, j’arrive tête de Justin Bieber, zgueg de Justin Bridou »). – Mehdi

The-Dream, Pusha T, Ma$e - « Higher »

« Higher » est à l’image de l’album Cruel Summer : un assemblage bizarre, bourré de détails loufoques (le « Yeaaah » orphelin de 2 Chainz, les « Baby, Baby-baby » de The-Dream), mais traversé par de vrais moments de bravoures. En l’occurrence : ce dernier couplet de Ma$e. Costard au vent, l’éternel revenant débarque et vole la vedette à Pusha T en faisant rimer « Salam Aleykoum » avec « I’m about my bacon ». C’est donc ça, le choc des civilisations ? – JB

Vargas au Mic - « V de Victoire »

Rentre-dedans Verbal, Versant gratuit d’un album intitulé Rien à Dire, « V de Victoire » a finalement tout de la Vindicte, de la Vengeance. C’est l’égotrip d’un jeune Vétéran, un peu iVrogne, un peu Véner, qui livre sa Version d’une Vile Vie, et avec la Virulence d’une Vermine sur un beat Vorace que Cam’ron a déjà Visité. La Vox Populi lui en Voudra. Alors Voilà donc le Verdict : le V de la Victoire n’a jamais été aussi proche de celui de la Vendetta. Quant à Vargas ? Appelez-le V. – zo.

Fermer les commentaires

2 commentaires

Laisser un commentaire

* Champs obligatoire

*