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Il y a quarante ans. Quarante et un ans même. Larry Cohen sortait Black Caesar, un long-métrage inscrit dans la lignée de la Blaxploitation. Un peu nanar sur les bords mais servi par une bande-son de feu signée James Brown. Au cœur de cette joyeuse sauterie, il y avait Tommy Gibbs. Un dur à cuire, un insoumis avec une grande bouche et des épaules de lanceur de marteau. Pas le genre à ergoter pendant des siècles, plutôt à vider les dernières cartouches qui resteraient dans le barillet. Fort en gueule mais loin d’être con, Freddie Gibbs est ce genre d’électron libre. Un costaud qui ne compte plus les douilles ni les mixtapes empilées comme des présidents morts.
Son association avec Madlib, le temps d’un album, ouvre deux brèches. Elle fait écho aux albums de duettistes déjà sortis sur le label du maestro Peanut Butter Wolf : les Jaylib, Madvillainy ou dernièrement 7 days of Funk. Mais (Cocaine) Piñata va bien au-delà de la collaboration éphémère. Porté par une imagerie dense, il sert une vraie bande originale. Une version revisitée de Black Caesar. Où Freddie Gibbs occupe le centre du viseur et balance du rap de col bleu. Piñata c’est notamment l’ascension d’un condamné à l’échec fidèle à ses convictions et principes. Originaire de Gary – cité industrielle en crise de l’Indiana -, il a roulé sa bosse et déjà tellement bourlingué qu’on ne lui colle plus d’étiquettes de territoires. Aujourd’hui, il n’est pas plus d’Atlanta que de Californie ou de la Grosse Pomme. Il avance comme un guérillero, en regardant derrière lui avec fierté mais en continuant à filer droit. Sans angélisme ou remords, ni volonté de jouer les porte-drapeaux d’une authenticité en berne. Fredrick Tipton est l’archétype de l’authentique « BNBG » cher à Bunk Moreland : « Big Nigga, Big Gun. »
Renforcé par une équipée de pistoleros digne des Douze salopards, Gibbs vit bien dans l’instant, sans rester trop attaché aux époques. Conforté par les anciens (Scarface, Raekwon) et respecté par les jeunes espoirs confirmés (Earl Sweatshirt, Ab-Soul, BJ the Chicago Kid), il n’est pas dans les canons (sciés) du moment. Mais il en impose toujours. La trentaine à peine entamée, Freddie est un mec de l’ancienne école, qui aime flinguer et cracher du glaviot sur la médiocrité et l’adversité. Pas forcément pour attirer l’attention, plutôt pour se défouler. Sur « Real » il met Young Jeezy sous la lame du barbier, en laissant le blaireau et la mousse au vestiaire. Ça racle sous la gorge et ça met à l’amende…. Mais pas seulement. Sur « Broken », il nous arracherait quasiment une larmichette. À l’inverse sur « Shitsville » il joue le général d’armée prêt à faire couler le sang dans une guerre de tranchées. L’escroquerie et le banditisme font partie des thèmes récurrents de Piñata, comme les pantins de l’industrie, froidement passés au pilori.
« Real bad boys move in silence. » (Boogie Down Productions.)
Impeccable de maîtrise et de technique, Gangsta Gibbs déroule et varie les rythmiques sans sourciller. Comme un vrai caméléon capable de poser sa voix et ses couilles partout. Piñata s’inscrit comme une nouvelle couleur, dans une discographie chaotique et éclectique, où Midwestgangstaboxframecadillacmuzik côtoie Baby Face Killa et ESGN. Mais si Freddie vise juste, on a quand même l’impression de tourner parfois un peu en rond. Maitrisé jusqu’au bout des ongles, Piñata manque d’un peu de folie, d’un bout de hors-piste et d’inattendu pour créer l’étincelle supplémentaire. Dépourvu de gros single immédiat façon « The Red » ou « Shadows of tomorrow », il met son temps à se révéler pleinement, porté par une cohérence d’ensemble plus que par des éclairs immédiats. Ce sont les écoutes et coups de semonce répétés qui font tomber progressivement les sucreries de cette Piñata.
Derrière cet ensemble bigarré au possible et inspiré par la Blaxploitation il y a l’éternel Madlib. Un Madlib qu’on soupçonnerait d’avoir fait un pari : celui de découper le plus d’instruments et rythmiques imaginables pour les coller dans un seul et même album. Toujours orienté vers ces boucles poussiéreuses piochées dans le jazz ou le funk, le loopdigga fait du Madlib. Du déjà-vu mais du cousu main, avec un sens esthétique fort et un grain lo-fi vintage, avec ses coups d’éclat (« Shitsville », « High », « Piñata ») et ses coups de mous (« Harold’s », « Uno »). Piñata ne s’écoute pas. Il se regarde comme on découvrirait sur le tard une vieille VHS devenue poussiéreuse. Où Gibbs endosse le rôle du dur à cuire. Black Caesar. Again.
Il faut lire cet échange, assez irréel, de textos pour bien cerner l’esprit du projet. D’un côté, Peanut Butter Wolf le patron de Stones Throw, de l’autre Otis Jackson Jr. A.K.A Madlib, producteur obsessionnel et lunaire. Les quelques mots échangés ici en disent long sur la complicité et la confiance entre ces deux baroudeurs. Ils reflètent également assez bien la nonchalance de Madlib et l’aspiration de ce disque. Yessir whatever n’est pas le dernier volet d’une trilogie consacrée à Quasimoto. Il n’est pas non plus la suite de l’excellent The Further Adventures of Lord Quas. Il n’en a pas l’ambition et n’a d’ailleurs pas été présenté comme tel. Ce n’est même pas véritablement un album. Il s’agit plutôt de fonds de tiroir, rassemblés pour célébrer un pot de départ. Le départ à la retraite de Quasimoto, l’alter ego imaginaire et flingué de Madlib.
Jeff Jank, directeur artistique et grand fidèle de la fratrie de Stones Throw, a rassemblé les pièces du puzzle avec des morceaux éparpillés au fil du temps. Au final, il a pu rassembler douze morceaux, un mélange de vrais inédits et quelques raretés quasi-inaccessibles. On retrouve notamment « Sparkdala » déjà entendu sur un EP de DJ Design ou « Broad factor », déjà sorti il y a quasiment dix ans sur un douze pouces avec « Brainasaurus » en face B. Deux titres qui piochent sans scrupule dans deux grands classiques, déjà pillés jusqu’à l’os (« Superman lover » et « Nautilus »).
Avec quelques inédits de premier plan – notamment « Am I confused ? » ou « Youngblood » – Yessir whatever n’est pas non plus un album au rabais. Avec ses boucles chiadées, sa teinte lo-fi et la voix atypique de sa poupée psychédélique, il s’inscrit dans une certaine lignée. Sans rien révolutionner, il ressuscite quelques ambiances enfumées et ralenties tout en faisant écho à quelques bons moments passés. Le remix de « Green Power » rentre pleinement dans cette filiation. Il fait écho à la version de The Unseen tout en prenant un virage encore plus cotonneux. Et si le phrasé de Madlib a la nonchalance de ma caissière, le ton monotone et hypnotique est relevé par ses boucles accrocheuses et la brièveté des morceaux.
Simple parenthèse dans la discographie pharaonique du loopdigga, Yessir whatever se déroule comme une prolongation inattendue. Compilation sans prétention plus que véritable album, il passe crème comme des chèques cadeaux glissés dans une enveloppe de pot de départ. Cette petite douceur à peine digérée, on guette désormais Cocaine Piñata, l’association long format à venir entre Madlib et… Freddie Gibbs. L’excellent EP Thuggin’ annonce une toute autre ambiance. 2013 : « another Madlib invazion. »
Pas de gros pipeau entre nous. Depuis la sortie de The further adventures of Lord Quas, il y a quatre ans, Madlib n’a rien sorti de franchement excitant. Un peu en roue libre, il multiplie depuis les séries de Beat Konducta – des compilations de beats plus proches de l’esquisse que de l’œuvre finie et accomplie. Les versions remixées de Madvillainy et deChampion Sound, à défaut d’être complètement pourries, ressemblaient plutôt à des transitions. Transitions en attendant un vrai nouvel album.
Sorti sur BBE/Rapster, King of the Wigflipaurait pu être ce nouvel album brillant ressuscitant l’inspiration du Loopdigga. Sauf que la réalité est tout autre. Conçu comme une longue émission de radio, l’album transpire le déjà vu et les beats enfumés encore en travaux. Et ce même si le producteur le plus prolifique de Stones Throw pioche dans un registre plutôt large (musique indienne, Jazz, Soul,…). Il y a bien quelques morceaux bien ficelés (‘Stop’, ‘What it do’ avec Kweli ou ‘Gamble on ya boy’ avec Defari) mais une impression nette demeure : King of the Wigflip reste un album assez anecdotique.
1996-2006. Dix ans. Après avoir célébré il y a deux ans le cap de la centaine de sorties avec un vinyle huit titres pressé à mille exemplaires, suivi d’un combo CD/DVD (Stones Throw 101) aux allures de livret de famille, Stones Throw a soufflé l’année dernière de nouvelles bougies. Dix bougies pour dix années d’existence. Dix années partagées entre les disques de breaks et instrumentaux, les rééditions de perles funk et soul mais aussi (surtout) quelques-uns des albums les plus excentriques de ces dernières années : The Unseen (Quasimoto), A lil’ light (Dudley Perkins), Mary had brown hair (Gary Wilson).
Evènement festif par excellence, cet anniversaire aura finalement été éclipsé par le décès de Jay Dee, co-auteur de Champion Sound (Jaylib) et du quasi-posthume Donuts. L’année écoulée aura également été celle de la continuité avec la suite des fumeuses aventures de Declaime A.K.A Dudley Perkins (Expressions (2012 a.u)) et le retour d’Oh No. Particulièrement discret depuis The Disrupt (2004) – premier album magnifié par plusieurs productions inspirées mais plombé par un emceeing un peu faiblard – Oh No revient à la charge.
Il (res)sort de l’ombre avec un projet pour le moins ambitieux. Un nouvel album intitulé Exodus into unheard rythms entièrement basé sur des morceaux de l’immense discographie de Galt MacDermot – icône jazz-funk à l’origine notamment de la comédie musicale Hair et de l’excellent film d’Ossie Davies Cotton comes to Harlem. Porté par ce concept à la fois inédit, accrocheur mais aussi potentiellement casse-gueule, Oh No semble plus que jamais décidé à s’extraire de la tutelle envahissante de son frère Madlib.
Avouons-le d’emblée : sur le papier Exodus into unheard rhythms aurait plutôt tout pour plaire. Le concept, les talents de producteur d’Oh No, la richesse de la discographie de MacDermot et la foultitude d’invités promettaient un album du meilleur cru. Plus concrètement et une fois disséqué, il offre son lot de moments pour le moins jouissifs, de savants mélanges de cuivres chauds et autres lignes de basses étincelantes piochées dans les travaux du multi-instrumentiste canadien. Au-delà de tout concept, difficile néanmoins de ne pas regretter le manque de liant et de cohérence entre les différents morceaux, donnant à l’ensemble des allures de compilation. Une bonne compilation qui pourrait rappeler My vinyl weights a ton (Peanut Butter Wolf) si elle en avait le caractère fondateur.
Gardons un brin de lucidité et la plume ferme. Si Oh No n’est pas franchement un MC inoubliable, il a eu cette fois la bonne idée de bien s’entourer. Il laisse ainsi le micro à une kyrielle d’invités plus ou moins passionnants. En plus de la clique Stones Throw et affiliés (Wildchild, MED, Roc C, Aloe Blacc, Dudley Perkins), on retrouve avec plaisir quelques gloires new-yorkaises plutôt affûtées, tels Buckshot ou Posdnuos (De La Soul). Et si Vast Aire suffoque sur ‘No Aire’, Wise Intelligent (Poor Righteous Teachers) fait toujours merveille sur le particulièrement explicite ‘Black’, promettant au passage de froisser un paquet de cervicales. Buckshot réussit quant à lui à nous arracher quelques larmes nostalgiques sur ‘Get yours’ tandis que Murs enfonce – une nouvelle fois – toute concurrence sur le très bon ‘In This’. Oh No ponctue enfin ce récital par une dernière référence. Un clin d’œil intitulé ‘Coffee Cold’ et adressé au duo Dan the Automator-Prince Paul. Duo qui avait déjà emprunté ce même morceau pour réaliser l’excellent ‘The Truth’ (Handsome boy modelling school.)
Il manque probablement à Exodus into unheard rhythms cet éclat qui contribuerait à faire pencher la balance du bon côté. Il lui manque également ce banger absolu prompt à marquer les esprits et à inscrire l’album dans la durée. Mais toute lucidité mise à part, notre esprit de nerd idéaliste demeure fasciné et conquis par cette collaboration entre deux générations loin d’être si opposées. Exodus into unheard rhythms est un vrai album d’utopiste-élitiste condamné à être à peine rentable. Une raison supplémentaire pour l’apprécier pleinement ?
Six années se sont écoulées depuis Hittin Hooks, la première galette entièrement consacrée aux frasques sonores de l’irréel Quasimoto, un être hybride échappé de l’univers de Madlib le schizophrène. Personnage fictif, toujours invisible, mais devenu incontournable depuis l’improbable mais génial The Unseen, le petit lutin malicieux n’est désormais plus une simple curiosité ni une plaisanterie dépassant brusquement le cadre confidentiel d’un groupe d’initiés. Le traumatisme causé par cette première échappée associé à quelques apparitions remarquées (‘Don’t trip’ sur Andsoitissaid, ‘Strip club’ avec Dilla sur Jaylib ou l’addictif ‘Shadows of Tomorrow’ sur Madvillainy), l’ont imposé comme un artiste à part entière, véhiculant les fantasmes les plus sombres d’un Madlib introverti et dont la musique constitue le meilleur moyen d’expression. Toujours possédé par cette obsession maladive des boucles, le protégé de Peanut Butter Wolf évacue donc, une nouvelle fois, ses frustrations dans une psychanalyse sonore digne du thérapeutique premier album solo du majestueux Prince Paul (Psychoanalysis: What is it ?). Welcome to Dr. Madlib et Mr. Quas.
Le cerveau en fusion, poussé par une surproduction maladive et une inspiration toujours renouvelée, Madlib propose donc un nouvel épisode des folles aventures de cet incontrôlable MC imaginaire. Jamais aussi à l’aise que dans le rôle de l’architecte sonore, le producteur d’Oxnard compose un nouvel univers atypique, piochant dans une multitude de genres musicaux, passant du rock psychédélique, au jazz, à la musique traditionnelle indonésienne, tout en recyclant quelques vieux classiques rap (‘Fatbacks’ détourne non sans humour le ‘Fatpockets’ de Showbiz & A.G., puisque Quas y évoque sa fascination pour les postérieurs féminins joliment rebondis). Cet étonnant patchwork d’influences et sonorités éparses, empilées avec plus ou moins de réussite, prend par instant des allures de périple surréaliste, oscillant entre brutales descentes d’acide et soudaines montées fiévreuses d’absinthe. Le supra-minimaliste ‘Life is…’ côtoie ainsi les riffs de guitare enflammés de ‘Raw addict Pt.2’ et le synthétique (mais hautement chargé en THC) ‘Greenery’. La cervelle anesthésiée, le modeste auditeur se retrouve comme pris en otage d’une aventure sonore particulièrement fragmentée, entrecoupée de multiples interludes, parodies de publicité, extraits de séries télévisés et autres interventions de Melvin Van Peebles, entremêlées à des bouts de boucles inachevés donnant à l’ensemble une dimension particulièrement imagée mais aussi sérieusement bordélique.
Placé au centre de ces rythmiques à l’éclectisme constant, parfois envoûtantes et intrigantes, Quasimoto expose ses visions psychédéliques et déjantées. Toujours investi dans une quête intergalactique du breakbeat ultime (‘Raw Addict Pt. 2’), il entonne un authentique hommage au Hip-Hop de la fin des années 1980-90 sur un ‘Rappcats Pt.3’ répondant au ‘Jazz Cats pt.1’ de « The Unseen », fracassant le crâne des bien pensants d’un bon coup de brique tout en descendant toutes les bouteilles du bar (‘Bartender say’) et en prêchant pour une consommation complètement excessive d’herbes éclaircissant son horizon. Rajoutez quelques histoires légères avec la gente féminine, plusieurs allusions à Sun Ra, beaucoup d’addictions et une multitude de références musicales et vous aurez fait le tour de l’univers de Quasimoto, comprenant au passage que celui-ci n’a pas franchement évolué depuis The Unseen.
Loin d’être hautement philosophiques, dépourvus de toute hargne moralisatrice, les récits de Lord Quas ne manqueront assurément pas de frustrer les quelques égarés écoutant de la musique, et plus encore du rap, comme on s’épanche sur la philosophie analytique. Mais l’intérêt d’un tel album est bien entendu ailleurs et ce The Further Adventures of Lord Quas a plutôt pour vocation d’offrir une sérieuse trêve syndicale à nos neurones déjà sérieusement sollicités par la consommation diverse et variée, mais toujours religieusement excessive, de drogues.
A la fois génialement barrée et bigarrée, musicalement plus diversifiée que The Unseen, cette nouvelle échappée de l’insaisissable Quasimoto saura, une nouvelle fois, ne pas laisser indifférent tout en réussissant l’exploit de s’inscrire complètement en dehors de son temps. Et si le découpage abrupt et parfois trop rapide des subtiles compositions de Madlib s’avère parfois frustrant, difficile de ne pas s’enthousiasmer pour les nombreux moments de purs plaisirs (‘Privacy’, ‘Bus ride’, ‘Fatbacks’, ‘The exclusive’, ‘Raw Addict Pt.2’) disséminés tout au long de cet album. Another Madlib Invasion.
Chaque disque, qu’il soit incroyablement brillant ou simplement mauvais, confiné dans l’anonymat le plus profond ou célébré par le grand public, comporte son lot d’anecdotes et de particularités. Le Hip-Hop n’échappe pas à cette vérité générale, et regorge de mythes et légendes urbaines savoureuses et improbables, renouvelées par une kyrielle de personnalités parfois plus complexes qu’il n’y paraît. Schizophrène surproductif, le MC/Producteur d’Oxnard Madlib s’inscrit dans cette lignée, multipliant les artifices, alias et autres personnages fictifs au rythme effréné de ses enregistrements. Si l’on devait établir une hiérarchie parmi ses inventions irréelles, Quasimoto occuperait à n’en pas douter la première place. Extra-terrestre invisible (The Unseen), poupée astronaute échappée de La planète sauvage (film d’animation excentrique de René Laloux) et jumelée avec Alf l’extra-terrestre, Quas’ est aussi l’alter-ego violent de Madlib; une expression de ses frustrations et pensées sordides, assommant les passants avec son éternelle brique, frappant les femmes comme un maquereau, la cervelle biologique enfumée par les herbes fraîches et champignons hallucinogènes. Crate-digger intersidéral en quête du breakbeat ultime, Quasimoto est aussi un lutin aliéné, partageant évidemment plus d’un point commun avec son créateur.
The Unseen : objet sonore non-identifié. Le bien-nommé loopdigga manipule les ficelles de sa marionnette et compose un univers sonore atypique et fumeux, où les extraits de films et émissions diverses côtoient kicks, snares, scratches et autres boucles cuivrées de jazz. Un jazz auquel Madlib rend régulièrement hommage et plus particulièrement sur ‘Jazz cats pt.1’ où il multiplie les références à ses plus illustres ambassadeurs, notamment Dizzy Gillespie et David Axelrod. Autant de clins d’œil pas forcément anecdotiques puisque Otis Jackson Senior (père de Madlib) a joué pour Axelrod et John Faddis (son oncle) accompagnait Gillespie. De là à affirmer que le jazz est une véritable affaire de famille il n’y a qu’un pas…
Authentique bande-originale d’un film imaginaire où un être hybride et fictif tient le premier rôle, The Unseen s’inspire également des compositions d’Alain Goraguer, que l’ex-résident permanent du fameux Bomb Shelter qualifie, non sans une certaine nuance, d’authentique génie et de véritable source d’influence. Une rumeur attribue même au producteur d’Oxnard la réalisation d’une adaptation Hip-Hop de La planète sauvage, quintessence du travail de ce même Alain Goraguer… qu’il aurait tout simplement perdu. A la fois minimaliste et inventive, l’architecture sonore de cet album, confirme (mais était-ce vraiment nécessaire ?) que Madlib est à la production ce qu’Anna-Nicole Smith est à l’opportunisme. Un expert en la matière.
Justement adaptées au grain de voix pour le moins atypique de cet incontrôlable MC intergalactique, les compositions de Madlib, fraîchement débarquées de la planète Stones Throw, rythment ses récits déjantés et improbables. Ces derniers s’inscrivent dans la droite lignée de ses apparitions éclairs avec le trio Lootpack ou ses rimes insensées sur ‘Styles Crew Flows Beats’ (sur le fondateur My Vinyl weights a ton du maestro Peanut Butter Wolf). Soutenu par la voix de son maître et quelques-uns de ses proches (Medaphoar et Wildchild), Quasimoto surprend un temps, avant de s’avérer particulièrement addictif. Un sentiment transmis et assurément partagé par Madlib, lui-même consommateur régulier de drogues pendant l’enregistrement de cet album et auteur, selon Peanut Butter Wolf, de trois albums de Quasimoto (celui-ci serait le second des trois). Insatiable et incroyable créativité ? Nouvelle légende urbaine ? Simple plaisanterie d’un label dont le penchant pour l’excentricité n’est plus à démontrer (la simple présence de Gary Wilson en atteste) ? A vrai dire peu importe. La réalité a largement rattrapé la fiction et The Unseen constitue indéniablement un album unique à usage multiple.
A peine évoquée, murmurée secrètement derrière les murs de la lamentation cernant la sacro-sainte chapelle du Hip-Hop, la possibilité d’une collaboration entre MF Doom et Madlib avait d’emblée soulevé l’enthousiasme du back packer averti. Le back packer non-averti continuant lui d’ingurgiter aveuglement et sans sourciller les sorties les plus médiatisées. Valeurs sûres de la scène indépendante, experts en botanique et schizophrènes prolifiques, les deux producteurs-rappeurs multi-casquettes partagent, en dépit de leur éloignement géographique, un goût immodéré pour le mystère, cultivé non sans une certaine ingéniosité. Quand Madlib invente Quasimoto, personnage factice, invisible et déjanté, et le Yesterday’s New Quintet, orchestre tout aussi virtuel, MF Doom multiplie les sorties sous divers alias, notamment Viktor Vaughn, scientifique obscur et maléfique, et King Geedorah, fascinant monstre à trois têtes popularisé sur les écrans cathodiques dans les années 1960-70. Confirmé, puis bootleggé alors qu’il était encore loin d’être finalisé, la collaboration fumeuse entre MF Doom et Madlib devient réalité en mars 2004, six mois après la sortie de Jaylib, autre ovni de la galaxie d’étoiles Stones Throw, qui avait déjà réuni deux producteurs de renom (Jay Dee et Madlib). MF Doom au micro, Madlib derrière les platines et le sampler, bienvenue dans Madvillainy.
Bienvenue dans un univers intemporel, à mi-chemin entre réalité et fiction, entre les planches hautes en couleur de comic books et d’improbables scènes de série Z, entrecoupés de courts dialogues, de chutes et de sursauts. Une atmosphère multidimensionnelle et enfumée, sortie du SP 1200 de Madlib, rappelant le tout aussi imagé Vaudeville Villain où Viktor Vaughn excellait déjà tel un savant décérébré. Et si les dernières sorties de l’électron libre de Lootpack avaient quelque peu déçu (Shades of blue et Jaylib ont laissé un certain goût d’inachevé), le loopdigga retrouve ici l’inspiration. Ses rythmiques à la fois légères et épaisses surprennent, flirtant avec diverses influences musicales pour mieux dépeindre un univers riche et troublant, jamais linéaire, à déguster avec ou sans codéine.
Mais aussi aboutie soit-elle, l’architecture sonore élaborée par Madlib ne serait qu’une (belle) coquille vide sans l’omniprésence d’un MF Doom particulièrement inspiré. L’ex-Zev Luv X endosse le costume du justicier masqué venu sauver le rap game de la médiocrité, tranchant la gorge des wack MCs d’un égotrip cynique et débridé. Multipliant références inattendues et punchlines percutantes, les kilotonnes d’herbes spéciales fièrement réduites en cendres n’ont pas eu raison de la créativité de Doom. Il brille par ses intonations atypiques empreintes d’un charisme certain, hypnothisant de sa voix rauque et rocailleuse. De ‘America’s most blunted’, en passant par ‘Figaro’, ‘Strange ways’ ou ‘Fancy clown’ les prestations du metal faced villain tournent à la démonstration. Il justifie ainsi son arrogance et résume une réalité en une seule rime « The rest is empty with no brain but the clever nerd, the best MC with no chains you ever heard« .
Album singulier, Madvillainy est né d’une alchimie éclatante entre deux esprits fusionnels. Un nouveau classique en puissance estampillé Stones Throw, prompt à (res)susciter l’enthousiasme du plus exigeant des auditeurs, fusse-t-il suffisamment lucide pour en comprendre la grandeur. Un disque parfaitement indispensable, à situer au sommet de la pyramide des sorties de l’année 2004. Tous les mécréants n’abondant pas dans ce sens seront condamnés aux enfers pour une durée indéterminée.
Abcdr : Peux-tu te présenter et présenter Secondary Protocol ?
Wildchild : Je suis Wilchild, l’enfant sauvage, je représente Lootpack et je viens de sortir mon premier album solo : Secondary Protocol.
A : Comment es-tu arrivé dans le Hip-Hop ? Par le rap ?
W : J’ai commencé lorsque j’étais au lycée, par la break-dance, en tant que B-boy avec mon pote Madlib. Je n’ai pas rappé avant 1990, 1991. Je faisais juste des freestyle avec un pote, Godz Gift, que l’on retrouve d’ailleurs sur l’album de Lootpack (Soundpieces : Da antidote). Par la suite j’ai continué la break-dance mais je me suis beaucoup plus porté sur le rap.
A : Ça va faire dix ans que tu rappes, depuis ton apparition sur le premier album des Alkaholics. Comment définirais-tu ton style au cours de ces dix années ?
W : J’ai eu beaucoup de hauts et de bas, que ce soit d’un point de vue personnel ou au niveau de mon entourage durant ces dix années. La situation au niveau de l’industrie musicale a elle aussi évoluée, mais une chose est sûre : mon style n’a fait qu’évoluer grâce à tout cela. Ce sont des tas d’expériences comme celles-ci qui ont fait mon style. Les choses que j’ai vues, les musiciens avec qui j’ai pu travailler m’ont aidé à trouver mon style.
A : Question qu’on a du te poser des dizaines de fois depuis sa sortie : quelles différences y a-t-il entre ton album solo et un album de Lootpack ?
W : Pour l’album de Lootpack on peut dire que c’est un quelque chose de très très underground, attendu par pas mal de monde et avec pas mal de collaborations. Secondary protocol est quelque chose de beaucoup plus personnel. Par « personnel » j’entends emmener les gens à entendre du rap à un degré plus personnel, mais aussi pour les raps plus battle. Secondary protocol c’est un peu le plan B, l’alternative. C’est ça que ça veut dire. Peu importe le mainstream ou l’undergound, je voulais mettre des titres dansants et d’autres plus personnels dans un seul et même album. J’ai grandi en écoutant de la musique faite pour faire la fête, pas simplement du Hip-Hop. Cet album reflète ce qui m’a beaucoup influencé : un peu de battle, un peu de titres dansants, un peu de textes plus profonds, tout ça pour qu’au final les gens ressentent que c’est avant tout l’album de Wildchild. Pas la copie du Wildchild de Lootpack, même si Madlib produit.
« Dès la sortie du premier album de Lootpack j’avais prévu de sortir un album solo. »
A : Oui, d’ailleurs on s’aperçoit rapidement en écoutant l’album qu’il y a différents focus, différents thèmes sur celui-ci. ‘Knick knack 2002′, un titre battle, ‘Kiana’ qui est un titre plus personnel sur ta petite fille et des titres plus bounce avec Planet Asia et Aceyalone… Quelle impression voulais-tu que les gens aient au final ?
W : Je voulais simplement qu’ils puissent apprécier de la bonne musique. Je voulais essayer de faire comprendre qu’il est important de connaître son histoire, c’est pour ça que j’ai fait un petit retour en arrière sur la old school. Je voulais également faire des sons qui se font à l’heure actuelle, mais également faire quelque chose d’un peu plus avant-gardiste sur certains titres pour tenter de voir ce que la génération actuelle allait faire. J’ai essayé de me mettre dans la peau de quelqu’un qui voyageait dans le temps, dans une capsule. Si j’avais pu revenir en 1988, comment est-ce que j’aurais rappé ? ‘Code red’, par exemple, c’est un son actuel mais qui a une vibe, un feeling, de cette époque. Il y a toujours ce « groove ». Je retrouve cette envie avec des gens comme Planet Asia, un des MCs les plus « abstraits » qu’il y ait à l’ouest. Il peut faire des choses que tu n’imagines même pas, imprévisible. C’est ça que j’aime.
A : Le fait que Madlib travaille continuellement sur de multiples projets t’a-t-il permis de mieux préparer cet album, d’avoir plus de temps et d’application ?
W : Le fait que Madlib ait beaucoup de projets ne rentre pas en jeu, parce que l’on est continuellement en train d’enregistrer tous les deux. Lorsque l’on faisait des sons ensemble, certains étaient pour le prochain Lootpack, et d’autres pour mon album solo. Dès la sortie du premier album de Lootpack j’avais prévu de sortir un album solo, sans pour autant que je sache si il allait sortir dans l’immédiat ou des années plus tard, après le prochain Lootpack. Mais à partir d’un certain moment, lorsqu’une bonne partie des sons était là, on a décidé de se focaliser sur cet album solo.
A : Par rapport aux productions, on retrouve Madlib et –son frère- Oh No, qui est également un très bon producteur, quelles directions leur as-tu données pour cet album ?
W : Je voulais quelque chose de personnel, qui ne ressemblait pas forcément aux productions sur lesquelles j’avais déjà pu rapper. Je voulais quelque chose de différent. Oh No est arrivé avec des sons disons plus « mélodiques » que Madlib. C’est assez difficile à expliquer… J’ai écouté leurs productions, goûté à chacune d’entre elles et puis j’ai choisi.
A : Est-ce que tu considères ce Secondary Protocol comme une nouvelle étape de Lootpack ?
W : [immédiatement] Oui, oui ! Sans aucun doute. Chaque son que l’on fait est dans le but d’apporter quelque chose à Lootpack. Ce peut être moi avec Secondary Protocol ou Madlib avec Quasimoto, même avec Declaime… Chaque sortie est différente mais il y a toujours une vibe propre à Lootpack. Sans aucun doute.
A : Peux-tu nous présenter en quelques mots les featurings présents sur ton album ?
W : Il y a Vinia Mojica, dont beaucoup de personnes se souviennent de ses prestations sur des compilations ou sur l’album de Talib Kweli. Il y a aussi Planet Asia, Aceyalone, Spontaneous, The Liks sur ‘The come off’ avec Phil Da Agony. LMNO, qui représente le crew des Visionnaries. Percee P. sur ‘Knick Knack 2002′, avec qui j’ai été très content de rapper. Il y a également Medaphoar et Oh no, qui font parti de mon entourage.
« Les gens présents sur cet album étaient des amis avant même d’enregistrer. »
A : D’ailleurs on a l’impression qu’il y a une atmosphère « familiale » qui se dégage de l’album. C’est important pour toi d’inviter des amis à poser sur ton solo, pour trouver une atmosphère ?
W : Oui, oui. C’est vraiment quelque chose de personnel que je voulais capter. Les gens présents étaient des amis avant d’enregistrer. Un respect mutuel était déjà là. On avait déjà plus ou moins travaillé ensemble et tout s’était bien passé, c’est pour cela que je ne me faisais pas de soucis pour cet album. Excepté pour Percee P et Vinia, ce sont des gens qui viennent comme moi de la côté ouest. Mais dans le cas présent ce sont des gens qui m’ont beaucoup influencé quand j’ai commencé à me prendre au rap et à son jeu. Même si les voix féminines comme celle de Vinia m’ont davantage influencé au niveau du chant, plus que de la rime.
A : J’avais lu il y a un an de cela que Babu des Dilated People et Supernatural avaient enregistré des titres qui devaient figurer sur ton album… qu’en est-il ?
W : Ouais c’est vrai. Rhettmatic (des Beat Junkies) a produit un son qui devait être sur l’album avec Supernatural. On a enregistré le morceau, mais il devrait normalement se retrouver sur le prochain Supernatural. Oh No, qui a des connexions avec Supernatural, a également fait un remix de ce titre. Pour Babu, j’ai eu des prods de lui, je ne les ai pas gardées mais j’espère qu’elles figureront sur l’album de remix que je compte sortir. Je voudrais en effet changer à la fois les featurings et les producteurs sur cet album. Babu est une personne que je souhaite voir apparaître. J’espère aussi que Jay Dee y figurera. C’est dans une optique de changer le ton et l’atmosphère de l’album.
A : Et la sortie serait prévue pour quand ?
W : L’année prochaine j’espère. Mais cela peut prendre du temps, notamment par rapport aux producteurs.
A : Je sais que tu es également intéressé par la vidéo, tu as des projets par rapport à cela pour ton album ?
W : Oui, une vidéo intitulée « Wild ‘N You » devrait sortir. Elle devrait durer entre une heure et une heure et demie et serait disponible en VHS et DVD. Elle devrait être disponible d’ici quelques mois logiquement, elle est même déjà bouclée et la production a commencé depuis que je suis en tournée.
A : Et on pourra la voir en Europe ?
W : Oui, l’Europe l’aura même avant les États-Unis ! J’ai d’ailleurs quelques copies promo avec moi.
A : Avec le titre ‘Knick Knack 2002’ a on l’impression que tu veut remettre le Hip-Hop et le rôle du MC à leur vraie place. Tu as l’impression que le Hip-Hop a autant changé depuis que tu t’y es mis ?
W : Je pense qu’il a énormément changé, notamment au niveau de l’industrie qui contrôle beaucoup plus la musique et la façon de faire des sons, en général. ‘Knick Knack 2002’ est une forme d’hommage à mon pote Percee P. et bien sûr à EPMD aussi [NDLR : il reprend la boucle du groupe New-Yorkais sur le morceau], qui est un groupe qui m’a beaucoup influencé, aussi bien moi que Lootpack en général. Ils ont sorti album sur album avec toujours avec la même qualité. Et ce titre (‘Knick Knack Patty Wack’) en featuring avec K-Solo compte parmi mes préférés. Ce sont les rappeurs les plus énervés que j’ai pu entendre…
Je ne peux pas parler de tous les rappeurs, mais aujourd’hui les textes sont plus portés sur l’argent et le paraître, ils ont laissés l’industrie du disque contrôler leur image. Ça semble tellement éloigné… Les chansons commerciales sont à des kilomètres de la rage qu’il y a dans des classiques tels que celui-ci. C’est pour ça que j’attends le prochain album de Gang Starr par exemple. Des projets comme cela m’influencent beaucoup et me permettent d’avancer. Des mecs comme ça ou KRS-One, qui rappent au top avec la même manière depuis des années, c’est fort.
A : Reprendre cette boucle c’est donc une façon de préserver une partie de l’histoire du rap dans la tête des gens ?
W : Oui, c’est exactement le but. Faire un remix n’aurait servi à rien, mais inviter Percee P., cela avait un sens. Pour moi c’est un des MCs qui a le plus la rage. A chaque fois que j’évoque son nom, tout le monde connaît son histoire et sa crédibilité : vendre ses mix-tapes à chaque coin de rue. Travailler avec lui n’aura pas été difficile…
A : Tu as déjà pu avoir des retours sur Secondary Protocol, aux Etats-Unis ou en Europe, que ce soit par rapport à lui ou en comparaison à une sortie de Lootpack ?
W : Les retours sont plutôt bons. Les gens trouvent l’album assez frais et en comparaison avec Lootpack pensent que c’est plus « bounce ». Mais les retours sont plutôt bons… Mais là je suis en promo, à Paris, juste avant j’étais à Londres, et la distribution n’est pas aussi bonne que ce que je pensais, par rapport à l’Allemagne ou aux USA par exemple.
A : Tu penses qu’un album tel que celui-là ou bien un Lootpack est une forme de rap qui est plus difficile d’accès en Europe, spécialement en France et en Angleterre ?
W : Quelque part, peut-être. Mais on fait pas mal de concerts, et il y a une vibe certaine entre nous et le public. Après ce qui est sur CD ne correspond peut-être pas exactement à ce qui est fait en concert. Les shows permettent de faire connaître et apprécier notre musique, sans a priori.
A : Tu peux nous en dire un peu plus sur les prochaines sorties des proches de Lootpack ?
W : En 2004, en plus du solo de Ho No, il devrait y avoir le Madlib invasion de Madlib ainsi qu’un album instrumental avec quelques rappeurs dessus (Medaphoar, Declaime et moi), Madlib aussi et sûrement un morceau de Lootpack au complet. Dans l’idéal, on devrait se mettre sérieusement a enregistrer le prochain album pour pouvoir sortir un 12 » en 2004. On veut un vrai successeur à Soundpieces alors l’enregistrement et la mise en route de l’album prend pas mal de temps.