Zesau, « Dans le noir »

Dans la série « anciens des années 2000 qui rappent en 2020 », il y en a un qui attire l’attention différemment, non parce qu’il est plus célèbre que d’autres, mais parce qu’un jeune fan de Niro – ou un vieil auditeur scandaleusement inculte – qui n’aurait jamais entendu parler de Dicidens, ne soupçonnerait même pas, à l’écoute des derniers titres, que le rappeur qu’il a devant lui rappait avec Lunatic au début des années 2000. C’est Zesau, qui après une apparition mélancolico-racailleuse sur Mens Rea, a sorti deux clips produits par Ambition Music (label de Niro) au début de l’année – car les liens avec le Blésois ne se limitent pas aux featurings. Le dernier titre sorti au début du mois, « Dans le noir », est particulièrement réussi : prod amélodique mais refrain mémorisé à la première écoute, flow identifiable et écriture solide (les assonances en 2020 c’est pas que pour Nekfeu, cf. le passage où il enchaîne les sonorités en « é » et « o » de son nom). Sa musique est un pont solide entre deux générations de rap, bien loin d’une sorte de mise à jour artificielle. C’est l’occasion de rappeler le côté avant-gardiste de Zesau, comme le soulignait YL pour l’Abcdr, jeune rappeur marseillais dont la référence n°1 n’est pas pour rien HLM Rézidant : « Zesau je le considère précurseur de tous les flow trap avant qu’elle arrive, même avant certains ricains ». Avec Niro, il partage aussi ce pas de côté vis-à-vis de l’industrie – qui le dégoûtait déjà en 2012 (« J’suis pas de ce milieu comme le Prince de Bel-Air »). Alors ne « négligez pas les pules-cra », et dites merci Zesau pour les travaux.