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Winnterzuko, la fête comme remède

Si il y a bien un sentiment que Winnterzuko appréhende différemment de ses pairs, c’est la mélancolie. Dans la musique du jeune rappeur, pas de moment larmoyant. Aucun piano, ni violon déprimant. Juste un BPM lancé à toute allure, sur des productions électroniques tendance années 2000, pour mieux raconter la vie d’un rappeur pas tout à fait comme les autres. Révélé en 2020 avec le morceau “Off” aux airs de musique de boum d’anniversaire triste, il aura d’abord fallu du temps pour comprendre toute la proposition de cet artiste estampillé next gen. Aujourd’hui pourtant, Zuko semble prêt à vraiment montrer de quoi il est capable. Déjà l’an dernier, son très bon projet VON (sorti sur le label electro Promesse) laissait entrevoir la singularité de sa musique, entre productions électroniques et bribes de sa jeunesse disséminées dans des textes parlant de son enfance passée à fuir la guerre et la pauvreté. Aujourd’hui c’est avec “GEARLESS” qu’il vient enfoncer le clou : premier single d’un nouveau projet annoncé pour le 17 mars, le titre dévoilé fin février, semble parfaitement respecter les codes de la musique du rappeur dans une version encore plus puissante, mieux produite, et à la direction artistique encore plus affirmée. Sur un beat hypnotique et saturé signé Amne, Winnterzuko y rappe ainsi ses peines (“Dis-moi à quoi ça sert sale fils de, dis-moi à quoi ça sert, j’suis toujours absent comme un père”) mais aussi ses souvenirs d’enfance (“J’avais une télé’ j’avais pas les chaines, donc on prenait des écouteurs, et avec on faisait une antenne”) tout en gardant une chose en tête : danser coûte que coûte. Car derrière la dureté que dépeint parfois la musique de Winnterzuko, une autre sensation reste : celle de toujours vouloir lâcher prise dans la fête. Un paradoxe qui fait tout le charme de “GEARLESS”, morceau triste pour s’évader qui confirme toute l’originalité de la musique de son auteur.