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Rohff, plus daron que padre sur « J’ai passé l’âge »

Certains lecteurs n’ont pas manqué, sûrement à juste titre, de nous le signaler : Surnaturel de Rohff n’était pas dans notre liste pourtant étendue des albums de l’année 2018. On pourra prétexter qu’un double album sorti en décembre demande un peu de digestion au moment des bouclages de bilans. Il faut se rendre néanmoins à une évidence : malgré l’inégalité des trente titres, certains moments de l’album montrent un Rohff toujours aussi incisif, bien plus que sur ses deux précédents albums. Parmi ces morceaux de bravoure : « J’ai passé l’âge » et son instru ratchet, rappelant que le rap californien reste un des meilleurs terrains de jeu pour son flow, et cette interprétation intense. Ici, Housni prend de la hauteur sur les comportements insensés de ses contemporains pseudo-colombiens et flambeurs, sans jouer le moralisateur, conscient de ses propres travers. Il y a six ans, Rohff se proclamait « padre du rap game », trahissant le besoin d’affirmer une autorité contestée. A l’image de « J’ai passé l’âge », il montre sur Surnaturel qu’il peut aujourd’hui porter le costume de daron, ni vieux con, ni has been, « égal à lui-même ».