L’album « Machakil » de Triplego est sorti

La sortie du premier album de Triplego était devenue une arlésienne, ou presque. Pour preuve, lorsque dans son podcast du premier trimestre 2018, l’Abcdr recensait quelques projets particulièrement attendus par la rédaction dans les mois qui suivraient, Machakil était cité. De cet opus il ne fut rien en 2018, et libre à Momo Spazz et Sanguee de juger si cette attente est malheureuse ou non. Peut-être est-elle due à un perfectionnisme bienvenu, peut-être est-ce simplement la vie, l’industrie et la vie de l’industrie qui auront causé ce retard… Toujours est-il que Machakil a été libéré tout récemment, et la qualité de l’album annule rapidement l’intérêt de telles interrogations.

Le son synthétique et lent du duo est toujours identifiable sans peine, le rap de Sanguee n’a pas non plus changé du tout au tout. Mais lui et Spazz ont cependant insufflé un vent neuf à leur musique. Au long des seize titres qui composent Machakil, des sonorités inédites chez Triplego se font jour, et réduire le groupe à des métaphores aquatiques serait maintenant une faute. Les rythmiques sont plus percutantes, les basses s’expriment davantage et la douceur n’est pas la caractéristique première de l’album, comme en attestent les morceaux « Trou noir » ou « Iris ». Certaines notes trouveraient leurs places sur l’OST d’un western (« Die »), d’autres semblent sorties tout droit d’un jeu vidéo sci-fi (les distorsions de « Socios »). Un peu d’espagnol par ci, pas mal d’arabe par là, un lexique montreuillois pur jus, des influences de tous horizons, Machakil est un voyage et surtout un bien bel album que le temps a peu de chances d’abîmer. Il est en écoute partout, sorti en indé sur le label Twareg, fondé par le groupe.