Jeune Hustler, contre vents et marées

Depuis Sion, petite ville montagneuse du sud de la Suisse, Jeune Hustler charbonne, comme son nom l’indique. Le Suisse est dans le rap depuis ses jeunes années en foyer, soit près de 10 ans, et sortait début mai son projet le plus abouti avec CHF, le symbole du franc suisse. Malgré ses origines bien éloignées de la mer, il ne cesse de convoquer l’imagerie pirate, et a donc monté un équipage de beatmaker pour composer ce projet (Abel31, J1 gtb, Nappy, Le tigre, Wask, Brak, Lazyy) tout en invitant M le Maudit en featuring pour lui prêter main forte. Jeune Hustler, sans dire beaucoup sur sa personne, embarque l’auditeur sur son navire : sur « Grand Line », en ouverture de l’EP, il semble posté sur la proue, traversant la brume, comme sur la pochette de CHF. La production aux sonorités épiques, agrémentée de bruits de chalumeaux, accompagne son flow plein d’énergie et d’assurance. « Là je suis sur le haut du mat, j’ai trop souvent goûté l’eau de mer », rappe-t-il avec sa voix particulière, à la croisée de Nusky ou Khali, dans un timbre propre à lui. À mesure que les morceaux se suivent, des destinations lointaines apparaissent, de Mogadiscio en Somalie (la piraterie toujours), à l’Albanie, de Bora-Bora aux Pays Bas, comme sur « Doc » où le Suisse convoque Magellan pour imager ses envies de voyage. Jeune Hustler aspire à voir le monde, et à porter des marques de luxe. Dans son monde, l’argent et les addictions sont les maîtres mots, à l’image d’une vie de pirate. Sa musique transpire la motivation, le travail comme en témoigne le morceau « Jeune Charbo » ou même les paroles de « L’anorak » (« Ne fais pas de rap si t’as rien à nous rac »). Si à la première écoute de CHF, son propos paraît peu étoffé, sa musique au global raconte qui il est. Jeune Hustler, 27 ans, sait où il va à travers sa longue-vue.