Dave East, à l'est rien de nouveau

Maintes fois repoussé, le debut album de Dave East chez Def Jam a enfin vu le jour début novembre 2019. Survival est loin d’être un mauvais disque, ce n’est pas non plus une œuvre marquante de 2019. 20 titres qui tombent dans cette catégorie déjà bien remplie des projets agréables à l’écoute mais sur lesquels on ne s’attarde pas. Dans l’absolu, la production soignée et les storytellings précis de Dave East sont, comme espéré, au rendez-vous. Mais le problème de l’album ne réside pas dans ses morceaux. À l’heure où New York se réinvente des identités plurielles et marquées, le protégé de Nas semble incapable de faire un choix définitif. Pas assez grimey pour un rap de voyou en pleine renaissance underground, trop marqué régionalement pour viser destin-à-la-A-Boogie, le rappeur de Harlem peine à imposer sa patte sur un album trop long. Au final le sentiment qui se dégage est celui d’éparpillement, de contempler un artiste un perdu entre sa recherche du succès grand-public et la volonté de garder son authenticité. Dans l’incertitude, Dave East se repose sur une recette dépassée consistant à tenter de satisfaire toutes les audiences à la fois. En témoignent des singles peu inspirés avec Jacquees et Gunna dont la seule prétention est de se faire une place dans une playlist Spotify. Dans le même registre, le casting est de qualité mais pourrait être transposé sur n’importe quel album à quelques exceptions près (Nas, Max B). L’avenir de Dave East chez Def Jam a sûrement pris du plomb dans l’aile avec cet album. Est-ce finalement un mal vu la difficulté de ce monument du hip-hop à se renouveler ? Difficile, en effet, de ne pas voir dans ce semi-échec la marque d’un mastodonte qui se cantonne à jouer une partition vue et revue. Malgré des qualités évidentes d’écritures, de véritables moments de bravoure et une volonté de coller à l’actualité musicale, Survival est indéniablement un objet du passé dans sa conception, voué à une péremption rapide. – Pap’s

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