Niro : "J'ai braqué l'industrie, j'suis resté bloqué dans l'sas"

Quand un rappeur devient celui qui est invité par tous les rappeurs qu’il faut inviter, il faut forcément y voir un signe. A force de travail, de sorties régulières et qualitatives, Niro est devenu le rappeur que « tu dois connaître si tu prétends t’y connaître ». Apaisé mais toujours alerte, le Blésois a parsemé l’année de featurings mémorables pour la clôturer avec un album de qualité, délivré en quatre parties. En février, rare invité sur l’album de YL qui n’a jamais caché son admiration pour lui, il pose sur « On fait l’mal ». Les deux artistes prennent le contre-pied de ce qui est attendu d’eux, avec un morceau doucement torturé, loin du côté « rebeu énervé » ou kickeur guttural. L’été arrivé, c’est sur le morceau iconique de la compilation Game Over avec Ninho que Niro impressionne une nouvelle fois par ses accélérations impitoyables. L’été fini, dans un titre sur le thème classique des mirages de la réussite, il survole une collaboration moins prospère avec Koba LaD et Black M sur l’album de ce dernier. Car poser avec Niro c’est aussi prendre le risque de se faire fumer sur son propre morceau : en témoigne encore « Ceci n’est pas du rap » avec un Gims pourtant soucieux de démontrer qu’il kicke encore depuis « Bella », où N.I.R marche sur l’eau le tout avec un bras dans le plâtre. Ce qu’il prouve à tous, c’est que nonchalance et souci de la perfection sont complémentaires. Sur Stupéfiant, Niro ramène entre autre SCH, le Maes de « Tmax 530 » et le Alonzo de « La Belle vie ». Pourquoi ces stars aux esthétiques et intérêts aussi divergents n’hésitent pas à accepter une invitation venant de lui ? Parce que Niro, c’est un peu le Karim Benzema du rap français, génération 1987 oblige. Comme l’attaquant du Real Madrid, il est actuellement au top de sa forme. Son écriture et son flow sont maîtrisés à la perfection, tout en n’ayant pas le succès mérité au niveau national. Mais s’il est resté bloqué dans le SAS, il en a fait la banque de France, un lieu incontournable du rap français où tout le monde souhaite passer. Jusqu’à le retrouver à l’Olympia en mars 2020. – Manue & Bachir

Précédent Suivant