Le magazine Gotham, premier du nom
Gotham, comme un monstre urbain de fiction. Gotham, comme un dragon à plusieurs têtes, un King Ghidorah pour citer un rappeur masqué. Une entité hybride à la fois label, maison d’édition et créateur de contenus.
Gotham, c’est aussi une dissidence. Pas une dissidence qui s’affiche. Pas une dissidence élitiste. Plutôt une forme de résistance et une radicalité esthétique et idéologique de ceux qui ont vécu. Trop vécu pour se laisser embourber dans le bruit de l’époque. À ce titre, il résonnera probablement plus auprès d’une population de quarantenaire aux tempes grises.
Quand Gotham parle de résistances, c’est une résistance culturelle et sociale, une volonté de creuser un sillon, son sillon, en adressant des sujets qui n’ont pas ou peu de place ailleurs. À ce titre, c’est une forme de retour à la source originelle du Hip-Hop, les grands poncifs en moins.
La culture, elle, est adressée sous un spectre multi-facettes, partiellement musical, mais aussi autour de réflexions de luttes sociales, un combat continu comme l’adresse la brillante Maboula Soumahoro. Décolonisation, résistances et éclairages parfois sous un filtre musical, à l’image de l’exposition « Ce que les pochettes nous disent », portée par Rocé. Un Rocé étroitement associé à cette aventure. Loin des lumières, il vise plus que jamais juste. Notamment quand il parle de la compilation Par les damné.e.s de la terre : « C’est un disque par quelqu’un qui a envie de mettre en lumière les histoires oubliées, et ça fait partie de mes projets en tant que Rocé le rappeur. »
Gotham sort à la fois une loupe avec un regard d’ultra-proximité – notamment autour de Grigny et du dix-neuvième arrondissement parisien – et un regard très précis sur l’histoire (Jamel Shabazz) et la réalité américaine (Lost in California, TDE.) Enfin, on ne va pas se mentir, un magazine qui dédie un article complet au personnage de Bubbles de la meilleure série du monde, The Wire, mérite le plus grand respect.
Un premier numéro qui en appelle d’autres, pour prolonger une aventure d’indépendants avec une distribution d’indépendants. Pour se procurer ce bel objet, on vous invite à vous rendre sur le site dédié, ici.
