Billet d'humeur Les agressions sexuelles de ces c*nnards de rappeurs

2020. En dépit de quelques initiatives et du courage isolé de quelques femmes, non, il n’y a pas eu de « metoo » du rap français. Dommage, ça faisait un bon titre d’article. Raté. Tout ce que les femmes ont gagné, c’est le durcissement des positions des uns, les moqueries des autres, le ciblage des femmes qui dénoncent et un peu plus de stigmatisation du rap côté racistes. C’est déprimant.

Petit retour chronologique. Le 4 avril 2020, en plein confinement, un rappeur moyen et peu connu, Tengo John, est pris à parti par un compte anonyme sur Twitter. Screens dégueulasses à l’appui (« ton petit papa qui t’a abandonné / ton rapport chelou aux garçons et au suçage de bite vient de là bb »), des objets de mail originaux tels que « tu dégoûtes sale pute va te tailler les veines et sucer pour un billet crasseuse », la victime relate une suite d’agissements pitoyables, du chantage au suicide à une vingtaine de faux comptes créés spécialement pour le harcèlement. Et surtout, l’affirmation que ses plaintes n’ont pas encore été suivies d’effet, d’où le fait qu’elle en est réduite à le dénoncer sur un réseau social. Du côté du monde du rap, quelques blagues – surtout, pour dire « mais de toutes façons qui l’écoute lui lol » car après tout, écouter un rappeur qui s’appelle Théophile est visiblement plus honteux qu’écouter un harceleur sexuel. Ça se tiendrait presque – non – si ce n’était pas, plus qu’un sarcasme contre la gentrification du rap, évidemment la preuve d’une misogynie consternante. Ce qui compte, c’est la mise en scène de soi devant ses potes, son male club, à se demander si le bien-être de la victime leur a effleuré l’esprit.

L’intérêt de cette histoire est toutefois de contrebalancer l’idée, présente depuis des décennies dans la société française, particulièrement en vogue sous le gouvernement actuel ou à l’âge d’or de Ni Putes Ni Soumises, d’une surreprésentation des violences faites aux femmes au sein des classes populaires et/ou personnes issues de l’immigration postcoloniale. On peut difficilement faire plus contre-exemplaire que « Théophile ». Si ce n’est pas pour rien que le monde du rap est pointé du doigt en premier, les agressions sexuelles au sein de l’industrie musicale ne se limitent évidemment pas au genre où il y a le plus de Noirs et d’Arabes – parce que le fait que l’on voit le sexisme du rap en particulier renvoie à des dynamiques racistes, comme démontré fort sérieusement dans cet article. Au mois de décembre, Flore Benguigui chanteuse du groupe de pop L’Impératrice a témoigné des remarques sympathiques du leader de son premier groupe de « disco-jazz ». Virée après son premier concert, il lui aurait dit : « Cela ne m’intéresse pas du tout la manière dont tu chantes. Moi, tout ce qui m’intéresse, c’est que tout le monde ait envie de te baiser. Personne n’a envie de te baiser car tu es là, avec ton balai dans le cul. » Encore plus récemment, c’était au tour du patron de Deaf Rock un label « référence du rock français » – apparemment ça existe toujours – d’être accusé par une dizaine de femmes de comportements violents, à caractère sexuel. Dans le même temps, Patrick Bruel est toujours sous le coup d’une procédure de justice pour avoir agressé sexuellement plusieurs masseuses, en menaçant de les faire virer si elles parlaient. Un truc de beaufs, propres aux musiques populaires ? C’est oublier les témoignages de Chloé Briot, chanteuse soprano, dénonçant les attouchements sexuels répétés commis par le baryton qui tenait le rôle principal de l’opéra « L’inondation » de Joël Pommerat. Plus généralement, deux journalistes de Médiapart ont montré, dans leur édition spéciale de décembre consacrée aux violences sexistes et sexuelles dans la musique, l’aspect structurel de ces agissements au sein d’une industrie marquée par la précarité. Le dossier a été écrit à partir des témoignages récoltés par #MusicToo, une plateforme qui avait lancé un appel à l’été 2020 sur les réseaux sociaux – avec toutes les imperfections, et les biais de sélection sociale que peut avoir ce type d’initiative, bien qu’elle ait le mérite d’exister. Cerise sur le gâteau, la police, le groupe censé recevoir les plaintes de ces victimes, est actuellement gouvernée par un ministre sous le coup de mêmes accusations. Difficile de faire une image plus éloquente de la considération que les « élites » ont de l’intégrité physique et morale des femmes. Il est peut-être même possible d’aller plus loin, mais au risque encore d’essentialiser le genre : ceci dit, quitte à associer le rap à un certain univers symbolique, c’est dans celui-ci que les pointeurs sont particulièrement stigmatisés – pour rester dans l’euphémisme. Et c’est au contraire dans les hautes sphères pleines de respectabilité que d’assourdissantes pressions visent à silencier les femmes susceptibles de rogner l’image des belles institutions de la culture légitime. La preuve, la guéguerre consternante entre Booba et Rohff pour savoir lequel entre celui qui se tape des mineures et celui qui frappe sa femme gagnera le clash. Le progrès féministe ici, c’est de faire monter les femmes au grade de petits objets pratiques pour humilier son adversaire. Reste qu’il n’est jamais facile de parler, nulle part.

Bref, on le dira même en interview, les violences sexistes et sexuelles concernent tous les milieux sociaux, et afficher son appartenance sociale comme justification de ses actions revient à effacer la cause principale : le patriarcat. S’il y a violences contre les femmes, c’est pour cette raison. La domination des hommes sur les femmes traverse le monde social, de la bourgeoise quadragénaire violée par son mari qui doit se taire pour préserver la « réputation » de la famille à la mineure sans ressource embarquée dans un camion d’artistes après un concert. Insister sur le refus de l’instrumentalisation raciste et classiste, ce n’est pas seulement par antiracisme et anticlassisme – bien qu’il s’agisse de raisons suffisantes, c’est aussi de la cohérence féministe. Vouloir l’attribuer à une autre cause sociale revient à ne pas voir la réalité en face, et donc à protéger les hommes en tant que classe. À ceux qui y voient de la démagogie, Morad et Flynt ont une pensée profonde à l’intitulé clair pour vous.

Les violences sexistes et sexuelles concernent tous les milieux sociaux, et afficher son appartenance sociale comme justification de ses actions revient à effacer la cause principale : le patriarcat.

Les révélations peu glorieuses sur Tengo John, qui se met à insulter plusieurs femmes en DM au passage – creuser n’est pas toujours la bonne vision de l’élévation, n’est pas Rocé qui veut – suscitent alors quelques réactions, y compris côté acteurs de l’industrie, soit en lice pour le prix hypocrisie de l’année, soit pour dire en gros que les féministes cassent les couilles, qu’on ne peut pas juger une affaire personnelle, a fortiori sans procès – les scandeurs de « Fuck le 17 ! » et autres « nique la justice » se changent d’un coup en ardents défenseurs des institutions républicaines. Autre argument, celui prétendant que la violence envers les femmes après tout « c’est rien c’est la rue ». La combattre, la dénoncer, reviendrait à renoncer à tout un pan du rap, celui qui ne passera jamais sur France Inter. Pas sûre que LIM, entre mille autres, soit vraiment d’accord. Ou qu’il y ait une cohérence extrême, en rappeur presque trentenaire à hurler « ouais la rue » puis aller chercher sa meuf à la sortie du lycée. Ni à profiter de son misérable petit statut pour multiplier les conquêtes de femmes beaucoup plus jeunes, qu’importe qu’avant on ait été moches dans la tess – ou dans un pavillon ardéchois, c’est pareil. Enfin, on ne pourrait pas dénoncer ce genre d’agissements sous prétexte qu’il y a des femmes qui sont de sacrées connasses – c’est complètement vrai, la rédactrice de ce billet en est la preuve et n’est pas là pour faire la morale à qui que ce soit. Car ce n’est pas de morale dont il est question, mais de politique. Venir raconter que machin a trompé sa femme, on s’en bat les couilles.

Premièrement, l’idée selon laquelle faire un rap subversif implique d’agresser, violer, harceler autrui est une illusion qui n’est en rien une spécificité du genre. L’image romantique de l’artiste torturé, au passé sombre, donc égoïste et violent, affleure du traitement médiatique de Bertrand Cantat au dernier Miyazaki, Le Vent se Lève – dans sa version douce, avec ce personnage tellement « rêveur » qu’il laisse crever de la tuberculose la femme qui l’aime et lui a tout donné. C’est dire à quel point Yuzmv n’a rien inventé en prétextant harceler des mineures parce qu’il a eu une vie difficile – et une éducation « limite rebeue » selon ses termes, car en plus d’être lamentablement sexiste, Thomas est aussi lamentablement raciste. Pour la manière dont la critique musicale a pu euphémiser la figure du pervers médiocre en le changeant en poète torturé, il faut lire le retour réflexif de B2 sur Jorrdee dans ce dossier. Deuxième point, il n’existe pas de victimes parfaites, c’est un principe qui fonctionne pour défendre les femmes agressées, violées comme les hommes victimes de violences policières. Dans les deux cas, il ne s’agit pas de brandir le casier relationnel ou judiciaire des uns et des autres, mais de juger des faits dans le cadre d’un rapport de domination : celui des hommes sur les femmes, d’une institution raciste et armée sur des hommes non blancs et/ou non armés.

Vient ensuite le tour de Moha la Squale accusé de faits encore plus graves et corroborés par plusieurs témoignages : violences, séquestrations, agressions sexuelles. Le courage des victimes, qui ont vécu l’enfer pendant parfois plusieurs années, contraste avec la lâcheté des médias qui traiteront (ou pas) de l’affaire. Difficile de dissimuler un rictus d’ironie quand on voit Konbini s’offusquer de ces « révélations » là où lors d’un publi-reportage, une scène vraiment gênante avec sa copine de l’époque aurait dû, au moins, leur mettre la puce à l’oreille – sinon qu’ils contribuaient à son harcèlement. Mais annuler un reportage qui fait autant de vues sous prétexte qu’une gonzesse était potentiellement en extrême détresse n’est pas le genre de la maison. Les affaires sont les affaires, parfois il faut taire les agressions, parfois se mettre en scène en chevalier blanc. Parfois encenser publiquement le rappeur dont on sait qu’il a fracassé à mains nues sa copine, parfois – quand l’affaire deviendra publique, par exemple – prétendre l’ignorer et s’en offusquer avec le reste de la foule. Et à ceux qui auraient pitié pour la carrière de ces pauvres anges victimes du féminazisme, il faut se rassurer, l’argent de la SACEM lui ne bouge pas. De vrais féminazis – l’extrême-droite qui s’intéresse aux droits des femmes uniquement si ça lui permet d’être un peu plus raciste que d’habitude – récupèrent l’affaire aussi vite que l’éclair, et y voient la preuve que « le rap n’aime pas les femmes » – et par rap, sous-entendre la musique des jeunes pas assez « white et blancos » à leur goût. C’était sûr.

Puis viennent des témoignages contre Roméo Elvis, se permettant d’aller balader ses mains dans une cabine d’essayage sous prétexte que la femme qui s’y trouvait était fan de sa musique – rappel utile, le mauvais goût comme les mini-jupes ne sont, en aucun cas, des invitations à l’agression sexuelle. Plus sérieusement, cette affaire laisse un goût amer pour une autre raison, qui est celle de sa réception. Quand les révélations ont lieu, c’est sa sœur, Angèle, qui se fait cyberharceler. Pourquoi ? Parce que c’est bien plus marrant de se faire une féministe. De leur rappeler toute la contradiction qu’il y a entre leurs idées et le seul fait d’exister dans un monde où des êtres humains sont socialisés à prendre le corps d’autres êtres humains comme un buffet à volonté. Comme si ce n’était déjà pas suffisamment dur pour elle, triplement blessée, en tant que sœur, en tant que militante, en tant que femme.

Le point positif de ces deux affaires est toutefois le retour de bâton pour Lacoste, qui voit ses deux égéries « urbaines » sous les feux de la rampe alors que dans les années 1990 et 2000, la marque était à la limite d’intenter des procès à n’importe quel valdoizeur.

Quelques semaines plus tard, Streetpress publie un dossier concernant Retro X, un rappeur correspondant plus ou moins à la description de Vîrus dans « 99% » (« c’est souvent des victimes qui font du rap spé / Ou des drogués quand c’est pété ils te diront que c’est abstrait »). Agressions, viols pendant le sommeil, drogues administrées à l’insu des victimes… En plus des faits, l’image de gourou pseudo-charismatique qui s’en dégage fait froid dans le dos. Elle est malheureusement doublée par la conclusion de l’article, où, pour une raison étrange, le dernier mot lui est laissé. Il est cependant normal, dans le cadre d’enquêtes, d’aller cueillir la parole des accusés – quand bien même ils nous dégoûtent, c’est le taf qui l’exige. Anne-Sarah, autrice d’une vidéo très claire sur le sujet, se voit répondre par Jok’air accusé d’avoir filmé sans son accord une femme pendant qu’elle lui faisait une fellation (l’acte étant consenti, la vidéo non) : « J’ai pas à me justifier sur des buzz pas fondés sans preuve qui ont ni queue ni tête. Tout le monde peut dire tout et n’importe quoi sur internet. J’ai agressé personne. Violé personne. Être dans cette thématique qui ne me concerne et ne me ressemble pas me casse déjà les couilles. J’ai rien à dire sur ce sujet et n’ai pas à me justifier sur des tweets. »

La liste d’agresseurs sexuels riches et célèbres est longue. Celle de leurs victimes qui auraient acquis ce statut de cette manière est vide.

Mais la vidéo ne termine pas sur ces propos. On retiendra, d’abord qu’aucun autre journaliste ne l’a reconfronté à ces accusations, et ensuite, cette étrange théorie selon laquelle affirmer publiquement que l’on a été victime de telles actions est une stratégie de « buzz ». La liste d’agresseurs sexuels riches et célèbres est longue. Celle de leurs victimes qui auraient acquis ce statut de cette manière est vide. Alors, manipulatrices de génie ou complètement connes ? Faudrait savoir. Il serait peut-être temps de considérer que l’intérêt principal qu’il y a à dénoncer des violences sexuelles quand on en est victime est qu’elles cessent pour les autres. Et que sa souffrance soit reconnue.
L’année 2020 – comme d’autres avant elle – voit fleurir quelques autres témoignages d’agressions (de mains sur les fesses, insultes répétées à des situations plus graves) ou de DM insistants à des mineures, surgissant sur les réseaux sociaux, parfois avant d’être supprimés devant le harcèlement, les menaces, les soupçons de faire ça « pour les RT », et la flemme de revivre des événements de sa vie qu’on aurait franchement préférer oublier. Etc., etc. Globalement, « la parole » n’est pas libérée. Les agresseurs et leurs soutiens, pour les moins stupides, sont juste plus méfiants – on peut aussi dire : mieux préparés. Mais dans l’ensemble, ils s’en branlent.

Pourquoi un constat aussi pessimiste ? S’il y a eu quelques ouvertures, il n’y a presque aucune conséquence, déjà. Niska est grassement payé par Netflix – que le féminisme n’intéresse visiblement que pour vendre des séries médiocres – pendant qu’Aya Nakamura mentionne en interview le traumatisme causé par le fait qu’il la battait. Aya, heureusement, n’a pas arrêté sa carrière pour cette raison, elle est aujourd’hui mieux payée que lui – en tout cas on le lui souhaite. Ce n’est pas le cas d’un nombre incalculable d’autres femmes. Reste que ses dernières prises de parole sur le sujet font mal au cœur, a fortiori quand on sait que les faits ont été dévoilés contre son gré, forcée alors de parler, se justifier. Les victimes sont enfermées dans le statut de victimes même quand elles ont tout fait pour ne pas l’être. Personne pour l’instant n’a posé la question à Niska – quand cela arrivera, il y a fort à parier que Valeurs actuelles se fera un plaisir d’en faire un symptôme inhérent au rap, et de dire « bien fait » aux femmes qui en écoutent.

Personne n’est lisse, personne n’est blanc comme neige, et c’est aussi pour ça que nous aimons le rap, parce qu’il est humain, plein de contradictions, et ne fait pas semblant d’être peuplé de héros vertueux qu’il est impossible d’être dans un monde comme celui-ci.

Bref, pendant que tout le monde oublie peu à peu et passe à autre chose, des agresseurs sexuels continuent de gagner de l’argent, d’imposer aux victimes et à leur famille leur sale gueule et leur musique. Pendant qu’Adrien Lagier, réalisateur de clip ayant abondamment traité une journaliste de pute (et sa mère aussi au passage) est présenté sur Clique comme un féministe révolutionnaire, Lola Levent a été virée du 92i en raison de son engagement sur cette question. Pas étonnant vu les blagounettes récentes du chef de label, dont la relation sexuelle avec une mineure est désormais confirmée par l’intéressée. Comme quoi avoir une femme, Anne Cibron, aux commandes – comme une personne noire en vice-présidente d’un pays structurellement raciste, a fortiori quand ce qu’elle a fait pour arriver là est connu – ne change pas grand-chose. Les limites du « progressisme » LREM-compatible.

Rien n’a changé, mais le combat continue. À ceux qui pensent que « les féministes veulent quoi, du Bigflo et Oli » – le même duo qui qualifiait les féminicides de « dommage » – un « rap poli, qui se couche à huit heures du soir et qui fait bien ses devoirs » pour reprendre Ekoué, et autres remarques sur le fait qu’elles connaissent « Baby » par coeur, sachez, déjà, que l’autrice de ces mots n’a jamais voulu du Tengo John ni du Roméo Elvis ni du Yuzmv, etc., et qu’elle est dotée, contre toute attente, de second degré (il lui arrive même de rire). Personne n’est lisse, personne n’est blanc comme neige, et c’est aussi pour ça que nous aimons le rap, parce qu’il est humain, plein de contradictions, et ne fait pas semblant d’être peuplé de héros vertueux qu’il est impossible d’être dans un monde comme celui-ci. Un monde où « un viol est déclaré toutes les dix minutes, fils de pute », pour reprendre notre héros du Pont-de-sèvres documenté comme l’INSEE.

La preuve, le plus gros succès musical de ces dernières années vient de deux frères rongés par ce qu’ils nomment leurs péchés. Toujours Ekoué : « Le rap est aussi critiquable que la société qu’il dénonce. » Ou mieux, Casey : « Les rappeurs au grand écart / La bouche disait coup d’État / La bite visait des petites sous les draps »… Dans un monde de merde, pas étonnant que les rappeurs en soient aussi. Mais encore une fois il n’y a aucun lien de cause à effet entre faire une musique lisse et ne pas violer, agresser, harceler des femmes. C’est une bonne vieille justification de lâche. De personnes qui voudraient que les femmes, à moins de la fermer et subir, renoncent au genre musical le plus important, le plus vivant, le plus enthousiasmant de leur génération. Ce que les féministes demandent pour la plupart n’est pas un boycott généralisé. C’est d’arrêter de faire semblant que ça n’existe pas, que ce n’est pas grave, que ce n’est un sujet que pour la presse people. Que Pierre Bellanger – parce que les pires sont ceux qui sont tellement protégés par l’industrie que l’impunité les rend inventifs – sous prétexte que l’argent rend propre, qu’il lave même de sévices sexuels imposés à des mineures, ne méritait pas d’être défendu par une grande partie du monde du rap. Que des accusations d’incitations à l’IVG ne méritent pas d’être tues ou laissées à Purepeople, pas plus que ceux qui y auraient recourt ne méritent d’être décrits comme « fascinant » dans des interviews. Mais au moins de se voir de temps en temps le nez mis dans leur propre merde. Et de les laisser s’y débattre. — Manue

Sources : Lesacher Claire, « Le rap est sexiste » , ou quand les représentations sur le rap en France engagent une réflexion à partir de l’intrication et de la coproduction des rapports de pouvoir, Parisot Y. et Ouabdelmoumen N., Genre et migrations postcoloniales (Lectures croisées de la norme, 2013) ; D.I.V.A infos, (Instagram) ; « Dans la musique, #metoo commence à résonner » (Mediapart.fr, 17/09/2020) ; « #balancetonporc: Le milieu du rap français est-il concerné? » (20minutes.fr, 16/11/2017) ; « Le public du rap français est prêt pour la vague #metoo ; l’industrie, non », (Slate.fr, 17/09/2020)  ; « Musique : l’industrie qui n’aimait pas les femmes », (Mediapart.fr, 14/12/2020) ; « Violences sexuelles: à Strasbourg, le patron du label Deaf Rock mis en cause », (Mediapart.fr, 14.12.2020) ; « Agression, harcèlement, sextape… elles balancent leur rappeur #FactCheck » (Check, 15/09/2020) ; « Aya Nakamura : « On dit que je suis hautaine. Moi, je vois ça comme de l’assurance » » (Nouvelobs.com, 21/11/2020) ; « DIVA, le compte Instagram qui dénonce le sexisme dans la musique » (Jack.canalplus.com 1/07/2020) ; « Booba assume et traite Rohff de jaloux sur sa relation avec une mineure » (13or-du-hiphop.fr, 28/10/2020) ; «  »Oui j’ai couché avec Booba » : Inès Sberro dit TOUT sur sa relation avec le rappeur… alors qu’elle était encore mineure » (Public.fr, 19/12/2020) ; « Viols et agressions sexuelles en France : premiers résultats de l’enquête Virage » (Ined.fr, novembre 2016) ; « Le rap prend les armes  » (Liberation.fr, 18/04/2006) ; « Le patron de Def Jam France quitte Universal suite aux révélations de Balance Ta Major », (Traxmag.com, 20/10/2020) ; « Balance Ta Major : le patron de Def Jam France licencié suite à des accusations de harcèlement » (Jack.canaplus.com, 21/10/2020) ; « #Metoo, après le cinéma, l’industrie musicale doit combler son retard » (Francetvinfo.fr, 28/09/2020) ; Balance Ta Major (compte Instagram) ; « Sheryfa Luna accuse son ex manager d’avoir voulu tuer son enfant », (Purepeople.com, 12/02/2009) ; « Le guide Noisey des relations tumultueuses entre Skyrock et le rap français », (Vice.com, 24/04/2019)