Le retour du Coste-La

« Alors tu kiffes le croco négro ? » Souvenez vous, il y eut une époque où la France bourgeoise s’est sentie comme dépossédée. Lacoste, la marque des dentistes en week-end ou des universités d’été du RPR devenait l’uniforme de la plèbe. Au programme le classique polo, le jogging longtemps associé au trou de boulette, et la fameuse banane synonyme d’arrachage. Ce hold-up social a été incarné par Ärsenik à travers des visuels qui auraient pu s’apparenter à une campagne publicitaire. Les vendeurs de la marque au crocodile avaient levé leur bouclier, expliquant à qui voulait l’entendre qu’ils n’étaient pas habitués à recevoir un tel public et pire, que ce dernier faisait fuir leur clientèle historique. Lino résumait bien cette romance à sens unique, mais aussi Expression Direkt qui a su aussi immortaliser cette période, en soulignant la dimension uniforme sur le titre « ¾ Cost La » ou encore sur l’aspect dangereux de porter cette marque. Au point que le croco devenait définitivement un marqueur social, parfois même du capital guerrier. Seulement le temps a passé, l’histoire d’amour forcée s’est éteinte, et Lacoste pouvait tourner la page banlieue. Mais l’amour a ses raisons que le business n’ignore pas, et voilà qu’en 2017 Lacoste fait un retour fracassant dans le rap français. Guizmo porte un béret de la marque, pour Lefa ce sera un jogging, et Fianso, Big Flo & Oli, Vald ont tous été vus à un moment ou un autre en Lacoste. Jusqu’à Lacraps qui en a carrément fait son logo et Moha la Squale qui fait des selfies dans les boutiques officielles. « This is not personal, this is strictly business » s’est dit cette fois le directoire de la marque au Crocodile ? – Bachir

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