L'année plurielle de CenZa

En sortant deux albums en douze mois, CenZa a marqué l’année 2019 avec force. Le discret MC de L’Uzine a non seulement proposé de la musique de qualité, mais a surtout démontré l’étendue de ses aptitudes de rappeur, puisque Tout droit sorti de Montreuil et Retour au temple sont des disques bien différents l’un de l’autre. Le premier, dévoilé en début d’année, s’inscrit déjà en haute position dans l’histoire délicate du rap west coast en France. Loin du copycat, il transpire l’identité montreuilloise de son auteur dans des sonorités californiennes que peu de français ont aussi bien maîtrisées. Talkbox, G-Funk, l’album est un pur délice. Changement d’ambiance en décembre pour CenZa, qui sort un Retour au temple, plus proche du traditionnel style de L’UZine. Le son est connoté New York City, le rap est orthodoxe, populaire, rageur. En tout, les deux disques représentent près de quarante morceaux, dont certains n’ont que peu de choses en commun. Mais il y a une constante aussi bien dans les intentions de CenZa que dans l’exécution, c’est la noble recherche d’une musique qui doit s’adresser à tous, au peuple. Il y a chez lui une pureté touchante, qui ne rend son rap que plus attachant. Elle s’accompagne d’une rigueur morale et d’une attitude de vaillant. Quel que soit le registre dans lequel il s’exprime le CenZ’ fait preuve d’une précision infaillible par son exigence. Alors il n’y a pas de place pour l’approximation dans les deux albums qu’il a sortis cette année, pour autant ce n’est jamais snob, et c’est même le contraire d’un purisme élitiste. Deux longs formats, deux genres, deux réussites, deux yeux qui brillent dans un studio sombre de la banlieue Nord.  – B2

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