Sameer Ahmad

Apaches

Au septième jour, le Tout Puissant enregistra une mixtape : après avoir tout créé, il inventa le rap, un objet diablement sophistiqué… Beaucoup d’hommes s’y essayèrent, voulant reproduire la divine cassette. Tous ne furent pas capables d’esthétiser leur âme, de se sublimer pour sortir d’eux-mêmes. Sameer Ahmad y parvint. C’est un démiurge, rappeur à la puissance supérieure, apte à faire de ses idées des ondes, à laisser danser son for intérieur. Apaches est un tour de force d’une douceur inouïe, accessible au commun des mortels puisqu’il est beau mais à ranger parmi les œuvres insaisissables, tant il est sublime. L’album lie des mondes et dénoue des pensées : l’introspection mène à l’autre bout d’un continent, quand un voyage par-delà les océans renvoie au fond de soi. Ahmad est en feu pendant une demi-heure et pour l’éternité. Il puise en lui des rimes qu’il modèle délicatement à la chaleur des flammes, grand artisan qu’il est. Émailleur musical, le rappeur sculpte la matière, la colorie, l’embellit, transforme une poussière en pierre précieuse. Apaches laisse passer une lumière qui atteint l’iris après avoir traversé des couleurs diverses, projetant quelque icônes. C’est une infinité de rayures, de marques, de teintes et de détails qui noient celui qui les cherche. Ce disque est un majestueux vitrail, de ceux qui attendent d’être brisés par les éléments pour voir s’il existe plus fort qu’eux, de ceux qui désirent ardemment être irremplaçables dans la grande cathédrale du rap.

B2

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