Nekfeu

Les Étoiles vagabondes

Le troisième album de Nekfeu est un disque imparfait. Imparfait, parce qu’il comporte certaines maladresses dans l’écriture. Imparfait parce qu’il est sans doute parfois trop long, l’Expansion n’étant pas essentielle dans son ensemble. Mais imparfait aussi pour une de ses plus grandes forces : parce que c’est un disque foncièrement humain. En prenant trois années pour vivre loin de Paris et tenter de cicatriser ses blessures personnelles, Nekfeu livre ici son album le plus introspectif et contrarié. Un album qui évoque la tristesse de la solitude, la douleur des sentiments et la nécessité de ne pas se réfugier dans cette noirceur en bout de course. Enregistré après une rupture amoureuse et un burn out post-succès, Ken Samaras donne l’impression de vouloir nous plonger dans sa tête et ses pensées, avec toutes les imperfections humaines qu’elles peuvent comporter : celle d’un garçon qui souhaite changer le monde, tout en ne pensant plus à celle qu’il aimait, sans pour autant oublier les “siens”, et en continuant de regarder le rap français d’un œil distant. De nombreuses thématiques qui ne font pas dévier Nekfeu de son envie constante de rapper, et de faire de la musique, aussi grande que possible. Avec des musiciens de la Nouvelle-Orléans, avec un quatuor à cordes au Japon, avec des musiciens de rebetiko en Grèce, avec Alpha Wann sur “Compte les hommes” : tout semble ici au service d’une mission, raconter l’histoire de Nekfeu pour transmettre au mieux ses émotions. En se racontant plus lui-même, Samaras ose finalement faire ce que beaucoup d’artistes n’aiment pas montrer : leur vulnérabilité, et donc leurs imperfections. Celles-là même qui lui permettent aujourd’hui de toucher le plus grand monde. Encore plus avec ce troisième album, loin d’être sans confessions.

Brice

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