Visions noires de la musique de demain. Tracklib et algorithmes

En début d’année, notre confrère de The Backpackerz Benjamin Boyer revenait sur le Donuts de J Dilla et interviewait E Blaze, ancien producteur aujourd’hui disquaire du marché Dauphine à Paris. Il y était question du prodige de Detroit, de culture du sample et de diggin’. Avançant dans ma lecture, deux noms propres attisaient ma curiosité. Tracklib et Splice. Deux applications permettant de piocher dans une bibliothèque de samples en moyennant un abonnement. Comme pour les plateformes de streaming, qu’elles soient visuelles ou auditives. Au-delà de la promotion de la première de ces applications par Bob James ou Pete Rock, illustre samplé et illustre sampleur, la question que posent ces services proposés par le Grand Internet laisse songeur : à quand des productions composées à cent pour cent par une intelligence artificielle ? Plateformes de streaming, algorithmes qui décident de vous orienter vers vos artistes préférées, réseaux sociaux qui agissent de la même manière, l’espionnage informatique et les collectes de bases de données donneront à coup sûr dans quelques années le morceau parfait pour tout type d’auditeur ou même une recette globale parfaite pour composer le hit du moment.

À quand des productions composées à cent pour cent par une intelligence artificielle ?

En poussant le bouchon, l’avènement d’algorithmes combinant les voix de vos rappeurs préférés et vos type beats chéris pourraient même apparaître plus tôt que ce que l’on est en droit de penser. Genius se chargera de récupérer les schémas de rimes les plus flambants. Un consortium Tracklib-Spotify-Genius avec des accords de maisons de disques pour les voix de nos artistes favoris pourrait voir le jour. Le tout bien évidemment remarketé et renommé pour brouiller les pistes. Plus besoin de se déplacer en concert non plus, nous pourrons nous gaver de festivals personnalisés réunissant même les hologrammes de Prodigy, Tupac et Nipsey. “Sur les ondes, Biggie featuring Bob”cela existe déjà en Official Music Video après tout. Tout cela sans même bouger du salon, les pogos en moins (c’est trop dangereux de toute façon), sponsorisé par Google, Netflix, Deezer et Meta. Le tout payable en bitcoin ou en NFT. Bref, le meilleur des mondes… Je vous laisse, je vais me remettre un coup de Zippo contre les robots. – JuldelaVirgule