L’odyssée d’un titan Maxo Kream – Weight of the World

Voilà bientôt dix ans que Maxo Kream traîne ses guêtres de Texan dans le rap sudiste. Début 2018, son premier LP Punken est venu confirmer le talent de conteur de cet héritier d’un autre rappeur de Houston, le légendaire et retraité Scarface. Après l’impressionnant Brandon Banks en 2019, Weight of the Wolrd vient conclure un portrait en trois temps. Comme l’ex-leader des Geto Boys, Maxo Kream n’a de cesse de se découvrir un peu plus à chaque disque, dévoilant les diverses facettes de sa personnalité complexe et tourmentée. Il y a le trafiquant d’armes et de narcotiques qui chante les louanges de l’argent facile. Il y a le gang member sans repentir qui pleure la disparition de ses acolytes. Il y a le fils qui subit les affres de la vie violente de ses parents, et d’une éducation sans réelle figure d’autorité. Tous ces visages se mélangent pour offrir le cliché en kaléidoscope d’un artiste fascinant, pluriel et torturé. Mais à la différence de ses prédécesseurs, Weight of the World est raconté du strict point de vue de son auteur. Comme le suggère l’artwork centré sur le dos tatoué du rappeur, l’auditeur est ainsi immergé dans le monde crapuleux de Maxo Kream à la manière d’un plan séquence, façon Scorsese qui suit l’arrivée de Ray Liotta au Copacabana dans Les Affranchis. L’album dégage donc une puissance très cinématographique, porté à la fois par la performance intimiste de Maxo Kream et une production cohérente – malgré de nombreux noms derrière les machines – impressionnante de consistance. Le monde pèse son poids certes, mais les trapèzes de Maxo pèsent le leur. – David²