Le crime

Démocrates D

("La voie du peuple", 1995)

Parmi les personnages crapuleux dessinés dans le rap, peu ont la courtoisie glaçante et l'érudition perverse de Mikey Moss dans 'Le Crime' : chez ce gentleman à chapeau melon, zigouiller est d'abord un plaisir d'esthète. Idée géniale de Jimmy Jay à la production : une mélodie guillerette qui transforme le meurtre en jeu d'enfant.

Pitbull

Booba

("Ouest Side", 2006)

B2O avait déjà voulu sampler 'Mistral gagnant' en 2002. Quatre ans et deux disques d'or plus tard, il peut se l'offrir et en profite pour livrer l'une de ses rares introspections. S'y télescopent cicatrices de l'enfance, flashs d'esclavage, éternel amour maternel et ambition XXL. Magistral puzzle de mots et de pensées pour un rappeur qu'on risque probablement de recroiser dans ce classement.Lire la chronique de "Ouest side"

On fait les choses

Première Classe

("Première Classe", 1999)

Mystik, ses dribbles et ses rimes en "n-té" ; Pit qui se pavane avant de dévaler l’ubac de sa carrière ; Rohff et ses fameux prurits à l’approche du Marais ; les Neg’marrons qui neg’marronnent et annoncent déjà le vainqueur du futur clash Jacky-Lord Ko 2001… C’était pas toujours la grande classe. Mais c’était l’bon temps.

Paris sous les bombes

Suprême NTM

("Paris sous les bombes", 1995)

'Paris sous les bombes' où Kool Shen-Joey Re-Sta dans une croisade nostalgique autour des nuits passées à défoncer les trains et métros parisiens. Montées d'adrénalines, esquives de la flicaille, équipées toutes foncedées, le morceau puise dans les souvenirs tout en faisant office de caution graffiti. "Real Hip-Hop ?!".

Pousse au milieu des cactus, ma rancoeur

Akhenaton

("Sad Hill", 1997)

Aigri, déçu, mélancolique et revanchard : pas de doute, Akhenaton est en pleine forme ! Chapeau au ras des sourcils, les yeux malgré tout plissés à cause du soleil, il gratte ce texte sur un bout de feuille froissée. Avant de le conclure, il rajoute une dédicace grimaçante : "Pour ceux qui m'ont tenu la main – et ceux qui l'ont lâchée", avant de se raviser. Remerciez sa rancœur, elle a traversé huit siècles.

'Pousse au milieu des cactus, ma rancoeur' vu par AKHENATON : "Ce morceau a été écrit à New York à l’été 1996. Il devait au départ s’appeler 'Best friends become strangers', en référence à la phrase de Nas sur 'The message', et figurer dans "L’école du micro d’argent". Mais il a fait partie de ces innombrables morceaux que nous avons dû retirer du tracklisting… Du coup je l’ai réadapté un an plus tard, au moment de "Sad hill".

Ce titre correspondait bien à ma situation à ce moment-là. Je l'ai écrit à la suite d’une série d’évènements personnels et de tensions qui m’ont conduit à déménager. J’avais l’impression d’être dans un désert relationnel. Je me sentais en décalage avec beaucoup de personnes que je connaissais de longue date, et je risquais de virer aigri. Des mecs que je côtoyais depuis l’adolescence ne comprenaient pas que la musique était devenue mon travail. C’est ce que je dis à la fin du deuxième couplet : "Les équivoques débutèrent ainsi, de simples malentendus en absences, on s'étonnait de plus me voir dans la rue. Mais j'étais chez moi, à bosser les rythmes, les rimes, les mélodies : l'amour allait toujours vers mes amis…". La dernière phrase – "Les choses changent et ne peuvent plus s'arranger, et tes propres frères deviennent étrangers, c'est comme ça..." – c'est donc une traduction mot à mot de la phrase de Nas à la fin de ‘The message’, quand il terminait son couplet en disant "And best friends become strangers, word up"…

Tout était devenu complexe. Le pire c’est que jusqu’alors j’étais plutôt quelqu’un qui vivait dehors. C’était vraiment rare que je m’embrouille avec des gars du quartier. Là les embrouilles devenaient quotidiennes, pour des broutilles le plus souvent, et je le vivais très mal – la rançon du succès, sans doute… Ces tensions au quartier s’ajoutaient à celles, nouvelles elles aussi, avec la Fonky Family. Aujourd’hui nous en rigolons, les gars de la FF et moi : c’est ça aussi quand plusieurs groupes originaires du même km2 connaissent le succès en même temps !

Pour ce qui est de l’ambiance du morceau, il faut se souvenir qu’IAM a toujours kiffé les clins d’œil au cinéma, que ce soit dans les instrus ou les extraits de dialogues. C’était déjà le cas à l’époque de "De la planète Mars", ça l’était plus encore au moment de "L’école du micro d’argent" et "Sad hill". Nous avons toujours été clients des films de Sergio Leone et notamment du "Bon, la brute et le truand". Ça faisait déjà quelques années que les gars m’avaient surnommé Sentenza – la moustache de Lee Van Cleef, sans doute -, donc le délire "Sad hill" était dans la continuité. D’ailleurs, dans le livret du disque, je dédicace le titre à ma rancœur et je précise qu’elle a "huit siècles" : ça aussi c’est un délire ! C’est comme lorsque nous disions qu’à nous tous nous totalisions 3 250 ans : faut pas toujours tout prendre au pied de la lettre, les gars ! Ça, ça a d’ailleurs toujours été une constante dans l’approche d’IAM, ce côté "j’aborde des sujets sérieux mais je sais aussi ne pas me prendre au sérieux". C’est ce qu’une partie de notre public n’a sans doute pas compris au moment de la sortie du morceau ‘Coupe le cake’. Les gars, c’est nous aussi, ces délires-là, depuis toujours !

Claudie, la choriste, est une fille qui venait du rock. C’était une amie de l’ingé qui bossait sur l’album, ça s’est fait comme ça… Pour la prod à proprement parler, c’est toujours craignos de sampler Ennio Morricone, même si nous restons de grands fans – d’ailleurs je suis en contact avec lui, qui sait s’il n’y aura pas des surprises dans les mois qui viennent… Bref. Il n’a pas été prévu de faire de ce morceau un single. Surtout, c’était avant tout l’album de Kheops, donc il n’était pas question pour moi d’interférer à quelque niveau que ce soit de ce côté-là… En revanche, c’est un morceau qui reste très bien accueilli sur scène, sans doute en raison de l’atmosphère qu’il dégage… Et puis dans "Saison 5", le morceau ‘Au quartier’ est en quelque sorte une suite à 'Pousse au milieu des cactus ma rancœur'."

Lire la chronique de "Sad hill"

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