Tyler the Creator

Igor

Depuis le cafard ingurgité il y a huit ans, Tyler Gregory Okonma n’a cessé de surprendre avec des délires burlesques ou des alter ego improbables. Et après Sam, Ace, Wolf Haley ou encore Flower Boy, Tyler introduit cette fois Igor, un personnage à perruque blonde épris d’un autre garçon. Un garçon ? Oui, et le problème, c’est que le cœur de celui-ci bat pour une fille. Ainsi, il alterne entre espoirs naissants et peines dévastatrices (“But now, movin’ on, but how? Uh, somethin’ put my feelings in the lost and found”), conséquences d’un amour impossible. Pour l’accompagner dans sa schizophrénie sentimentale, le Californien s’est entouré d’autres grands romantiques comme Playboy Carti, Lil Uzi Vert, Kanye West, CeeLo Green, Pharrell ou encore Solange avec qui il a enregistré à côté du lac de Côme. Du piano candide de “A Boy is a Gun” aux synthés anxiogènes de “New Magic Wand”, les productions frisent avec la cyclothymie pour mieux retranscrire la sensation universelle d’une peine de coeur (“I’ma leave it at that, I’ma leave us as friends ’cause the irony is I don’t wanna see you again”). En fin de compte, l’album se termine avec le morceau “Are We Still Friends?” comme si le protagoniste reconnaissait honteusement ses changements d’humeur répétés. Igor, c’est aussi cet assistant bossu qui voue une fidélité sans pareille au Dr. Frankenstein, le laborantin dément qui invente la vie comme il la supprime. Et si la souffrance amoureuse n’était que destruction créatrice ?

Émilien

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