Arm

Codé

Si Arm n’était pas rappeur, il serait un marin. Chacun de ses albums est une traversée, souvent solitaire. Les océans qu’il affronte sont la ville et des bouts d’existences, conquis à la lueur de l’intime. Aussi bien dans la tempête d’une trap nerveuse que dans des mers d’huile dénuées de beats, Arm vise l’horizon. Celui qui est bouché par les tours, par ce développement urbain sans fin et tout ce qu’il apporte comme voies sans issues à ceux qui le peuplent. Les mégalopoles semblent parfois aussi vastes que les océans, mais elles sont devenues des prisons à ciel ouvert, où les existences sont fléchées. Pour s’en sortir, il faut savoir parler un langage codé. Comme un navigateur, le Rennais décode les éléments qui l’entourent. Il lit dans les étoiles autant qu’il fait parler le béton, il sent le vent autant qu’il expire la clameur de la rue en colère, il lit dans les lignes de vie aussi bien qu’un compas déchiffre une route maritime sur une carte. Contrairement à ce que certains voudraient bien faire croire, ce langage codé n’est pas cryptique. C’est celui de la ville, celui de la vie, et il est à lire dans un disque brut, où chaque embrun est une syllabe qui claque, que ce soit dans une trap tempétueuse, un roulement de scansions tribales, ou des flirts avec le bleu des rêves dans un ciel de tungstène. « Coupe les feux, retiens la nuit » dit Arm en ouverture de ce dixième disque. Pleins phares allumés.

zo.

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